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Anne Serre, l'inceste et la joie, d@ns le texte
C'est l'objet littéraire le plus déroutant de cette rentrée. Si déroutant que l'on ne trouve même pas les mots pour le résumer. On pourrait dire: c'est un conte érotique. On pourrait dire: c'est l'histoire d'un inceste familial frais et joyeux. On serait pourtant très loin du texte de Anne Serre, Petite table, sois mise ! (Verdier).
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Derniers commentaires
"Un tabou : les incestes réussis:
On sait que la notion de « culture » se trouve chargée d'équivoques multiples. Claude Lévi-Strauss avait, on s'en souvient, fait du tabou de l'inceste « la démarche fondamentale dans laquelle s'accomplit le passage de la nature à la culture ». Mais nos observations ne vont guère dans ce sens : nous ne remarquons guère d'inceste chez les animaux ; et, par contre, nous constatons que l'inceste est extrêmement répandu chez l'homme. Non seulement les incestes « malheureux » qui brisent la vie de tant de nos patients et de nos patientes ; mais — on n'en parle guère — tous les incestes « réussis », vécus dans le bonheur secret.
C'est une aventure curieuse qui est en train de se mettre en place avec notre description des incestes amoureux. D'abord Norbert Sillamy avait proposé le terme d'inceste heureux, mais l'évolution des « couples » nous a obligés à préciser le terme et à par1er d'incestes amoureux, plutôt que d'incestes heureux, car vous savez comment se terminent les histoires d'amour... et les amours incestueuses ne peuvent pas se terminer par le mariage. Alors elles doivent rester secrètes, hors société, et intenses... tant que dure l'amour."
etc.
Boris Cyrulnik (La naissance du sens. Éditions Hachette © 1995)
On sait que la notion de « culture » se trouve chargée d'équivoques multiples. Claude Lévi-Strauss avait, on s'en souvient, fait du tabou de l'inceste « la démarche fondamentale dans laquelle s'accomplit le passage de la nature à la culture ». Mais nos observations ne vont guère dans ce sens : nous ne remarquons guère d'inceste chez les animaux ; et, par contre, nous constatons que l'inceste est extrêmement répandu chez l'homme. Non seulement les incestes « malheureux » qui brisent la vie de tant de nos patients et de nos patientes ; mais — on n'en parle guère — tous les incestes « réussis », vécus dans le bonheur secret.
C'est une aventure curieuse qui est en train de se mettre en place avec notre description des incestes amoureux. D'abord Norbert Sillamy avait proposé le terme d'inceste heureux, mais l'évolution des « couples » nous a obligés à préciser le terme et à par1er d'incestes amoureux, plutôt que d'incestes heureux, car vous savez comment se terminent les histoires d'amour... et les amours incestueuses ne peuvent pas se terminer par le mariage. Alors elles doivent rester secrètes, hors société, et intenses... tant que dure l'amour."
etc.
Boris Cyrulnik (La naissance du sens. Éditions Hachette © 1995)
"la mise en scène est l’art de construire un message qui résulte de la combinaison de signes verbaux, paraverbaux et non verbaux, et le fait que le mot "guerre" ne figure dans aucune des pages mentionnées ne saurait disqualifier l’analyse selon laquelle l’effet produit par le dispositif global est l’impression d'une guerre": Judith, sur un autre forum, celui de sa dernière chronique.
Je partage tout à fait cette analyse, le mot n'est pas nécessaire pour rendre la chose, ce qui rend d'autant plus surprenant le fait que Judith n'ait pas ressorti cet argument face à Anne Serre lorsqu'elle réalise que le mot inceste ne figure pas dans le texte et que l'auteure se dit d'ailleurs surprise lorsqu'on ramène son ouvrage à cela, alors que tout le texte ne fait référence qu'à cela, ne tient que par cela...
yG
Je partage tout à fait cette analyse, le mot n'est pas nécessaire pour rendre la chose, ce qui rend d'autant plus surprenant le fait que Judith n'ait pas ressorti cet argument face à Anne Serre lorsqu'elle réalise que le mot inceste ne figure pas dans le texte et que l'auteure se dit d'ailleurs surprise lorsqu'on ramène son ouvrage à cela, alors que tout le texte ne fait référence qu'à cela, ne tient que par cela...
yG
"Fallait-il inviter l'écrivain Anne Serre ? Devions-nous inviter l'auteur d'un livre étrange, malsain, envoûtant, où l'on peut lire cette phrase: "le sexe de papa faisait nos délices" ? Evidemment oui.": DS (?)
Personne n'a écrit sur ce forum que je sache qu'il ne fallait pas l'inviter ou parler de son roman, en tout cas, pas moi.
Oui, il fallait l'inviter, faire cette émission, à défaut d'en tirer les conclusions qui en ont été tiré.
"Déconstruire les mystères de la construction littéraire, a à voir avec déconstruire les fictions médiatiques."
Ah, merci de l'écrire, c'est ce que j'ai dit plus d'une fois sur cette page, c'est primordial, la littérature est aussi un média, quoi que je n'apprécie pas ce qui s'est dit lors de l'émission et ce qui ressort selon moi de l'ouvrage après l'avoir lu.
Anne Serre, par exemple, écrit aussi: « Pour la première fois quelque chose naquit en moi. Non pas l’amour, j’en étais bien loin encore, jeune comme je l’étais, et dans une situation tout de même si inextricable, mais un début d’amour, un début d’espérance, un début de douleur pour quelque chose de plus haut, de plus fin, de plus mystérieux que le plaisir familial qui n’était ni haut, ni fin, ni mystérieux, mais qui n’était pas son contraire non plus. Qui était large, doux, glacial et puissant. » Manifestement, certains de nos abonnés pensent le contraire.
Il faudrait déjà pouvoir penser quelque chose de ce passage, déjà cité dans l'émission.
Vous y voyez une condamnation de son passé ?
Moi, j'y vois seulement la naissance de l'altérité, du nouveau dans son existence, là où jusqu'à lors, tout était réglé, régis dans sa vie par ses parents.
"Depuis que nous avons reçu Anne Serre, le débat enflamme le forum de l'émission. Et vous, qu'en pensez-vous ? "
Ben, justement, j'aimerai bien que le débat s'enflamme, Judith est pour l'heure bien seule, hélas. Et les soutiens (dont pour une fois, je ne fais pas partie) se portent plus sur le principe de l'émission que je ne remets aucunement en cause (pas plus que sa présentatrice), bien au contraire, que sur le propos du roman.
S'opposer à l'analyse de ce roman par Judith, ce n'est pas s'opposer à Judith, mais je suis le premier à savoir que c'est plus facile à affirmer qu'à faire ressentir, que c'est une pétition de principe que d'affirmer cela. Je sais combien on peut ressentir personnellement le désaveux du plaisir qu'on a eu, nous en avons tous fait la triste expérience sur les bancs de l'école lorsque l'enseignant nous disait que la note qu'il nous donnait n'était pas une sanction personnelle, mais celle de notre travail. Si seulement nous avions pu alors prendre au premier degré cette assertion, nous n'en serions pas là...
En tout cas, ce qui s'écrit ici, à partir de ce roman, mérite largement qu'on s'y arrête, il y a matière à réfléchir pour tout le monde. Et c'est là la plus grande réussite de cette émission à mon sens, menée par et grâce à Judith.
yG
Personne n'a écrit sur ce forum que je sache qu'il ne fallait pas l'inviter ou parler de son roman, en tout cas, pas moi.
Oui, il fallait l'inviter, faire cette émission, à défaut d'en tirer les conclusions qui en ont été tiré.
"Déconstruire les mystères de la construction littéraire, a à voir avec déconstruire les fictions médiatiques."
Ah, merci de l'écrire, c'est ce que j'ai dit plus d'une fois sur cette page, c'est primordial, la littérature est aussi un média, quoi que je n'apprécie pas ce qui s'est dit lors de l'émission et ce qui ressort selon moi de l'ouvrage après l'avoir lu.
Anne Serre, par exemple, écrit aussi: « Pour la première fois quelque chose naquit en moi. Non pas l’amour, j’en étais bien loin encore, jeune comme je l’étais, et dans une situation tout de même si inextricable, mais un début d’amour, un début d’espérance, un début de douleur pour quelque chose de plus haut, de plus fin, de plus mystérieux que le plaisir familial qui n’était ni haut, ni fin, ni mystérieux, mais qui n’était pas son contraire non plus. Qui était large, doux, glacial et puissant. » Manifestement, certains de nos abonnés pensent le contraire.
Il faudrait déjà pouvoir penser quelque chose de ce passage, déjà cité dans l'émission.
Vous y voyez une condamnation de son passé ?
Moi, j'y vois seulement la naissance de l'altérité, du nouveau dans son existence, là où jusqu'à lors, tout était réglé, régis dans sa vie par ses parents.
"Depuis que nous avons reçu Anne Serre, le débat enflamme le forum de l'émission. Et vous, qu'en pensez-vous ? "
Ben, justement, j'aimerai bien que le débat s'enflamme, Judith est pour l'heure bien seule, hélas. Et les soutiens (dont pour une fois, je ne fais pas partie) se portent plus sur le principe de l'émission que je ne remets aucunement en cause (pas plus que sa présentatrice), bien au contraire, que sur le propos du roman.
S'opposer à l'analyse de ce roman par Judith, ce n'est pas s'opposer à Judith, mais je suis le premier à savoir que c'est plus facile à affirmer qu'à faire ressentir, que c'est une pétition de principe que d'affirmer cela. Je sais combien on peut ressentir personnellement le désaveux du plaisir qu'on a eu, nous en avons tous fait la triste expérience sur les bancs de l'école lorsque l'enseignant nous disait que la note qu'il nous donnait n'était pas une sanction personnelle, mais celle de notre travail. Si seulement nous avions pu alors prendre au premier degré cette assertion, nous n'en serions pas là...
En tout cas, ce qui s'écrit ici, à partir de ce roman, mérite largement qu'on s'y arrête, il y a matière à réfléchir pour tout le monde. Et c'est là la plus grande réussite de cette émission à mon sens, menée par et grâce à Judith.
yG
De la page une à la page vingt-deux (sur 59) à laquelle je fais une pause pour venir ici, c'est littéralement un pastiche du "Trois filles de leur mère" de Pierre Louÿs.
Trois filles, une mère, comme c'est le cas dans cette histoire aussi, faut-il le souligner. Le père et les autres "membres" ne sont que les acteurs et témoins de cette déraison sexuelle. Tout comme chez Louÿs, on "pénètre" dans cette histoire comme on découvrirait un pays totalement étrangé, irréel, il y a du pastiche de Montesquieu là-dedans. Chez Louÿs, c'était, si je me souviens bien, l'étudiant qui venait de l'extérieur qui nous "introduisait" dans cet univers hors-norme, ici, ce territoire nous est présenté par l'une des protagonistes... rendant la culpabilité du lecteur moindre, on n'est pas simplement invité de l'extérieur, ici, on revendique de l'intérieur son adhésion.
Cette analogie, cette parenté devrait servir le texte d'Anne Serre.
Si la pornographie de Pierre Louÿs est encore éditée, encensée, pourquoi le livre d'Anne Serre ne le serait-il pas, lui aussi ?
La réponse en deux points est dans la question, d'une part, l'oeuvre de Pierre Louÿs constitue un moment de l'histoire, en cela il est un témoignage d'une époque, d'une vision qu'il faut garder en mémoire pour comprendre l'évolution de nos sociétés, d'autre part, Pierre Louÿs ne fait pas passer cela pour autre chose, c'est bien de l'inceste, de la pédophilie, du sexe brute, qui s'affranchit (transgression recherchée) ici, la dimension sexuelle est totalement assumée.
Ce qui n'est pas le cas, ici, à écouter Anne Serre et Judith. Pourtant, les situations sont analogues. Si vous pouvez bander ou mouiller à tout cela, vous le pouvez bel et bien. Changer la couverture pour celle d'un vieil exemplaire sorti du placard de Pierre Louÿs et l'ouvrage d'Anne Serre se diffusera sous le manteau de la même façon, du moins, jusqu'à cette page vingt-deux où je vais reprendre ma lecture de cet ouvrage emprunté à la médiathèque de ma ville.
yG
Trois filles, une mère, comme c'est le cas dans cette histoire aussi, faut-il le souligner. Le père et les autres "membres" ne sont que les acteurs et témoins de cette déraison sexuelle. Tout comme chez Louÿs, on "pénètre" dans cette histoire comme on découvrirait un pays totalement étrangé, irréel, il y a du pastiche de Montesquieu là-dedans. Chez Louÿs, c'était, si je me souviens bien, l'étudiant qui venait de l'extérieur qui nous "introduisait" dans cet univers hors-norme, ici, ce territoire nous est présenté par l'une des protagonistes... rendant la culpabilité du lecteur moindre, on n'est pas simplement invité de l'extérieur, ici, on revendique de l'intérieur son adhésion.
Cette analogie, cette parenté devrait servir le texte d'Anne Serre.
Si la pornographie de Pierre Louÿs est encore éditée, encensée, pourquoi le livre d'Anne Serre ne le serait-il pas, lui aussi ?
La réponse en deux points est dans la question, d'une part, l'oeuvre de Pierre Louÿs constitue un moment de l'histoire, en cela il est un témoignage d'une époque, d'une vision qu'il faut garder en mémoire pour comprendre l'évolution de nos sociétés, d'autre part, Pierre Louÿs ne fait pas passer cela pour autre chose, c'est bien de l'inceste, de la pédophilie, du sexe brute, qui s'affranchit (transgression recherchée) ici, la dimension sexuelle est totalement assumée.
Ce qui n'est pas le cas, ici, à écouter Anne Serre et Judith. Pourtant, les situations sont analogues. Si vous pouvez bander ou mouiller à tout cela, vous le pouvez bel et bien. Changer la couverture pour celle d'un vieil exemplaire sorti du placard de Pierre Louÿs et l'ouvrage d'Anne Serre se diffusera sous le manteau de la même façon, du moins, jusqu'à cette page vingt-deux où je vais reprendre ma lecture de cet ouvrage emprunté à la médiathèque de ma ville.
yG
j'aime lire mais je ne suis pas rentrée dans ce livre en écoutant
Anne et Judith; ça m'a paru compliqué, abstrait mais si j'ai
l'occasion je le lirai;
j'ai lu un livre d'Angot ; nul et vulgaire; je ne comprend même
pas que cette sorte de chose soit classé dans la littérature;
Anne et Judith; ça m'a paru compliqué, abstrait mais si j'ai
l'occasion je le lirai;
j'ai lu un livre d'Angot ; nul et vulgaire; je ne comprend même
pas que cette sorte de chose soit classé dans la littérature;
Je sors du bois exceptionnellement (je fais partie de la majorité -enfin j'espère majorité- taiseuse mais passionnée par D@ns le texte ) pour dire à Judith : continuez que diable ! Nous avons besoin de (et je cite Anne Serre p.28) "quelque chose de plus haut, de plus fin, de plus mystérieux "que nos occupations-distractions-facilités-difficultés quotidiennes . Et pour moi ce "quelque chose" c'est bien la métaphore de la littérature, de ses auteurs quand ils nous intriguent, déplacent ,subjuguent et font écho en nous comme Anne Serre,et de ses Judith qui nous les font découvrir !
A bientôt ?
A bientôt ?
Juste pour alimenter "ce sujet " et pour ceux qui ont lu l ouvrage de Anne Serre je recommande de ne pas seulement parcourir Angot mais de se plonger dans ce qui est un récit "Tigre tigre " de Margaux Fragoso ou comment on "tombe " pour diverses raisons bien analysées dans les griffres d un "tigre pedophile " et sa façon de decrire leur relation est tout à la fois choquante , revelatrice et courageuse mais jamais vulgaire et racoleuse
Et ceci n est pas un conte avec en plus de grandes qualites litteraires moins présentes dans l ouvrage d Anne Serre et cela permet de comprendre la force de charme et de manipulation qui transforme une enfant affectueuse et vive en une adolescente torturée et ce livre est aussi la recette de la guerison de l auteur qui arrive a reconcilier ses differents moments de sa vie.
Et ceci n est pas un conte avec en plus de grandes qualites litteraires moins présentes dans l ouvrage d Anne Serre et cela permet de comprendre la force de charme et de manipulation qui transforme une enfant affectueuse et vive en une adolescente torturée et ce livre est aussi la recette de la guerison de l auteur qui arrive a reconcilier ses differents moments de sa vie.
Bon, comment digérer tout cela ? Je ne suis pas un bon diplômate, aidez-moi.
Comment faire de ce forum un acte (dans le double sens de faire surgir et de moment, comme au théâtre) constructif et non destructif, car, il le faut, il ne s'agit pas de mettre ce qui se dit ici de côté ou de le graver au dessus de son écran pour ne pas en tenir compte, sous peine de revoir ressurgir les mêmes incompréhensions mutuelles. Il ne s'agit pas d'imaginer une majorité silencieuse (laissons cela à l'UMP qui usaient de cet argument pour rejeter ce qui se disait dans la rue, toujours minoritaire, même au plus fort des révolutions) pour ne pas prendre en compte ce qui s'est écrit.
Premier point, le plus important, le reste en découle et n'est possible que parce qu'il est rempli et qu'il continuera à l'être par Judith et elle seule :
L'émission doit continuer, tout autant malgrè qu'à cause des a priori bernardien en matière littéraire. C'est à partir de sa position, de sa vision de la littérature que d'autres peuvent surgir, en accord ou en désaccord. La parole et la réflexion ne sont ici possibles qu'à partir de l'émission et de ce qui en surgit... ou non. Une émission manquée (pour certains spectateurs) est à ce titre tout aussi pertinente, si ce n'est plus, pour peu qu'on reprenne le travail ensemble, ici.
Quand je lis sur cette page que "Vous n'aimez pas trop Judith, mais faites-lui confiance ! " (Oblivion), outre que c'est amusant, ayant plus d'une fois été qualifié de chevalier blanc ou d'adorateur inconditionnel de Judith, je constate l'opposition superficielle dans laquelle est rejeté le débat à peine initié.
Tout se résume à vous êtes avec Judith ou contre elle, non pas théoriquement, mais affectivement, vous ne vous opposez pas à une certaine approche, vous faites un procès à la littérature et à celle qui la défend... qui se sent minoritaire ("nous sommes peu nombreux ici à donner à la fiction tous les droits") et "convoqué" par la police des moeurs au lieu d'être invité à prendre cet angle en considération, qui perçoit une "ambiance" et "trouve assez haïssable le ton qui domine ce forum"...
Et lorsque la rencontre s'opère par hasard sur le terrain théorique, elle est tout simplement impossible. Judith écrit ici "donner à la fiction tous les droits (il me semble pourtant que c'est beaucoup à ça qu'elle sert" comme si c'était une évidence et qu'on était pour ou contre, un droit qu'elle admet, "Libre à vous de l'encager ainsi. ", mais qui est irréconciliable avec celui qu'elle défend. Pas la peine d'en parler semble être le credo.
Acte manqué de la part des deux camps visiblement, dialogue de sourd auquel il faut de part et d'autre remédier.
Car, tout cela est un comble dans cet espace dédié à l'échange, à la réflexion face à l'opposition, au discours face au silence.
Deuxième point, l'émission n'est pas une fin en soi, elle ne vise pas à faire acheter ou ne pas acheter un ouvrage, elle vise à faire de la littérature un média comme un autre, comme je l'ai déjà écris sur cette page (Nicolas Danjou l'a remarqué), autrement dit, un objet critique, comme le cinéma, le théâtre, les séries télé et les journaux papiers ou télévisés.
Ce n'est pas, contrairement à ce qu'écrit Judith, qu'asi et son public ne sont pas prêt pour une émission littéraire, que "cette émission sur la littérature n'a pas sa place dans le site d'@si.". Bien au contraire, c'est Judith qui n'est pas (ou plus ?) prête à faire, me semble-t-il, de la littérature un objet critique. La preuve, Judith ne parle que de "l'aventure d'un langage libre de ces jugements-là", ceux du bien et du mal, elle ne considère la littérature que "dans le sens de l'aventure d'un langage en liberté".
Or, en dehors de cet espace-là, celui du jugement,dans l'espace de liberté, il n'y a tout simplement pas de critique possible, tout se vaut lorsqu'on met ainsi en exergue la liberté du langage. La liberté n'autorise aucune critique, ni le raisonnable, ni le réel, ni le pertinent ne sont de mises pour la contenir, elle s'affranchit de tout. Comme Judith l'illustrait dernièrement par un autre exemple, "c'est de la fiction, et c'est même de la métaphore : Anne Serre le dit dans l'entretien, ces ébats sexuels sont une métaphore pour évoquer notamment l'orgie en elle des figures de la fiction... ".
Mais, c'est oublier que même les métaphores, que même la fiction se critiquent, qu'il ne suffit pas de faire métaphore ou fiction pour que cela passe. La preuve par l'absurde, l'analyse de Judith cette semaine autour de "Libération" sur un autre forum montre bien que les métaphores se jugent en fonction de ce qu'elles relient, elles s'analysent aussi en fonction de la véracité, comme on peut le faire aussi en fonction de la nature éculée de celles-ci, etc... Pourquoi n'est-ce pas possible en matière littéraire ? Pourquoi n'a-t-on pas la question : Est-il pertinent de faire de l'inceste une métaphore de la création littéraire ? La question est éludée au profit d'un affirmatif implicite, fin du débat, fin de non recevoir. Hélas.
Oui, cette émission cristalise beaucoup d'incompréhensions, beaucoup d'implicites qu'il est bon de faire éclater, car, à les admettre sans les nommer tout bêtement, nous ne sommes pas plus avancés. Crevons ensemble, svp, l'abcès.
L'un des exemples les plus significatifs et l'un des derniers à surgir de cette accumulation souterraine, de ces râtés, c'est la survenue du thème de la résilience ou de la catharsis au bout de près de 140 messages et presque deux semaines.
Etrange n'est-il pas ?
C'est pourtant un axe classique, Judith l'a maintes fois exploité, souligné, vanté et je suis tout à fait d'accord avec elle, c'est une fonction fondamentale de la création et pourtant là, dans l'émission comme dans les discussions qui en découlent, cela ne surgit qu'in extremis comme pour sauver la donne faussée sur la liberté du langage. Car, ce n'est pas la même chose que de parler de la libération par l'art et la parole notamment et de la liberté du langage, cela n'engage pas les mêmes acteurs.
Ainsi, je viens de commander l'ouvrage sur l'inceste... traduit par Marie Darrieussecq, celui de Margaux Fragoso, Tigre tigre, un véritable acte, moment de résilience par le biais de la littérature. Car, même la catharsis mérite sa véritable douleur. Témoigner de la résilience, ce n'est pas l'inventer.
Qu'en pensez-vous ?
yG
Comment faire de ce forum un acte (dans le double sens de faire surgir et de moment, comme au théâtre) constructif et non destructif, car, il le faut, il ne s'agit pas de mettre ce qui se dit ici de côté ou de le graver au dessus de son écran pour ne pas en tenir compte, sous peine de revoir ressurgir les mêmes incompréhensions mutuelles. Il ne s'agit pas d'imaginer une majorité silencieuse (laissons cela à l'UMP qui usaient de cet argument pour rejeter ce qui se disait dans la rue, toujours minoritaire, même au plus fort des révolutions) pour ne pas prendre en compte ce qui s'est écrit.
Premier point, le plus important, le reste en découle et n'est possible que parce qu'il est rempli et qu'il continuera à l'être par Judith et elle seule :
L'émission doit continuer, tout autant malgrè qu'à cause des a priori bernardien en matière littéraire. C'est à partir de sa position, de sa vision de la littérature que d'autres peuvent surgir, en accord ou en désaccord. La parole et la réflexion ne sont ici possibles qu'à partir de l'émission et de ce qui en surgit... ou non. Une émission manquée (pour certains spectateurs) est à ce titre tout aussi pertinente, si ce n'est plus, pour peu qu'on reprenne le travail ensemble, ici.
Quand je lis sur cette page que "Vous n'aimez pas trop Judith, mais faites-lui confiance ! " (Oblivion), outre que c'est amusant, ayant plus d'une fois été qualifié de chevalier blanc ou d'adorateur inconditionnel de Judith, je constate l'opposition superficielle dans laquelle est rejeté le débat à peine initié.
Tout se résume à vous êtes avec Judith ou contre elle, non pas théoriquement, mais affectivement, vous ne vous opposez pas à une certaine approche, vous faites un procès à la littérature et à celle qui la défend... qui se sent minoritaire ("nous sommes peu nombreux ici à donner à la fiction tous les droits") et "convoqué" par la police des moeurs au lieu d'être invité à prendre cet angle en considération, qui perçoit une "ambiance" et "trouve assez haïssable le ton qui domine ce forum"...
Et lorsque la rencontre s'opère par hasard sur le terrain théorique, elle est tout simplement impossible. Judith écrit ici "donner à la fiction tous les droits (il me semble pourtant que c'est beaucoup à ça qu'elle sert" comme si c'était une évidence et qu'on était pour ou contre, un droit qu'elle admet, "Libre à vous de l'encager ainsi. ", mais qui est irréconciliable avec celui qu'elle défend. Pas la peine d'en parler semble être le credo.
Acte manqué de la part des deux camps visiblement, dialogue de sourd auquel il faut de part et d'autre remédier.
Car, tout cela est un comble dans cet espace dédié à l'échange, à la réflexion face à l'opposition, au discours face au silence.
Deuxième point, l'émission n'est pas une fin en soi, elle ne vise pas à faire acheter ou ne pas acheter un ouvrage, elle vise à faire de la littérature un média comme un autre, comme je l'ai déjà écris sur cette page (Nicolas Danjou l'a remarqué), autrement dit, un objet critique, comme le cinéma, le théâtre, les séries télé et les journaux papiers ou télévisés.
Ce n'est pas, contrairement à ce qu'écrit Judith, qu'asi et son public ne sont pas prêt pour une émission littéraire, que "cette émission sur la littérature n'a pas sa place dans le site d'@si.". Bien au contraire, c'est Judith qui n'est pas (ou plus ?) prête à faire, me semble-t-il, de la littérature un objet critique. La preuve, Judith ne parle que de "l'aventure d'un langage libre de ces jugements-là", ceux du bien et du mal, elle ne considère la littérature que "dans le sens de l'aventure d'un langage en liberté".
Or, en dehors de cet espace-là, celui du jugement,dans l'espace de liberté, il n'y a tout simplement pas de critique possible, tout se vaut lorsqu'on met ainsi en exergue la liberté du langage. La liberté n'autorise aucune critique, ni le raisonnable, ni le réel, ni le pertinent ne sont de mises pour la contenir, elle s'affranchit de tout. Comme Judith l'illustrait dernièrement par un autre exemple, "c'est de la fiction, et c'est même de la métaphore : Anne Serre le dit dans l'entretien, ces ébats sexuels sont une métaphore pour évoquer notamment l'orgie en elle des figures de la fiction... ".
Mais, c'est oublier que même les métaphores, que même la fiction se critiquent, qu'il ne suffit pas de faire métaphore ou fiction pour que cela passe. La preuve par l'absurde, l'analyse de Judith cette semaine autour de "Libération" sur un autre forum montre bien que les métaphores se jugent en fonction de ce qu'elles relient, elles s'analysent aussi en fonction de la véracité, comme on peut le faire aussi en fonction de la nature éculée de celles-ci, etc... Pourquoi n'est-ce pas possible en matière littéraire ? Pourquoi n'a-t-on pas la question : Est-il pertinent de faire de l'inceste une métaphore de la création littéraire ? La question est éludée au profit d'un affirmatif implicite, fin du débat, fin de non recevoir. Hélas.
Oui, cette émission cristalise beaucoup d'incompréhensions, beaucoup d'implicites qu'il est bon de faire éclater, car, à les admettre sans les nommer tout bêtement, nous ne sommes pas plus avancés. Crevons ensemble, svp, l'abcès.
L'un des exemples les plus significatifs et l'un des derniers à surgir de cette accumulation souterraine, de ces râtés, c'est la survenue du thème de la résilience ou de la catharsis au bout de près de 140 messages et presque deux semaines.
Etrange n'est-il pas ?
C'est pourtant un axe classique, Judith l'a maintes fois exploité, souligné, vanté et je suis tout à fait d'accord avec elle, c'est une fonction fondamentale de la création et pourtant là, dans l'émission comme dans les discussions qui en découlent, cela ne surgit qu'in extremis comme pour sauver la donne faussée sur la liberté du langage. Car, ce n'est pas la même chose que de parler de la libération par l'art et la parole notamment et de la liberté du langage, cela n'engage pas les mêmes acteurs.
Ainsi, je viens de commander l'ouvrage sur l'inceste... traduit par Marie Darrieussecq, celui de Margaux Fragoso, Tigre tigre, un véritable acte, moment de résilience par le biais de la littérature. Car, même la catharsis mérite sa véritable douleur. Témoigner de la résilience, ce n'est pas l'inventer.
Qu'en pensez-vous ?
yG
Ce que vous dites Emma est bien sûr vrai, mais c'est une évidence, qui n'est pas une seule seconde remise en cause dans l'émission. Tout simplement, ce n'est pas le sujet traité ni l'angle pris par Judith : il me semble qu'elle et Anne Serre se centrent dans la discussion sur le point de vue d'une victime (et non des responsables, des adultes eux) des pires choses possibles ou presque... Et qui trouve avec beaucoup d'intelligence pratique un moyen de dépasser l'adversité.
UNE PETITE ANALYSE DU THEME ET DE L'EMISSION
Quel mode de défense face à la destruction et à la folie, qui touchera, comme le relève Judith, les autres membres de sa famille, adopte-t-elle? Elle refuse la posture qui consisterait à rester enfermée dans le statut anxiogène (et appelant à la haine) d'éternelle victime, et trouve la force, en interprétant une expérience dramatique (le souvenir n'est qu'une reconstruction à postériori dans le présent d'un passé vécu différemment) de manière à acquérir une expérience qui lui permettra de tirer des leçons d'un passé cahotique et morbide.
Cela lui évite alors de s'enfermer dans la haine des autres et dans la haine de soi (d'elle-même aussi, car il s'agit quand même de sa famille), elle choisit plutôt l'amour au sens noble du terme. Personnellement je n'ai pas (encore) lu le livre, mais je vois selon l'émission et -apparemment- le texte une leçon de courage et de force morale (par l'exemple de cette fillette), pourquoi pas comparable au film de Roberto Benigni "La vie est belle" où l'enfant a là la chance d'être sauvé par un adulte. Il y a donc dans le texte d'Anne Serre une épreuve, pour un enfant, peut-être encore plus dure, puisque la narratrice est seule mais arrive à surmonter un énorme traumatisme potentiel. Plutôt que de dire de manière autoritaire des choses évidentes sur la morale à respecter, il y a de manière plus habile chez Anne Serre, outre ou avec l'aide de l'aspect littéraire évoqué,une manière de montrer comment il est dans l'absolu possible de se rebeller contre des faits menant généralement à des sentiments destructeurs.
Sur le sujet de tentatives de censure morale auxquelles fait référence Judith, il est évident qu'elles sont bien présentes. Pourtant, dans la société actuelle le fait de débattre (sans l'approuver, message pour les censeurs) sur l'inceste et de la pédophilie sont heureusement de moins en moins tabous. On voit par les réactions violentes s'insurgeant contre le fait d'en parler ou même dans une démarche littéraire d'y faire allusion comme toile de fond d'une manière d'être, qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire dans une société se prétend et (pour la très grande majorité des citoyens) se veut démocratique. Je crois que les aspects émotionnels (dont nous avait d'ailleurs trop habitué le sarkozysme avec sa "politique du fait divers") que soulève chez certains la toile de fond du roman, empêchent parfois de penser de manière sereine. On voit l'importance et les champs d'épanouissement possibles pour peu d'y avoir la volonté, qu'offrent des démarches (littéraires) originales comme celle présentée.
Pour moi l'émission D@ns le texte est donc une ouverture intéressante où l'internaute peut s'ouvrir l'esprit, et qui a tout à fait sa place dans @si par démarche de type sémiologique de Judith d'analyser des textes littéraires, qui comme quelqu'un l'a remarqué dans ce forum sont un des médias existants. Alors continuez Judith!
UNE PETITE ANALYSE DU THEME ET DE L'EMISSION
Quel mode de défense face à la destruction et à la folie, qui touchera, comme le relève Judith, les autres membres de sa famille, adopte-t-elle? Elle refuse la posture qui consisterait à rester enfermée dans le statut anxiogène (et appelant à la haine) d'éternelle victime, et trouve la force, en interprétant une expérience dramatique (le souvenir n'est qu'une reconstruction à postériori dans le présent d'un passé vécu différemment) de manière à acquérir une expérience qui lui permettra de tirer des leçons d'un passé cahotique et morbide.
Cela lui évite alors de s'enfermer dans la haine des autres et dans la haine de soi (d'elle-même aussi, car il s'agit quand même de sa famille), elle choisit plutôt l'amour au sens noble du terme. Personnellement je n'ai pas (encore) lu le livre, mais je vois selon l'émission et -apparemment- le texte une leçon de courage et de force morale (par l'exemple de cette fillette), pourquoi pas comparable au film de Roberto Benigni "La vie est belle" où l'enfant a là la chance d'être sauvé par un adulte. Il y a donc dans le texte d'Anne Serre une épreuve, pour un enfant, peut-être encore plus dure, puisque la narratrice est seule mais arrive à surmonter un énorme traumatisme potentiel. Plutôt que de dire de manière autoritaire des choses évidentes sur la morale à respecter, il y a de manière plus habile chez Anne Serre, outre ou avec l'aide de l'aspect littéraire évoqué,une manière de montrer comment il est dans l'absolu possible de se rebeller contre des faits menant généralement à des sentiments destructeurs.
Sur le sujet de tentatives de censure morale auxquelles fait référence Judith, il est évident qu'elles sont bien présentes. Pourtant, dans la société actuelle le fait de débattre (sans l'approuver, message pour les censeurs) sur l'inceste et de la pédophilie sont heureusement de moins en moins tabous. On voit par les réactions violentes s'insurgeant contre le fait d'en parler ou même dans une démarche littéraire d'y faire allusion comme toile de fond d'une manière d'être, qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire dans une société se prétend et (pour la très grande majorité des citoyens) se veut démocratique. Je crois que les aspects émotionnels (dont nous avait d'ailleurs trop habitué le sarkozysme avec sa "politique du fait divers") que soulève chez certains la toile de fond du roman, empêchent parfois de penser de manière sereine. On voit l'importance et les champs d'épanouissement possibles pour peu d'y avoir la volonté, qu'offrent des démarches (littéraires) originales comme celle présentée.
Pour moi l'émission D@ns le texte est donc une ouverture intéressante où l'internaute peut s'ouvrir l'esprit, et qui a tout à fait sa place dans @si par démarche de type sémiologique de Judith d'analyser des textes littéraires, qui comme quelqu'un l'a remarqué dans ce forum sont un des médias existants. Alors continuez Judith!
Je suis étonnée par cette émission. J'ai beaucoup de mal à regarder et à écouter ces deux femmes - même si j'ai vu beaucoup de vos émissions, Judith - parler d'inceste comme si c'était tout sauf de l'inceste, mais tout en assumant en même temps que c'en est. L'inceste est un plaisir mortifère du fort sur le faible. Ce qui vient choquer, ici, c'est l'allégresse prétendue du faible, c'est la pose de l'auteur faisant passer la mort pour la vie, le cataclysme pour la joie. Le psychanalyste Racamier parle de parent incestueur et d'enfant incestué. En déniant la souffrance de l'incestué, ce livre se met du côté de l'incestueur.
Le paradis perdu existe, et il est accessible. Pas en cachant aux enfants qu'il est mal de faire l'amour en famille. Mais quand deux êtres adultes ni faibles ni forts mais égaux, inventifs et respectueux jouent aux jeux de l'amour dans un kama sutra sans complexe et sans culpabilité. Elle est là, l'allégresse, elle est là, la vie.
Le paradis perdu existe, et il est accessible. Pas en cachant aux enfants qu'il est mal de faire l'amour en famille. Mais quand deux êtres adultes ni faibles ni forts mais égaux, inventifs et respectueux jouent aux jeux de l'amour dans un kama sutra sans complexe et sans culpabilité. Elle est là, l'allégresse, elle est là, la vie.
Le volume du micro de Judith Bernard est réglé plus fort que celui de la personne invitée (quasi systématiquement); c'est très ennuyeux, surtout quand elle parle à des personnes à la voix douce comme, par exemple, Anne Serre.
YD
YD
http://www.youtube.com/watch?v=s8ouB8pGgFU
En face vous avez Angot :
http://www.archipel.uqam.ca/2617/1/M11233.pdf
En face vous avez Angot :
http://www.archipel.uqam.ca/2617/1/M11233.pdf
Il semblerait bien que cela soit du grand art, plus que du cochon :
http://www.editions-verdier.fr/v3/oeuvre-petitetable.html
http://www.telerama.fr/livres/petite-table-sois-mise,85470.php
http://www.evene.fr/livres/livre/anne-serre-petite-table-sois-mise-1080468.php
http://www.lexpress.fr/culture/livre/petite-table-sois-mise_1164427.html
http://www.actualitte.com/critiques/petite-table-sois-mise-d-anne-serre-1890.htm
http://blogs.lexpress.fr/les-8-plumes/2012/10/07/petite-table-sois-mise-coup-de-coeur-pour-ce-conte-erotico-dramatique/
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4466989
http://www.youtube.com/watch?v=L-WTPx4wpKc
http://www.elle.fr/Loisirs/Livres/Genre/Roman/Petite-table-sois-mise
Etc., etc.…
http://www.editions-verdier.fr/v3/oeuvre-petitetable.html
http://www.telerama.fr/livres/petite-table-sois-mise,85470.php
http://www.evene.fr/livres/livre/anne-serre-petite-table-sois-mise-1080468.php
http://www.lexpress.fr/culture/livre/petite-table-sois-mise_1164427.html
http://www.actualitte.com/critiques/petite-table-sois-mise-d-anne-serre-1890.htm
http://blogs.lexpress.fr/les-8-plumes/2012/10/07/petite-table-sois-mise-coup-de-coeur-pour-ce-conte-erotico-dramatique/
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4466989
http://www.youtube.com/watch?v=L-WTPx4wpKc
http://www.elle.fr/Loisirs/Livres/Genre/Roman/Petite-table-sois-mise
Etc., etc.…
une certaine littérature peu vous perdre d'autres livres peuvent vous guérir de tous les maux . je sais ce que l'inceste détruit pour ne pas m'égarer dans ce polar coup de poker menteur un coup médiatique de plus!!!!
en fait, Judith, j'ai eu l’impression qu'en début d' émission, vous aviez bien l’intention de "cuisiner" l'écrivaine, mais qu'en court de
route, ayant ressenti une fragilité chez elle vous l'avez épargné par charité.
route, ayant ressenti une fragilité chez elle vous l'avez épargné par charité.
@ Yannick G
Je n'ai pas toujours été d'accord avec vos propos lus dans d'autres forums, ... là, je me retrouve tout à fait dans votre analyse.
Ce rapport fiction / réalité...et valeurs humaines. Je ne pourrais mieux écrire.
Merci
Je n'ai pas toujours été d'accord avec vos propos lus dans d'autres forums, ... là, je me retrouve tout à fait dans votre analyse.
Ce rapport fiction / réalité...et valeurs humaines. Je ne pourrais mieux écrire.
Merci
Une approche littéraire est généralement beaucoup plus profonde qu'une approche scientifique. Mais sur la question précise du tabou de l'inceste, les ethno-anthropologues ont accumulé des montagnes de travaux ( sans parler des psy, entre-deux chaises comme souvent entre littérature et science) qui mériteraient bien une émission qui aurait l'avantage de défricher (et déchiffrer) le terrain. La quantité de bêtises qu'on entend sur cette question est en effet fascinante.
Cette émission m'a remis en mémoire un très bel article de Sherryl Mulhern, une anthropologue américaine de la psychiatrie, Incest : a laughing matter, où elle relate une histoire drôle racontée par les Indiens Chulupis à leurs enfants, qui fait beaucoup rire au coin du feu sur une expérience d'inceste par le grand-père.
Mais tout au fond, votre émission a levé en moi un sentiment de malaise. Souvenir d'une psychanalyste, qui parle de la perversion comme d'une "haine souriante", qui tue l'âme sans qu'elle s'en rende compte. Un peu l'impression d'assister à ça en direct.
Parce que la critique que vous faites d'Angot n'est pas fondée dans le cas d'Une semaine de vacances, parce que justement le titre n'est plus L'inceste, parce que l'expérience en est prodigieuse dans cette entrée dans la pensée d'une jeune fille, montrant son libre-arbitre et son aliénation tout à la fois, argumentant sur le plan de la "technique sexuelle à acquérir dans la contrainte d'un acte subi, ses ressorts, ses contours" et non du procès. Ou alors ce serait un procès en sorcellerie, quand on découvre le diable par les détails. Et dans tous les cas, tout autant l'aventure d'un langage.
Le texte d'Anne Serre semble se mettre au balcon de l'humanité, si ce n'est un conte, c'est peut-être bien une fable, l'héroïne un peu folle, laissée comme un gant retourné, quand l’œuvre de perversion s'est parachevée. Que la texture de la fiction soit une réussite, de la belle ouvrage, qu'il parle d'un des moteurs de l'entrée en littérature qu'est la perversion, soit, et à ce titre on peut le reconnaître.
Mais là, comme dans le Défense et lllustration de Polansky qui m'avait aussi choqué, je ne vous suis pas dans ce qui m'apparaît être votre fascination pour l'inceste, et dans cette convocation que vous nous faites à une balade bobo dans un village Potemkine.
http://anthropia.blogg.org
Mais tout au fond, votre émission a levé en moi un sentiment de malaise. Souvenir d'une psychanalyste, qui parle de la perversion comme d'une "haine souriante", qui tue l'âme sans qu'elle s'en rende compte. Un peu l'impression d'assister à ça en direct.
Parce que la critique que vous faites d'Angot n'est pas fondée dans le cas d'Une semaine de vacances, parce que justement le titre n'est plus L'inceste, parce que l'expérience en est prodigieuse dans cette entrée dans la pensée d'une jeune fille, montrant son libre-arbitre et son aliénation tout à la fois, argumentant sur le plan de la "technique sexuelle à acquérir dans la contrainte d'un acte subi, ses ressorts, ses contours" et non du procès. Ou alors ce serait un procès en sorcellerie, quand on découvre le diable par les détails. Et dans tous les cas, tout autant l'aventure d'un langage.
Le texte d'Anne Serre semble se mettre au balcon de l'humanité, si ce n'est un conte, c'est peut-être bien une fable, l'héroïne un peu folle, laissée comme un gant retourné, quand l’œuvre de perversion s'est parachevée. Que la texture de la fiction soit une réussite, de la belle ouvrage, qu'il parle d'un des moteurs de l'entrée en littérature qu'est la perversion, soit, et à ce titre on peut le reconnaître.
Mais là, comme dans le Défense et lllustration de Polansky qui m'avait aussi choqué, je ne vous suis pas dans ce qui m'apparaît être votre fascination pour l'inceste, et dans cette convocation que vous nous faites à une balade bobo dans un village Potemkine.
http://anthropia.blogg.org
Ce qui fonde le langage, c'est l'arbitraire du signe.
Arbitraire, aussi, l'interdit de l'inceste : car ce n'est pas un interdit comme les autres. Les autres interdits portent sur le fait de satisfaire un désir contre le désir de l'autre, en lui imposant une souffrance, un dol. Dans l'interdit de l'inceste, il ne s'agit pas seulement de ne pas violer son enfant, mais, surtout : de ne pas répondre à son désir — désir que l'enfant manifeste, dans son "innocence", qui n'est pas, comme le souligne Judith, l'absence de libido, mais bien l'ignorance de l'interdit. Et ce qui fait de l'enfant "incesté" une victime, c'est essentiellement ça : de n'être pas confronté à l'arbitraire de l'interdit, initié à la loi symbolique. Sinon par le mensonge...
Je ne sais pas si la lecture du texte va m'intéresser, mais cette émission, oui, je trouve qu'elle ouvre pas mal de réflexions sur la littérature, la fiction — et me conforte dans l'idée qu'après des siècles de dolorisme, la joie est un objet littéraire dérangeant, donc intéressant.
au passage : "évidemment", surtout avec la référence à Sade, comment ne pas l'entendre comme "et vit d'amant" ? :)
Arbitraire, aussi, l'interdit de l'inceste : car ce n'est pas un interdit comme les autres. Les autres interdits portent sur le fait de satisfaire un désir contre le désir de l'autre, en lui imposant une souffrance, un dol. Dans l'interdit de l'inceste, il ne s'agit pas seulement de ne pas violer son enfant, mais, surtout : de ne pas répondre à son désir — désir que l'enfant manifeste, dans son "innocence", qui n'est pas, comme le souligne Judith, l'absence de libido, mais bien l'ignorance de l'interdit. Et ce qui fait de l'enfant "incesté" une victime, c'est essentiellement ça : de n'être pas confronté à l'arbitraire de l'interdit, initié à la loi symbolique. Sinon par le mensonge...
Je ne sais pas si la lecture du texte va m'intéresser, mais cette émission, oui, je trouve qu'elle ouvre pas mal de réflexions sur la littérature, la fiction — et me conforte dans l'idée qu'après des siècles de dolorisme, la joie est un objet littéraire dérangeant, donc intéressant.
au passage : "évidemment", surtout avec la référence à Sade, comment ne pas l'entendre comme "et vit d'amant" ? :)
Pas mal, cependant il est possible que ce livre ne soit pas une oeuvre littéraire authentique mais un énième coup utilisant la recette épuisée de transgresser un tabou pour faire argumenter les critiques à l'infini.
A quand un livre "j'ai mangé mes enfants avec de la mayonnaise et c'était bon" pour nous faire réagir ?
A quand un livre "j'ai mangé mes enfants avec de la mayonnaise et c'était bon" pour nous faire réagir ?
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
Livre commandé pour ma part.
Merci Judith pour cette émission et pour l'audace et la liberté d'esprit dont vous faites preuve.
Merci Judith pour cette émission et pour l'audace et la liberté d'esprit dont vous faites preuve.
ayé fini, je pense que c'est une auto-fiction, dans le sens commun du terme. désolé.
Heureux de retrouver Judith sur ses terres de prédilection. (Mais elle a le droit d'aller partout, je suivrai de toute façon). En revanche, j'avais cru comprendre qu'on la verrait tous les 15 jours. Je suis déçu.
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
"Anne Serre quand on fait l’erreur de dire que son livre parle d’inceste :
" Mais c’est une erreur de lire comme ça ce genre de texte "
Comment le lecteur peut-il savoir de quelle manière lire un texte ? "
Tout à fait d'accord avec vous Muriel.
Pour revenir sur ce point, il souligne en creux que la liberté est d'abord pour Anne Serre, celle de l'écriture, du geste de l'écrivain ; le lecteur, lui, doit être canalisé. Or, son texte, bien que le mot ne figure pas, est fait de ça, de l'inceste. Le mot n'est pas posé sur la table, mais les corps le sont, eux. Le lecteur est donc orienté de fait vers cette problématique et peu importe alors que le mot, la lettre ne soit pas utilisée, l'esprit est là.
Certes, la joie au cœur de la narratrice à l'évocation de cette expérience contredit et annihile l'acte, puisqu'il n'est pas pour nous raisonnable (ce que voulait pour elle, Anne Serre, ne pas être raisonnable) d'envisager l'inceste comme joyeux, c'est un oxymore*, un oxymore que l'auteur ne construit pas vraiment, jusqu'au bout, malgré les apparences, puisqu'elle n'en parle pas justement de l'inceste.
Oui, c'est déraisonnable d'agir ainsi, mais c'est ce qu'il arrive lorsqu'on considère la liberté du geste comme principe premier de l'acte littéraire.
yG
* oxymore que Nabokov, comme je le rappelais précédemment ou encore le film de John Sayles, Lone Star (1996), assument parfaitement puisqu'ils en établissent les conditions de possibilité.
" Mais c’est une erreur de lire comme ça ce genre de texte "
Comment le lecteur peut-il savoir de quelle manière lire un texte ? "
Tout à fait d'accord avec vous Muriel.
Pour revenir sur ce point, il souligne en creux que la liberté est d'abord pour Anne Serre, celle de l'écriture, du geste de l'écrivain ; le lecteur, lui, doit être canalisé. Or, son texte, bien que le mot ne figure pas, est fait de ça, de l'inceste. Le mot n'est pas posé sur la table, mais les corps le sont, eux. Le lecteur est donc orienté de fait vers cette problématique et peu importe alors que le mot, la lettre ne soit pas utilisée, l'esprit est là.
Certes, la joie au cœur de la narratrice à l'évocation de cette expérience contredit et annihile l'acte, puisqu'il n'est pas pour nous raisonnable (ce que voulait pour elle, Anne Serre, ne pas être raisonnable) d'envisager l'inceste comme joyeux, c'est un oxymore*, un oxymore que l'auteur ne construit pas vraiment, jusqu'au bout, malgré les apparences, puisqu'elle n'en parle pas justement de l'inceste.
Oui, c'est déraisonnable d'agir ainsi, mais c'est ce qu'il arrive lorsqu'on considère la liberté du geste comme principe premier de l'acte littéraire.
yG
* oxymore que Nabokov, comme je le rappelais précédemment ou encore le film de John Sayles, Lone Star (1996), assument parfaitement puisqu'ils en établissent les conditions de possibilité.
Inceste et pédophilie sont, je pense, des mots "sanction" - je parlais dans l'émission d'une écriture du procès (Christine Angot) versus une écriture de la Grâce (Anne Serre). Ces deux mots, "inceste" et "pédophilie" désignent non seulement un acte, mais son caractère interdit, sa dimension criminelle : ils ne disent pas seulement un fait mais sa réprobation morale et sociale. Ils jugent. Dans la démarche d'écriture d'Anne Serre, ils ne pouvaient convenir, puisqu'il s'agissait, je pense, de tenter l'aventure d'un langage libre de ces jugements-là.
Pour répondre plus largement à la suite de votre message : on ne peut jamais être sûr qu'on lit un livre dans la manière "prévue" par l'auteur, ou "voulue" par l'auteur - et ce n'est pas grave. La lecture est AUSSI une aventure de liberté.
Pour répondre plus largement à la suite de votre message : on ne peut jamais être sûr qu'on lit un livre dans la manière "prévue" par l'auteur, ou "voulue" par l'auteur - et ce n'est pas grave. La lecture est AUSSI une aventure de liberté.
//Pour répondre plus largement à la suite de votre message : on ne peut jamais être sûr qu'on lit un livre dans la manière "prévue" par l'auteur, ou "voulue" par l'auteur - et ce n'est pas grave. La lecture est AUSSI une aventure de liberté.//
Le mieux que puisse faire un auteur (me semble-t-il en tant qu’auteur) est d’écrire sans se soucier de la façon de lire du lecteur.
Moyennant quoi je suis toujours touché de voir qu’un lecteur trouve dans mes livres ce que (volontairement au moins) je n’y ai pas mis.
J’irai jusqu’à dire qu’un livre n’est vraiment terminé que quand quelqu’un l’a lu.
Le mieux que puisse faire un auteur (me semble-t-il en tant qu’auteur) est d’écrire sans se soucier de la façon de lire du lecteur.
Moyennant quoi je suis toujours touché de voir qu’un lecteur trouve dans mes livres ce que (volontairement au moins) je n’y ai pas mis.
J’irai jusqu’à dire qu’un livre n’est vraiment terminé que quand quelqu’un l’a lu.
Petit exemple avec un texte où il est question d’un enfant du cirque en tenue bleue parsemée d’étoiles, dont je dis que sa vue me sidère.
C’est un lecteur qui, un jour, me fit remarquer que sidérer et étoiles font partie du même champ lexical. Et que ma sidération finale face à la mobilité du petit trapéziste faisait contraste avec son immobilité initiale dans notre tourbillonnement de cour d’école.
Il avait donc vu tout ce que j’avais mis sans le savoir, uniquement préoccupé de donner le plus d’exactitude au récit…
C’est un lecteur qui, un jour, me fit remarquer que sidérer et étoiles font partie du même champ lexical. Et que ma sidération finale face à la mobilité du petit trapéziste faisait contraste avec son immobilité initiale dans notre tourbillonnement de cour d’école.
Il avait donc vu tout ce que j’avais mis sans le savoir, uniquement préoccupé de donner le plus d’exactitude au récit…
"Ces deux mots, "inceste" et "pédophilie" désignent non seulement un acte, mais son caractère interdit, sa dimension criminelle : ils ne disent pas seulement un fait mais sa réprobation morale et sociale. Ils jugent. Dans la démarche d'écriture d'Anne Serre, ils ne pouvaient convenir, puisqu'il s'agissait, je pense, de tenter l'aventure d'un langage libre de ces jugements-là." : Judith
Anne Serre a choisi de jouer la carte du déraisonnable, associer un sujet sur lequel le consensus est extrêmement fort (réprobation générale) et le traiter comme un sujet ordinaire, neutre, pour ne pas dire carrément joyeux.
Oui, c'est un geste littéraire possible, mais qu'est-ce que cette littérature nous apporte ?
On peut traiter de tout ce qui nous révulse de cette manière, viol, torture, extermination de masse, en ajoutant de la joie partout, y compris sur les pires abjections, mais en dehors de l'omnipotence de l'auteur, qu'est-ce que cela démontre, qu'est-ce que cela nous procure ? Le sentiment que nous sommes libres, que par le langage, nous pouvons tout transgresser ?
Mais rien ne garantit que les transgressions de papier restent prisonnières des pages.
C'est pourquoi les mots ne sont pas à traiter à la légère.
C'est pourquoi jouer ainsi avec eux est bel et bien déraisonnable.
yG
Anne Serre a choisi de jouer la carte du déraisonnable, associer un sujet sur lequel le consensus est extrêmement fort (réprobation générale) et le traiter comme un sujet ordinaire, neutre, pour ne pas dire carrément joyeux.
Oui, c'est un geste littéraire possible, mais qu'est-ce que cette littérature nous apporte ?
On peut traiter de tout ce qui nous révulse de cette manière, viol, torture, extermination de masse, en ajoutant de la joie partout, y compris sur les pires abjections, mais en dehors de l'omnipotence de l'auteur, qu'est-ce que cela démontre, qu'est-ce que cela nous procure ? Le sentiment que nous sommes libres, que par le langage, nous pouvons tout transgresser ?
Mais rien ne garantit que les transgressions de papier restent prisonnières des pages.
C'est pourquoi les mots ne sont pas à traiter à la légère.
C'est pourquoi jouer ainsi avec eux est bel et bien déraisonnable.
yG
pour faire bref : vive la censure !
Pour faire bref, et juste, vive la responsabilité.
yG
yG
"Oui, c'est un geste littéraire possible, mais qu'est-ce que cette littérature nous apporte ? "
n'y connaissant rien en littérature, je n'osais poser la question, merci Yannick de l'avoir fait.
car si ce n'est pour faire l'éloge de l'inceste et de la pédophilie, à quoi ça serre?
bon, je vais finir de visionner, peut-être que je saurais tout à la fin.
n'y connaissant rien en littérature, je n'osais poser la question, merci Yannick de l'avoir fait.
car si ce n'est pour faire l'éloge de l'inceste et de la pédophilie, à quoi ça serre?
bon, je vais finir de visionner, peut-être que je saurais tout à la fin.
"n'y connaissant rien en littérature, je n'osais poser la question, merci Yannick de l'avoir fait.
car si ce n'est pour faire l'éloge de l'inceste et de la pédophilie, à quoi ça serre? ": tranzit
Il ne s'agit pas de s'y connaître en littérature (surtout lorsqu'on a Judith face à soi), il s'agit juste de savoir ce qu'on attend d'elle, surtout de la littérature contemporaine, de ce qui se produit maintenant. Ce qui a été produit et publié, il y a des décennies et plus, appartient à un autre monde, dépasse le cadre de la littérature, le temps transformant tout en témoignage historique, même la pire des fictions.
D'aucuns aiment la littérature pour la liberté du dire, de faire advenir...
Pas moi, pas plus que je n'aime la parole, le langage pour la liberté d'expression "totale" que certains cherchent à imposer.
Tout ne se vaut pas.
Ici, l'inceste et la pédophilie sont sur la table, chaque lecteur le constate, même si le mot n'est pas écrit, ce qui démontre bien que le mot, le dire ou le taire, ne change rien à l'affaire, notre cerveau complète, comble les espaces laissés à la charge du lecteur (premier abandon éthique que je condamne, l'auteur se cachant derrière le mot, ou plus exactement son absence, lorsque l'esprit de celui-ci imprègne pourtant son oeuvre). Il y a donc bel et bien une vision de cette pratique, une vision qui va à rebours de ce que l'expérience nous enseigne.
Et si... il existait des personnes ayant vécu ainsi, avec cette joie, ce bonheur au final ?
Oui, la question est pertinente, mais uniquement dans le cadre du réel, du témoignage. Faire advenir ce possible dans la fiction, ce possible dont personne n'a rendu compte, c'est de facto lui donner une existence, une légitimité qu'il ne peut avoir, puisque justement, rien ne permet d'attester de son existence (deuxième abandon éthique que je condamne également).
L'expert en point Godwin que je suis irait immédiatement chercher l'exemple d'un roman prenant un juif survivant des camps d'extermination qui rendrait grâce à cette époque, à ce régime, à ce qu'on a fait à sa famille, ses frères et soeurs, ses amis... et qu'on ne pourrait pas dédouaner de ses pensées abjectes sous couvert qu'il aurait été rendu fou par cette expérience.
Témoigner de la joie d'un être en proie à la folie, ce n'est pas la même chose que témoigner de sa joie liée à sa raison. Judith le présent bien lorsqu'elle s'insurge contre la pirouette que pourrait constituer la folie de la narratrice, puisque cette folie ferait effondrer le possible d'un inceste et d'une pédophilie sans dommage, d'un inceste et d'une pédophilie libre, heureuse que le roman fait surgir.
S'il existe de telles expériences, je n'ai rien contre le fait de les lire, juste contre le fait de les inventer.
Oui, pour moi, c'est déraisonnable et je ne cautionne pas la déraison, surtout dans un cadre public.
yG
car si ce n'est pour faire l'éloge de l'inceste et de la pédophilie, à quoi ça serre? ": tranzit
Il ne s'agit pas de s'y connaître en littérature (surtout lorsqu'on a Judith face à soi), il s'agit juste de savoir ce qu'on attend d'elle, surtout de la littérature contemporaine, de ce qui se produit maintenant. Ce qui a été produit et publié, il y a des décennies et plus, appartient à un autre monde, dépasse le cadre de la littérature, le temps transformant tout en témoignage historique, même la pire des fictions.
D'aucuns aiment la littérature pour la liberté du dire, de faire advenir...
Pas moi, pas plus que je n'aime la parole, le langage pour la liberté d'expression "totale" que certains cherchent à imposer.
Tout ne se vaut pas.
Ici, l'inceste et la pédophilie sont sur la table, chaque lecteur le constate, même si le mot n'est pas écrit, ce qui démontre bien que le mot, le dire ou le taire, ne change rien à l'affaire, notre cerveau complète, comble les espaces laissés à la charge du lecteur (premier abandon éthique que je condamne, l'auteur se cachant derrière le mot, ou plus exactement son absence, lorsque l'esprit de celui-ci imprègne pourtant son oeuvre). Il y a donc bel et bien une vision de cette pratique, une vision qui va à rebours de ce que l'expérience nous enseigne.
Et si... il existait des personnes ayant vécu ainsi, avec cette joie, ce bonheur au final ?
Oui, la question est pertinente, mais uniquement dans le cadre du réel, du témoignage. Faire advenir ce possible dans la fiction, ce possible dont personne n'a rendu compte, c'est de facto lui donner une existence, une légitimité qu'il ne peut avoir, puisque justement, rien ne permet d'attester de son existence (deuxième abandon éthique que je condamne également).
L'expert en point Godwin que je suis irait immédiatement chercher l'exemple d'un roman prenant un juif survivant des camps d'extermination qui rendrait grâce à cette époque, à ce régime, à ce qu'on a fait à sa famille, ses frères et soeurs, ses amis... et qu'on ne pourrait pas dédouaner de ses pensées abjectes sous couvert qu'il aurait été rendu fou par cette expérience.
Témoigner de la joie d'un être en proie à la folie, ce n'est pas la même chose que témoigner de sa joie liée à sa raison. Judith le présent bien lorsqu'elle s'insurge contre la pirouette que pourrait constituer la folie de la narratrice, puisque cette folie ferait effondrer le possible d'un inceste et d'une pédophilie sans dommage, d'un inceste et d'une pédophilie libre, heureuse que le roman fait surgir.
S'il existe de telles expériences, je n'ai rien contre le fait de les lire, juste contre le fait de les inventer.
Oui, pour moi, c'est déraisonnable et je ne cautionne pas la déraison, surtout dans un cadre public.
yG
"L'expert en point Godwin que je suis irait immédiatement chercher l'exemple d'un roman prenant un juif survivant des camps d'extermination qui rendrait grâce à cette époque"
j'ai pensé à la même chose.
qu'a dit Anne Serre de son livre à part saisir les perches que Judith lui tendait?
je serais heureux de savoir qu'un enfant puisse sortir indemne d'une telle expérience mais puisqu'il nous est défendu de lire ce
livre de cette façon...
j'ai pensé à la même chose.
qu'a dit Anne Serre de son livre à part saisir les perches que Judith lui tendait?
je serais heureux de savoir qu'un enfant puisse sortir indemne d'une telle expérience mais puisqu'il nous est défendu de lire ce
livre de cette façon...
qu'a dit Anne Serre de son livre à part saisir les perches que Judith lui tendait?
Je partage assez votre sentiment.
En regardant cette émission, je ne pouvais m'empêcher de me demander "mais quel intérêt y-a-t-il à essayer de faire parler un auteur de son texte ?"... avant de me souvenir que c'était un peu le principe de l'émission.
Parfois ça marche tout seul, l'auteur est capable de produire du discours sur son texte.
Parfois, ça rame.
Là, j'ai vraiment l'impression que Judith rame beaucoup (avec talent d'ailleurs, et avec
davantage de motivation que l'auteur) et que sans ses efforts il n'en serait pas sorti grand chose...
L'histoire se termine bien : grâce à Judith l'auteur repart avec un point de vue sur son propre texte qu'elle n'avait pas en arrivant et qui pourra lui servir pour d'autres interviews, dans d'autres médias...
@JM : pourquoi les auteurs doivent-ils ABSOLUMENT parler de leurs oeuvres: seul le texte compte - VILLON par chance n'a pas connu la critique littéraire...j'ai trouvé Judith très intéressante ...je n'ai même plus besoin de lire le livre...(rassurez vous je ne lis pas ANGOT non plus) et je suis rarement séduite par "un témoignage" : je crois que ce type de témoignage (Angot) sert de psychothérapie...et est trop exhibitionniste, pour le coup ce n'est PAS de la littérature contrairement, me semble-t-il au livre de Serre...
ça vous gène pas un peu de décréter que c'est pas de la littérature tout en affirmant ne pas la lire ?
^^
^^
Oui, on a effectivement l'impression que l'enjeu de l'émission serait de "faire s'effondrer" la possibilité d'un "inceste sans dommage", de dédouaner le Parent de toute culpabilité à ce sujet, d'où mon malaise.
On peut tout se permettre en littérature, mais dans la geste critique, il nous appartient de saisir les enjeux.
On peut tout se permettre en littérature, mais dans la geste critique, il nous appartient de saisir les enjeux.
Hâte de vous lire !
Il y aurait tant à dire sur cette conversation passionnante au coeur de la littérature (grâce à l'"accoucheuse" Judith) mais il est tard, Monsieur, il faut qu'je rentre... chez moi...
Il y aurait tant à dire sur cette conversation passionnante au coeur de la littérature (grâce à l'"accoucheuse" Judith) mais il est tard, Monsieur, il faut qu'je rentre... chez moi...
L'inceste et la joie, c'est déjà le pari que faisait Nabokov avec Ada ou l'ardeur. Certes, il ne s'agissait que d'un inceste (initialement) entre cousins et pas entre parents et enfants, pas de pédophilie ici, mais l'expérience était possible... pour ceux qui en avaient les moyens, tout autant financiers qu'intellectuels, et auxquels, de surcroît, le temps offrait sa grâce, celle qui permet d'enterrer les fâcheux et pénibles témoins de cette romance hors-norme. Ici, la problématique n'est pas niée, le mot est bien présent, et sa réalisation, quoi que dans dans le cadre d'une fiction, se situant en plus dans une uchronie, était rendue possible, compréhensible et acceptable.
yG
yG
Le film de Bergman auquel Anne Serre fait allusion est "Sarabande" ...
Oui, le récit du réel est monolithique... mais c'est de là qu'il tire précisément toute sa force, car, c'est sur de tels monolithes que nos vies se fracassent réellement, pas sur ceux que d'aucuns échafaudent sans contrainte, au grès de leur fantaisie.
yG
yG
Etrange, étrange que tout cela. Ce flirte avec le vraisemblable qui en même temps refuse de vouloir l'être, crédible. Cette recherche avant tout du geste d'écrire à qui s'adresse-t-elle... si ce n'est à un (autre) auteur, et non pas aux lecteurs.
Car, si liberté il y a, pourquoi, en tant que lecteur, suivre une pensée, cette pensée plutôt qu'une autre, cette histoire plutôt qu'une autre, pourquoi accompagner ce récit, si on n'y croit pas ?
Tout le discours de Judith sur son intérêt laisse d'ailleurs transparaître que son plaisir vient d'abord de son désir de croire que cela puisse être vrai. Elle ne veut pas que l'héroïne soit folle, elle ne veut pas que cet espace utopique créé par le roman se dissolve dans une chimère. Et pourtant, l'auteur fuit le réel, pas d'inceste, alors que l'effet inceste est là, à défaut du mot.
Bizarre, bizarre que tout cela. A méditer, à discuter.
yG
Car, si liberté il y a, pourquoi, en tant que lecteur, suivre une pensée, cette pensée plutôt qu'une autre, cette histoire plutôt qu'une autre, pourquoi accompagner ce récit, si on n'y croit pas ?
Tout le discours de Judith sur son intérêt laisse d'ailleurs transparaître que son plaisir vient d'abord de son désir de croire que cela puisse être vrai. Elle ne veut pas que l'héroïne soit folle, elle ne veut pas que cet espace utopique créé par le roman se dissolve dans une chimère. Et pourtant, l'auteur fuit le réel, pas d'inceste, alors que l'effet inceste est là, à défaut du mot.
Bizarre, bizarre que tout cela. A méditer, à discuter.
yG
Merci pour cette émission et tant pis pour le bug, on fera avec (ou plutôt, sans).