Accident de car : sortie de route des JT
Un bilan humain très lourd et un traitement journalistique qui l'est tout autant. L'accident de la route survenu en Suisse mardi 13 mars, qui a entraîné la mort de 28 personnes dont 22 enfants, fait l'ouverture des JT depuis plusieurs jours. L'autocar qui ramenait un groupe scolaire en Belgique après une semaine de sports d'hiver a heurté un mur en béton dans un tunnel. Les causes exactes de cet accident restent inconnues ? Cela n'empêche pas les télés de tout vous dévoiler sur les lieux du drame, les lieux de recueillement, les messages et les dessins de soutien des élèves, et même sur les derniers mots d'un des accompagnateurs et de certains enfants, publiés sur internet. Un sensationnalisme dramatique signé TF1, France 2 et M6.
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Derniers commentaires
Prix spécial du jury pour france3 qui conseille le train : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_accidents_ferroviaires_en_France#Ann.C3.A9es_2010
et encore on pourrait sortir de France et parler de cet accident du mois dernier : http://www.lefigaro.fr/international/2012/02/22/01003-20120222ARTFIG00519-un-accident-de-train-fait-au-moins-49-morts-a-buenos-aires.php
A gerber en effet ;o(.
De mon temps (ça y est, je vais faire ancienne combattante), les services de l'"élite" à la rédaction étaient
- en prem's le service politique étrangère
- en deuze le service politique intérieure...
Les "zinfos génés" c'était de la daube, on y faisait travailler les soutiers, les journalistes fraîchement débarqués dans la rédaction, les "faits divers", c'était pour les fouille-merde... On parlait du journal "Détective" avec dégoût, des crimes avec pudeurs...
Et si on mesurait la décadence d'une société à la façon dont les télé se pourlèchent les babines de l'émotion et de la douleur provoquées par un fait divers ?
J'ai retranscrit partiellement cet entretien filmé avec la rédactrice en chef de Le Soir, journal belge, qui démarre avec la question de la pertinence de la journée de deuil national en Belgique (le vendredi 17 mars) mais qui fait apparaitre bien des éléments concernant ce traitement médiatique :
Un pays, c'est comme les individus, il y a un deuil à faire [...]
C'est une situation que tout qui [=quiconque] a des enfants a connu, c'est, et c'est vrai, ici dans la rédaction tout le monde l'a dit, les amis, les gens autours de nous dans la vie de tous les jours, hier le disaient sans cesse, pitié, combien de fois on a eu vraiment peur en mettant nos enfants dans un bus, dans un car, et on s'est dit oh ! la! la! on a regardé les pneus, on a regardé le chauffeur...
Je veux dire personnellement ce qu'on écrit là je l'ai vécu moi et c'est pour ça que le matin en entendant ce qui c'était passé on s'est dit pitié ! c'est ce qu'on a toujours crains qu'il arrive à nos enfants quand ils étaient en voyage scolaire [...]
Le car, le bus, ... ils nous font peur.
Et donc c'est pour ça que ce deuil est important parce que finalement tout le monde a envie de faire quelque chose, il y a quelqu'un qui disait "m'enfin, c'est quoi cette hypocrisie qui vont dans une église partager la peine de gens qu'ils ne connaissent même pas, tous ces anonymes qui sont là et qui témoignent"...
Je sais pas si c'est hypocrite, peut-être qu'il y a une part des gens qui sont hypocrites, il y a peut-être des gens qui aiment bien vivre [...] dans la notion de malheur, mais je pense quand même très très fondamentalement que c'est une envie de ... on est parfois très triste pour les autres par rapport à soi même, par rapport à la peur qu'on a ; et la notion de deuil est très importante à appliquer, on sait que dans nos civilisations on ne passe pas assez de temps à faire le deuil de celui qui meurt.
Dans tout cela, il y a notamment des "nous", de "on", qui parlent de ceux qui sont dans la situation d'avoir les moyens d'envoyer leurs enfants en vacances dans des bus, et qui sont donc en pleine identification face à ce drame.
Dans le cas des journalistes, il est évident que la catégorie sociale des journalistes décisionnels (CSP+) sont massivement dans ce cas, d'une part par leur niveau de vie, qui leur permet d'envoyer fréquemment leurs enfants en vacances, et d'autre part par leur emploi du temps qui fait qu'ils ne vont pas souvent pouvoir emmener eux-mêmes leurs enfants en petites vacances.
On a donc ainsi, en plus de tous les bas instincts décrits par les messages précédents de ce forum, une part de "sur-identification" qui s'opère chez les journalistes par rapport à ce genre "d'accident de la route". Il y a dans ces journaux télés et radios une forme de deuil par procuration, où les journalistes semblent ressentir le besoin de passer beaucoup de temps "à faire le deuil de celui qui meurt", et ce pour exorciser les peurs de ces journalistes ont concernant leurs propres enfants.
Et il est donc à cette lumière encore plus terrible de voir le résultat final, qui est pour le téléspectateur particulièrement racoleur et indécent.
Il y a un mois tout juste, avec un groupe d'amis, notre chemin a croisé celui d'un fait divers dramatique. Ici, à La Réunion c'est l'été et les week-end, les bassins sont pris d'assaut. Nous étions dans un endroit paradisiaque au pied d'une cascade. Nous avons passé une après-midi fort agréable. A un moment le ciel s'est bouché, et un crachin a commencé. Comme ici les pluies peuvent être vraiment violentes l'été, on a décidé de repartir, avant de se faire doucher, alors qu'il était encore tôt (dans les 15h30). Pour rentrer au parking, il fallait traverser le lit de la rivière. Deux options, marcher dans l'eau ou sauter de rocher en rocher. Moi j'ai retiré mes chaussures et j'ai traîné dans l'eau fraîche, ça faisait trop du bien aux pieds. Mes amis ont choisi l'option rochers, en prenant leur temps pour ne pas glisser. Plus loin, je me suis arrêtée pour aider un monsieur embarrassé par une glacière pour son dernier franchissement d'eau. On a tous pris notre temps pour traverser. Le crachin s'était arrêté. On n'était pas pressé. La journée s'est terminée autour d'une bonne glace dans une brasserie du coin.
Le soir, au moment du JT stupéfaction : une vague d'1,20 avait emporté des gens à l'endroit même où nous étions. Ça s'est joué à 10 ou 20 mn. Je ne sais pas m'imaginer ce qu'on pu ressentir les familles de ceux qui ont été emporté ce jour là, mais je sais ce que j'ai ressenti. Au delà de la stupéfaction, une énorme culpabilité, de l'effroi, de la tristesse, toute une palette d'émotions hors contrôle, que tu gères en en parlant "entre nous". Le nous représentant le groupe de personnes qui a vécu la même journée.
Ce fait divers qui s'est soldé par quatre victimes n'a heureusement pas été surexposé. Il reste encore ici, un certain respect de l'humain qui permet de gérer ce genre de traumatisme à son rythme. Et c'est bien ça qui m'interroge au sujet du comportement des médias Métropolitains.
Ils volent en quelque sorte le vécu d'un groupe de personnes, ils font un hold-up sur leurs émotions. Au nom de la compassion, ils ne partagent rien, ils imposent : leur rythme, leur vision, leur voyeurisme ! Ils interfèrent dans le entre-soit nécessaire dans ces moments-là. Ils font de ce fait divers une attraction télévisuelle. Survivants, entourage des survivants et des victimes faites donc avec. Votre douleur est la notre. Quel mensonge ! En agissant ainsi, les JT ont inventé la délinquance télévisuelle, celle des petit voyous qui s'emparent de ce qui ne leur appartient pas, et qui pris la main dans le sac vous diront dans les yeux qu'ils n'ont fait que leur métier. Même ça ils l'ont perdu de vu.
Pour moi ce sera un sac plastique svp
Néanmoins je reste sidéré par le comportement moutonnier démédias: tous ont sur-traité cet événement, au détriment d'autres actualités, alors que ledit événement, à part faire pleurer Margot, n'a absolument aucun intérêt pour le téléspectateur/auditeur/lecteur une fois énoncées synthétiquement les circonstances du drame. Or, dans le régime théoriquement pluraliste, diversifié et concurrentiel de l'information où censément nous baignons, ce moutonnisme n'eût du se produire. Ce qui démontre de facto que nous ne vivons pas dans un régime d'information pluraliste, puisque la concurrence pousse finalement au mimétisme benêt plutôt qu'à la différenciation. Et c'est un événement aussi a-idéologique qu'un accident de la route, si dramatique qu'il soit, qui permet de le prouver efficacement une énième fois. Sans que l'on soit cette fois ci bêtement accusé d'être politiquement partisan, orienté, et bien donc forcément mensonger.
1/ La stratégie de la distraction
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. » Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »
Car cette information, si elle est absolument terrible pour les personnes directement touchées par cet accident (les morts, les blessés, leurs familles et leurs proches), pour tous les autres elle est absolument insignifiante au sens strict du mot : elle ne nous apprend rien sur la marche de notre monde.
Par contre, son commerce nous en apprend beaucoup sur les marchands de cerveaux disponibles.
Owowo ! lâchez-moi les baskets. C'est terrible ce qui vient de se passer là n'est pas la question. Je ne comprends pas l'effervescence à tous les niveaux. On dirait que la bombe atomique nous est tombé dessus. Y a un moment, il faut arrêter le délire.
Télé-poubelle totalement indécente.
Merci de vous y être collé Sébastien.
Merci à nos JT et à nos chaînes-info pour leur travail impeccable nous donnant chaque jour les clés de l'actualité afin que l'on devienne des citoyens éclairés.
Ainsi ceux qui passèrent sans s'arrêter devant une maison en feu, seule ma fille l'a fait (pardon, Germain :-)
Chacun d''entre "nous" n'est pas "unique", mais "singulier".
Ce n'est pas pour vous contredire Athalouk, c'est seulement une réflexion qui me fait me souvenir d'une citation de ma prof de Français, "toujours" et "jamais", n'existe pas.
Là, ça ne concerne que tous les gens qui sont passés...
M6 qui imite la voix d'enfant, c'est le pompon, les enfoirés.
Les-petits-enfants-morts-mais-pas-syrien font vraiment une super audience ? Le JT font pété les PDM avec les pleurs des famille ?
Ou bien alors, ils pensent que les gens n'aiment pas réfléchir quand ils mangent ? Qu'ils faut les prendre par les tripes pendant les repas ? Qu'ils sont un peu cons...
Ou les journalistes préfèrent traiter les fais divers. C'est peut-être plus facile, genre moins de travail de documentation, des images faciles et des interviewers-victime-témois qui ne maitrisent rien de la com'... En plus c'est plus facile de faire pleurer que d'expliquer l'économie.
Ou le JT a peur d'être trop différents les uns des autres. Ils risqueraient de pas être d'accord sur ce qu'est l'actualité du jour.
Ou ça fait des belles images.
Peut-être un peu de tout...
Cela résonne drolement avec "l'exercice de l'état" ... Je l'ai vu la veille de ce drame...
Il s'y passe exactement la même chose.