Les ravisseurs "viscéraux" d'AQMI
, vraisemblablement exécutés par leurs ravisseurs, au cours d'une opération militaire franco-nigérienne. Même Villepin et Libé approuvent l'opération. Et pour cause: toute discussion était impossible. Pour Laurent Joffrin, les revendications d'AQMI sont "nébuleuses et irréalistes". "Paris déplore l'absence de revendications claires des ravisseurs" explique l'article de Libé, à propos des précédentes prises d'otages dans le même secteur. Etonnante déploration de "Paris", soit dit en passant. S'ils réclamaient quelque chose, alors on discuterait ? Mais alors, si AQMI ne demande rien, pourquoi enlève-t-elle des Français ? Parce que le groupe a été fondé par des salafistes algériens. "Ancienne puissance coloniale, la France est créditée d'une haine viscérale", écrit Libé. Pour AQMI, les Français, qu'ils travaillent pour Areva ou dans l'humanitaire, sont "des croisés qu'il convient d'éliminer jusqu'au dernier". CQFD: AQMI étant mû par une haine "viscérale", et ne réclamant rien, on ne négocie pas avec AQMI.
Votre matinaute ne dispose pas d'une ligne directe avec AQMI, mais il lui arrive de lire les journaux. Et les journaux, après l'enlèvement des cinq Français au Niger en novembre dernier, se faisaient bel et bien l'écho d'une revendication d'AQMI: que l'armée française se retire d'Afghanistan. Certes, AQMI ne simplifiait pas les choses, en exigeant que Paris négocie "directement" avec Ben Laden. Mais exigence il y avait, bel et bien (l'article de Libé le rappelle d'ailleurs en passant).
Le retrait de la France d'Afghanistan est-il une exigence plus "irréaliste" que ne l'était notre entrée en guerre dans ce pays, sans aucun débat parlementaire ? Chacun jugera. Avec les moyens du bord: cette guerre, on l'a souvent souligné ici, se déroule dans une totale indifférence, notamment des médias français. Tout est d'ailleurs fait pour que ces médias ne contre-enquêtent pas de trop près sur la propagande de l'armée française, comme l'a assez bien montré l'énervement du pouvoir, après la prise en otages des deux reporters de France 3, Ghesquière et Taponier (même si le pouvoir semble être ensuite entré dans la voie de la négociation avec leurs ravisseurs, voir à ce sujet notre émission Ligne j@une). La participation de la France à la guerre d'Afghanistan résulte d'un choix politique, dicté par l'alliance américaine. C'est ce choix, au moins autant qu'une haine "viscérale" héritée de la guerre d'Algérie, qui désigne les Français comme cibles d'AQMI. Est-ce "irréaliste" de simplement le rappeler ainsi ?
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