Merkel, nouveau virage
A entendre les commentaires des radios du matin sur la décision soudaine du gouvernement allemand de fermer ses frontières avec l'Autriche, on perçoit que les cerveaux ont disjoncté. Quelques semaines à peine après avoir annoncé qu'elle ne renverrait plus dans leur pays de première arrivée les migrants débarquant sur son sol, et être soudain apparue comme l'incarnation principale des "valeurs européennes", "Mama Merkel" annonce la fermeture "temporaire" de sa frontière avec l'Autriche, et dépêche mille policiers pour faire respecter cette fermeture. Entretemps, les arrivants ont déferlé par milliers à Munich. Certains, rapporte-t-on, dorment dehors, sur des matelas isothermes néanmoins, dans des duvets fournis par la population. Entretemps aussi, le gouvernement allemand a été critiqué en creux par une presse qui, tout en le soutenant sur les grands principes, manifeste (nous le racontons ici) une compréhension pour les réticences des pays du "groupe de Visegrad" (Hongrie, Pologne, république tchèque et slovaquie), réticents à toute idée de quotas.
C'en est trop. Entre les "elle revient en arrière sous le coup de la panique", et les "elle tente de faire pression sur le sommet des ministres de l'Intérieur qui s'ouvre cet après-midi à Bruxelles", on sent bien que les analystes ne savent pas à quelle analyse se vouer. Merkel débordée, Merkel paniquée, ou Merkel une nouvelle fois saisie par ses vieux démons hégémoniques, tentant de forcer la main à l'UE, pour imposer des quotas de migrants aux pays les plus réticents ?
En vérité, c'est sans doute les deux. Débordé par l'afflux des migrants qui ne se dément pas, le gouvernement de l'Eldorado tente sans doute en catastrophe de faire pression sur les pays réfractaires, pour qu'ils en prennent leur part. Tout pour dérouter la machine à éditorialiser, qui aime les situations stables, les personnages bien définis, les affrontement binaires. Faucons contre colombes, hommes d'ordre contre laxistes, pragmatiques contre idéalistes, généreux contre repliés, modernistes contre archéos, fourmis contre cigales. Manifestement, il lui faudra patienter encore un peu.
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