Thomas Mair, déséquilibré ou néo-nazi ?
, à propos de Thomas Mair, l'assassin de la députée Labour, et militante anti-Brexit Jo Cox, jeudi en Grande-Bretagne. De fait, les témoignages de proches (voisins, famille) penchent pour le côté "déséquilibré" de l'assassin. On ne lui connaissait pas d'engagements politiques, répètent en choeur les voisins. Et il avait fréquenté, voici plusieurs années, une structure de soins psychiatriques. Naturellement, c'est la thèse que vont être tentés de mettre en avant medias et politiques pro-Brexit. Surtout, surtout dépolitiser l'affaire, même si des témoins assurent que l'assassin aurait crié "Britain first".
Mais la mémoire des banques de données est implacable. Selon une organisation américaine de défense des droits de l’homme, le Southern Poverty Law Center (SPLC), Mair serait un sympathisant de la National alliance (NA), organisation néonazie américaine. Le SPLC a publié sur son site deux factures au nom de Thomas Mair datant de 2003 pour l’achat de plusieurs publications de la NA, dont un manuel destiné à la confection d’armes artisanales (chimie des poudres et explosifs, manuel des munitions improvisées, etc). Selon la BBC, Mair aurait également été abonné à Patriot magazine, un journal pro-apartheid, édité par des suprémacistes blancs sud-africains exilés en Grande Bretagne. Quant au cri "Britain first", le Telegraph publie un tweet de Jo Cox datant de janvier : la députée s'y disait "très fière" de ses concitoyens qui avaient protesté contre "le racisme et le fascisme" lors d’une manifestation de Britain first. Britain first, groupe britannique d'extrême-droite qui revendique 6000 membres, a nié tout contact avec Mair.
Sympathisant nazi, ou déséquilibré ? La question souligne la contradiction, fréquente dans les enquêtes de personnalité, entre les renseignements de "proches", et ceux des fichiers (policiers ou commerciaux). Les uns comme les autres ont des limites. Ni les uns ni les autres ne suffisent à dire toute la vérité d'une personne. Reste qu'en elle-même, cette question est risible. Comme si on ne pouvait pas être les deux à la fois.
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