Il faut stopper Elon Musk
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Il faut stopper Elon Musk

Tous les samedis, l'édito médias de Pauline Bock, cette semaine signé Paul Aveline, envoyé dans notre newsletter hebdomadaire gratuite, Aux petits oignons : abonnez-vous !

Un milliard. C'est peu ou prou le nombre de vues enregistrées par 50 posts publiés par Elon Musk sur la plateforme X depuis janvier. Leur point commun ? Ils relayaient tous de fausses informations sur les élections américaines. Dans ces messages, le milliardaire accuse le partie démocrate d'"importer des électeurs" de l'étranger pour peser sur le vote (le "grand remplacement" n'est pas loin), ou relaie, sans le préciser, des vidéos trafiquées sur Kamala Harris, vice-présidente et candidate démocrate à la présidentielle. Évidemment, ces messages échappent aux fameuses "notes de la communauté", qui permettent aux utilisateur·ices de X de signaler un message trompeur en lui adjoignant un correctif. Aucun des posts d'Elon Musk ne semble y avoir été soumis.

Elon Musk s'est encore illustré plus récemment, alors que le Royaume-Uni est en proie à de violentes émeutes racistes et islamophobes (nous l'évoquions ici). Toujours sur X (il ne s'exprime quasiment plus que sur sa propre plateforme), Musk engage un bras de fer numérique avec le pouvoir travailliste anglais, tout juste installé après une victoire écrasante aux législatives de juillet. Et interpelle le Premier ministre, Keir Starmer. Alors que ce dernier s'inquiète de nombreuses attaques contre les mosquées du pays, Musk répond : "Vous ne devriez pas vous inquiéter pour *toutes* les communautés ?" Sous-entendu limpide : les blancs aussi sont victimes de racisme au Royaume-Uni. Rebelote le lendemain, avec un message identique. À la bravacherie, Musk ajoute le racisme. À une internaute qui estime que la situation au Royaume-Uni est le résultat de "l'ouverture des frontières et de l'immigration de masse", Musk répond : "La guerre civile est inévitable".

Le problème des prophéties d'Elon Musk, c'est qu'il fait tout pour qu'elles se réalisent. Et les politiques commencent à s'en rendre compte. Au Royaume-Uni, des députés se verraient bien convoquer le magnat d'extrême droite devant une commission parlementaire pour répondre à quelques questions sur sa gestion des événements récents. Pourquoi, par exemple, a-t-il relayé une intox expliquant que les émeutiers seraient déportés aux Îles Malouines ? Pourquoi le compte X de Tommy Robinson, activiste islamophobe et fondateur du groupuscule d'extrême droite "English Defence League", a-t-il été réautorisé à poster en 2022 (après quatre ans de bannissement), lui permettant d'être le principal promoteur des émeutes des derniers jours et de désinformer massivement sur la situation ?

Une autre question, tiens, pour Elon Musk : faut-il craindre Grok, le robot conversationnel développé par X et Musk pour concurrencer ChatGPT ? Des élus américains tirent la sonnette d'alarme : Grok diffuse sur les élections américaines... de fausses informations. Encore. Musk avait promis une IA "anti-woke", elle est pour l'instant surtout anti-faits.

Sa
guerre, Elon Musk ne la mène pas que sur le terrain informationnel. La publicité, et donc l'argent, est son autre terrain de jeu. Un jeu de quilles dans lequel il vaut mieux ne pas se mettre en travers de sa route. Alors que plusieurs conglomérats d'entreprises se seraient entendus pour boycotter X, Musk riposte : "C'est la guerre", encore. Et qu'importe que cette affaire ne soit qu'une suite logique à la fuite des capitaux déjà entamée lors du rachat chaotique de la plateforme par Musk. Quand Musk se fâche, Musk attaque. Il serait peut-être temps d'en faire de même. Et de comprendre que Musk est un ennemi résolu de la démocratie.

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