Macron : un vaccin d'intérêt public ?
Sans publier de photo de l'événement, au contraire de son ministre de la Santé, Emmanuel Macron, dans un tweet, avait assuré avoir été vacciné le 31 mai 2021, jour de l'ouverture de la vaccination à tous les adultes. Or, sur son dossier Ameli, "consulté par
Mediapart"
, la date inscrite est le 13 juillet, soit au lendemain de l'annonce par ledit Emmanuel Macron de l'élargissement considérable du périmètre du pass sanitaire. Les explications de l'Élysée sont incompréhensibles. C'est donc un double scoop du site (dans le cas où en effet Emmanuel Macron n'aurait été vacciné que le 13 juillet). Primo, il aurait été vacciné relativement tard, au lendemain du jour où il instaurait une politique de vaccination coercitive (mais il est vrai que rien ne l'obligeait à se vacciner plus tôt). Secundo, il aurait menti sur la date de sa vaccination.
Surgit ensuite, comme souvent, une affaire dans l'affaire, la chasse aux sources, diversion la plus traditionnelle des puissantes victimes du journalisme d'investigation. Mediapart
devient l'accusé. Comment donc ? Ils ont pénétré dans les failles informatiques d'Ameli ? Par quel moyen ? Avec quelles complicités ? Je vous laisse baguenauder sur vos réseaux sociaux et chaînes d'info préférés.
Laissons à part la question technique de la faille informatique des données de la Sécu sur laquelle, à cette heure, je ne suis pas compétent. Mediapart
est-il passé par une porte entrouverte ? A-t-il délicatement tourné une poignée ? Utilisé une fausse clé ? Un pied-de-biche ? Je n'en sais rien. Mais comme souvent, comme dans le cas déjà lointain des enregistrements Bettencourt, la question revient à décider si l'information d'ordre privé, ainsi révélée par des moyens frauduleux, est suffisamment "d'intérêt public"
pour justifier cette fraude. A cette question, il n'existe pas de réponse factuelle, universelle, consensuelle, incontestable. Ce n'est pas oui ou non, blanc ou noir. De multiples facteurs orientent la réponse. Le décideur public ainsi dévoilé avait-il fait des déclarations contredisant les faits révélés ? Oui. Ces faits révélés ont-ils orienté ses décisions ? Rien ne le prouve.
"L'intérêt public"
est une notion plastique, subjective, juridiquement indéfinissable, variable selon les publics auxquels elle est posée. Je ne devrais pas connaître tel aspect de la vie privée de cette personne publique. Je le connais désormais. Au-delà du petit plaisir voyeuriste, m'estimé-je, en citoyen, en électeur, mieux éclairé sur la décision politique, du fait de le savoir ? Personnellement, en l'état, ma réponse est oui.
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