Des journalistes punching ball ? Sur Mediapart, Marine Turchi décrit l'ambiance électrique du meeting de Nicolas Sarkozy au Trocadéro mardi 1er mai (accès payant) : "A cinq jours du second tour, et après la publication de nos révélations sur le financement de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, les militants se servent des journalistes comme d'un punching-ball", raconte la journaliste. Ce mardi, nous nous sommes rendues sur la place du Trocadéro, avec ma collègue Ellen Salvi. L’une comme l’autre, à deux endroits différents de la place, nous avons essuyé les mêmes insultes, tantôt dirigées contre les médias, tantôt plus précisément contre Mediapart. Au point qu’il était impossible de travailler". Les journalistes sont pris à partie : "Des militants qui scrutent les badges, le saisissent parfois pour constater le nom du média, hurlent des «qu'est-ce que vous faites là ?, vous n’avez pas honte !», «c'est ça votre travail ?!». Des insultes jusque dans le métro", explique Turchi, avant de détailler l'agression qu'elle a subie, vers 13 heures. |
D'autres journalistes se sont plaints sur twitter d'avoir été insultés comme le journaliste du Monde, Eric Nunès :
Michel Soudais, de Politis, raconte la mésaventure d'une de ses consœurs, sans préciser qui est cette femme, ex-journliste télé et ex-militante UMP :
Le journaliste Bruno Roger-Petit et Alexandre Sulzer, journaliste de 20 minutes, confirment la tension entre les militants UMP et les journalistes :
Comment expliquer cette hostilité aussi vive contre les journalistes ? Pour Marine Turchi, ce sont les discours contre les journalistes, répétés en boucle, "qui légitiment l'idée des médias boucs émissaires et transforment les réunions publiques en défouloirs, dans l'hystérie collective". Même analyse d'Eric Mettout, rédacteur en chef de Lexpress.fr, qui indique au passage qu'un de ses journalistes a également été pris à parti : "Appeler la foule à se révolter contre les élites, à se lever contre la «bien pensance» et le «politiquement correct», dont, bien sûr, nous sommes respectivement les plus abjects représentants et les plus zélés porte-parole, c’est peut-être vendeur électoralement, ça mobilise, ça chauffe les salles, ça défoule et ça pourra toujours servir en cas de défaite. C’est dangereux, aussi : pour la santé des journalistes et, mais oui, pour la démocratie", affirme-t-il.
Et Sarkozy n'est pas le seul à s'en prendre à la presse dans ses meetings, comme l'a remarqué Marine Turchi. Juste avant le discours de Sarkozy au Trocadéro, Copé avait "chauffé" la foule et dénoncé le travail de Mediapart, "une officine abonnée aux coups tordus", et "les médias qui reprennent en choeur"... les informations de financement occulte de la campagne de Sarkozy en 2007 L'occasion de relire notre observatoire sur l'offensive de l'UMP contre les médias. |
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