Cette émission est diffusée en direct un mardi sur deux à partir de 17 h 30 sur notre chaîne Twitch. Cet épisode a été enregistré le 7 janvier.
- 3:10 scientifiques, elles créent un site web pour vulgariser leurs travaux
Que peut la recherche face aux allégations marketing des géants des produits de beauté qui inondent les médias ? Laurence Coiffard et Céline Couteau, enseignantes-chercheuses et spécialistes des cosmétiques à l'Université de Nantes, ont décidé de prendre elles-mêmes les choses en main après avoir été sollicitées par le journaliste Yann Philippin dans le cadre d'une enquête de Libération en 2012 à partir de leurs travaux de recherche (contestés par les fabricants).
Travaux dont la conclusion était qu'une bonne part des crèmes solaires sur le marché ne respectent pas les niveaux de protection solaires annoncées – notamment parce que les normes en la matière ont été "faites pour et par des industriels", écrivait Libération. Alors, les deux scientifiques créent un site web, Regard sur les cosmétiques, sur lesquelles elles diffusent leurs travaux de recherche, mais aussi des billets quotidiens et des vidéos pédagogiques. Cette conclusion reste valide treize ans plus tard, déplorent les deux chercheuses qui n'ont donc pas cessé depuis ni de travailler sur le sujet, ni de le vulgariser sur leur site autant que sur les réseaux sociaux ou dans les médias, par exemple via des journalistes du Parisien ou du Figaro.
Aujourd'hui, elles critiquent un nouvel usage des filtres solaires : leur ajout par les fabricants au sein de diverses crèmes hydratantes qu'ils conseillent de mettre tous les jours de l'année afin de prévenir le vieillissement de la peau. Une préconisation peu pertinente mais relayée par nombre d'influenceurs et d'influenceuses autant que dans la (quasi) totalité de la presse dite "féminine" ou "bien-être".
Si Laurence Coiffard et Céline Couteau se félicitent que leur travail, ces dernières années, ait fini par attirer l'attention de 60 millions de consommateurs ou dernièrement de l'AFP, celui-ci reste confiné aux médias les moins prescripteurs en matière de produits de beauté. Pourtant, elles analysent aussi bien d'autres allégations parfois mensongères, telles ces innombrables "huiles" lavantes garanties 0 % huile, ou à propos des produits solaires "naturels" mais qui ne protègent pas des coups de soleil. On en parle avec les deux enseignantes-chercheuses, partagées donc sur leur impact dans le débat public.
- 1:09:38 "Der Spiegel" met en place son auto-critique académique
L'initiative est inédite en Europe : le célèbre magazine allemand Der Spiegel, il y a quelques mois, a sollicité l'un des universitaires spécialistes des médias les plus connus d'Allemagne, Bernhard Poerksen. La demande ? Exercer une analyse critique, chaque trimestre, du travail de la rédaction du Spiegel, dans les pages-mêmes du magazine, et ce sans aucune restriction, ni de sujets ni dans la manière de travailler ou d'écrire, a assuré le rédacteur en chef dans le texte qui précède chaque chronique – ce qu'a confirmé Bernhard Poerksen à Arrêt sur images.
"Nous comprenons que nos lecteurs valorisent la transparence, un élément important de la confiance qu'ils nous accordent. Nous voulons leur montrer que nous sommes ouverts à la critique. Nous voulons qu'ils sachent ce qu'un expert pense de notre travail", écrit ainsi ledit rédacteur en chef, Dirk Kurbjuweit. La première chronique de Bernhard Poerksen, publiée en septembre sur la version anglophone du site web du magazine, était consacrée à l'échec des médias face à Donald Trump. Elle épargnait largement Der Spiegel, tout en proposant une analyse féroce des multiples faillites journalistiques face aux populistes dont Trump est le symbole.
À l'instar de cette critique acerbe et à contre-courant de la photo de Donald Trump venant de se faire tirer dessus, poing levé, entouré des agents du Secret service, sur fond de ciel bleu et de drapeau des États-Unis, prise par le photojournaliste d'Associated Press Evan Vucci. "C'était, selon un consensus immédiat, une image iconique. Et elle a immédiatement changé le récit. L'homme est soudain devenu un héros, écrit l'universitaire. En réalité, bien sûr, rien n'avait changé. La photo était seulement de la propagande déguisée en journalisme. Parce que cette photo est une composition, le résultat d'une coopération intuitive entre Donald Trump et le photojournaliste. Elle montre Trump exactement comme il l'aurait voulu : fort et invincible."
En décembre, l'universitaire remet le couvert avec la couverture du climat. Et cette fois-ci, il se focalise sur le Spiegel, en remontant les décennies avec l'aide des archivistes du magazine. Il constate que jusqu'à 2019, Der Spiegel couvrait le dérèglement climatique sans aucune ligne directrice, alternant entre, d'une part, des couvertures catastrophistes, par exemple avec la cathédrale de Cologne sous l'eau dès 1986. Mais aussi avec des contenus climatosceptiques, relativistes ou techno-solutionnistes à l'initiative d'un nombre (réduit) de chefs de services du magazine – telle une interview d'un cadre du géant de l'énergie allemand RWE contestant la réalité du dérèglement climatique et attaquant le travail des scientifiques du Giec.
Si, aujourd'hui, le magazine semble avoir une ligne éditoriale moins floue, Bernhard Poerksen observe que la couverture des enjeux climatiques reste trop souvent au second plan dans ses pages. Combien de temps ce critique des médias, dont les chroniques ne sont pas rémunérées, pourra-t-il jouer ce nouveau rôle ? Aux États-Unis, la quasi-totalité des médias qui avaient créé une telle fonction l'ont aujourd'hui éliminée, fait observer un article (admiratif) de la Columbia Journalism Review à propos de la démarche du Spiegel.
- 1:32:54 Réforme du RSA : les médias passent à côté du sujet ?
Ces trois reportages diffusés par BFMTV, RMC et France 2 pour la nouvelle année à propos de la réforme du RSA contiennent la plupart des éléments des récits médiatiques à son propos : un allocataire heureux d'avoir retrouvé du travail suite à l'expérimentation menée dans quelques départements. Les propos gouvernementaux et de la direction de France Travail (enthousiastes et rassurants). Un atelier de motivation afin de conserver son RSA. Les inquiétudes des associations accompagnant les allocataires dont ils observent la hausse des non-recours aux aides, et les inquiétudes d'une allocataire handicapée ne comprenant pas qu'on veuille la forcer contre toute logique à 15 heures minimum d'activité. Le tout surplombé par la possibilité du travail gratuit en entreprise, de radiations massives par les conseils départementaux qui versent le RSA, et d'une ambition politique destinée à appliquer en France un équivalent des funestes lois Hartz IV que vient d'abandonner l'Allemagne.
Une autre analyse, elle, est absente des médias lors des premiers jours de l'année. Elle provient en particulier de l'ex-conseiller de France Travail, lanceur d'alerte et désormais expert indépendant Yann Gaudin. "Non, il ne va rien se passer de spécial pour les bénéficiaires du RSA", assure-t-il dès le 2 janvier sur X, lui qui affirmait le 31 décembre : "L'article L5411-6 du Code du travail prévoit bien 15 heures minimum d'activités à partir du 1er janvier 2025 mais : ça concerne tous les demandeurs d'emploi, pas uniquement les bénéficiaires du RSA. Il s'agit d'activités visant au retour à l'emploi, pas du tout de travail gratuit pour les collectivités ou les entreprises. L'article prévoit qu'en fonction du profil du demandeur d'emploi les activités puissent être réduites jusqu'à 1 heure seulement par semaine (ce qui sera probablement dans ce cas une vague mention d'activité du type «faire des candidatures»)."
Auprès d'Arrêt sur images, il peste contre la porosité médiatique tant envers la communication gouvernementale que vis-à-vis des critiques venues de la gauche. Selon Yann Gaudin, en effet, la plupart des mesures mises en avant existent déjà sous une forme ou une autre, par exemple concernant la radiation des allocataires du RSA ou les fameuses immersions en entreprises – qui ne reviendraient pas à du "travail forcé", a affirmé CheckNews à partir des affirmations de France Travail, et dont le détournement en travail gratuit serait très minoritaire. Quant au gouvernement, il met en avant une réforme parfaitement inapplicable à ce stade compte tenu de l'absence de moyens supplémentaires alloués à France Travail. Et Yann Gaudin d'établir un parallèle avec "l'offre raisonnable d'emploi", lancée sous la présidence de Nicolas Sarkozy et renforcée par Emmanuel Macron, décrite comme une machine à radier en masse sans que cela ne devienne jamais une réalité au-delà de quelques dizaines de radiations par an.
Qu'auraient dû proposer les médias à propos du RSA ? "La vérité : ça ne concerne pas que les bénéficiaires du RSA mais tous les usagers, que la loi explique que c'est 15 heures minimum mais que ça peut aussi être beaucoup moins, voire zéro, que si on part sur 15 heures il n'y a pas les moyens, que tout ça est inapplicable, résume l'expert indépendant. "Il faudrait expliquer ce qu'il y a réellement dans la loi, et ensuite, techniquement, en quoi ça pose des problèmes et qu'il ne va rien se passer." Jusqu'à présent, seul Marianne l'a cité dans le cadre d'un article pédagogique sur la réalité de la réforme. L'hebdomadaire a d'ailleurs aussi publié l'interview d'un autre expert indépendant en la personne de Jean-Louis Walter, médiateur de France Travail.
Arrêt sur images s'est mis en quête d'un autre expert indépendant, en l'occurrence Michel Abhervé qui suit de près les questions d'emploi (dont la réforme du RSA avec une veille approfondie) sur son blog chez Alternatives économiques. Lui déplore les reportages montrant des allocataires du RSA ayant trouvé un emploi dans le cadre des expérimentations de la réforme. "Ça ne nous dit pas si c'est une exception ou la règle [...] On va trouver la bonne personne soigneusement choisie par les institutions, il n'y a pratiquement pas de médias qui prennent la peine d'aller chercher eux-mêmes des bénéficiaires : au mieux ils vont chercher l'avis des organisations syndicales qui tient lieu de contrepoids, mais la majorité se contente d'un ou deux parcours réussis et du discours officiel."
Sur le fond, Michel Abhervé rappelle que l'application à contre-temps de la réforme du RSA est une "histoire classique" en la matière. "On prévoit des réformes en période d'amélioration de l'emploi, et quand elles arrivent, le contexte a changé, on est en situation de détérioration de la situation de l'emploi." Et ce dans le contexte, ici, d'un "montage imbécile" pour les conseils départementaux dont la plupart des dépenses concernent l'accompagnement social (dont le RSA), donc augmentent en période de crise, alors même que leurs recettes proviennent des droits de mutation immobilier, donc baissent simultanément.
Qu'auraient du exposer les journalistes ce 1er janvier selon Michel Abhervé ? "À l'évidence, aujourd'hui, la réforme s'engage alors que les institutions sont incapables de tenir leur promesse, c'est-à-dire renforcer l'accompagnement pour sortir les gens du RSA, alors que globalement, on est aujourd'hui dans une situation ou France Travail est saturé, le chômage ayant cessé de baisser. Et de l'autre côté, les conseils départementaux sont dans une situation économique très difficile [...] qui peut expliquer qu'on va accueillir plus d'un million de personnes supplémentaires avec au mieux le maintien des mêmes moyens ?"
- 2:33:43 Les médias peu disert quant à l'offre presse massive de la BNF
Depuis 2020 et l'irruption du Covid-19, la Bibliothèque nationale de France a renforcé de manière très importante les accès à distance proposés dans le cadre de son abonnement commun, nommé "pass BNF lecture / culture" et lancé sous cette forme en 2017 (avec alors une dépêche AFP). Ces accès à distance permettent aujourd'hui aux 82 000 abonné·es – un quart au plein tarif annuel de 24 euros, un quart gratuitement, la moitié au tarif réduit de 15 euros – de consulter une grande partie de l'offre payante de la presse française, y compris des médias indépendants comme Arrêt sur images ou Mediapart, mais aussi des titres internationaux tels que le New York Times.
Ce service public permet donc une démocratisation de l'accès à l'information de qualité, aujourd'hui disséminée entre de multiples abonnements inaccessibles à bien des Français·es. L'intérêt de cette proposition de la BNF en matière de presse se manifeste d'ailleurs par les nombreux partages des posts-tutoriels permettant de s'abonner puis de consulter les différents médias ou bases de données d'articles de presse (telles que PressReader ou Europresse) proposés dans le cadre du passe lecture-culture. D'autres les ont aussi publiés sur leurs sites internet personnels, ou ont créé des mini-sites web annexes (et une application pour le navigateur Firefox) facilitant la consultation des différents médias une fois pris l'abonnement à la BNF.
Un sujet d'intérêt public, donc, utile aux citoyen·nes dans un contexte de désinformation proliférante (dont les médias ne cessent de se lamenter) et de croissance des populismes. Un sujet "concernant" et "serviciel", aussi, comme pourraient le qualifier des journalistes et leurs chefferies en conférence de rédaction. Et un sujet susceptible de rencontrer une large audience, compte tenu du succès manifeste des tutoriels déjà publiés par de simple citoyen·nes – une audience d'ailleurs suffisante pour que la publication de ces tutoriels déclenche des pics d'abonnements. Mais un sujet qu'aucun média français n'a jamais jugé utile de traiter jusqu'à ce jour, ce qu'a confirmé le service communication de la BNF à Arrêt sur images.
L'institution dépense plus de 100 000 euros annuels dans le cadre de son offre de presse. Dont 2 500 euros HT pour Arrêt sur images, ce qui représente un peu plus de 2 000 accès mensuels. Son service communication tient par ailleurs à rappeler qu'au-delà des accès à la majorité de la presse française payante, le passe lecture-culture permet d'emprunter des ouvrages en version numérique et de consulter bien d'autres bases de données. Mais aussi, en ce qui concerne les Parisien·nes, d'accéder à ses salles de lecture, d'emprunter des livres, d'assister à des concerts et des conférences ou de découvrir ses expositions.
- 3:02:47 Polémique médiatique incomplète pour le vidéaste Michou
L'entreprise de jeux de société Topi games promeut de longue date ses jeux par l'intermédiaire d'opérations commerciales avec des vidéastes sur YouTube, et a aussi décliné des "jeux de sociétés de youtubeurs" ces dernières années. Fin 2024, Michou, 10 millions d'abonné·es et plusieurs opérations avec Topi games au compteur, a annoncé le lancement pour Noël de son propre jeu de société, Qui sera le menteur, avec une vidéo autopromotionnelle sur sa chaîne. Le problème est devenu apparent à Noël, lorsqu'a émergé sur les réseaux sociaux un fait troublant : ce jeu promu à partir de 7 ans sur la boîte comporte parmi ses questions des propositions à caractère sexuel ou en rapport avec les stupéfiants. Tollé.
Rapidement, Michou et Topi games communiquent. Le premier assure : "Jamais je ne me serais permis d'y mettre ce genre de questions et encore moins pour un public aussi jeune. J'ai immédiatement fait remonter l'information.. [...] je ferai en sorte que plus jamais ce genre de chose n'arrivent en redoublant d'effort et d'attention sur les prochains projets." La seconde indique dans un communiqué de presse : "Cette situation est due à une erreur de fabrication dans les processus de validation des contenus. La société Topi games comprend l'indignation suscitée par cet incident et assume la totale et entière responsabilité de cette erreur." La séquence se conclut par un rappel du jeu tout ce qu'il y a de plus officiel : "Risque moral lié au contenu de la boîte de jeu non adapté pour les enfants à partir de 7 ans, suite à un soucis de production, une dizaine de carte ne sont pas pour les enfants, l'âge du public ciblé sur le jeu n'étant donc pas approprié."
Le problème ? Cette communication de crise exonère Michou de sa responsabilité, alors même qu'il lisait certaines des questions problématiques dès la vidéo promotionnelle – ont vite pointé des internautes sur X, résultant en une "note de la communauté". Ce qui semble anéantir l'idée qu'elles aient pu être insérées à l'insu de son plein gré par Topi games. Nombre de médias se sont emparés du sujet dès le début de la polémique, souvent en diffusant des vidéos virales. Mais la plupart ont exposé les faits de manière incomplète : TF1, le Parisien, BFMTV ou HugoDécrypte rappellent ainsi qu'il assurait avoir travaillé "plusieurs mois" sur ce jeu destiné à être joué "en famille ou entre amis" dans sa vidéo promotionnelle désormais supprimée. Mais seuls M6 et le HuffPost ont indiqué qu'il énonçait lui-même pour promouvoir le jeu certaines des questions dont il se distancie aujourd'hui.
- 3:27:23 Deux sondeurs ne demandent pas si Macron doit partir
La séquence a éclairé l'envers des sondages en ce début d'année 2025 : au micro de Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le "directeur général opinion" de l'Ifop, Frédéric Dabi, évoque les appels de LFI et du RN à la démission d'Emmanuel Macron. "L'Ifop a refusé de poser des questions sur la démission de Macron. C'est pas à un institut de sondage de poser ce type de questions qui pourraient être exploitées dans le champ politique", dévoile-t-il dans cette séquence aussitôt promue sur X par la radio. "C'est pas ce que font les instituts de sondage en permanence ?", demande le journaliste politique de Libération Étienne Baldit. "Confirmation que les instituts de sondage ont conscience du caractère performatif de leur instrument", commente le professeur de science politique Frédéric Sawicki. Sollicité par ASI, Frédéric Dabi n'a pas répondu.
L'Ifop est-elle le seul institut de sondage à refuser de poser à son panel la question de la potentielle démission d'Emmanuel Macron ? Faisons le tour des autres sondeurs : "Souhaitez-vous que dans les mois à venir, Emmanuel Macron démissionne de son poste de Président de la République ?", a demandé Ipsos en novembre 2024. Il n'est pas le seul, puisque la question a aussi été posée, ces dernières semaines, par Toluna Harris interactive pour RTL, par Elabe pour BFMTV, mais aussi par Odoxa pour le Figaro, par CSA pour les médias du groupe Bolloré auquel il appartient, et par Cluster17 pour le Point. Un seul autre institut de sondage n'a pas posé la question, en l'occurrence OpinionWay (qui n'a pas souhaité commenter la chose auprès d'ASI), propriété du groupe Les Échos - Le Parisien. Deux quotidiens dont les journalistes politiques se sont fait l'écho de sondages d'autres instituts.
- 3:46:00 FAQ - Courrier des asinautes
Je réponds à vos questions, et je reviens une fois de plus sur le fait qu'à ce stade, il n'est pas prévu qu'Arrêt sur images lance son application mobile.
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