Capital (M6) se paie la fonction publique territoriale
Les agents territoriaux de la fonction publique sont-ils fainéants, ou simplement malades chroniques ? Dimanche soir, l'émission Capital (M6) partait débusquer les "avantages" et "primes" dont ils bénéficieraient. L'expert en chef ? L'essayiste libérale Agnès Verdier-Molinié, de la fondation iFRAP, à l'origine d'un classement annuel de l'absentéisme chez les fonctionnaires des grandes villes. Celle-ci dégainait à l'écran des chiffres attestant d'un "écart phénoménal" d'absentéisme entre agents titulaires et agents contractuels. Or, d'autres études indépendantes suggèrent que les inégalités d'absentéisme dépendraient du statut, précaire ou non, du salarié, plutôt que de son secteur, privé ou public.
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Derniers commentaires
- le jeu des "fondations" : une fondation est censée se consacrer "à la réalisation d’une œuvre d’intérêt général et à but non lucratif" (art. 18 loi 23 juillet 1987). L'IFRAP créée en 1985 est reconnue d'utilité publique en 2009 par décret de Fillon. Elle est en même temps inscrite comme "représentant d'intérêts" à l'Assemblée Nationale. Quels intérêts ? Quelle est son oeuvre d'intérêt général quand elle fait du lobbying pour un courant idéologique particulier ?
- il y a deux manières de voir l'absentéisme : en visant les travailleurs, disant que ce sont des feignasses abusant, ou en visant le social, en disant qu'ils font des boulots qui ne sont pas satisfaisant, qu'ils subissent. Dans le premier cas, on demandera "des efforts", ira dans le sens du travail forcé, dans le second cas, on parle de conditions de travail, de partage du temps de travail, de perspectives d'évolution, de burn-out etc., et on dit merci à ceux qui sont dans une activité de toute évidence pénible dès lors qu'ils tentent de la réduire quand ils ne sont pas soumis au chantage à la précarité, au chômage.
Tiens, scandalisons les "libéraux" (liberté du capital, subordination du salarié) : maintien des salaires et réduction du temps de travail d'autant que le différentiel d'heures d'absences entre CDD et CDI/fonctionnaires, ceux-ci définissant par leur pratique l'acceptable, le désirable. Et on embauche derrière si il faut plus d'heures, si il y a un déficit dans le service rendu.
Pareil pour Capital : quels annonceurs ont achetés le temps de cerveau disponible libéré par cette émission?
On interviewait notamment une femme de 45 ans qui bossait depuis qu'elle avait 18 ans (donc depuis 27 années) et qui, en tant que fonctionnaire dans je ne sais plus quelle mairie, percevait 1.500 euros net par mois et pouvait espérer une retraite de l'ordre de 1.300 euros.
Voilà les nantis, les privilégiés que dénoncent cette dingue d'Agnes "je ne sais plus comment"
"Regardez, ils essaient de s'enfuir! rattrapez les! Qu'on les pende tous! Euh... je veux dire: votez Macron!"
Prive vs public?
A vous lire, notamment a cause de la structure de l'article et de la maniere dont certains faits sont rapportes "en passant" dans votre texte, on a l impression que vous essayez de decredibiliser la personne. Plus que d'informer sur les vraies donnees.
Il y a comme une asymmetrie dans cet article, avec des phrases pour se couvrir de ne pas cacher les faits, tout en insistant plus sur les faits que vous voulez mettre en valeur.
Qui lui meme sous entend ne pas etre la pire des villes en realite!!!
Et que la contestation arrive en fin d'article ...
Vous detournez le debat public vs prive sur d'autres details
Un facteur de 2, meme apres correction reste un gros facteur!
C'est du delire cet article.
Vous ne servez pas plus la cause du journalisme qu'Agnès Verdier-Molinié et M6 avec un article comme cela.
Calmement.
Peut-être comprendrez-vous ce qui y est écrit.
Je vous aide : Ni Verdier-Molinié ni Capital ne précisent par ailleurs que ces écarts d'absentéisme entre titulaires et contractuels se retrouvent peu ou prou dans le privé, lorsqu'il s'agit de salariés en CDI ou en contrats précaires.
L'extrait que vous mentionnez compare le pourcentage de personnes qui ont eu au moins 1 jour d arret maladie dans le privé et dans le public. Chiffre en effet à peu pres similaire. Mais ce chiffre n'indique pas si la durée est plus longue ou courte dans le public ou le privé, au total.
Ce paragraphe pivot est utilisé pour emmener le debat sur un autre sujet. C'est volontairement trompeur.
Seule une table peut clarifier la chose, si le but est reellement d'informer.
Il y a probablement de ça en effet.
Et ça me laisse de marbre pour la personne en question, par contre je trouve dommage que l'équipe d'@si passe du temps là-dessus.
Pour autant, le but d'@si n'est pas " d'informer sur les vraies données" mais de critiquer la façon dont les autres médias présentent ces données.
Je ne pense pas qu'une équipe comme celle d'@si ait les moyens ( techniques, humains, les compétences) de faire une contre-enquête complète sur ce sujet-là.
Parce qu'il ne suffirait pas du tout, comme vous le suggérez de dresser un "tableau de comparaison ou les donnees seraient presentees de manière juste" parce cela serait faux.
Déjà, il faudrait au minimum procéder par profession pour comparer des conditions de travail comparables et où l'incidence de chaque type de maladie est comparable. C'est pas simple.
Il est évident qu'à maladie égale selon le métier qu'on exerce on peut ou non aller au travail. C'est valable pour le public comme pour le privé, mais du coup 1 jour n'est pas égal à 1 autre jour suivant les métiers.
Ensuite, il faudrait aussi se pencher sur l'état de santé des gens au moment de l'embauche, et regarder ce qui est fait par l'employeur en matière de prévention ( par exemple, dans l'éducation nationale : strictement RIEN, même pas la visite médicale annuelle, tous les profs pourront témoigner).
Une fois qu'on aura écarté ça, alors oui, il faut se poser au mois 3 questions :
- du rôle que joue la "sécurité" de l'emploi dans la décision d'un travailleur de ne pas se rendre au travail ( est-ce que TOUS les métiers de la fonction publique sont touchés de la même manière ? Rapport entre CDI et CDD...
- du rôle du type de management pratiqué dans les différents lieux de travail sur ces questions, parce que pour ce que je vois depuis 20 ans que je suis fonctionnaire d'état qui travaille au quotidien avec des fonctionnaires de la territoriale : les mêmes gens mais avec des chefs différents ont effectivement des comportements très différents. Et quand on est face à des supérieurs qui n'écoutent pas, n'entendent pas et jouent les petits tyrans... le nombre de congé maladie augmente significativement ! D'abord parce qu'ils font déprimer pas mal de monde, et d'autre part parce que personne ne peut avoir envie de prendre sur soi pour aller bosser avec un gros con qui ne saura montrer aucune forme de reconnaissance.
- du rôle des élus dans l'affaire, qui par clientélisme pistonnent des gens qui n'ont pas le profil voulu pour un poste, ce qui va déglinguer soit leurs collègues soit eux-mêmes ( et à tous les coups le service).
- ce qui est fait en terme de gestion de carrière. Dans certains services, à partir de 50 ans tout le monde est bancal.
Je viens de lire cet article, qui souligne trois points à mon avis intéressants :
- Partout, secteur public ou secteur privé, les femmes sont plus absentes que les hommes.
Mais dans le public, elles sont proportionnellement plus nombreuses : donc, si on compare des chiffres, il faut les moduler.
- Le sort réservé aux individus fragilisés ou vieillissants, qui gardent leur poste dans le secteur public mais le perdent dans le secteur privé ( alors c'est la sécu ou pôle emploi)
- Il existerait une corrélation forte entre l'ancienneté sur son poste et le nombre de jours d'absence : et là, la question de la gestion des carrière est centrale.
Bref, tout ça me conduit à résolument considérer qu'une comparaison "brute" ne nous apprendrait rien.
Une table n'a pas à etre simpliste. Il est possible de faire des scenarii, des notes, de moduler certains chiffres, de prendre en compte divers cas representatifs de la majeure partie des effectifs. Comment font les scientifiques (dont j admets faire partie)?
C'est ce type d'article - un peu fourbe - qui fait que les positions deviennent si extremes dans la société, des deux cotés...et qui - pour partie - nous empeche de progresser...
Du coup, effectivement, un article d'@si sur ce sujet ne peut que mal le traiter, et il aurait été plus logique de ne pas le faire.
Ou alors, de rester dans le strict champ de la critique média et insister davantage sur la construction de l'émission en question, en relevant par exemple le nombre d’infos diffusées dans l'émission sans être croisées.
C'est pour cette raison que dans mon tout premier message je disais regretter qu'@si perde du temps avec ça.
au lecteur d'apprendre à lâcher une "info" qui ne vaut pas tripette sans exiger illico qu'on lui en mette une autre à disposition "clé en mains", d'apprendre que non, on ne peut pas tout savoir sur tout, parce que le savoir se construit, c'est du boulot... et que oui, c'est déjà un grand pas que de cesser de croire/prétendre qu'on sait, de garder des questions plutôt que de mauvaises réponses.
Ce doit être contagieux, moi itou j'éprouve cette sorte de lassitude.
Post Scriptum (j'ose plus écrire PS) : Je crois bien que le dernier contrôle radio que j'ai subi dans le cadre de mon métier, c'était en 1977 et je suis sûr que la seule et unique visite médicale, c'était en 1975 lors de ma titularisation.
Je ne compte plus sur les politiques depuis plusieurs années, et maintenant je n'arrive plus à compter sur le journalisme ...
Si on doit tout faire soi-même, de la réorganisation de la vie collective à l'information, même les progrès technologiques qui nous font gagner du temps dans la circulation de l'information restent insuffisants.
Mais même un savoir un peu éclairant, donc construit, pensé, travaillé, et non pas bâclé à coups de je pioche trois chiffres et je fais un tableau, même ce savoir-là, dont je sais d'expérience qu'il peut procurer de grandes jouissances (à produire, et à utiliser), je constate qu'il n'est pas toujours le meilleur garant de bien vivre, ou bien faire, en tout cas pas le seul, que c'est bien aussi de faire avec son ignorance, ses tâtonnements, et que pour finir il vaut mieux parfois être insuffisant que suffisant (sachant, hélas, que l'un n'empêche pas l'autre).
bref, c'est moins l'ignorance ou les approximations des politiques ou des journalistes (ou des technocrates de tout poil) qui m'accable, que leur prétention et leur cuistrerie. J'en ai marre des mecs qui se la pètent, et si @si me procure, ça et là, quelques arguments pour leur rabattre le caquet, c'est toujours ça de pris. On vit dans une civilisation cul par dessus tête, si on arrive à voir où poser le pied, c'est déjà bien.
bon, je sens que je m'énerve encore. Mais ça fait un moment que ça me court sur le haricot, tous ces crétins qui font assaut de nombres et de graphiques, et se titillent le fact cheking à la troisième décimale près, en gueulant que les faits sont têtus.