Mille migrants sur un caillou du Pacifique
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Mille migrants sur un caillou du Pacifique

Dans le flot continu des photos de détresse qui chaque jour nous assaillent, voici un reportage apparemment moins insoutenable que bien d'autres. Un reporter de l'AFP, Mike Leyral, s'est rendu, à l'occasion d'un sommet, sur l'île de Nauru, minuscule caillou du Pacifique, où l'Australie se débarrasse de ses migrants indésirables. Près d'un millier de Somaliens, d'Iraniens ou de Sri-Lankais, sur 11 000 habitants, y vivent dans des camps financés par Canberra, certains depuis cinq ans, "selon leurs récits" précise avec prudence l'AFP.

Allez savoir pourquoi un reportage photo vous saisit, vous  point et vous poigne plutôt qu'un autre. Où se trouve, dans une photo, ce "punctum", que nous évoquions dans notre dernière émission, où est ce détail qui surgit hors de la photo, et nous atteint au coeur ? Est-ce, ici, le nounours de cette adolescente qui a tenté de s'immoler avec de l'essence ? Sont-ce les plis du drap, d'où ne surnage que le sommet d'une tête ? Est-ce le papier à fleurs ?

Est-ce, ci-dessus, les plaques chauffantes ? Est-ce la posture parfaitement droite de la jeune femme ? Se tient-elle toujours aussi droite, cette jeune femme dont le texte nous apprend qu'elle a tenté à plusieurs reprises de se suicider ? Se redresse-t-elle pour le photographe ?

Que me disent ces plaques chauffantes et ce papier à fleurs ? La parfaite bonne conscience du gouvernement australien, qui a comme anticipé l'éventuel reportage photo accusateur, qui viendrait culpabiliser les braves citoyens australiens, et qui tient toute prête la réponse : mais enfin, de quoi se plaignent-ils ? Ils ont de bien meilleures conditions que dans leurs pays d'origine ! Et de meilleures conditions que les Nauruans eux-mêmes -comme on l'apprend à la fin du reportage : "si les conditions sont vétustes dans les camps, où la plupart des logements sont des préfabriqués, beaucoup d'habitants de Nauru semblent vivre dans des conditions plus précaires encore. Bon nombre habitent des cabanes de tôle, les plages sont jonchées de détritus. Ils disent ne pas comprendre de quoi se plaignent les migrants. "Nous leur offrons une vie somme toute décente, où ne manque finalement qu'une seule chose, mais qui ne se voit pas dans la photo : un avenir.



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