Questions sans réponse
se plongeront dans les archives, et examineront les JT de jeudi 6 septembre 2012, pour savoir comment a été traitée la décision de la BCE de racheter (enfin) de la dette européenne, ils seront sans doute surpris de constater que cette nouvelle n'a constitué, dans le meilleur des cas, que le deuxième titre. Ah bon ? Et quel était le premier titre ? Un quadruple meurtre de touristes anglais dans les Alpes. Le JT de France 2, principale chaîne publique de l'époque, par exemple, lui a consacré plus de 16 minutes (contre 4 à la décision de la BCE). Tiens. Et pourquoi ce fait-divers a-t-il été jugé quatre fois plus important que l'information économique ? Avait-il une signification particulière, du fait de ses victimes, de ses auteurs ? Etait-il représentatif d'une évolution notable de la criminalité ? Euh, non. On savait encore peu de choses des victimes. Et rien des auteurs. On ne savait même pas si c'était une exécution, un règlement de comptes, un meurtre fortuit. On ne savait rien, ce soir-là. On s'interrogeait. On se posait des questions.
Donc, en l'absence de toute information incontestable, avaient-ils au moins des images choc ? Aucune. Des voitures de pompiers, des ambulances, des gendarmes, et une vue aérienne de la maison des victimes, parce qu'ils avaient loué des hélicos. Donc, de simples questions, des interrogations, pouvaient avoir une large place dans les médias de ce temps-là ? Oui. Ah, d'accord. (Un temps de silence). Mais sur la décision de la BCE, ce soir-là, à chaud, il n'y avait pas de questions à se poser ? Tout autant. Mais le JT ne les a pas posées. On ne peut pas se poser des questions sur tous les sujets le même soir. Sans doute avaient-ils un quota de points d'interrogation. Je ne sais pas.
Et puis, il y a une autre raison. Les JT de ce temps-là avaient tendance à privilégier les sujets "concernants", ceux qui concernaient le plus les télespectateurs, afin d'attirer l'audience la plus large possible. Ah. Très bien. (Un nouveau temps de silence). Mais enfin, entre ce fait-divers dont on ne savait rien, et une décision pouvant avoir de grandes conséquences sur la croissance, le chômage, l'inflation, le pouvoir d'achat, de tous les pays européens, laquelle des deux nouvelles était la plus "concernante" pour les télespectateurs ? Bon, écoute, je ne sais vraiment pas. Ces choses ne sont pas une science exacte. Il n'y a pas de réponse à tout. Ce qui n'empêche pas d'en parler. La preuve !
Faut-il féliciter Mario Draghi pour son choix ? L'éconaute se pose la question ici.
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