Des présidents et des fraisiers
, comme la drosophila suzukii frappe les fraisiers, et les transforme en présidents des riches. Voyez Macron, l'homme du savant "et en même temps" : cinq mois après son élection, il est obligé de lutter contre la terrible image de "président des riches". Et Hollande avant lui, déclarant la paix à son ennemie la finance. Et Sarkozy, oubliant "la France qui se lève tôt", et se prenant les pieds dans le bouclier fiscal. Et Chirac, bazardant la lutte contre la fracture sociale. Jusqu'à Mitterrand, se résolvant après deux ans au virage de la rigueur.
Il faut les entendre, les commentateurs patentés des présidences, commenter savamment cette lutte à mort entre le président et "son image" de président des riches, comme s'il y avait le moindre suspense sur l'identité du vainqueur, comme s'il n'y avait pas dans cette épidémie quelque chose de vaguement systémique. Ecoutez-les bien, d'ailleurs : ce sont les mêmes qui, dès qu'une mesure est prise en faveur des pauvres, quelle qu'elle soit, dégainent le déficit et les caisses vides.
Des commentateurs bien plus savants que moi commenteront l'interview de Macron sur TF1. Personnellement, j'ai bien aimé cette image du "premier de cordée". Pour résumer, le "premier de cordée", c'est
, , l'entrepreneur, celui qui déboule le premier au sommet après l'ascension, et aussitôt, sans reprendre son souffle, sans même descendre une barre de céréales, tire derrière lui la cordée des équipiers. On ne va tout de même pas alourdir le premier de cordée, en le taxant sur ses yachts ! C'est une belle tentative, cette image du "premier de cordée". Peut-être aura-t-elle la vie plus longue que feu la théorie du "ruissellement" (pour rappel, l'argent des riches était censé ruisseler tout au long de l'échelle sociale pour descendre jusqu'aux pauvres. Mais la théorie semble avoir été brutalement abandonnée).Il faut dire que parfois, ils y mettent du leur, pour se coller cette image de président des riches. C'est plus fort qu'eux. Macron encore, hier soir : "Je ne veux pas que le moindre des Français puisse penser que..." Le moindre des Français. Il pourrait dire : "je ne veux pas qu'un seul Français puisse penser que..." Mais non. Le moindre des Français. Il y a des Français majuscules, et des Français moindres, tout au bout de la cordée. Vous trouvez que je pinaille ? Peut-être. Mais on ne prête qu'aux ... premiers de cordée.
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