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Au bonheur des riches... et de la télévision ?

France 2 diffusait mardi 1er octobre un documentaire d’Antoine Roux en deux parties, «Au bonheur des riches», écrit avec Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon. Plus subtil que prévu, plus ambivalent aussi… Et finalement plus flatteur pour les grandes fortunes que pour l'esprit critique. (Le docu est toujours visible ici).

Derniers commentaires

ah judith, fabuleuse analyse de ce reportage ! à vous toute seule, vous justifiez l'objet d'@si qui est une analyse des médias. un vrai régal de vous lire, parce qu'à une analyse soigneuse, vous ajoutez un style d'écriture élégant. merci beaucoup.
si vous êtes intéressé(e)s par les parties non discutées dans le documentaire (comment se construisent et se pérpétuent ses "dynasties", etc. ; peut-on distinguer différents types de comportements au sein de cette classe des privilégiés, etc.), le couple de sociologue Pinçon-Charlot vient de publier en cette rentrée un livre qui mérite d'être lu : La violence des riches.

peut-être que le documentaire analysé par Judith Bernard a fait le choix de montrer le discours d'auto-légitimation des riches, car il y a déjà bon nombre de documentaires, livres, articles, etc. sur les mécanismes menant à la concentration des richesses, au creusement des inégalités,etc. alors que le point de vue d'auto-légitimation n'avait pas été traité (?).

d'ailleurs, les Pinçon-Charlot ont commencé leur carrière en étudiant les milieux ouvriers. peut-être est-ce en remontant le fil des conséquences subies par les ouvriers, qu'ils se sont intéressés aux riches ?

dans tous les cas, certains commentaires de ce forum sur Monique Pinçon-Charlot sont tout à fait injustes eu égard aux travaux que ce couple de sociologue ont mené depuis près d'une quarantaine d'années.

il me semble qu'ils sont aujourd'hui à la retraite. mais ils poursuivent leurs travaux et la diffusion de ce qu'ils permettent de mettre en lumière.
rien que cela mérite le respect.

l'analyse de Judith Bernard du documentaire est tout à fait intéressante. elle nous donne notamment à connaître la particularité de l'approche sociologique retenue. c'est toutefois dommage de ne pas préciser que les sociologues derrière ce documentaire n'en sont pas les réalisateurs, mais les co-écrivains. et surtout qu'ils ont publié des livres permettant de compléter le tableau.
Monique Pinçon-Charlot parle de son bouquin La Violence des riches chez Laurent Ruquier le 5 octobre 2013 (22 mn 55)
Merci pour le lien, Julot.
Oui mais c'était nul, Polony n'a pas laisser s'exprimer Monique Pinçot-Charlot, en ne s'intéressant qu'à un un détail sur la necessité de porter le costume tiré du bouquin, très nettement pour qu'il ne soit rien dit d'autre ou presque sur la teneur du bouquin.
Monique et Michel Pinçon-Charlot sont également passés sur France Culture, où ils ont une bien meilleure opportunité de s'exprimer :
http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-la-guerre-des-classes-aura-bien-lieu-2013-09-10
Merci Js, j'écoute la grande table aussi souvent que possible et France Q en général, c'est clair que ça ne peut être que meilleur que chez Ruquier. :))

Vouawww, une grosse fôt.
Pffff que, que .... Pardon :))
Merci pour le lien, Julot.

De rien.
"De rien" est peut-être l'expression qui convient en la circonstance car, comme le dit Bysonne, l'entretien est médiocre. Polony et Caron en petite forme, certes, mais Monique Pinçon-Charlot pas terrible non plus. Elle ne tire pas le débat vers le haut. Et elle pourrait difficilement reprocher à Polony de s'attacher à des détails du livre puisque c'est elle-même qui évoque "l'allure" des riches, leurs vêtements, leur démarche, par exemple.
Ne parlons pas des interventions stupides de Drucker.
Et comme j'ai vu l'émission (en fait, uniquement le premier volet) qui est l'objet de cette chronique de Judith et qui m'a aussi laissé sur ma faim, j'en viens à douter de l'acuité et de la profondeur des analyses des Pinçon-Charlot (quelle que soit la sympathie que leur démarche inspire) et je n'ai guère envie de lire La Violence des Riches.
oh là, pour ce qui est de l'émission de ruquier, j'espère que vous aurez noté qu'on peut être très nul dans ce genre de situations tout en ayant des choses passionnantes à dire !!!


quant aux "détails", ils n'en sont pas, justement. Cette "incarnation" du statut social est sans doute un des moyens les plus puissants de maintien, génération après génération, de la domination de classe, d'autant plus puissant qu'il est compté pour "du détail".
Le fond du propos de Polony est ailleurs : en substance, elle accuse les Pinçon Charlot de vouloir détourner le peuple de l'accès à la culture. Par exemple en montrant le processus qui consiste à "anoblir" les friches industrielles en les transformant en musée.
Ainsi, donner à voir la domination qui s'exerce lorsque le peuple est convié à admirer, une fois l'an, la demeure de "not' bon maître" — entretenue grâce à ses deniers, au peuple — ce serait l'empêcher de goûter la beauté de ces œuvres.
Le fond du propos de Polony est ailleurs : en substance, elle accuse les Pinçon Charlot de vouloir détourner le peuple de l'accès à la culture
Selon vous, cette accusation est fondée ?
vrai, vous vous posez la question en lisant ce que j'ai écrit ?
Peut-être ai-je l'esprit embrumé, mais j'avoue que ne comprends pas bien le sens de vos messages et je me perds un peu dans vos transitions.
D'abord, vous affirmez que "les détails" qui distinguent les riches des manants (notamment leurs vêtements) sont pour les riches un moyen de maintenir la domination de leur classe.
Puis, vous affirmez que Polony accuse les Pinçon-Charlot de vouloir détourner le peuple de l'accès à la culture. Comme vous semblez faire une analogie entre ces deux "marqueurs de classe" que sont les vêtements, d'une part, et "la culture", d'autre part, je voulais que vous explicitiez ce que sont selon vous, sur ces sujets, les positions de :
1 - Natacha Polony,
2 - Cécile Clozel,
3 - Monique Pinçon-Charlot.
Si je voulais faire un effort pour comprendre et vous aider à m'expliquer, je dirais que je crois que vous pensez - en résumé, hein? - que Polony fait un amalgame entre "les biens matériels" et "les biens culturels" et soupçonne Monique Pinçon-Charlot de souhaiter que les pauvres cessent de se sentir inférieurs et de singer les riches aussi bien pour leur allure ni pour leur culture. J'ai à peu près bon ?

Bon, à présent, une aspirine et au lit. Si je continue à ce rythme, je vais finir par griller une soupape
hou là là.
bon, ben je ne faisais pas d'analogie. j'aborde le point des "détails" parce que vous en parlez... pour être plus explicite, mon point de vue est : Pinçon Charlot ne pourrait pas reprocher à Polony de s'attacher à des détails, parce que ce ne sont pas des détails, même si Polony fait semblant de le croire (ou le croit vraiment, je ne sais jamais quand je l'écoute si elle est un peu limitée ou de mauvaise foi).

Et je signale ensuite (mais sans faire d'analogie) que ce que je retiens de leur échange, c'est surtout cette accusation de Polony. Si je me souviens bien MPC parle de la façon dont on "gomme" le passé ouvrier des friches industrielles pour en faire des musées. "et alors vous êtes contre les musées ?" "mais non, j'ai pas dit ça" (en substance)
Il me semble que MPC estime que "le peuple" peut à la fois ne pas être dupe de la violence qui s'exerce dans la "distinction" culturelle, et en même temps être sensible à la beauté d'un tableau ou d'une architecture. Je peux me tromper sur son point de vue... mais en tout cas, c'est (aussi ?) le mien.

Or sur le vêtement c'est un peu différent: il n'est pas question d'expérience esthétique, mais de porter, ou non, ce que MPC désigne comme un "uniforme de classe". Et porter un uniforme, c'est être, d'une manière ou d'une autre, embrigadé.
Jolie chronique.

Le discours de l'Accornard sur le sens de ses priorités, rappelant fortement celui du Pervers Penpère ("je préfère", etc.).
Et puis, pour justifier l'exil fiscal, le sublime : "À une époque, on ne pouvait pas divorcer, on était obligé de vivre avec sa femme qui était insupportable" et ce qui suit.

Gros boum sur les ventes de bassines et seaux à vomi...
je ne suis pas sûre que ce soit la "méthode Boltansky" qui soit en cause, dans ce "point de capiton" qu'est, dans le discours de Monique Pinçon-Charlot, le bonheur des riches. Plutôt sa posture à elle, sa situation, le point sur lequel il lui est impossible de prendre de la distance. Il faut dire que ce sujet est devenu son fonds de commerce... c'est intéressant dans l'extrait de l'émission d'@si d'entendre comme se noue, justement là, un déni assez remarquable "on ne va pas se couper la parole", dit-elle, pour immédiatement couper la parole un peu hésitante de son mari par un propos ferme et définitif... Elle en est sûre, elle, que les riches sont heureux : ceux qui ne le pensent pas c'est juste le fruit de leur "habitus"..
Pourrait-elle s'écouter parler, elle entendrait peut-être ce qu'elle dit de ce bonheur : c'est "le bonheur des pierres", l'absence d'emmerdements, en somme. Ou encore "le bonheur des dames", le grand magasin, le luxe d'apparat, la profusion... (enfin, "des dames", il faut le dire vite : c'est fou la quasi absence des femmes dans ce docu)

Pourtant, moi je n'ai pas trouvé la moindre trace de ce que j'appelle le bonheur. La trace d'une vraie joie sur un visage, une voix qui frémit en évoquant une expérience un peu forte, une beauté à couper le souffle, la jouissance d'inventer, le trouble d'une rencontre, de créer, une gratitude devant ce qui vous échoit, un émerveillement, une tendresse, un désir excédant un peu les programmes convenus, quelque chose qui les porterait, fût-ce un instant, un peu au delà de leur tout petit grand-égo...
« La France compte la densité de millionnaires la plus élevée au monde: 1 pour 30 habitants. »

Crise cardiaque.
Après quelque temps d'absence, quel pied de lire cet article et les commentaires !
Judith, vous avez vu la récente interview de Frédéric Lordon dans en direct de Mediapart? Ce qu'on vous montre est la réussite de l'individu libre et autonome. Avec son libre abritre il a pu construire tout ça, et la justification philosophique de ce succès remonte à Descartes!
En fait, il y a quand même une constante, c'est que les riches ordinairement, aiment bien ne pas trop se montrer devant les pauvres.

Il y a des hameaux en Bretagne où se cachent les riches, des stars de cinéma, des grands patrons. Il faut vraiment passer devant pour voir les maisons surdimensionnées et leurs parcs gigantesques, souvent ceints de très hauts murs. Et c'est ainsi partout en province.

Et dans les quartiers chics de Paris, ou des grandes villes, ce sont souvent des quartiers un peu à l'écart. Un peu froids. Et il faut vraiment regarder, la nuit, les lustres étinceler à travers les rideaux pour imaginer le luxe inouï où ils vivent.
Et puis, ils restent beaucoup entre eux.

Je pense qu'ils n'aiment pas trop étaler leur richesse devant les pauvres.
Pourquoi ?
Pas par pudeur, puisque qu'ils s'en remontrent entre eux, sans aucun problème.
Pour ne pas attirer les voleurs, certes.

Mais à mon avis, c'est surtout parce que les pauvres, ainsi, ont du mal à imaginer l'étendue de leur richesse. Et à quel point ils devraient être frustrés de ne pouvoir accéder au centième de ces plaisirs. C' est un réflexe de classe, pour vivre heureux, et pour qu'on ne leur confisque pas tout cela, car l'ennemi, c'est la masse susceptible de se révolter, ils vivent cachés, Car l'étalage des richesses de certains peut exciter la colère des autres.

Or, les Pinçon Charlot donnent à voir l'étendue de cette richesse. Totalement décomplexés, certains de ces riches osent exposer leur bonne conscience au milieu de leur luxe et de leur jouissance. Comme ils le font avec leur classe.
Pendant ce temps, la moyenne des gens sent son pouvoir d'achat bien baisser, et doit se contenter des miettes, et certains autres ne parviennent même plus à vivre.
Voir ce genre d'images peut leur faire prendre conscience de l'écart entre les patrimoines et les revenus de certains, et eux-mêmes, et cela donne une idée de la réalité. Et de la réalité de l'injustice qui leur est faite.

Personne ne peut travailler plus que les pauvres au point de gagner autant par rapport à eux.

Je pense que c'est là l'intérêt de ce genre de programme.
C'est amusant mais à la vision des 2 films j'ai eu le sentiment contraire. Il me semble que la force du propos tient justement dans l'exposition 'neutre' ou plutôt 'blanche' de la mentalité apaisée et satisfaite de ces personnages et de leur 'morale', de la violence symbolique des rapports de domination qu'ils exercent sur leurs subordonnés. Par exemple le scène (digne de l'ancien régime ) du châtelain avec ses employés (mari et femme ) qui est un crève-coeur car ils ont bien intégré leur vassalité. Par exemple la scène du dîner donné par l'ancien patron de ' Accor ' qui se déroule tout en onctuosité mais au cours duquel un des ses directeurs a droit, en présence de tous les autres, à une descente en flèche de son mode de gestion de l'hôtel dont il a la charge ( voir l'attitude soumise de la voisine du chef).
La question qui se pose en effet est de savoir si ce type de film dans lequel n'apparaît pas de façon explicite que ' ce paradis des riches est fait de l'enfer des pauvres ' est à même d'éclairer les consciences sur le lien irréductible entre la situation des premiers et celles des seconds.
Il faut faire le pari de l'intelligence des spectateurs qui sont capables de voir les liens à priori invisibles mais pourtant bien réels de ces rapports sociaux.
Par ailleurs le surlignage explicatif pourrait être contre productif.
Enfin au terme du film on ne peut que comprendre une fois de plus que le bien ou la morale publiques ne les concernent pas et que ce qu'ils accaparent devra leur être arraché.
Allez, pour finir une citation (J. LONDON le talon de fer. P.73) :
Et ils restaient absolument persuadés que leur conduite était juste : il n'y avait aucun doute ni discussion possible à ce sujet. Ils se croyaient les sauveurs de la société, convaincus de faire le bonheur du grand nombre : ils traçaient un tableau pathétique des souffrances que subirait la classe laborieuse sans les emplois qu'eux, et eux seuls pouvaient lui procurer.
Un regret quand même au sujet d'une question qui aurait pu être posée à l'ex-patron de Accor, exilé fiscal : percevait-il sa retraite d'ancien sénateur UMP (retraite bien évidemment payée par les impôts )
"Et je ne parle pas des conditions féodales dans lesquelles ont été bâtis et justifiés les merveilleux châteaux que les châtelains d'aujourd'hui ont le dévouement de bien vouloir entretenir (avec l'aide de l'Etat, puisque patrimoine historique égale bien commun)..."




Ceci est historiquement très plausible.

Et en 1789, beaucoup de chateaux ont brûlé.

Or donc il faut se révolter contre ce qui reste de l'Ancien Régime.

Et d'abord, Versailles, son chateau, il faut le prendre d'assaut et le brûler.


[cela étant, votre chronique est pré-marxiste - en ce sens qu'elle exprime un gentil sentiment de révolte, sans théorisation]
Merci Judith. Je vais commencer par regarder l'émission.
finalement , tant qu'on parlera d'eux sur ce site ( ou un autre ) ils ne risquerons pas grand-chose ! On les aime !
je comprend rien ,c'est trop intello,(T) est-ce une référence.


j'ai vu les deux documents,ils sont fiers, heureux ,imbus de leur personne ,et de leur fortune.
ils sont condescendants envers la pèble,parce qu'ils s'en méfient,et ils ont raison.
ils protègent ,leurs progénitures, leurs fortunes et leurs réseaux,jusqu'au plus haut niveau de la République,et, depuis belle lurette.
qu'ils profitent,le compte à rebours a commencer.
« Et je ne parle pas des conditions féodales dans lesquelles ont été bâtis et justifiés les merveilleux châteaux que les châtelains d'aujourd'hui ont le dévouement de bien vouloir entretenir (avec l'aide de l'Etat, puisque patrimoine historique égale bien commun)... « 

Au risque d'apporter la contradiction à votre sentiment ,voire de m'attirer les foudres d'éradicateurs intemporels, interpréter aujourd'hui ces conditions certainement féodales de la construction desdits châteaux peut sombrer dans le contresens historique.

Me plaçant du point de vue strictement poétique, c'est à dire de la rêverie qu'ils inspirent, de ce que les pierres portent selon l'interprétation qui se pose sur elles, quelle étrange sensation du temps passé lorsque les pas foulent le pavé qui portèrent d'autres hommes dont l'histoire rapporta la vie certainement imparfaitement, et qui nous ramène à notre propre finitude.

Si l'on prend garde de ne se laisser aller au piège du romantisme échevelé et à ses inévitables « broderies » interprétatives positivistes qui en gomment trop souvent l'aspect négatif indéniable, ce qui peut bien fonder votre sentiment, on peut donc se rappeler l’œuvre de Prosper Mérimée, dans ses travaux moins célèbres que la rédaction de Carmen, si universellement reconnue qu'une version cinématographique à la verve sénégalaise en a été tirée récemment, qui recèle beaucoup des débats voire combats contemporains de l'Afrique en matière de moeurs.Mais, comme l'eut dit dit Shéhérazade, ceci est une autre histoire....

Revenons en à celui qui parla de l'enfant de Bohème et dont l'action publique se situe justement à la fin de cette période romantique post-révolutionnaire où l'image d'un Dieu unificateur de la société s'était perdue, la ferme volonté politique de la remplacer par la déesse Raison ayant elle même cédé tant à la disparition desdits politiques, physiquement ou dans leurs prétentions, tout en ayant confisqué tant les biens du clergé que le plupart de ceux des ci-devants. J'ai trouvé , lors de ces voyages imaginaires que chacun est à même d'effectuer dans ces librairies d'occasion où la curiosité, même dépourvue de grands moyens est à même de se sacrifier à son objet pour peu que la chance s'en mêle, un petit opuscule traitant d'un voyage de Mérimée, premier, sauf erreur,inspecteur des Monuments Historiques, rappelons-le, en Bretagne et qui décrivait la façon dont les lieux du culte, flétris publiquement par les contempteurs de la déesse Raison, dont la sagesse ne voulait pas que l'on s'y oppose par trop à leur pédagogie armée, avaient été transformés en hangars agricoles, voire en porcheries au gré des ventes et reventes de ceux qui avaient pu les acquérir, dans cette « opportunité de  bonnes affaires » que la Révolution représenta pour certains et qui, sans vouloir pousser la digression sur les fournitures d'armes nationaux trop loin, ne me semble pas étrangère à la chute de l'Incorruptible d'alors.

Je suis certain, interprétant le sentiment que je prête au Mérimée d'alors que la vue de la destruction prochaine si l'on n'y prenait garde des lieux qui, si l'on ne se limite pas à l'aspect strictement liturgique des cérémonies qui s'y déroulaient, mais au sentiment d'une nécessité conservatoire et historique, ce qu'un laïcisme tout empêtré dans ses « acquis »ne comprendra jamais, son temps politique en revenant au prosélytisme décrié dans les religions le hâtant de faire taire la dissidence, liés aux naissances, mariages et accompagnements vers la tombe représentaient pour l'auteur ce qu'aucun assignat ne pourrait jamais contenir, tant la suite magistrale de son œuvre, les sentiments universels qu'il eut l'art de représenter ainsi que le grand succès qu'il rencontra le prouvent.

Sans doute, son succès politique, ainsi que celui de Viollet le Duc, dans les circonstances de tous ces « ouvriers de la Creuse «  venus reconstruire Paris », et qui, tels des immigrés de lointaines Provinces restaient , détonnant d'avec la prospérité bourgeoise selon plusieurs relations d'alors trouva-t-il sa solution politique dans le soin qui fut pris de conserver le pastiche de Notre-Dame, débarrassée de sa polychromie où les foules venaient s'instruire moralement- savaient-elles lire?- on y adjoignit des gargouilles à fin de conservation, mais les attendus moraux attendus liés à l'observation de la religion durent-ils en rassurer plus d'un, notamment chez les plus cupides de la classe dominante, et dont l'histoire revisitée au gré des romans historico-politiques fait un amalgame plus sûr pour l'espoir prosélyte qui attend tout des élections et rien de lui-même.
Pourquoi est ce si difficile de faire un parallèle entre la pauvreté et la richesse?
Pourquoi ne peut on franchement s'indigner des inégalités, quand une riche peut exhiber sans honte son patrimoine?

Essai de réponse.
Parce que ça semble normal que celui qui fabrique quelque chose en ai la propriété.
Parce que ça semble normal que celui qui en fasse plus en reçoive plus.
Parce que ça semble normal de transmettre son patrimoine à ses enfants.
...

L'individualisme est la norme, même pour les pauvres. La solidarité, la générosité, l’altruisme... ne sont que des vertus, en rien obligatoire.


Dans ce monde, ainsi normé, être gauchiste, c'est nager à contre courant. C'est à mon avis pour ça qu'on ne verra jamais sur le service public un documentaire qui dénonce les riches comme responsables de la pauvreté. Alors même que c'est une évidence.

Le gauchisme ne s'imposera jamais tant qu'il ne sera pas la norme.
Quelles serrures ouvriront ces curieux mots-clés : En chantier - chronique en cours de construction.
[quote=judith]On ne voit plus très bien, à force, et c’est un peu le problème de cette sociologie inspirée de la méthode Boltanski – qui a développé cette approche des acteurs par leurs discours, en s’intéressant aux formes de légitimation qu’ils produisaient eux-mêmes. A force de les écouter dérouler si paisiblement l’argumentaire de leur paix d’âme, on se love dans leur point de vue – qui est aussi exactement celui des partis politiques de gouvernement : les riches font tant de bien à la nation, pourquoi donc les persécuter ? – (...) En soi la richesse n'est pas un mal et ne filmer qu'elle ne saurait produire un regard critique - sauf à considérer que chacun porte en soi la conscience aiguë de la pauvreté persistante tout autour et de l'accroissement des inégalités, qui lui fait voir les situations heureuses des riches comme obscènes par contraste avec le hors-champ de la pauvreté. Mais précisément, tout ça est hors-champ : hors champ, le malheur des pauvres, hors champ le mal qui opère dans les structures, et qui permet à l'argent d'acheter le droit, afin que toujours il favorise la richesse. Hors champ, tout le contexte socio-économique, c'est-à-dire les conditions de possibilité (politiques) de ces fortunes

On me permettra cette fois de me hâter d'approuver la critique de Judith Bernard laquelle complète heureusement la série estivale de Judith Brabant. Il manquait à l'excellence de celle-ci en effet la confrontation entre les deux moments de la sociologie française qui ont successivement pour noms Bourdieu et Boltanski, ce dernier s'inscrivant en révision du précédent. Révision équivalant à exclusion dans le propos de Judith Bernard comme l'atteste anaphoriquement dans sa chronique le terme de hors-champ lequel renvoie doublement, et quasi-expressément à Bourdieu: initiateur, d'une part, en sociologie, de la "théorie" des champs, et terminant d'autre part significativement sa contribution à celle-ci par la publication de La misère du monde*. Parler de "hors-champ" s'agissant de la pauvreté revient à dire en effet qu'il aurait échoué à faire entrer le négatif de la société dans le champ d'étude(s) de la science dont elle est l'objet. Échec durable ou seulement momentané ? Il me semble bon de terminer sur cette question.

* Ouvrage collectif (disponible en livre de poche au Seuil) réunissant, sous la direction de Bourdieu, les contributions de vingt-trois auteurs.
Bon.
En faisant autre chose j'ai regardé d'un œil distrait. Guère d’intérêt en fait. Trop long, beaucoup trop long.
Tout est dit.
Victor Hugo disait: "derrière chaque grande fortune, un grand crime". C'est totalement hors champs, clairement, comme à chaque fois. Je ne sais plus quelle grande fortune actuelle fut fondée sur l'enrichissement du trafic d'esclave, par exemple.
Merci !
MERCI !!!
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