Cher M. Schneidermann, vous découvrez l'eau chaude. Aimé Césaire avait déjà tout dit de la matrice coloniale des crimes nazis en 1955 dans son Discours sur le colonialisme. Voici un extrait dont il faut lire soigneusement chaque mot :

Je dis que de la(...)

si j'osais :

Imposer aux travailleurs de travailler deux ans de plus,  contre leur volonté quasi-unanime,  au mépris de leur sante, n'est-ce pas une déshumanisation,  une manipulation, une coercition qui peut s'apparenter à des procédés(...)

Aimé Césaire le disait aussi : "au fond, ce que [le bourgeois du XXe siècle] ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est pas l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, c’est l’h(...)

Le colonialisme est du capitalisme. Le système concentrationnaire était du capitalisme (il l'est toujours,  les camps ont été déplacés en Chine). Voir l'origine de la fortune de la famille Qandt qui a blanchit son recel de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide dans le rachat de BMW (voir ég l'histoire de Porsche, Mercédès et Volkswagen fondée par les nazis). Les grosses entreprises qui se sont installées à Auschwitz III existent encore (sous d'autres noms BASF, Bayer,Hoechst, ...). Ce pognon du crime a financé le prétendu miracle allemand et le pays n'a pas été dénazifié (avec la mansuétude des capitalistes victorieux). A-t-on fait mieux en France avec la collaboration économique des capitalistes qui sont à l'origine des syndicats patronaux actuels (lire Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours).

Il est en revanche utile de rappeler l'anniversaire du putsch nazi de 1923 et de son arrivée au pouvoir en 1933. Il y a une série sur France culture sur ce moment. 

Daniel Chirot dénonce la responsabilité des élites au pouvoir qui ne s'appliquent pas à bien gérer les affaires publiques et sous-estiment l’effet des discours extrémistes sur une population lassée par leur médiocrité (Qui veut la révolution ? La tragédie de l’idéalisme radical, éd. Markus Haller, 2022).

Les fondamentaux. Un meurtre. Un triple meurtre ? Chez les témoins de Jéhovah. "Lémédias" se la donnent sur la religion. Et pas l'ombre d'un desperado de la Milivudes...

Bonjour !

Merci M. Schneidermann de mettre en lumière l'ouvrage (à mon sens) trop peu connu de Sven Lindqvist. Il devrait être au programme d'histoire en collège... Peut-on peut rêver ? A voir également le documentaire éponyme de Raoul Peck. Et vous avez raison, le tout petit intervalle de temps qui prélude à la prise de pouvoir d'Hitler est proprement vertigineux.

YG

Merci,pour votre article.

Pour moi,   Johann Chapoutot  et Johann Chapoutot ,sont ceux qui m'ont aider à réfléchir sur ce passé ,qui est nous est commun.

Merci Daniel pour cette analyse, et à Jammrek de m'avoir permis de lire ce passage de Césaire.

Rappelons que la France a aussi pu être une source d’inspiration pour les nazis comme par exemple ses camps de la transportation aux colonies et son esthétique familière au IIIe Reich (ex : ici ou là).

Penser le continuum est très important (sinon on risque de renvoyer la Shoah à une pure monstruosité sans causes profondes, à une forme de magie noire jaillie d'un seul cerveau malade ou d'un seul pays malade, et donc inaccessible à l'explication) et très exigeant (le risque de relativisme que vous pointez). 

A ces fins, je suggère la lecture du livre Le modèle américain d'Hitler de Whitman. Un beau travail d'histoire, qui tisse des liens avec le passé, sans tout confondre. Peut-être est-il évoqué dans l'émission !

Tellement évident ce "continuum" direct entre l'exploitation exterminative coloniale et l'extermination industrielle des Juifs et autres par les nazis !

Un quart de siècle que je m'épuise à le seriner, un peu seul dans le désert je dois dire, et que je m'oppose farouchement, par conséquent, à la distinction artificielle et erronée, jusque dans le vocabulaire, entre l'antisémitisme et tous les autres racismes...

Au sujet de Darwin, je réserve mon propos avant d'en savoir un peu plus.

Je vois passer l’extrait de Césaire que j’ai beaucoup utilisé moi-même sur ce sujet.

Je me permets toutefois d’apporter une nuance qu’on m’a faite par le passé et que j’ai creusé ensuite dans mes lectures. 

Il y a un problème à dire (en gros) qu’on a appliqué une logique coloniale à l’Europe sous le nazisme, c’est nié la spécificité de l’antisémitisme en Europe. Ce qui ne veut pas dire que le nazisme est une singularité, il s’inscrit effectivement dans un continuum.

L’antisémitisme précède le colonialisme et la racialisation des Juifs et des colonisés est concomitante au XIXème siècle. 

La violence envers les Juifs est bien plus l’héritière des pogroms russes que de l'esclavage par exemple. 

Les moyens misent en œuvre ont certes pu être similaires mais ces moyens ne sont que le reflet technique de leur époque.

Par exemple pour la France, les lois raciales ont été étendu aux Juifs (et en métropole) mais l‘idéologie sous-jacente n’est pas la même. 

Ce que l’historiographie moderne (Chapoutot, Ingrao, etc.) nous apprend c’est que les nazis n’ont rien inventé comme concept, que c’est un agglomérat des idées contemporaines, que ce soit le darwinisme social, l’antisemitisme, l’irrédentisme ou l’anticommunisme.

En ça le nazisme n’est pas un accident de l’histoire (comme on a pu l’apprendre à l’école) et, j’insiste, il faut bien distinguer l’antisémitisme séculaire européen et la colonisation qui ont chacun leur idéologie propre. 

Dans un autre ordre d'idées, je ne peux que conseiller le livre que je suis en train de lire :

Février 33, l'hiver de la littérature, de Uwe Wittstock qui est paru en début d'année chez Grasset.

Oui, les expositions universelles ont contribué à propager ces exhibitions forcées .

En Belgique,  en  1897   la "section coloniale " de l'exposition est  établie à Tervuren  , 7 congolais y décèdent  :  

https://www.africamuseum.be/fr/discover/history_articles/the_human_zoo_of_tervuren_1897`      

La photo de Brussels en 1958 a été manifestement  prise à l'exposition internationale  :

https://www.rtbf.be/article/avec-son-zoo-humain-l-expo-58-n-a-pas-laisse-que-de-bons-souvenirs-9894679

Merci Daniel rappel pasinutile....Et petite remarque la photo de fin d'article est visiblement bien antérieure à 1930 !

J'allais moi aussi suggérer la magnifique page extraite du Discours sur le colonialisme de Césaire, qui relie avec brio le colonialisme et la nazisme, mais je vois que d'autres abonnés y ont pensé aussi.

Il semblerait bien que c'est un allemand qui a créé le premier zoo humain : Carl Hagenbeck  . en 1874 dans son "Thierpark"  

https://hpd.de/artikel/menschenzoos-18305

Dans la série allemande "la charité" qui présente l'hôpital de la charité de Berlin sur 3 saisons à 3 époques différentes (fin XIX° - 1943/1945 - chute du mur de Berlin)  le thème du zoo humain est abordé dans la première saison à l'épisode 6 .

Cousin de Darwin, (sir) Francis Galton était un mutitâche, et entre autres un explorateur en Afrique du Sud, et entre autres le "découvreur" des empreintes digitales, et aussi un fameux eugéniste. Il fonda cette science en 1883 et la fit connaître en 1904 à de nombreux médecins et scientifiques à Londres

Et ce fut une étincelle qui s'alluma dans la tête de nos chers têtes rationnelles à travers les USA, et l'Europe

Et encore de 1935 à 1996, la Suède a stérilisé plus de 230000 personnes sur la base de théories eugénistes

Pour paraphraser un commentateur habitué de ces pages, on a vécu une époque formidable, et on continue.

PS : "From all of this it is clear that Galton understood and used the term race in several different ways. In the broadest sense, it meant for him the totality of human "nature," the inherited essence of the "human race." But he also sometimes used the word in its more restrictive and plural senses, such as the English, French, Negro, or American Indian races "

En bonne schneidermannienne, j’ai déjà regardé le Débatdoc la semaine passée. :)

Mais pour le second doc, je ne sais pas comment le regarder (en direct ou en replay) sans TV. Quelqu’un a-t-il une idée ?

Par contre je ne suis pas d'accord , les complices sont autant coupable que les coupables .C'est toujours facile de dire après coup , je ne savais pas , je n'ai pas compris , je n'ai pas vu ?Rien a foutre , réveille toi connard !

si j'osais :

Imposer aux travailleurs de travailler deux ans de plus,  contre leur volonté quasi-unanime,  au mépris de leur sante, n'est-ce pas une déshumanisation,  une manipulation, une coercition qui peut s'apparenter à des procédés 

colonialistes .

Si j'osais, 

et toutes proportions gardées 

On retrouve ce continuum raconté sous sa forme la plus  radicale (et peut-être la plus aboutie à ce jour) dans "La fin de la méga machine", de Fabien Scheidler (Seuil, coll anthropocène) 

Aimé Césaire le disait aussi : "au fond, ce que [le bourgeois du XXe siècle] ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est pas l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, c’est l’humiliation de l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique. "

Fragilité des institutions, manipulations par le pouvoir éonomique, déshumanisation de l'autre pour l'exploiter ou l'éradiquer... merci Daniel de mettre au jour des patterns qui prêtent à réfléchir, tout en réussissant en toute subtilité à ne pas en faire des amalgames ou des généralités.

Cher M. Schneidermann, vous découvrez l'eau chaude. Aimé Césaire avait déjà tout dit de la matrice coloniale des crimes nazis en 1955 dans son Discours sur le colonialisme. Voici un extrait dont il faut lire soigneusement chaque mot :

Je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie ; que, de toutes les expéditions coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées, on ne saurait réussir une seule valeur humaine.

Il faudrait d'abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l'abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu'il y a au Viet-Nam une tête coupée et un œil crevé et qu'en France on accepte, une fillette violée et qu'en France on accepte, un Malgache supplicié et qu'en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s'opère, une gangrène qui s'installe, un foyer d'infection qui s'étend et qu'au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et « interrogés », de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l'Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l'ensauvagement du continent.

Et alors, un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets.

On s'étonne, on s’indigne. On dit : « Comme c’est curieux ! Mais, bah ! C'est le nazisme, ça passera ! » Et on attend, et on espère ; et on se tait à soi-même la vérité, que c'est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries ; que c'est du nazisme, oui, mais qu'avant d'en être la victime, on en a été le complice ; que ce nazisme-là, on l'a supporté avant de le subir, on l'a absous, on a fermé l'œil là-dessus, on l'a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s'était appliqué qu'à des peuples non européens ; que ce nazisme-là, on l'a cultivé, on en est responsable, et qu'il sourd, qu'il perce, qu’il goutte, avant de l'engloutir dans ses eaux rougies, de toutes les fissures de la civilisation occidentale et chrétienne.

Oui, il vaudrait la peine d'étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d'Hitler et de l'hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du xxe siècle qu'il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l'habite, qu'Hitler est son démon, que s'il le vitupère, c'est par manque de logique, et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme blanc, c'est l'humiliation de l'homme blanc, et d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les Arabes d'Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d'Afrique.

C'est marrant , mais c'est l'histoire que je me raconte en pensant a Macron .L'idée qu'il aurait suffit de pas grand chose pour qu'il justifie une prise de controle totale  .Je suis très content qu'il n'ai plus  la majorité a l'assemblée ...