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Bohler, les footeux et la résonance émotionnelle

Trois joueurs de l'équipe de France de foot, dans un jeu télévisé, se montrent incapables de reconnaître sur une photo le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Résultat : il nous est difficile de nous identifier à eux. Une question de "résonance émotionnelle", explique notre chroniqueur, Sébastien Bohler.

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Cette chronique me met mal à l'aise, car elle est l'oeuvre de quelqu'un qui apparemment ne connait rien au foot. Comme la plupart des français d'ailleurs (cf. le dossier de So Foot ce mois-ci, intitulé "Pourquoi la France deteste ses footballeurs").

D'abord, ça m'interesserait d'entendre les réponses d'autres sportifs de haut niveau à ce genre de quizz... Peut être se rendrait-on compte que ce "problème" de culture général ne touche pas que les horribles footeux? Allez un petit effort, interrogez les beaux handballeurs champions olympiques qu'on nous a vendu pendant tous les JO comme des anti-footeux, qui ont une autre image du sport, qui la jouent toujours collectifs, qui ne s'intéressent pas à l'argent, etc. Bon faudra juste se débrouiller pour passer sous silence l'histoire des joueurs qui parient contre leur propre équipe...

Ensuite, on pourrait aussi s'intéresser aux parcours de ces horribles footeux, qui entrent en école de foot et centre de formation à l'âge où tout un chacun s'intéresse plus aux jeux vidéos... On pourrait s'intéresser à la rupture du lien familial, aux méthodes militaires pratiquées dans les centres de formation, à la compétition permanente, aux pourcentage de joueurs qui parviendront finalement au haut niveau...
On pourrait aussi s'intéresser à la répartition du chiffre d'affaires d'un club de foot, entre subvention de la Fédération, pubs en tous genres ("partenariat", ah aha ah), billeterie etc. pour au final se rendre compte que les joueurs ne gagnent une partie infime des sommes en jeu. Moi je préfère que cet argent engraisse des sales footeux que les gentils actionnaires... En outre, les français doivent comprendre qu'un sportif de haut niveau c'est quelque chose de différent d'un individu lambda, tout simplement.

L'histoire de l'identification de M. Bohler : "Ouhouhou, le gros nul, il ne connait pas Ayrault". Ben ouais, et en plus je vais te dire : ils s'en foutent grave. Mais cette notion d'identification traduit exactement cette ignorance crasse des "observateurs" pour la chose footballistique. Ne devrait-on pas s'identifier à leur "compétence métier" comme on dit dans les entreprises, plutôt qu'aux rites débiles - hymne, quizz, etc. - imposés par des externes. Depuis la coupe du monde 1998, les 'observateurs' tombent dans tous les pièges : d'abord on a gagné (1998/2000) - ahhhhh, l'avènement de la culture black blanc beur... quelle rigolade, quelle hyprocrisie - et puis on a perdu (2002) - ahhh ces footeux qui gagnent trop d'argent quand même ils pourrait se bouger le c... et surtout être exemplaires... mais au nom de quoi? et l'exemplarité des hommes politiques on en parle? et l'exemplarité des journalistes, on en parle? et puis, encore après, on a failli gagner mais on a perdu à cause d'une idole devenue racaille (le coup de boule). Mais qui pense qu'on a perdu à cause d'un management totalement déficient - fédération et Moustache-Domenech - d'une absence totale de projet et comme l'explique si bien So Foot : de la montée en puissance des sponsors qui finissent par faire le jour et la nuit en imposant leur manière de voir (leur stratégie de com°) et en controlant la communication des joueurs?

Bon je m'enerve un peu car ce décallage traduit une desinformation totale, où un pays qui va mal doit absolument aller se chercher des ennemis pour aller mieux. Je pense qu'on se trompe de combat. Je rappelle que le football est un jeu et les joueurs sont les premiers à vouloir jouer, ce qui n'est pas du tout le cas des "forces économiques" qui parasitent le jeu pour un objectif plus ou moins avouable.

La raison de tout cela est la jalousie et le racisme., bref une espèce de populisme totalement à côté de la plaque.

Tout cela n'enlève en rien l'intérêt d'une vraie analyse de la place du foot dans nos sociétés modernes. ça ne vous intéresse pas de savoir comment des milliers de personnes sont expropriées tous les 4 ans pour laisser la place à un stade qui ne servira que 5 ou 6 fois (Af Sud)? ça ne vous intéresse pas de décrypter les filières de recrutement, notamment en Afrique, véritable marchands de viande? ça ne vous intéresse pas d'analyser les images véhiculées par le sport de haut niveau et récupérées par des entreprises commerciales? et le dopage, on en parle ou pas? et la professionnalisation?
Il y a vraiment plein de thèmes intéressants que l'on pourrait développer, si on avait le désir de dépasser tous les poncifs qui - croit-on - aident Mme Michu à mieux supporter sa misère quotidienne... Bref, un peu de jus de crâne ferait du bien, non?
pour ceux que cela interesse, certains sociologues s'intéressent à la critique du sport, comme J-M Brohm, Claude Javot, Fabien Ollier, mais attention, s'agissant d'une critique "radicale", elle est réalisée par de dangereux crypto-communo-extremistes... (que ne doivent pas connaitre les footeux du quizz, ce qui fait un point commun avec les "observateurs").
Vu qu'on a eu le même premier ministre pendant des années j'ai un peu du mal à faire la transition, donc je n'ai pas reconnu Ayrault. Sinon, pour expliquer l'attitude étrange des joueurs, c'est juste l'effet de groupe : les joueurs se connaissent bien, donc ça enquille connerie sur connerie. C'est plutôt une bonne nouvelle. Non ?
Ce qui empêche pour moi toute résonance émotionnelle avec ces jeunes gens, ce n'est pas qu'ils ne reconnaissent pas Steve Jobs ou Jean-Marc Ayrault (ce qui serait certainement le cas pour des membres de ma famille, ou mes parents d'élèves, avec lesquels j'ai pourtant pas mal de résonance émotionnelle, si j'ai bien compris cette notion). Non, ce qui m'empêche de me reconnaître chez eux, c'est une réaction hyper agressive type "Mon buzzer il marche pas, là, putain !" qui, pour le coup, crée beaucoup de distance entre celui qui l'exprime et moi.
Il est assez divertissant de voir que D. S. reproche à son invité de considérer que les ouvriers, n'étant pas des créatifs, n'ont a priori rien à dire sur la stratégie de leur entreprise, et de voir, d'autre part, S. B. asséner ses gros paradigmes psychologiques aux footballeurs (n'hésitant pas à parler de biotope, à la manière d'un entomologiste quelque peu dédaigneux). La nature humaine porte en soi quelque chose d'irréductible, et d'infini ; elle échappe à ces catégories. Je ne saurais trop conseiller à notre ami déterministe, vulgarisateur de la psychologie des masses, de lire un peu Cioran, ou Foucault, et beaucoup de littérature pour déverrouiller un peu sa vision psychorigide et hautaine des structures sociales, qui confine parfois à l'essentialisme le plus affligeant....
Déçu par cette chronique de Bohler, j'ai l'impression qu'elle passe à coté du phénomène de chauvinisme qui est, à mon avis, le ressort du suporter sportif. Il n'y a qu'à imaginer la diversité d'éducation, de culture, qui sépare les suporters "prolos" des suporters "en loge avec champagne et caviar" pour donner un contre exemple au raisonnement qui suppose une identification au sportif, sur un partage de valeurs communes etc...

Il y aurait eu sans doute mieux à dire sur la psychologie des politiques (qui ont un mandat du peuple pour faire quelque chose), qui savent qu'on va dans le mur avec cette "crise" de la dette, et qui concrètement ne mettent en place aucune des règles pour empêcher la répétition de ce phénomène...
j'ai mis ce message sur un autre fil par erreur, alors je le recopie ici.

Je commence à peine à regarder l'émission, et Sébastien Bohler dit un truc assez étrange. En substance : "ouais bon, un footballeur pas fichu connaître l'hymne national, à la limite on s'en fout un peu, mais qu'il ne reconnaisse pas le portrait du premier ministre, ça, ça tue : plus moyen de se sentir proche du footballeur."

Mais keskidit ? C'est quoi ce raisonnement ?
Qu'est le PORTRAIT du premier ministre pour un pays ? Rien. Absolument rien.
Qu'est l'hymne pour un pays ? Un symbole national.
Au nom de quoi le portrait serait plus fédérateur que l'hymne ? ? ?

Ça prouve quoi sa comparaison ?

Ah, bein, il s'explique.
Et avec un argument de choc : un "jeune" ( oui, le foot, c'est pour les "jeunes" d'après Bohler ...) peut avoir grandi sans qu'on lui apprenne la Marseillaise, par contre, tout le monde connaît la tête du 1er ministre. Voilà, c'est posé, ça ne se conteste pas.

La Marseillaise est au programme de l'école élémentaire, comme le drapeau tricolore, la devise, et la Marianne. La fonction du 1er ministre y est enseignée aussi. Par contre, la tronche des ministres, non, c'est pas au programme de l'école.

Cela dit, je me fous du foot, je ne connais pas la Marseillaise au-delà du couplet des enfants et je peux pas voir Ayrault.
Y'a une phot dans la présentation (je l'indique ici parce qu'elle est marrante et autoréférente).
Je n'ai reconnu aucun des trois joueurs de foot !

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