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Affaires Berlusconi : le chômage, la crise, n'intéressent plus la gauche italienne

La gauche italienne a-t-elle délaissé le terrain économico-social pour celui des attaques personnelles contre Berlusconi ?

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Vous n'avez pas compris l'allusion sur le fait que la vérité ou non vérité sur Noemi va au-delà du débat gauche-droite en Italie mais c'est pas grave. Il est évident que les italiens de gauche ou de droite ne sont pas des références en la matière ...
En Italie, on a les poules de luxe autour de Berlusconi, en France, vous avez le barouf autour du bonus des traders et la grippe A ... Ce sont des contre-feux de nature un peu différente selon les acquis culturels des habitants, mais au fond, le but est pratiquement le meme: combler le vide du à l'interdiction formelle d'écrire les mots "dépression" ou "déflation".
J'habite en Italie depuis 1999: je suis arrivé dans la désormais tristement célèbre ville de L'Aquila, puis j'ai vécu à Pavie pour enfin m'établir dans les Pouilles depuis 2002. Pendant ce temps, j'ai progressivement appris à comprendre la mentalité transalpine, et notamment l'attitude qu'ils ont vis-à-vis des journaux et de la TV. Dit rapidement, ça se résume par une formule lapidaire et simplificatrice du genre "L'Allemand est très rigoureux, le Français essaie d'imiter l'Allemand tout en ménageant un petit coté gaudriolle (mais il en a un peu honte) que l'Italien, lui, est fier de mettre en avant".

L'affaire Noémi, honnètement, tout le monde s'en fout! Dans le sud de l'Italie, le chomage arrive à un tel niveau que ce qui pose vraiment problème aux familles, c'est de payer les factures de la rentrée. On est dans une situation de déflation tellement maousse qu'à part le secteur immobilier fortement soutenu par des cadeaux gouvernementaux (le plan "ristrutturazione case", parce qu'il n'y a pas d'activité de substitution, un peu comme le Royaume-Uni avec le secteur financier de la City) et certains petits commerces ouverts grace à des "prets" (à fonds perdus la plupart du temps pour cause de faillite en moins de 2 ans) de la Région (suivant des dénominations fantaisistes du genre "soutien financier aux entreprises gérées par des femmes"--comprendre "salons de coiffure", on va y revenir) qui tiennent encore, meme les gens les plus bouchés en économie comprennent bien que la fète est finie ...

Après l'affaire Noémi et le type pris en photo la bite à l'air pendant les parties fines à la villa du Cavaliere d'opérette, on a eu droit aux coups de téléphone interceptés entre une escort de Bari (ça tombe bien, j'y habite!) star des calendriers érotiques et des membres du gouvernement actuel. La mamoizelle s'appelle Patrizia D'Addario est commence sérieusement à exporter sa célébrité dans les boites de nuit en France.

On pourrrait se demander pourquoi la belle Pugliese montre autant d'empressement à aller à Paris ... La réponse est toute simple: comme disaient nos anciens, "nul n'est prophète en son pays". A Bari, tout le monde se fiche éperdument de Patrizia et toute sa clique de poules de luxe! Les gens plus au Nord ont du mal à comprendre ce que le mot "déflation" signifie au quotidien, donc un exemple tout simple: meme au pays de la mode et de l'élégance, il devient pratiquement impossible de vendre des marques comme Armani Collezioni à moins de 60% de réduction (chose jamais vue, et ce, malgré des prix qui n'ont pratiquement pas bougé depuis 2002). Les magazins de listes de mariage, traditionnellement blindés contre toute crise économique au vu des sommes dépensées pour ce genre de cérémonie ici, renoncent maintenant à des marques fleuron comme Alessi (et ce, malgré une politique de prix vraiment serrés et une créativité étonnante de la maison). Meme la boutique Gucci de via Sparano dans le centre de Bari a été soulagée d'avoir le feu vert de la maison mère pour solder dès les soldes d'hiver ses articles à 50%, chose jamais vue de mémoire de fashion victim, malgré les merveilles pondues par Frida Giannini.

En France, où le culte de la fringue reste très en retrait par rapport au Sud de la Péninsule, on perçoit surement ces choses-là comme secondaires. Or, c'est là que ça se passe, car l'Italie du Sud est le pays où l'apparence est primordiale; il faudra vraiment qu'une fille soit en dire straits pour renoncer à aller chez le coiffeur une fois par semaine, à moins d'etre un thon fini (et encore)!

Et c'est justement parce qu'on est au pays de l'apparence et du futile que les gens n'accordent que peu d'importance à tout le raout autour des histoires de fesses de Berlu et sa bande. Comme l'argent manque, on comprend bien que les journalistes doivent en rajouter dans le graveleux pour vendre. En plus, toute la communication sur la crise économique a été bloquée quand le Cavaliere a parlé de "faire taire les défaitistes" (traduction approximative). Là encore, personne ne prend ça vraiment au sérieux ... sauf peut-etre les journalistes étrangers!

Maintenant, pourquoi la Gauche italienne ne profite-t-elle pas de tout ce bazar ? Eh bien, là encore, c'est simple ... C'est parce qu'il n'y en a plus (de Gauche); elle s'est dissoute dans le centre, et c'est l'habitude du centre de pencher à droite (Sarko imite bien Berlu puisque sa stratégie pour rester en place n'est pas d'avoir de bons résultats, mais de torpiller médiatiquement la concurrence). Les gens ont bien compris que l'électorat de Prodi est massivement composé de fonctionnaires (un peu comme le PS français) dont les intérets divergent d'avec ceux des petits entrepreneurs et commerçants, qui représentent encore une bonne partie de la population active italienne. Ces derniers composent aussi le socle de la tristement célèbre Lega Nord, dont justement Berlusconi a besoin pour rester majoritaire; autant la France a tendance à pencher à l'extrème gauche à la faveur de la crise, autant l'Italie penche à l'extrème droite ... Je ne compte plus les gens dans mon entourage qui sont nostalgiques de la période fasciste. On se demande encore pourquoi des BHL, des Finkielkraut, des Caroline Fourest ou des Dany Cohn-Bendit ne viennent pas précher leur bonne parole ici ... parce que, pardon, ils auraient un sacré boulot!

En conclusion de ce long laius, mon message serait: ne vous laissez donc pas enfumer par ces contre-feux médiatiques à base de poules de luxe et de paillettes! Ce n'est vraiment pas là que ça se passe, et il se trouve que sur place, très peu de gens suivent ces choses-là (à part peut-etre les avocats et les conseillers en communication). L'idée, c'est vraiment d'essayer de "remplir le vide" créé par le divieto d'écrire quoi que ce soit qui pourrait appuyer la thèse selon laquelle: 1/ la crise est vraiment grave, 2/ elle n'est pas finie, 3/ le chomage va continuer à grimper, 4/ l'immobilier va vraiment baisser (et ça, dans les pays du sud, c'est traumatisant) et 5/ la monnaie papier est promise à de gros bouleversements à brève échéance.

Donc, comme on ne peut pas écrire sur ces choses-là, on vend du papier avec de la fesse de midinette ...
face aux penchants presque pédophiles de son mari.
J'ai arrêté de lire ici.
La pédophilie a une définition précise, à savoir l'attirance pour les enfants prépubères ou en début de puberté. Noemi Letizia avait 17 ans lors de sa première rencontre avec Berlusconi.
Parler de pédophilie là où il y a détournement de mineure, c'est de l'amalgame dangereux. Et dans le cas présent, ça frise la diffamation.
Oui, et alors ?
Le comportement de Berlusconi me choque et aussi la politique en Italie (l'un n'empêche pas l'autre il me semble). Si les Italiens veulent vraiment une autre politique comme semble le dire Djamila B, je doute que donner sa voix démocratiquement à Berlusconi soit le bon choix.
Peut-être que les Français s'intéressent à tout cela parce qu'ils compatissent avec les Italiens? On a un peu le même modèle chez nous, non..
En effet, être choquée par le comportement de Sarkozy (yacht, Fouquet's, taille sélectionnée pour visite à l'usine, etc.) n'empêche pas d'être choquée par la désastreuse politique (social, justice, éducation nationale, etc.) en France. Les deux iraient même de paire à mon avis.
Bref, les Italiens et les Français sont un peu dans le même bateau, mais vu de France, on se dit que c'est encore pire en Italie, ça remonte un peu le moral (on fait ce qu'on peut pour ne pas désespérer complètement en se disant que c'est pire chez le voisin, réflexe bien humain...

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