Fut un temps où les prophètes de la technologie, en Californie, promettaient à la planète un avenir radieux, tandis que des dissidents bougons en exploraient les aspects plutôt sombres.

Renversement depuis quelques années, avec l'intelligence artificielle (IA) : ce sont ces industriels eux-mêmes, et leurs nombreux relais médiatiques, qui semblent se transformer en prophètes de malheur et promettre l'Apocalypse. Mais pourquoi donc dépenser autant d'énergie, et d'argent, à convaincre que leur produit va précipiter la fin de l'humanité ?

Depuis 2021, dans sa chronique judicieusement baptisée "Clic gauche", Thibault Prévost est l'envoyé spécial d'Arrêt sur images dans l'univers merveilleux de la tech, et ses fallacieuses promesses. Un reporter clairement techno-critique, comme il se définit lui-même, qui de chronique en chronique, dézingue "les robots humanoïdes", prédit "la fin de la bulle financière de l'intelligence artificielle", ou dénonce les ravages écologiques des Data Centers (pour ne citer que des chroniques récentes). 

Auteur du récent ouvrage Les prophètes de l'IA. Pourquoi la Silicon Valley nous vend l'apocalypse (Lux Editions, 2024), il était l'invité idéal pour déconstruire les récits médiatiques des gourous américains, dans toutes leurs ambiguïtés, leurs sous-entendus, et leurs perversités. Et accessoirement, répondre à un léger soupçon : Thibault Prévost ne serait-il pas un peu technophobe par principe ?