L'art du titre
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chronique

L'art du titre

Un message de l'un d'entre vous, sous notre billet Murat-Le Monde, qui traite de l'art difficile du titrage:

"Titrage différent entre les versions papier et internet ?
BRAVO de poser le problème, qui est au coeur de votre démarche !

A quoi sert un titre? Justement, çà dépend du support.

Sur papier, à accrocher un potentiel lecteur, dans l'espoir d'en faire un acheteur supplémentaire. Ce n'est pas un titre seul qui joue ce role, mais l'ensemble des titres. Bien entendu il faut que les titres, en plus d'être accrocheurs soient relativement vrais; sinon ils deviendraient inopérants. Plusieurs techniques sont possibles. Ici, c'est une citation choc; d'autres fois, ce sera le scoop: "Chirac mis en examen"; Libé va user du calembour, qui excuse l'à peu prés.

Sur internet, l'objectif de l'éditeur, qu'il soit Le Monde ou @si, est de fidéliser le lecteur; plus exactement, de ne pas le dégouter de revenir. En l'état actuel des affichages, il est moins facile de se faire une idée globale d'un texte à l'écran, par rapport au papier (à moins que ce soit moi qui ne sais pas). Donc le titre -et un éventuel chapô- et le premier paragraphe permettent d'estimer si l'on à un intérêt suffisant au sujet pour prendre le temps de le lire. Et si, trop souvent, arrivé au bout, le commentaire est "rien à foutre", on changera de source. D'où des titres plus neutres, plus factuels; on ne doit attirer que ceux qui serront intéréssés.

Le titre, c'est le discours du camelot; et il doit s'adapter au public visé."

Faut-il titrer, sur Internet, plus "neutre" que dans un journal? Est-il plus grave qu'ailleurs, d'y décevoir les internautes de passage avec des titres survendeurs?

Je dois avouer que je n'y avais jamais pensé en ces termes.

Et j'ai beau tourner et retourner l'affaire dans ma tête, l'art du titre ne me semble pas obéir à des règles différentes, dans un journal et sur la toile.

Qu'un site m'attire avec des titres aguicheurs, il m'attirera une fois, deux fois, et puis je le déserterai à jamais.

Mais il en va de même pour un journal. Une manchette-choc, puis deux, puis trois, des articles décevants, et je ne les regarderai plus.

Ici comme là-haut, il faut attirer sans survendre, allécher sans décevoir, résumer sans tromper.

Et surtout, peut-être, alterner.

Oui, alterner les titres légèrement encanaillés, à coups de Morandini ou de Cécilia, et les titres plus sages, plus austères, comme celui du billet que vous lisez en ce moment.

Et si, ici comme là-haut, l'ennui naissait surtout de l'uniformité?

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