La tentation Bartleby
On entend la question dans les brumes du réveil. On croit d'abord rêver. Vérification mentale rapide : non, on n'est pas le 1 er avril. Mais c'est le matin. On aura mal entendu. Au fil des minutes, pourtant, les pièces du puzzle s'assemblent. Les revues de presse enfoncent le clou. Le Figaro s'est réservé le lancement du-nouveau-livre-de-Giscard-mais-jusqu'à-quel-point-c'est-vrai-ou-inventé-? pour faire du buzz autour du premier jour de sa nouvelle formule. Ouf ! Ce n'était que ça, un instrument de lancement ordinaire. On se dit qu'on passera à autre chose, le lendemain. L'épisode aura été presque indolore.
Mais non. La question revient au deuxième matin, au journal de France Inter. Giscard a-t-il été l'amant de Lady Di ? Elle repousse, comme du chiendent. Guy Carlier moque le style Giscard. Et, dégrisé, l'on réalise que l'on va devoir vivre avec le gluant objet de buzz Giscard et Lady Di plusieurs jours, plusieurs semaines peut-être. Giscard passera chez Ruquier, devant Zemmour et Naulleau, lequel sera implacable. L'extrait sera posté sur le ouèbe douze minutes après diffusion. Les zémissions medias se demanderont "en a-t-on trop fait sur Giscard ?" On tentera de résister à la tentation. Y parviendra-t-on ? Quelle autre arme avons-nous, que le faible murmure du Bartleby de Hermann Melville, "I would prefer not to" ?
Essayons. Sarkozy s'envole pour New York. I would prefer not to. Villepin arrive au procès Clearstream avec sa femme et ses trois enfants, qui lui font un décor façon ouvriers de chez Faurecia, pour sa déclaration solennelle. I would prefer not to. Même avec les zenfants ? I would prefer not to. Aubry commence son tour de France par Angoulême. I would prefer not to. Fief de Royal, tout de même ! I would prefer not to. La Poste restera publique. I would prefer not to. Besson terrasse la jungle de Calais, après que Sarkozy a terrassé Sangatte. I would prefer not to. Et si ça marchait ?
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