Le silence des icônes
ont trouvé une nouvelle icône du Mal : c'est Mugabe, le dictateur du Zimbabwe. Quelque part entre Kim Jong Il et Ahmadinejad, en passant par Idi Amin Dada, le Tyran est prêt à tout pour rester au pouvoir. Ses milices parcourent les campagnes pour forcer le pauvre paysan à voter, afin d'offrir à la communauté internationale impuissante la fiction d'un taux de participation acceptable. Son pauvre pays n'est que terreur, famine, faillite.
Le Tyran se photographie de préférence en contre-plongée, avec lunettes à la Pinochet, bouche carnassière entrouverte laissant voir les dents du bas, et saharienne ridicule. Il ne vous rappelle personne ? Mais si. C'est exactement l'inverse de son voisin Mandela, l'icône du Bien : chevelure blanche, tête penchée, bouche toujours fermée en un éternel sourire d'arrière grand-père planétaire.
Or donc, fêté à Londres pour ses 90 ans, l'Icône du Bien vient de condamner l'Icône du Mal, évoquant à propos du pays voisin la faillite tragique de la direction. Et cette condamnation, signalent les agences qui rapportent les trois mots mandeliens, est la toute première. Trois mots. Trois tout petits mots, qui ouvrent un abîme de perplexité. Tiens, il ne l'avait donc pas condamné plus tôt ? Et pourquoi donc ? Il ne savait pas ? Il ne voulait pas ? Il n'osait pas ? Et si le monde, finalement, était beaucoup moins simple que les Icônes qui le représentent ? C'est dans ces failles, soudain révélées, entre le réel et ses représentations, que commencent, ou devraient commencer, ces plongées douloureuses qui s'appellent l'enquête, et le reportage.
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