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Céline, et le côté obscur de la force, d@ns le texte
La cause serait entendue: il y aurait un "bon" et un "mauvais" Céline.
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Derniers commentaires
Bonne émission, intéressante et nuancée, en particulier pour ceux qui, comme moi, n'ont jamais lu Céline et qui sont plutôt novices en la matière.
Juste un bémol à propos des références à STAR WARS, et au discours supposé du personnage de Yoda évoqué par Judith Bernard et André Derval : étant moi-même grand amateur et connaisseur des 2 trilogies, je certifie qu'à aucun moment Yoda ne fait référence à l'Ignorance comme cause principale du "coté obscur" de la Force (peur, colère, agression)...Même s'il est entendu qu'elle constitue souvent un villain défaut qui peut parfois mener au pire.
Messieurs-dames, il faut réviser vos classiques de la culture populaire !
Plus généralement, bravo pour le concept de D@ns le Texte et la qualité des émissions. Merci à Judith et à toute l'équipe d'@si.
Juste un bémol à propos des références à STAR WARS, et au discours supposé du personnage de Yoda évoqué par Judith Bernard et André Derval : étant moi-même grand amateur et connaisseur des 2 trilogies, je certifie qu'à aucun moment Yoda ne fait référence à l'Ignorance comme cause principale du "coté obscur" de la Force (peur, colère, agression)...Même s'il est entendu qu'elle constitue souvent un villain défaut qui peut parfois mener au pire.
Messieurs-dames, il faut réviser vos classiques de la culture populaire !
Plus généralement, bravo pour le concept de D@ns le Texte et la qualité des émissions. Merci à Judith et à toute l'équipe d'@si.
Je n'ai rien d'une littéraire mais n'en apprécie pas moins cette émission.
Pas de commentaire particulier sur les intervenants et propos. Juste un petit regret : j'aurais aimé que l'on "discute" des titres des livres et pamphlets de Céline...
Comment comprendre la juxtaposition des mots "bagatelles" et "massacre" . Ou encore "l'école des cadavres". Ces titres m'interpellent sans vraiment comprendre pourquoi. Si j'ignorai l'antisémitisme reconnu de Céline, j'imaginerais une dénonciation de la banalisation et la facilité de faire du mal à autrui.
Comme quoi, il ne faut pas s'arrêter aux titres:-)
Pas de commentaire particulier sur les intervenants et propos. Juste un petit regret : j'aurais aimé que l'on "discute" des titres des livres et pamphlets de Céline...
Comment comprendre la juxtaposition des mots "bagatelles" et "massacre" . Ou encore "l'école des cadavres". Ces titres m'interpellent sans vraiment comprendre pourquoi. Si j'ignorai l'antisémitisme reconnu de Céline, j'imaginerais une dénonciation de la banalisation et la facilité de faire du mal à autrui.
Comme quoi, il ne faut pas s'arrêter aux titres:-)
Je suis en train de lire 'les Beaux draps", et je constate étonnamment (aprés tout ce qui en est dit) qu'il n'y a pas énormément de passages sur les juifs, mais que le sujet est autre. Quoique cette perruche Science-potarde (Flak) et ce flic mou en disent, les pamphlets font parti de l'oeuvre Céline et sont bien écrits. Je me dis méme que le sommet de Céline est dans les pamphlets. Lisez-les, faites-vous votre propre avis. Méprisez ces anathème :"haine du juif! anti-démocratique! toxique! racisme!...". Bref, franchissez la ligne rouge.
Judith, vous me protégerez quand ils essayeront de me faire passer à droite. Merci.
Après avoir lu le voyage et guignols band, j' avais cru qu'il était misanthrope je n'ai trouvé d'égard dans ces écrits ni pour lui ni pour autrui
Dans le voyage, il a des mots extrêmement racistes envers les africains, une description assez terrifiante de la population des faubourgs
Dans guignol's band, c'est toute son humanité qu'il vomit
Alors antisémite ? ben forcément, les juifs sont des Hommes ...
Dans le voyage, il a des mots extrêmement racistes envers les africains, une description assez terrifiante de la population des faubourgs
Dans guignol's band, c'est toute son humanité qu'il vomit
Alors antisémite ? ben forcément, les juifs sont des Hommes ...
Judith Bernard qui donne des leçons à Fréderique Leichter-Flack me rappelle un peut Thierry Roland qui donne des leçons à Platini......
Bravo Edith,pour ce recadrage courtois mais ferme, mise en garde face aux aléas des lectures anticipatives, chercheuses de prémices. Effet boomerang, par ce genre de biais, la parole n'enrichit pas le savoir historique: en forçant le texte, elle s'autodisqualifie.
Reprocher à Céline de déborder de haine dans Voyage au bout de la nuit est vraiment un débat de professeur d'université confortablement installé dans son fauteuil. N'importe qui ressentirait une haine et un dégoût du pouvoir ou/et de l'humanité après avoir vécu la grande guerre.
Tout ce qui est né après la première guerre mondiale est excessif par réaction.
Evidemment les écrits antisémites sont indéniables par la suite et particulièrement horribles. Mais pourquoi ne pas évoquer l'évidence : la grande guerre a généré chez lui comme chez beaucoup un nihilisme, une misanthropie viscérale et toute son oeuvre est marquée par une nécessité maladive de recracher par des mots la violence subie initialement.
Tout ce qui est né après la première guerre mondiale est excessif par réaction.
Evidemment les écrits antisémites sont indéniables par la suite et particulièrement horribles. Mais pourquoi ne pas évoquer l'évidence : la grande guerre a généré chez lui comme chez beaucoup un nihilisme, une misanthropie viscérale et toute son oeuvre est marquée par une nécessité maladive de recracher par des mots la violence subie initialement.
Intéressant débat sur Céline, mais qui m'a laissé sur ma faim en ce qui concerne la réception critique, de « Bagatelles pour un massacre », l'auteur de l'essai s'effaçant beaucoup trop devant Judith Bernard et son autre invitée, Frédérique F.-L. (Une seule solution : acheter son livre.) Les prémisses du Céline de 1937 apparaissant entre les lignes dans « Voyage au bout de la nuit » ? Oui, sans doute. Mais ce qu'il faut savoir c'est que le premier ouvrage écrit par Céline, avant le « Voyage », si l'on excepte sa thèse de médecine sur Semmelweis, est « L'Eglise », sa seule pièce de théâtre, même si elle n'a été publiée qu'après. C'est une pièce très antisémite, et une critique violente du monde occidental et de la Société des Nations. Céline tente de la faire accepter par des directeurs de théâtre, mais elle est refusée partout. Considérant à juste titre que la charge antisémite nuit à la bonne réception de son œuvre, il la transforme en roman et s'autocensure. L'antisémitisme disparaît du roman, mais pas l'humour grinçant et, effectivement, le « mauvais esprit » qui fera le succès du « Voyage ». La pièce apparaît comme étant le scénario primitif du roman. Tout ceci est connu(ou devrait l'être)depuis longtemps. En 1932, le succès du « Voyage » transcende la division droite/gauche. L'un des plus vigoureux admirateurs de Céline est quand même Léon Daudet, de L'Action Française. Que serait-il devenu si « Mort à Crédit », son deuxième roman, avait remporté le succès critique du « Voyage » ? Aurait-il surmonté son antisémitisme ? Après « Mort à Crédit » s'ouvrent les années de la folie et de l'abjection qui commencent avec « Mea Culpa », pamphlet anticommuniste et antisémite, et la suite, « Bagatelles », « L'Ecole des cadavres », pour se terminer avec « Les Beaux draps ». Il retrouve la littérature avec Guignol's band. Céline était à la fois un génie de la langue et un parfait salaud. D'où le scandale…
Maxime Benoît-Jeannin (Bruxelles)
Maxime Benoît-Jeannin (Bruxelles)
Embarquement pour un voyage dans un débat qui secoue et donne le mal de mer, mais il fallait bien faire ce trajet-là.
Pour, comme certains commentateurs le font, dire d'où je parle, que ce soit clair : j'ai trouvé Voyage au Bout de la Nuit sans intérêt flagrant, mais comme bon nombre de "chefs-d'œuvre" me font cet effet, ça n'a rien d'exceptionnel.
Mais ce n'est peut-être pas par hasard si j'ai abandonné le livre à la fin du voyage en bateau, après le fameux discours.
S'il m'est arrivé dans ma vie personnelle d'être dans le genre de situation où, pour m'en sortir, j'ai dû me mettre dans la peau d'une personne en face, pour lui faire oublier ses idées belliqueuses, et pouvoir dire les bonnes paroles pour le rendre plus sympathique à mon endroit, je n'ai pas du tout apprécié le discours de Céline à ce moment-là. Il y a une façon de voir les choses qui finit par révulser. Et j'ai jugé que c'était suffisant dans la vilenie. Aucun intérêt.
D'ailleurs, je suis une fan de Bernanos qui a eu un destin assez proche de celui de Céline, et est aussi un génial écrivain, mais ne s'est pas laissé aller à des dérives politiques du même genre. Et ça se sent dans ses livres, même s'il est de droite.
Le résultat est donc que non seulement FLF m'a convaincue que dans Voyage au bout de la nuit, il y avait plus qu'en germe les livres les plus navrants de Céline, mais je l'ai carrément toujours pensé.
Pour moi, le fait de ne croire en rien, et donc de ne pas avoir de limites dans ses paroles et ses actes, ouvre la voie à tout, y compris et surtout au pire. Si toutes les sociétés se bâtissent une morale, même si c'est pour s'empresser de la bafouer, c'est bien qu'il y a une raison. Il existe des limites à ne jamais dépasser.
Quant à savoir s'il y a des guerres justes, même si le mot est un peu exagéré, je dirais plutôt des guerres inévitables, que ceux qui voudraient encore être dans l'empire nazi, puisqu'il devait durer mille ans, lèvent le doigt. Au hasard, Alex ? Oui ? Non ?
Magnifier la guerre est une ineptie, mais considérer que jamais l'usage de la violence, même en réponse à une autre violence, n'est possible, c'est absurde. Demandez donc aux activistes égyptiens pacifistes de la place Tahrir s'ils pourraient en être là s'ils n'avaient pas eux aussi balancé des pavés en réponse à ceux des anti-Moubarak....
Si par pacifisme, il fallait faire alliance avec les nazis, où cela aurait-il pu nous mener ?
Tout le raisonnement de Céline est dévoyé par ce refus de la vie en société et de ses règles, par peur.
Il y a tout de même quelque chose avec lequel je ne suis pas d'accord avec la gentille Frédérique, c'est sur la banalité du mal d'Hannah Arendt. Je trouve qu'au contraire, Céline est en plein dedans.
L'idée de HA développée dans Eichmann à Jérusalem, est non pas que le mal est banal dans la société nazie, ce qui est un autre débat qui fait l'objet de la trilogie des Origines du Totalitarisme, où elle l'analyse plutôt comme un effet de sidération, mais que des gens intelligents et informés, qu'on pouvait imaginer comme responsables, et au courant des enjeux et de la réalité terrible qu'elle allait engendrer, on accepté d'être des rouages dans la machine qui a provoqué l'assassinat de millions d'êtres humains dans des conditions atroces. Et je persiste à dire que Céline était proche de ce cas de figure, il était tout simplement en-dehors de tout sens moral élémentaire.
Je me suis interrogée pendant tout le débat si la raison pour Judith de contester la théorie de FLF était qu'elle-même avait lu le livre sans voir le problème, et que de ce fait, elle ne voulait pas admettre l'évidence, ou si c'était pour la nécessité du débat. Je suis encore dubitative.
Pour, comme certains commentateurs le font, dire d'où je parle, que ce soit clair : j'ai trouvé Voyage au Bout de la Nuit sans intérêt flagrant, mais comme bon nombre de "chefs-d'œuvre" me font cet effet, ça n'a rien d'exceptionnel.
Mais ce n'est peut-être pas par hasard si j'ai abandonné le livre à la fin du voyage en bateau, après le fameux discours.
S'il m'est arrivé dans ma vie personnelle d'être dans le genre de situation où, pour m'en sortir, j'ai dû me mettre dans la peau d'une personne en face, pour lui faire oublier ses idées belliqueuses, et pouvoir dire les bonnes paroles pour le rendre plus sympathique à mon endroit, je n'ai pas du tout apprécié le discours de Céline à ce moment-là. Il y a une façon de voir les choses qui finit par révulser. Et j'ai jugé que c'était suffisant dans la vilenie. Aucun intérêt.
D'ailleurs, je suis une fan de Bernanos qui a eu un destin assez proche de celui de Céline, et est aussi un génial écrivain, mais ne s'est pas laissé aller à des dérives politiques du même genre. Et ça se sent dans ses livres, même s'il est de droite.
Le résultat est donc que non seulement FLF m'a convaincue que dans Voyage au bout de la nuit, il y avait plus qu'en germe les livres les plus navrants de Céline, mais je l'ai carrément toujours pensé.
Pour moi, le fait de ne croire en rien, et donc de ne pas avoir de limites dans ses paroles et ses actes, ouvre la voie à tout, y compris et surtout au pire. Si toutes les sociétés se bâtissent une morale, même si c'est pour s'empresser de la bafouer, c'est bien qu'il y a une raison. Il existe des limites à ne jamais dépasser.
Quant à savoir s'il y a des guerres justes, même si le mot est un peu exagéré, je dirais plutôt des guerres inévitables, que ceux qui voudraient encore être dans l'empire nazi, puisqu'il devait durer mille ans, lèvent le doigt. Au hasard, Alex ? Oui ? Non ?
Magnifier la guerre est une ineptie, mais considérer que jamais l'usage de la violence, même en réponse à une autre violence, n'est possible, c'est absurde. Demandez donc aux activistes égyptiens pacifistes de la place Tahrir s'ils pourraient en être là s'ils n'avaient pas eux aussi balancé des pavés en réponse à ceux des anti-Moubarak....
Si par pacifisme, il fallait faire alliance avec les nazis, où cela aurait-il pu nous mener ?
Tout le raisonnement de Céline est dévoyé par ce refus de la vie en société et de ses règles, par peur.
Il y a tout de même quelque chose avec lequel je ne suis pas d'accord avec la gentille Frédérique, c'est sur la banalité du mal d'Hannah Arendt. Je trouve qu'au contraire, Céline est en plein dedans.
L'idée de HA développée dans Eichmann à Jérusalem, est non pas que le mal est banal dans la société nazie, ce qui est un autre débat qui fait l'objet de la trilogie des Origines du Totalitarisme, où elle l'analyse plutôt comme un effet de sidération, mais que des gens intelligents et informés, qu'on pouvait imaginer comme responsables, et au courant des enjeux et de la réalité terrible qu'elle allait engendrer, on accepté d'être des rouages dans la machine qui a provoqué l'assassinat de millions d'êtres humains dans des conditions atroces. Et je persiste à dire que Céline était proche de ce cas de figure, il était tout simplement en-dehors de tout sens moral élémentaire.
Je me suis interrogée pendant tout le débat si la raison pour Judith de contester la théorie de FLF était qu'elle-même avait lu le livre sans voir le problème, et que de ce fait, elle ne voulait pas admettre l'évidence, ou si c'était pour la nécessité du débat. Je suis encore dubitative.
La couverture du Voyage au bout de la nuit qui était montrée durant cette émission, très intéressante, est la reproduction d’une peinture de Gromaire qui reprend les acquis du cubisme mais à contre-courant et figure les soldats comme des obus.
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Bravo à Judith. Quant à Frédérique Leichter-Flack, elle ne m’a absolument pas convaincu.
Toujours passionnant .MD
Emission extrémement pénible arrêtée dès les premières minutes. Je préfère de manière générale les livres aux critiques et aux profs de littérature qui ne sont au mieux que leurs sangsues et au pire leurs censeurs ou leurs miroirs magiques servant à projeter leurs propres idées. La ça atteint vraiment des sommets. Chercher les prémices de l'antisémitisme dans "voyage au bout de la nuit" via la misanthropie et le mépris de la "république des lumières." Que dire alors des livres de Houellbecq ? Un futur nazi sommeille sans doute en lui, mettons le sous surveillance (ça aurait du être fait depuis son plus jeune age) et mettons des bandeaux d'avertissement sur ses romans. Il y en a marre de cette période de politiquement correct ou on nous alerte sur tout dès que ça sort de la mièvrerie ambiante. Nous sommes des humains et nos pensées ne sont pas toutes irréprochables et conformes à la morale. La littérature en fait foi et est un des seuls exutoires qui n'impose pas les bons sentiments. D'autre part un livre est un livre et je me fiche pas mal de savoir si son auteur est un chic type. Nous lecteurs, ne sommes nous pas capables de critique et à la distanciation ? Dans le cas contraire il va falloir faire le ménage jusque dans la bibliothèque rose...
D@ns le texte comme découvreurs de talents très bien mais pas comme inquisiteurs. Dans la même veine que l'interview de Pierre Péan par Daniel Schneidermann.
D@ns le texte comme découvreurs de talents très bien mais pas comme inquisiteurs. Dans la même veine que l'interview de Pierre Péan par Daniel Schneidermann.
Grande justesse du point de vue de frederique flack.
Avis discutable de Mme Bernard ( a propos , ce serait sympa qu'elle arrete de monologuer , des fois...)
Le Mr me parait tres en retrait et cet emission m'est apparus plus comme un desaccord tres profond entre mesdames.
Bravo a Mme Flack pour ça patiente et merci a Mme Bernard pour cette excellente emission(a propos , inciter plutot vos invites a
dire ce qu'ils pensent plûtot qu'a nous imposer votre lecture , assez partial )
Avis discutable de Mme Bernard ( a propos , ce serait sympa qu'elle arrete de monologuer , des fois...)
Le Mr me parait tres en retrait et cet emission m'est apparus plus comme un desaccord tres profond entre mesdames.
Bravo a Mme Flack pour ça patiente et merci a Mme Bernard pour cette excellente emission(a propos , inciter plutot vos invites a
dire ce qu'ils pensent plûtot qu'a nous imposer votre lecture , assez partial )
Chère Judith,
vous CRIEZ.
vous CRIEZ.
Je ne connaissais de Céline que son aura sulfureuse... Et puis avec un titre " voyage au bout de la nuit" il y a tellement des nuits... Chacun la sienne! Pas forcément une à partager avec d'autres, sinon est-ce vraiment la nuit?
Encore une fois vous m'avez passionné , je crois que je vais me plonger dans Céline ou plutôt dans son voyage !
j'ai regardé sur un site, la dernière interview de Céline. Il m'est apparu comme un être profondément vulnérable, écorché, pitoyable .
Quant 'à ses idées libertaires, je les ai rencontrées chez Brassens " Les deux oncles " "Mourir pour des idées" " La fille qui couchait avec le roi de Prusse " ou chez Ferré "Ils ont voté et puis après ..." ou encore "Il n'y a plus rien " et bien d'autres sans doute dont le nom m'échappe .. je crois que Ferré dit quelque part que "L'anarchie est une forme esthétique du désespoir".Céline m'a touché par ce côté profondément désespéré : la meilleure chose qu'il pouvait lui arriver c'était de mourir sans souffrir! je me reconnais dans cette humanité...même si dans mes rêves je me vois en Hugo "l'histoire d'un crime " ! Hugo homme de lumière et Céline homme de l'ombre le cercle est bouclé !
Ses pamphlets, comme vous les appelez, je préfère ne pas les connaître ... je n'aime la nuit que quand il y a promesse d'aube !
Encore une fois vous m'avez passionné , je crois que je vais me plonger dans Céline ou plutôt dans son voyage !
j'ai regardé sur un site, la dernière interview de Céline. Il m'est apparu comme un être profondément vulnérable, écorché, pitoyable .
Quant 'à ses idées libertaires, je les ai rencontrées chez Brassens " Les deux oncles " "Mourir pour des idées" " La fille qui couchait avec le roi de Prusse " ou chez Ferré "Ils ont voté et puis après ..." ou encore "Il n'y a plus rien " et bien d'autres sans doute dont le nom m'échappe .. je crois que Ferré dit quelque part que "L'anarchie est une forme esthétique du désespoir".Céline m'a touché par ce côté profondément désespéré : la meilleure chose qu'il pouvait lui arriver c'était de mourir sans souffrir! je me reconnais dans cette humanité...même si dans mes rêves je me vois en Hugo "l'histoire d'un crime " ! Hugo homme de lumière et Céline homme de l'ombre le cercle est bouclé !
Ses pamphlets, comme vous les appelez, je préfère ne pas les connaître ... je n'aime la nuit que quand il y a promesse d'aube !
J'avais vu l'émission Céline d'Apostrophe il y a 3 mois depuis le site de l'INA. Celle de @DansLeTexte me parait bien meilleure. Au bout de 20 minutes l'émission de Pivot s'était transformée en procès de Céline... Aujourd'hui on dirait que "2 trolls anti-Céline ont pourri le programme". Ceux-ci remettaient n'arrêtaient pas de rappeler les écrits antisémites et remettaient en cause les qualités littéraires de l'écrivain.
Si « Le voyage » est un chef-œuvre absolu, comme le dit Judith, comment qualifier « Mort à crédit » qui me semble un cran au-dessus ? (ceci dit j'ai bien aimé le voyage)
À ne pas rater : Mauvais Genre (émission de France Culture) spécial Céline le 19 février à 19h00.
Tout le programme de France Culture sur Céline (du 14 au 19 février) ici.
Frédérique Leichter-Flack est une formidable oratrice et décortiqueuse de texte. Ses échanges avec Judith étaient donc passionnant. Il serait sympa de la réinviter pour parler de « Le Château » de Kafka (un des 3 livres étudiés dans sa thèse).
Je ne souscris cependant pas à tout ce qu'elle a dit. Par exemple elle critique le refus absolu de la guerre de Ferdinand dans le voyage. Il est en effet critiquable, mais il faut le remettre dans le contexte : Ferdinand Bardamu est traumatisé par la 1ère guerre mondiale et par son accident qui le conduit à l'hôpital.
PS : une hypothèse perso : le côté obscur de la force est piqué à Asimov (c'est le pouvoir du Mulet dans le cycle de la Fondation, même s'il ne l'appelle pas comme cela)
Si « Le voyage » est un chef-œuvre absolu, comme le dit Judith, comment qualifier « Mort à crédit » qui me semble un cran au-dessus ? (ceci dit j'ai bien aimé le voyage)
À ne pas rater : Mauvais Genre (émission de France Culture) spécial Céline le 19 février à 19h00.
Tout le programme de France Culture sur Céline (du 14 au 19 février) ici.
Frédérique Leichter-Flack est une formidable oratrice et décortiqueuse de texte. Ses échanges avec Judith étaient donc passionnant. Il serait sympa de la réinviter pour parler de « Le Château » de Kafka (un des 3 livres étudiés dans sa thèse).
Je ne souscris cependant pas à tout ce qu'elle a dit. Par exemple elle critique le refus absolu de la guerre de Ferdinand dans le voyage. Il est en effet critiquable, mais il faut le remettre dans le contexte : Ferdinand Bardamu est traumatisé par la 1ère guerre mondiale et par son accident qui le conduit à l'hôpital.
PS : une hypothèse perso : le côté obscur de la force est piqué à Asimov (c'est le pouvoir du Mulet dans le cycle de la Fondation, même s'il ne l'appelle pas comme cela)
Ho Judith...
Ne le prenez surtout pas en mauvaise part, mais dans la déjà longue lignée des Dans le texte, c'est la seule et première fois que je me sens exclu et frustré... c'est la première fois où, justement, vous ne nous avez PAS fait entendre le texte. Le texte d'un critique, oui, mais jamais celui dont on parle ! Les dialogues d’exégètes que vous avez mené avec vos deux acolytes étaient impénétrables puisque, si j'excepte les quelques érudits qui auront vu l'émission dotés des outils pour comprendre de quoi il retournait, personne ne pouvait comprendre de quoi vous parliez... désolé... et je ne parle pas là du fait qu'ils ne sont plus accessibles (ou mal, ou peu... où à un grand prix) : je n'avais pas lu un livre sur les 10 dont vous avez parlé dans vos émissions... mais "dans le texte" nous y faisait entrer malgré tout afin d'en parler ensuite... les émissions étaient passionnantes... les seules émissions littéraires qui montraient, qui proposait à entendre ce qu'elle donnait à voir... (puisque nous sommes à la "télé")
Un suggestion : pourquoi ne pas faire appel au "multi-média" que représente le site en donnant accès, tout simplement, à un florilège d'extraits choisis APRES l'enregistrement de vos émissions, par des liens hyper-texte dans le corps de l'article qui la présente ? Je dis cela parce que, peut-être, vous rechigniiez à lire les extraits, sans doute parmi les moins dignes de Céline... mais justement, c'est de ces textes que vous parliez ! Sans une appréhension un peu précise de ce qu'ils sont, comment comprendre de quoi vous parlez ?
Tant pis... à la prochaine et gros bisou.
Ne le prenez surtout pas en mauvaise part, mais dans la déjà longue lignée des Dans le texte, c'est la seule et première fois que je me sens exclu et frustré... c'est la première fois où, justement, vous ne nous avez PAS fait entendre le texte. Le texte d'un critique, oui, mais jamais celui dont on parle ! Les dialogues d’exégètes que vous avez mené avec vos deux acolytes étaient impénétrables puisque, si j'excepte les quelques érudits qui auront vu l'émission dotés des outils pour comprendre de quoi il retournait, personne ne pouvait comprendre de quoi vous parliez... désolé... et je ne parle pas là du fait qu'ils ne sont plus accessibles (ou mal, ou peu... où à un grand prix) : je n'avais pas lu un livre sur les 10 dont vous avez parlé dans vos émissions... mais "dans le texte" nous y faisait entrer malgré tout afin d'en parler ensuite... les émissions étaient passionnantes... les seules émissions littéraires qui montraient, qui proposait à entendre ce qu'elle donnait à voir... (puisque nous sommes à la "télé")
Un suggestion : pourquoi ne pas faire appel au "multi-média" que représente le site en donnant accès, tout simplement, à un florilège d'extraits choisis APRES l'enregistrement de vos émissions, par des liens hyper-texte dans le corps de l'article qui la présente ? Je dis cela parce que, peut-être, vous rechigniiez à lire les extraits, sans doute parmi les moins dignes de Céline... mais justement, c'est de ces textes que vous parliez ! Sans une appréhension un peu précise de ce qu'ils sont, comment comprendre de quoi vous parlez ?
Tant pis... à la prochaine et gros bisou.
Cher Judith,
Merci beaucoup pour cette nouvelle belle émission. J'avoue ne pas être séduit par la thèse téléologique qui amène à chercher l'antisémitisme dans le Voyage, voire, pourquoi pas, dans l'enfance (!), de Céline. Serait-il décédé après Mort à crédit que ce débat n'existerait pas. La lecture rétrospective a ses limites. Je vous suis donc dans votre lecture et votre invitation à la lecture de Céline.
Bien à vous, dans l'attente de votre prochaine émission.
Merci beaucoup pour cette nouvelle belle émission. J'avoue ne pas être séduit par la thèse téléologique qui amène à chercher l'antisémitisme dans le Voyage, voire, pourquoi pas, dans l'enfance (!), de Céline. Serait-il décédé après Mort à crédit que ce débat n'existerait pas. La lecture rétrospective a ses limites. Je vous suis donc dans votre lecture et votre invitation à la lecture de Céline.
Bien à vous, dans l'attente de votre prochaine émission.
Etonnants parrallèles que ceux réalisés dans cette émission entre Céline et les oeuvres de Rowling et de Lucas...
Seulement voilà : autant celui avec Star Wars me semble intéressant, autant celui avec Harry Potter me semble plus délicat, en raison de l'approche bien différente des personnages et de la conception manichéenne de chacun des deux mondes.
Je m'explique : dans Star Wars, la Force est une puissance mystique qui confère des pouvoirs aux érudits qui la vénère et ce, quelles que soient leurs intentions. Ainsi, Anakin est le personnage qui peut pencher sans cesse d'un côté ou de l'autre de la balance car il est bien question d'équilibrer la force entre ses deux positions extrêmes : son côté obscur et son côté lumineux, toutes les nuances étant donc présentées comme possibles par le système (bien que très peu illustrées par les personnages mis en exergue dans la narration).
C'est tout le sens de la scène de l'Attaque des Clones dans laquelle Anakin, venant de retrouver sa mère morte, en proie à une terrible douleur passionnelle est orné du thème musical de l'Empire, présenté comme le point saillant où il bascule du côté obscur.
Dans Harry Potter ce choix est rapidement binaire et présenté comme quasiment inné...
J'en veux pour preuve l'une des scène finale de Harry Potter & l'Ordre du Phénix dans laquelle Harry, en proie à une douleur passionnelle fort similaire à celle d'Anakin Skywalker (la seule figure d'autorité paternelle encore vivante, représentée par Sirius Black, vient alors d'être tuée par Bellatrix Lestrange) cherche à se venger et à utiliser un sort classifié comme appartenant à la magie noire. Le sort est vite expédié dans le livre mais plus détaillé dans le film où Lord Voldemort précise à Harry qu'il lui faut vraiment vouloir faire le mal pour parfaire son sortilège, ce dont il se révèle incapable... par nature. Harry, mû par l'amour conséquent au sacrifice de sa mère est protégé du mal.
L'univers de Potter montre en réalité assez peu de personnages qui choisissent un camp ou un autre car bien souvent c'est leur constitution de départ qui définit d'emblée le camp dans lequel ils se situent, apparaissant de fait non comme des individus mais plus comme des caractères ou plutôt des symboles de différentes attitudes possibles assez peu définis par leurs actes. C'est plutôt de leur catégorisation que découlent leurs actions. Il en va ainsi pour le personnage de Severus Snape que seul Dumbledore est capable de catégoriser et dont les actions sont difficiles à décrypter tant que les personnages n'ont pas réussi à percer la catégorie à laquelle il appartient en réalité.
Le monde de Harry Potter peut, certes, nous rappeler notre monde dans les attitudes qu'il évoque et les symboles qu'il met en place pour parfaire ces attitudes mais il apparaît comme un monde rigide dans lequel les personnages n'ont aucun choix réel : bien que Dumbledore assène régulièrement que Harry a un choix à faire, le narrateur le dépeint comme assez rarement en proie au doute dans sa lutte contre Voldemort, tout au mieux apparaît-il mélancolique au regard de la condition de héros dans lequel il est placé par l'auteur dès le début de la saga.
Les choses sont fort différentes dans Star Wars dans lequel le manichéisme est un constituant mythique du monde (la Force qui va de son côté lumineux jusqu'à son côté obscur) au regard duquel chacun choisit de se positionner. Autour d'Anakin se joue donc le grand duel de l'apprentissage, véhiculé par Obi-Wan, opposé à la tentation, véhiculé par Palpatine et dont le pivot est la passion. C'est la non-maîtrise des passions d'Anakin qui le fera basculer, prouvant du même coup qu'il aurait pu en être autrement.
Fallait-il oser cette comparaison avec Céline ?
La condition postmoderne en art est ce moment où l'absurde atteint un point tel que tout se vaut, que tout est comparable puisque tout est vain, au regard de la fin des grands discours.
Ce débat de qualité a eu le grand mérite de voir se rejoindre son fond et sa forme !
Merci Judith de ce retour qui fut aussi agréable que son attente fut interminable et une excellente année à la saison 2011 de Dans le Texte !
Seulement voilà : autant celui avec Star Wars me semble intéressant, autant celui avec Harry Potter me semble plus délicat, en raison de l'approche bien différente des personnages et de la conception manichéenne de chacun des deux mondes.
Je m'explique : dans Star Wars, la Force est une puissance mystique qui confère des pouvoirs aux érudits qui la vénère et ce, quelles que soient leurs intentions. Ainsi, Anakin est le personnage qui peut pencher sans cesse d'un côté ou de l'autre de la balance car il est bien question d'équilibrer la force entre ses deux positions extrêmes : son côté obscur et son côté lumineux, toutes les nuances étant donc présentées comme possibles par le système (bien que très peu illustrées par les personnages mis en exergue dans la narration).
C'est tout le sens de la scène de l'Attaque des Clones dans laquelle Anakin, venant de retrouver sa mère morte, en proie à une terrible douleur passionnelle est orné du thème musical de l'Empire, présenté comme le point saillant où il bascule du côté obscur.
Dans Harry Potter ce choix est rapidement binaire et présenté comme quasiment inné...
J'en veux pour preuve l'une des scène finale de Harry Potter & l'Ordre du Phénix dans laquelle Harry, en proie à une douleur passionnelle fort similaire à celle d'Anakin Skywalker (la seule figure d'autorité paternelle encore vivante, représentée par Sirius Black, vient alors d'être tuée par Bellatrix Lestrange) cherche à se venger et à utiliser un sort classifié comme appartenant à la magie noire. Le sort est vite expédié dans le livre mais plus détaillé dans le film où Lord Voldemort précise à Harry qu'il lui faut vraiment vouloir faire le mal pour parfaire son sortilège, ce dont il se révèle incapable... par nature. Harry, mû par l'amour conséquent au sacrifice de sa mère est protégé du mal.
L'univers de Potter montre en réalité assez peu de personnages qui choisissent un camp ou un autre car bien souvent c'est leur constitution de départ qui définit d'emblée le camp dans lequel ils se situent, apparaissant de fait non comme des individus mais plus comme des caractères ou plutôt des symboles de différentes attitudes possibles assez peu définis par leurs actes. C'est plutôt de leur catégorisation que découlent leurs actions. Il en va ainsi pour le personnage de Severus Snape que seul Dumbledore est capable de catégoriser et dont les actions sont difficiles à décrypter tant que les personnages n'ont pas réussi à percer la catégorie à laquelle il appartient en réalité.
Le monde de Harry Potter peut, certes, nous rappeler notre monde dans les attitudes qu'il évoque et les symboles qu'il met en place pour parfaire ces attitudes mais il apparaît comme un monde rigide dans lequel les personnages n'ont aucun choix réel : bien que Dumbledore assène régulièrement que Harry a un choix à faire, le narrateur le dépeint comme assez rarement en proie au doute dans sa lutte contre Voldemort, tout au mieux apparaît-il mélancolique au regard de la condition de héros dans lequel il est placé par l'auteur dès le début de la saga.
Les choses sont fort différentes dans Star Wars dans lequel le manichéisme est un constituant mythique du monde (la Force qui va de son côté lumineux jusqu'à son côté obscur) au regard duquel chacun choisit de se positionner. Autour d'Anakin se joue donc le grand duel de l'apprentissage, véhiculé par Obi-Wan, opposé à la tentation, véhiculé par Palpatine et dont le pivot est la passion. C'est la non-maîtrise des passions d'Anakin qui le fera basculer, prouvant du même coup qu'il aurait pu en être autrement.
Fallait-il oser cette comparaison avec Céline ?
La condition postmoderne en art est ce moment où l'absurde atteint un point tel que tout se vaut, que tout est comparable puisque tout est vain, au regard de la fin des grands discours.
Ce débat de qualité a eu le grand mérite de voir se rejoindre son fond et sa forme !
Merci Judith de ce retour qui fut aussi agréable que son attente fut interminable et une excellente année à la saison 2011 de Dans le Texte !
C'est cool d'inviter des gens de la gauche qui penche à droite, ils arrivent toujours a sortir des âneries sur les marxistes.
C'est tout de même affligeant de pouvoir constater, pour un site prétendant défendre certaines valeurs, l'extrême et répétée confusion permanente sur le mot « antisémite ».
Auriez-vous peur d'utiliser le mot « anti-juif » ? Ou est-ce par simple paresse intellectuelle ?
Auriez-vous peur d'utiliser le mot « anti-juif » ? Ou est-ce par simple paresse intellectuelle ?
Si derrière un auteur et son œuvre, on trouvera toujours une blessure, quelles interprétations donner à la haine célinienne, et pas seulement dans les pamphlets (1) ?
D’aucuns s’interrogent sans fin, les raisons à la fois inavouables et inconscientes de cette haine semblant échapper à l’auteur lui-même qui, sur le fond, ne s’en excusera jamais : « J’ai eu le tort de l’ouvrir ; j’aurais mieux fait de rester à ma place. Mais aujourd’hui encore, je défis qui que ce soit de m’apporter la contradiction sur ce que j’ai pu écrire à cette époque ».
1- La haine célinienne est partout dans "Voyage au bout de la nuit".
________________________________
Qu'à cela ne tienne !
Rien ne remplace une biographie ! Celle de l’enfance ; sans oublier, en ce qui concerne notre auteur, la généalogie de la famille Destouches.
***
Fils de Fernand Destouches issu d'une famille de petits commerçants et d'enseignants, et de Marguerite Guillou, famille bretonne venue s'installer en région parisienne pour travailler comme artisan…
Le Père de Céline, homme lettré mais incapable d'épargner à sa famille la hantise du prochain terme à payer (hantise qui sera très longtemps aussi celle de Céline) était opposé aux études, gardant à l'esprit sa propre expérience : « Les études, c’est la misère assurée » disait-il à son fils.
Une mère dentellière, travailleuse indépendante qui vivra péniblement de son métier et de sa boutique…
Lourd de sens, Céline ajoutera : « On a toujours été travailleurs dans ma famille : travailleurs et bien cons ! » (c'est là le fils d'une mère artisan et d'un père déclassé qui s'exprime, et non un fils d'ouvrier ; distinction importante).
Certificat d’études en poche, un rien désœuvré, Céline joint l’armée très tôt, même si, en 1919, il reprend le chemin de l’école, passe son Bac - il a alors 26 ans -, avant d’embrasser la médecine, véritable vocation de Céline, et ce dès l’enfance ; il se dit « guérisseur dans l’âme ». Il étudiera la médecine dans les livres, seul, le soir, tout en travaillant le jour, même si jamais cette médecine ne lui permettra de joindre les deux bouts (… de payer son terme) : il fermera son cabinet de Courbevoie très vite après son ouverture – fait lourd de conséquences.
Céline conjurera ce qui n’est pour l’heure qu’une déconvenue, en se lançant dans l’écriture, et entreprendra un long, un très long Voyage (2)
Il poursuivra sa vocation de médecin auprès des pauvres – dans les dispensaires -, non pas par charité mais tout simplement pour la raison suivante : de par son appartenance sociale, et après l’échec de son installation à Courbevoie, Cécile ne pouvait en aucun cas prétendre à une meilleure situation et à une autre clientèle.
2 - Il se vantera d’avoir écrit son "Voyage au bout de la nuit"… avec pour seul souci : être à l’abri du besoin, assuré qu’il était du succès de son récit : « cet ouvrage, c’est du pain pour un siècle de littérature, le prix Goncourt assuré pour l’éditeur qui s’engagera ».
Céline avait vu juste : ce sera le succès, mais le prix Renaudot pour consolation.
***
Hormis son appartenance de classe (on y reviendra plus tard), sur un plan générationnel, Céline demeure un pur produit de la France de l’après boucherie de 14-18, avec le traumatisme de la trahison de l’espoir et les humiliés de Bernanos ; génération sacrifiée dont nul n’attendait le meilleur ; l’époque l’interdisait : elle n’en avait plus besoin (à ce sujet, difficile de ne pas penser au père de Céline). Aussi, ce meilleur dont l’époque ne savait que faire, cette génération l’a accumulé jusqu’à devenir une force. Et quand cette force s’est libérée, de quoi a-t-elle accouché ? De quelles actions vertueuses ? Ou bien, de quels desseins monstrueux pour avoir trop longtemps macéré dans la frustration, le ressentiment, l’impuissance, la retenue et le dépit ?
Ce meilleur-là a alors donné naissance au pire qui est souvent, en littérature, le meilleur.
Céline se dit athée et mystique ; craignant sans doute tout autant l’étiquette d’humaniste que celle d’anti-humaniste, il revendique le fait de ne pas s’intéresser aux hommes mais aux choses. Ecrivain et chroniqueur, pour Céline, écrire c’est mettre sa peau sur la table : la grande inspiratrice, c’est la mort ; à la fois risque et certitude que cette mort.
Craintif, très certainement dépourvu de courage physique (3), homme sans joie, chez Céline, le vulgaire, c’est l’homme qui fait la fête ; l’homme qui souffre est seul digne de considération ; et pour cette raison, rien n’est plus beau qu’une prison, puisque les hommes y souffrent comme nulle part ailleurs. Et son Voyage s'en fera largement l'écho... jusqu'au bout de la nuit...
Nuit noire... pour une littérature de l'échec : échec en tant que médecin (sa seule véritable vocation : on ne le rappellera jamais assez !) ; échec de la mère de l'auteur qui mourra épuisée et aveugle à l’ombre du ressentiment d’un mari déclassé...
Et si... avant de mettre le feu à la littérature, l’exercice de cette médecine qui ne le mettait nullement à l’abri du besoin a pu contribuer à son dégoût plus social qu’humain (Céline n'a pas toujours su faire un tel discernement) pour cette organisation de l'existence dans laquelle on ne fait décidément que l’expérience de l’échec…
Dans les années trente, nonobstant le succès littéraire de son Voyage (à la fois succès commercial et succès d’estime), Céline devra faire face à un nouvel échec : celui de son intégration sociale malgré sa tentative désespérée de rallier à lui les classes dominantes - ou pour faire court : toutes les forces qui combattront le Front Populaire -, à coups de pamphlets antisémites et plus encore, pendant l’occupation, en commettant l’erreur (4) de soutenir un régime et une idéologie par avance condamnés à l’échec.
Encore l'échec !
3 - Sa courte expérience de la guerre de 14-18 aurait-elle révélé chez Céline des manquements - tel que le courage ou la solidarité ?! -, qui ont très bien pu, et profondément, ternir l'image qu'il avait de lui-même ; manquements qu'il ne se serait jamais pardonné ; d'où un sentiment de culpabilité dont il lui a fallu, pour survivre... se libérer en imputant ces manquements (ceux-là et d'autres) à tout le genre humain ?
4 - Les ignorants plus que les imbéciles… osent tout ; c’est d’ailleurs à cela qu’on les reconnaît ; ce qui, par ailleurs, n’empêche nullement l’expression et l’épanouissement de leur talent, voire de leur génie.
A la décharge de l'auteur... on précisera : erreur due à l’absence de culture politique et historique au sein d’une classe dépourvue des outils conceptuels propres à la compréhension de l’organisation d'une société.
On pensera aussi au suicide social d'un Céline aveugle pour qui le peuple n'est qu'une masse sans forme et sans distinction "... dont le sadisme unanime procède avant tout d'un désir de néant profondément installé dans l'Homme... une sorte d'impatience amoureuse, à peu près irrésistible, unanime, pour la mort" ; et à ce sujet, il semble que Céline ait partagé ce désir et cette impatience.
Pour ce qui est de l'idée de décadence qu'il partageait avec Drieu la Rochelle, entre autres, ne l'a-t-il pas épousée comme personne cette décadence en soutenant un régime décadent par excellence : celui des Nazis ?!
Quant à ce monde dans lequel il n'y aurait rien à sauver, Zola dont Céline aurait très bien pu être le fils naturel - il en avait toutes les dispositions -, n'a-t-il pas su, dans le ruisseau de la condition humaine y chercher et y trouver de l'espoir et parfois même, du sublime ? Céline choisira « l’Assommoir » comme référence - titre qui convenait tout à fait à l’idée qu’il se faisait des pauvres en général, et des ouvriers en particulier -, omettant sans doute volontairement « Germinal » ; lui pour qui rien ne devait germer, jamais, de l’espèce humaine mais bien plutôt, pourrir.
Au sujet de Zola, se reporter au texte de Céline : Hommage à Zola - Médan octobre 1933
***
Céline n’a jamais vraiment quitté son milieu familiale ni sa classe : il n'a jamais cessé de "penser" comme elle ; il n’a jamais su s’en affranchir. L’aurait-il fait… nombreux sont ceux qui affirment qu’il nous aurait privés d’une œuvre incomparable.
Certes !
Mais... échec après échec, ne sommes-nous pas aussi tout ce que nos prédécesseurs et nos contemporains ont tenté d'accomplir ? Pays, Etats, régimes, nations, continents, cultures, individus, seuls ou bien en grappes indissociables, nous tous, n'héritons-nous pas de leurs échecs comme de leurs réussites ?
Et si, pour citer notre auteur, l'amour, c'est l'infini mis à la portée des caniches, Céline n’a jamais cessé d’être ce caniche et tous ses personnages avec lui ; personnages pour lesquels le calice de la réussite est passé loin, très loin d'eux ; calice qu’il ne leur a jamais été permis d'entrevoir, encore moins de saisir, eux tous pourtant à la tâche, jour après jour, indéfectibles, comme d’autres... au temple, zélés et fervents...
Choisissant alors de retourner toute la violence de son échec et celle d'un déterminisme social dont les parents de l'auteur furent les victimes muettes et résignées, non pas contre lui-même - ce qui nous aurait privés de son œuvre -, mais contre ses contemporains ; et les heureux élus auront pour noms : les plus faibles pour commencer - les pauvres qu’il a soignés sans profit ; puis les juifs – communauté incarnant l’excellence artistique, scientifique et philosophique ; et plus important encore : la réussite sociale ; et en médecine, cette communauté n’était pas non plus la dernière à s’imposer…
Violence donc… bientôt étendue à toute la société ; et pour finir : à tout le genre humain.
***
N’en déplaise à Nietzsche…
Et si le ressentiment à son paroxysme qu'est la haine était le sel de la terre, un moteur créatif sans rival et qui ne cessera jamais de nous surprendre ? Après Matthieu, Céline accouchant d’un évangile d’un nouvel ordre : un évangile vengeur... même privé d’une revanche digne de ce nom...
Car Céline est bien à l’humanisme ce que Sade (le marquis triste) est au romantisme : une fois déçus... parce qu'introuvables, amères, ils n’en sont et n'en demeurent pas moins, aujourd’hui encore, tous les deux, redoutablement les pourfendeurs impitoyables pour avoir été de ceux qui, à leur insu semble-t-il, auront longtemps poursuivi en vain une quête qui, nul doute, cache un besoin insatiable d'absolu dans une recherche effrénée de leur propre salut.
_______________
Serge ULESKI Littérature et écriture
D’aucuns s’interrogent sans fin, les raisons à la fois inavouables et inconscientes de cette haine semblant échapper à l’auteur lui-même qui, sur le fond, ne s’en excusera jamais : « J’ai eu le tort de l’ouvrir ; j’aurais mieux fait de rester à ma place. Mais aujourd’hui encore, je défis qui que ce soit de m’apporter la contradiction sur ce que j’ai pu écrire à cette époque ».
1- La haine célinienne est partout dans "Voyage au bout de la nuit".
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Qu'à cela ne tienne !
Rien ne remplace une biographie ! Celle de l’enfance ; sans oublier, en ce qui concerne notre auteur, la généalogie de la famille Destouches.
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Fils de Fernand Destouches issu d'une famille de petits commerçants et d'enseignants, et de Marguerite Guillou, famille bretonne venue s'installer en région parisienne pour travailler comme artisan…
Le Père de Céline, homme lettré mais incapable d'épargner à sa famille la hantise du prochain terme à payer (hantise qui sera très longtemps aussi celle de Céline) était opposé aux études, gardant à l'esprit sa propre expérience : « Les études, c’est la misère assurée » disait-il à son fils.
Une mère dentellière, travailleuse indépendante qui vivra péniblement de son métier et de sa boutique…
Lourd de sens, Céline ajoutera : « On a toujours été travailleurs dans ma famille : travailleurs et bien cons ! » (c'est là le fils d'une mère artisan et d'un père déclassé qui s'exprime, et non un fils d'ouvrier ; distinction importante).
Certificat d’études en poche, un rien désœuvré, Céline joint l’armée très tôt, même si, en 1919, il reprend le chemin de l’école, passe son Bac - il a alors 26 ans -, avant d’embrasser la médecine, véritable vocation de Céline, et ce dès l’enfance ; il se dit « guérisseur dans l’âme ». Il étudiera la médecine dans les livres, seul, le soir, tout en travaillant le jour, même si jamais cette médecine ne lui permettra de joindre les deux bouts (… de payer son terme) : il fermera son cabinet de Courbevoie très vite après son ouverture – fait lourd de conséquences.
Céline conjurera ce qui n’est pour l’heure qu’une déconvenue, en se lançant dans l’écriture, et entreprendra un long, un très long Voyage (2)
Il poursuivra sa vocation de médecin auprès des pauvres – dans les dispensaires -, non pas par charité mais tout simplement pour la raison suivante : de par son appartenance sociale, et après l’échec de son installation à Courbevoie, Cécile ne pouvait en aucun cas prétendre à une meilleure situation et à une autre clientèle.
2 - Il se vantera d’avoir écrit son "Voyage au bout de la nuit"… avec pour seul souci : être à l’abri du besoin, assuré qu’il était du succès de son récit : « cet ouvrage, c’est du pain pour un siècle de littérature, le prix Goncourt assuré pour l’éditeur qui s’engagera ».
Céline avait vu juste : ce sera le succès, mais le prix Renaudot pour consolation.
***
Hormis son appartenance de classe (on y reviendra plus tard), sur un plan générationnel, Céline demeure un pur produit de la France de l’après boucherie de 14-18, avec le traumatisme de la trahison de l’espoir et les humiliés de Bernanos ; génération sacrifiée dont nul n’attendait le meilleur ; l’époque l’interdisait : elle n’en avait plus besoin (à ce sujet, difficile de ne pas penser au père de Céline). Aussi, ce meilleur dont l’époque ne savait que faire, cette génération l’a accumulé jusqu’à devenir une force. Et quand cette force s’est libérée, de quoi a-t-elle accouché ? De quelles actions vertueuses ? Ou bien, de quels desseins monstrueux pour avoir trop longtemps macéré dans la frustration, le ressentiment, l’impuissance, la retenue et le dépit ?
Ce meilleur-là a alors donné naissance au pire qui est souvent, en littérature, le meilleur.
Céline se dit athée et mystique ; craignant sans doute tout autant l’étiquette d’humaniste que celle d’anti-humaniste, il revendique le fait de ne pas s’intéresser aux hommes mais aux choses. Ecrivain et chroniqueur, pour Céline, écrire c’est mettre sa peau sur la table : la grande inspiratrice, c’est la mort ; à la fois risque et certitude que cette mort.
Craintif, très certainement dépourvu de courage physique (3), homme sans joie, chez Céline, le vulgaire, c’est l’homme qui fait la fête ; l’homme qui souffre est seul digne de considération ; et pour cette raison, rien n’est plus beau qu’une prison, puisque les hommes y souffrent comme nulle part ailleurs. Et son Voyage s'en fera largement l'écho... jusqu'au bout de la nuit...
Nuit noire... pour une littérature de l'échec : échec en tant que médecin (sa seule véritable vocation : on ne le rappellera jamais assez !) ; échec de la mère de l'auteur qui mourra épuisée et aveugle à l’ombre du ressentiment d’un mari déclassé...
Et si... avant de mettre le feu à la littérature, l’exercice de cette médecine qui ne le mettait nullement à l’abri du besoin a pu contribuer à son dégoût plus social qu’humain (Céline n'a pas toujours su faire un tel discernement) pour cette organisation de l'existence dans laquelle on ne fait décidément que l’expérience de l’échec…
Dans les années trente, nonobstant le succès littéraire de son Voyage (à la fois succès commercial et succès d’estime), Céline devra faire face à un nouvel échec : celui de son intégration sociale malgré sa tentative désespérée de rallier à lui les classes dominantes - ou pour faire court : toutes les forces qui combattront le Front Populaire -, à coups de pamphlets antisémites et plus encore, pendant l’occupation, en commettant l’erreur (4) de soutenir un régime et une idéologie par avance condamnés à l’échec.
Encore l'échec !
3 - Sa courte expérience de la guerre de 14-18 aurait-elle révélé chez Céline des manquements - tel que le courage ou la solidarité ?! -, qui ont très bien pu, et profondément, ternir l'image qu'il avait de lui-même ; manquements qu'il ne se serait jamais pardonné ; d'où un sentiment de culpabilité dont il lui a fallu, pour survivre... se libérer en imputant ces manquements (ceux-là et d'autres) à tout le genre humain ?
4 - Les ignorants plus que les imbéciles… osent tout ; c’est d’ailleurs à cela qu’on les reconnaît ; ce qui, par ailleurs, n’empêche nullement l’expression et l’épanouissement de leur talent, voire de leur génie.
A la décharge de l'auteur... on précisera : erreur due à l’absence de culture politique et historique au sein d’une classe dépourvue des outils conceptuels propres à la compréhension de l’organisation d'une société.
On pensera aussi au suicide social d'un Céline aveugle pour qui le peuple n'est qu'une masse sans forme et sans distinction "... dont le sadisme unanime procède avant tout d'un désir de néant profondément installé dans l'Homme... une sorte d'impatience amoureuse, à peu près irrésistible, unanime, pour la mort" ; et à ce sujet, il semble que Céline ait partagé ce désir et cette impatience.
Pour ce qui est de l'idée de décadence qu'il partageait avec Drieu la Rochelle, entre autres, ne l'a-t-il pas épousée comme personne cette décadence en soutenant un régime décadent par excellence : celui des Nazis ?!
Quant à ce monde dans lequel il n'y aurait rien à sauver, Zola dont Céline aurait très bien pu être le fils naturel - il en avait toutes les dispositions -, n'a-t-il pas su, dans le ruisseau de la condition humaine y chercher et y trouver de l'espoir et parfois même, du sublime ? Céline choisira « l’Assommoir » comme référence - titre qui convenait tout à fait à l’idée qu’il se faisait des pauvres en général, et des ouvriers en particulier -, omettant sans doute volontairement « Germinal » ; lui pour qui rien ne devait germer, jamais, de l’espèce humaine mais bien plutôt, pourrir.
Au sujet de Zola, se reporter au texte de Céline : Hommage à Zola - Médan octobre 1933
***
Céline n’a jamais vraiment quitté son milieu familiale ni sa classe : il n'a jamais cessé de "penser" comme elle ; il n’a jamais su s’en affranchir. L’aurait-il fait… nombreux sont ceux qui affirment qu’il nous aurait privés d’une œuvre incomparable.
Certes !
Mais... échec après échec, ne sommes-nous pas aussi tout ce que nos prédécesseurs et nos contemporains ont tenté d'accomplir ? Pays, Etats, régimes, nations, continents, cultures, individus, seuls ou bien en grappes indissociables, nous tous, n'héritons-nous pas de leurs échecs comme de leurs réussites ?
Et si, pour citer notre auteur, l'amour, c'est l'infini mis à la portée des caniches, Céline n’a jamais cessé d’être ce caniche et tous ses personnages avec lui ; personnages pour lesquels le calice de la réussite est passé loin, très loin d'eux ; calice qu’il ne leur a jamais été permis d'entrevoir, encore moins de saisir, eux tous pourtant à la tâche, jour après jour, indéfectibles, comme d’autres... au temple, zélés et fervents...
Choisissant alors de retourner toute la violence de son échec et celle d'un déterminisme social dont les parents de l'auteur furent les victimes muettes et résignées, non pas contre lui-même - ce qui nous aurait privés de son œuvre -, mais contre ses contemporains ; et les heureux élus auront pour noms : les plus faibles pour commencer - les pauvres qu’il a soignés sans profit ; puis les juifs – communauté incarnant l’excellence artistique, scientifique et philosophique ; et plus important encore : la réussite sociale ; et en médecine, cette communauté n’était pas non plus la dernière à s’imposer…
Violence donc… bientôt étendue à toute la société ; et pour finir : à tout le genre humain.
***
N’en déplaise à Nietzsche…
Et si le ressentiment à son paroxysme qu'est la haine était le sel de la terre, un moteur créatif sans rival et qui ne cessera jamais de nous surprendre ? Après Matthieu, Céline accouchant d’un évangile d’un nouvel ordre : un évangile vengeur... même privé d’une revanche digne de ce nom...
Car Céline est bien à l’humanisme ce que Sade (le marquis triste) est au romantisme : une fois déçus... parce qu'introuvables, amères, ils n’en sont et n'en demeurent pas moins, aujourd’hui encore, tous les deux, redoutablement les pourfendeurs impitoyables pour avoir été de ceux qui, à leur insu semble-t-il, auront longtemps poursuivi en vain une quête qui, nul doute, cache un besoin insatiable d'absolu dans une recherche effrénée de leur propre salut.
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Serge ULESKI Littérature et écriture
Merci Serge Uleski, Très belle analyse qui me donne envie de renvoyer Mme Leichter-Flack à ses chères études. Elle confond pédagogie et paternalisme (ou maternalisme).
J'attend avec impatience son "Dictionnaire des Oeuvres Toxiques et de la Bonne Pensée", aux Editions du Conformiste Bien-Pensant, ça ferait une bonne tranche de rigolade (une lecture "remède" à utiliser comme laxatif, peut-être). Non franchement son approche est morbide et étriquée, c'est le point de vue du frileux qui a bien appris sa leçon, et qui devient donneur de leçons, qui de sa position de "bonne personne", nous explique les "bonnes pratiques" (tiens ça, c'est un concept que martèlent nos actuels décideurs de la nomenklatura...).
Je lui accorde tout juste le bénéfice de sa jeunesse péremptoire, mais son point de vue pseudo-pédagogique, déresponsabilisant et sans confiance dans la nécessité de chaque personne de construire sa propre conscience, est assez inquiétant, car appelant implicitement à une uniformisation des esprits.
Je précise que je ne suis pas un fan des oeuvres de Céline, j'ai du mal avec la violence, le ressentiment, la rancoeur, qu'il éructe, mais je reconnais pleinement son "travail" d'avoir mis noir sur blanc, dans toute leur puissance, leur noirceur, jusqu'à leur abjection, ces sentiments, ce vomissement de toute l'humanité : ce trou qu'il creuse est pratiquement unique, il est en effet sur le fil de l'abjection, et je n'ai surtout pas besoin d'un "prof" (qui ferait comme si ces tempêtes ne l'ont jamais atteint...) au dessus de mon épaule pour digérer en moi les échos de son auto-dissection humaine et artistique.
Céline se semble pas avoir trouvé la grâce qu'il appelait désespérément et paradoxalement, et il s'est apparemment jeté, de dépit, dans les bras de la haine, cet écueil qui fait si peur à l'invitée de l'émission, mais cette possibilité est à regarder en face (l'épée laser à la main si besoin), pas à enrober dans les circonvolutions moralisatrices de la pensée positive. Le face à face avec moi-même ne se fait pas avec un professeur.
L'oeuvre d'un artiste n'est pas là pour nous servir de modèle, l'artiste (ou même le penseur) qui se veut exemplaire tombe dans la mascarade : pour reprendre la référence à la "pensée des Lumières" qui semble une pensée unique dans la bouche de Mme Leichter-Flack, je trouve de ce point de vue l'oeuvre de Rousseau passionnante, a contrario celle de Voltaire passablement étriquée.
En fait ceux qui nous expliquent que "eux", ils savent et vont nous expliquer, je ressens plus de tristesse pour eux, qu'autre chose.
Enfin, ce que j'en dis, ce que j'en sais, je doute, m'interroge, parfois un peu de grâce me libère, une flamme vacille dans la nuit...
Merci Judith Bernard pour votre combativité, votre nécessaire équilibrisme entre positions tenaces et ouverture d'esprit. Vous permettez de beaux moments de rencontres intellectuelles et humaines.
Que la force soit avec vous...
PS : Bardamu, Harry Potter, Darth Vader et les bisounours sont dans le même bateau, Fredo et Sarko tombent à l'eau, qu'est-ce qui reste ?
J'attend avec impatience son "Dictionnaire des Oeuvres Toxiques et de la Bonne Pensée", aux Editions du Conformiste Bien-Pensant, ça ferait une bonne tranche de rigolade (une lecture "remède" à utiliser comme laxatif, peut-être). Non franchement son approche est morbide et étriquée, c'est le point de vue du frileux qui a bien appris sa leçon, et qui devient donneur de leçons, qui de sa position de "bonne personne", nous explique les "bonnes pratiques" (tiens ça, c'est un concept que martèlent nos actuels décideurs de la nomenklatura...).
Je lui accorde tout juste le bénéfice de sa jeunesse péremptoire, mais son point de vue pseudo-pédagogique, déresponsabilisant et sans confiance dans la nécessité de chaque personne de construire sa propre conscience, est assez inquiétant, car appelant implicitement à une uniformisation des esprits.
Je précise que je ne suis pas un fan des oeuvres de Céline, j'ai du mal avec la violence, le ressentiment, la rancoeur, qu'il éructe, mais je reconnais pleinement son "travail" d'avoir mis noir sur blanc, dans toute leur puissance, leur noirceur, jusqu'à leur abjection, ces sentiments, ce vomissement de toute l'humanité : ce trou qu'il creuse est pratiquement unique, il est en effet sur le fil de l'abjection, et je n'ai surtout pas besoin d'un "prof" (qui ferait comme si ces tempêtes ne l'ont jamais atteint...) au dessus de mon épaule pour digérer en moi les échos de son auto-dissection humaine et artistique.
Céline se semble pas avoir trouvé la grâce qu'il appelait désespérément et paradoxalement, et il s'est apparemment jeté, de dépit, dans les bras de la haine, cet écueil qui fait si peur à l'invitée de l'émission, mais cette possibilité est à regarder en face (l'épée laser à la main si besoin), pas à enrober dans les circonvolutions moralisatrices de la pensée positive. Le face à face avec moi-même ne se fait pas avec un professeur.
L'oeuvre d'un artiste n'est pas là pour nous servir de modèle, l'artiste (ou même le penseur) qui se veut exemplaire tombe dans la mascarade : pour reprendre la référence à la "pensée des Lumières" qui semble une pensée unique dans la bouche de Mme Leichter-Flack, je trouve de ce point de vue l'oeuvre de Rousseau passionnante, a contrario celle de Voltaire passablement étriquée.
En fait ceux qui nous expliquent que "eux", ils savent et vont nous expliquer, je ressens plus de tristesse pour eux, qu'autre chose.
Enfin, ce que j'en dis, ce que j'en sais, je doute, m'interroge, parfois un peu de grâce me libère, une flamme vacille dans la nuit...
Merci Judith Bernard pour votre combativité, votre nécessaire équilibrisme entre positions tenaces et ouverture d'esprit. Vous permettez de beaux moments de rencontres intellectuelles et humaines.
Que la force soit avec vous...
PS : Bardamu, Harry Potter, Darth Vader et les bisounours sont dans le même bateau, Fredo et Sarko tombent à l'eau, qu'est-ce qui reste ?
Merci, Serge Uleski, de nous rappeler l'importance extrême de la contextualisation dans l'étude d'une oeuvre, contextualisation qui ne se réduit pas seulement aux facteurs social "extérieur" et-ou Historique mais qui tiennent compte aussi du parcours singulier de l'auteur, de ses aspirations et de ses déceptions...
La maîtrise parfaite du style seule ne suffit pas à assoir la réussite d'une oeuvre mais visiblement elle y contribue grandement et elle peut peut parfois être "aveuglante" sur le fond du propos : cette émission est éclairante à ce sujet.
Cela dit, le "protectionnisme" de l'invitée est plus un cri de peur qu'une véritable information, information que vous nous avez donnée ci-dessus de façon magistrale
La maîtrise parfaite du style seule ne suffit pas à assoir la réussite d'une oeuvre mais visiblement elle y contribue grandement et elle peut peut parfois être "aveuglante" sur le fond du propos : cette émission est éclairante à ce sujet.
Cela dit, le "protectionnisme" de l'invitée est plus un cri de peur qu'une véritable information, information que vous nous avez donnée ci-dessus de façon magistrale
Merci aussi, Serge Uleski: vous nous avez présenté une lecture de l'oeuvre et une analyse du "cas Céline" qui, personnellement, me conduisent à envisager d'entreprendre quelque jour un nouvel effort pour m'intéresser à l'une comme à l'autre. Je m'en suis en effet jusqu'ici tenu éloigné par l'ennui - eh oui ! - éprouvé à un début de lecture de ses oeuvres les plus connues (Le Voyage et Mort à crédit) et par le dégoût anticipé de moi-même que je ressentirais à consentir à ne fût-ce qu'à avoir la moindre curiosité pour ses pamphlets. Ce double sentiment n'a pas été cependant sans être contrebalancé par la lecture, elle conduite jusqu'au bout, de sa thèse de médecine sur Semmelweiss. Votre commentaire fait plus qu'en renforcer considérablement l'effet.
Mais d'ou viennent donc cet intérêt, cette passion dévorante du petit monde @sinautique pour un écrivain antisémite qui l'est resté alors même qu'était révélée l'horreur de la Shoah ?
Son "talent" tant vanté par ses zélateurs est-il un viatique pour le Panthéon au mépris de la réalité de ses engagements qui auraient du le mettre définitivement au ban de notre patrimoine littéraire.
Vivement qu'on passe à autre chose.
On pourra respirer un air plus frais.
Son "talent" tant vanté par ses zélateurs est-il un viatique pour le Panthéon au mépris de la réalité de ses engagements qui auraient du le mettre définitivement au ban de notre patrimoine littéraire.
Vivement qu'on passe à autre chose.
On pourra respirer un air plus frais.
Posté ailleurs qu'ici, il y a environ deux semaines, sur le même sujet. Je n'en retire que le PS, qui était contextuel:
Relire Céline, mais à fond! Complètement et définitivement… jusqu’à l’os, jusqu’au sang et jusqu’à la merde! Le sang et la merde, Céline l’hémorroïde faite homme, le pus en guise de foutre, et l’aigreur de boutiquier en guise de haine. Et alors fini, basta, terminé, liquidé le Génie littéraire… aux chiottes la petite musique célinienne… les fameux trois petits points, qui ne disent que l’impuissance du bon docteur à finir ses phrases… à circonscrire sa pensée … à juguler ses vomissements. Point final.
Bon, sérieusement, proser à la manière de Céline, n’est finalement pas plus difficile que de poser à la manière de Houellebecq, non? Parce que, au fond (et sur la forme aussi d’ailleurs) la seule bonne question n’est pas de savoir si l’homme condamne l’œuvre ou si l’œuvre “rédempte” l’homme, mais bien de savoir si l’œuvre mérite d’être consacrée Œuvre. Or si l’on relit Céline, bien serein, tranquillou et décontrasté, mais tout Céline, les pamphlets ( Beaux draps et Bagatelles sont dispos sur le Net pas net en trois clics) la correspondance, mais aussi le Voyage et Mort à crédit, puis les Châteaux et Guignol’s band, voire Rigodon, alors l’évidence survient: ce que l’on pouvait prendre, adolescent, pour un formidable cri de révolte, le Voyage, n’est qu’un rôt acre et long d’un tout petit bonhomme teigneux et mal en vie, incapable d’être le littérateur qu’il se rêve (d’où son amertume de non-Goncourt) et, surtout, d’être l’homme qu’il se croit par moment. Et la fameuse misère de la condition humaine dont on dit souvent qu’il en en a été le plus grand dénonciateur, et bien cette misère humaine, n’est que sa propre misère, intellectuelle, qui ne lui permet pas de penser plus haut que son trou du cul, et sexuelle, aussi, plus branleur que branlé, au figuré comme au propre, puisqu’il est bien connu que non content d’être le fumier que l’on sait, il passera un bon moment de son temps à se pognoter en matant les petites danseuses de Lucette.
Mais il faudrait une thèse (une fou thèse, plutôt, d’ailleurs !) pour, enfin, dégonfler la baudruche, pour en finir avec les cuistres et les profs de gauche qui se gargarisent avec « l’amour c’est l’infini à la portée des caniches » (comme ils le font d’ailleurs avec « Longtemps je me suis couché de bonne heure ») et encensent le Génie (sans bouillir) de Céline. Et du coup le problème de l’Homme, de l’Œuvre et de ses Pompes pourrait enfin se résoudre élégamment, sans autodafé ni censure. Juste en tirant la chasse.
Relire Céline, mais à fond! Complètement et définitivement… jusqu’à l’os, jusqu’au sang et jusqu’à la merde! Le sang et la merde, Céline l’hémorroïde faite homme, le pus en guise de foutre, et l’aigreur de boutiquier en guise de haine. Et alors fini, basta, terminé, liquidé le Génie littéraire… aux chiottes la petite musique célinienne… les fameux trois petits points, qui ne disent que l’impuissance du bon docteur à finir ses phrases… à circonscrire sa pensée … à juguler ses vomissements. Point final.
Bon, sérieusement, proser à la manière de Céline, n’est finalement pas plus difficile que de poser à la manière de Houellebecq, non? Parce que, au fond (et sur la forme aussi d’ailleurs) la seule bonne question n’est pas de savoir si l’homme condamne l’œuvre ou si l’œuvre “rédempte” l’homme, mais bien de savoir si l’œuvre mérite d’être consacrée Œuvre. Or si l’on relit Céline, bien serein, tranquillou et décontrasté, mais tout Céline, les pamphlets ( Beaux draps et Bagatelles sont dispos sur le Net pas net en trois clics) la correspondance, mais aussi le Voyage et Mort à crédit, puis les Châteaux et Guignol’s band, voire Rigodon, alors l’évidence survient: ce que l’on pouvait prendre, adolescent, pour un formidable cri de révolte, le Voyage, n’est qu’un rôt acre et long d’un tout petit bonhomme teigneux et mal en vie, incapable d’être le littérateur qu’il se rêve (d’où son amertume de non-Goncourt) et, surtout, d’être l’homme qu’il se croit par moment. Et la fameuse misère de la condition humaine dont on dit souvent qu’il en en a été le plus grand dénonciateur, et bien cette misère humaine, n’est que sa propre misère, intellectuelle, qui ne lui permet pas de penser plus haut que son trou du cul, et sexuelle, aussi, plus branleur que branlé, au figuré comme au propre, puisqu’il est bien connu que non content d’être le fumier que l’on sait, il passera un bon moment de son temps à se pognoter en matant les petites danseuses de Lucette.
Mais il faudrait une thèse (une fou thèse, plutôt, d’ailleurs !) pour, enfin, dégonfler la baudruche, pour en finir avec les cuistres et les profs de gauche qui se gargarisent avec « l’amour c’est l’infini à la portée des caniches » (comme ils le font d’ailleurs avec « Longtemps je me suis couché de bonne heure ») et encensent le Génie (sans bouillir) de Céline. Et du coup le problème de l’Homme, de l’Œuvre et de ses Pompes pourrait enfin se résoudre élégamment, sans autodafé ni censure. Juste en tirant la chasse.
Emission où l’on apprend que l’on est en danger quand on lit le toxique « Voyage au bout de la nuit »!?! Dans un délire de bien pensance molle, Frédérique Leichter-Flack réécrit l’histoire, joue de l’anachronisme, cherche à disqualifier Céline dans l’essence même de son œuvre avec la nuance dune mère la morale sinistre qui, si elle en avait le pouvoir, censurerait l’homme sur lequel elle essaie aujourd’hui de se faire un nom. Le règne de la bêtise à trouvé sa tête de gondole de la semaine.
Aussi embarrassante que Judith et André Derval sont passionnant. Dommage…
Aussi embarrassante que Judith et André Derval sont passionnant. Dommage…
André Derval est un génie : on le voit regarder les coulisses d'un air pensif lors des premières digressions Star Wars / Harry Potter, on se dit qu'il se demande sûrement dans quoi il s'est embarqué, et paf, il nous cite du Yoda dans le texte. En ce jour faste, tous les geeks du monde durent essuyer une larme.
Mais oui, il est dommage qu'il ne se soit pas plus lancé.
A mon avis, c'est un de ses arguments qui est le plus abrasif : les pamphlets ne sont même pas de très bons textes et recopient pas mal de choses ailleurs. Il est vrai que dans la tendance à opposer le grand écrivain à ses idées, le styliste à son contenu, on a tendance à nimber les pamphlets d'une sorte d'aura sulfureuse "les chédoeuvres qu'on ne peut pas lire parce que le contenu est horrible". Cf cette maxime du blog The Adamantine, dans sa tentative de continuation du dictionnaire des Idées Reçues :
"Louis-Ferdinand Céline. — Trouver qu'objectivement le meilleur Céline est celui des pamphlets, pour montrer qu'on juge de ces choses froidement." http://theadamantine.free.fr/iderecu.html
Mais oui, il est dommage qu'il ne se soit pas plus lancé.
A mon avis, c'est un de ses arguments qui est le plus abrasif : les pamphlets ne sont même pas de très bons textes et recopient pas mal de choses ailleurs. Il est vrai que dans la tendance à opposer le grand écrivain à ses idées, le styliste à son contenu, on a tendance à nimber les pamphlets d'une sorte d'aura sulfureuse "les chédoeuvres qu'on ne peut pas lire parce que le contenu est horrible". Cf cette maxime du blog The Adamantine, dans sa tentative de continuation du dictionnaire des Idées Reçues :
"Louis-Ferdinand Céline. — Trouver qu'objectivement le meilleur Céline est celui des pamphlets, pour montrer qu'on juge de ces choses froidement." http://theadamantine.free.fr/iderecu.html
Le visionnage de l'émission approfondit le sillon dans mon esprit que la connaissance littéraire des Célines n'est utile qu' aux esprits qui n'affrontent pas réellement (par désertion ?) le côté obscur de la vie, en surjouant son propre rôle. Ses esprits ont besoin de s'éteindre (ou de se zombifier, why not ?), je trouve ça louche que cela ne vienne pas de sa propre expérience personnelle.
Libre à chacun de ne s'y frotter que par procuration, cela ne contribue-t'il pas à renforcer une bulle de vaccination illusoire ?
Libre à chacun de ne s'y frotter que par procuration, cela ne contribue-t'il pas à renforcer une bulle de vaccination illusoire ?
Je trouve que les deux invités de cette émission ont un peu trop parlé et qu'on n'a pas assez entendu Judith Bernard s'exprimer, ce qui est vraiment extrêmement dommage... A quand une émission sans invités?
Ou alors faudrait-il mesurer les temps de parole pour que l'intervieweuse ne soit pas lésée?
Bonne idée par ailleurs d'avoir évité de citer le livre et l'article de Mme Leichter-Flack en fin d'émission!
Ou alors faudrait-il mesurer les temps de parole pour que l'intervieweuse ne soit pas lésée?
Bonne idée par ailleurs d'avoir évité de citer le livre et l'article de Mme Leichter-Flack en fin d'émission!
Bravo pour cette émission passionnante.
Merci pour cette belle combativité, Judith ! J'ai trouvé les propos de F Leichter-Flack intéressants, mais je suis entièrement d'accord avec le commentaire de Yannick G ci-dessus : je trouve gênant qu'elle semble poser comme indiscutables certaines valeurs comme la démocratie, la guerre juste etc. C'est précisément l'impossibilité de remettre en question ces valeurs qui provoque à coup sûr leur rejet. Pour moi, loin d'être "toxiques", le cynisme absolu et l'expression d'une misanthropie radicale sont des antidotes nécessaires au politiquement correct, aux bons sentiments......... Oui, la véritable émancipation passe par une réflexion sur la possible mise au service de l'idée de ladite émancipation au service de l'aliénation. (euh.... cette phrase est affreuse.... mais.... c'est les idées qui comptent, pas le style, si j'ai bien suivi l'émission ! ;))
J'aurais aimé qu'André Derval développe un peu plus ce qu'il a commencé à dire sur la critique du sentimentalisme quand il était question des choux de bruxelles. D'ailleurs de façon plus générale, j'aurais aimé qu'il prenne davantage la parole.
Et je me dis qu'il aurait peut-être été également intéressant d'entendre quelques passages de Bagatelles, pour se confronter aussi à ça.
Mais merci encore. Ca donne envie de se replonger dans Voyage et Mort à Crédit !
Camarlette
Merci pour cette belle combativité, Judith ! J'ai trouvé les propos de F Leichter-Flack intéressants, mais je suis entièrement d'accord avec le commentaire de Yannick G ci-dessus : je trouve gênant qu'elle semble poser comme indiscutables certaines valeurs comme la démocratie, la guerre juste etc. C'est précisément l'impossibilité de remettre en question ces valeurs qui provoque à coup sûr leur rejet. Pour moi, loin d'être "toxiques", le cynisme absolu et l'expression d'une misanthropie radicale sont des antidotes nécessaires au politiquement correct, aux bons sentiments......... Oui, la véritable émancipation passe par une réflexion sur la possible mise au service de l'idée de ladite émancipation au service de l'aliénation. (euh.... cette phrase est affreuse.... mais.... c'est les idées qui comptent, pas le style, si j'ai bien suivi l'émission ! ;))
J'aurais aimé qu'André Derval développe un peu plus ce qu'il a commencé à dire sur la critique du sentimentalisme quand il était question des choux de bruxelles. D'ailleurs de façon plus générale, j'aurais aimé qu'il prenne davantage la parole.
Et je me dis qu'il aurait peut-être été également intéressant d'entendre quelques passages de Bagatelles, pour se confronter aussi à ça.
Mais merci encore. Ca donne envie de se replonger dans Voyage et Mort à Crédit !
Camarlette
ummmhhhhhhhhhhh, tres intéressé j'ai été.
Le timing du décryptage est parfait,
Le timing du décryptage est parfait,
Judith,
Voilà un petit moment que nous vous attendions.
Et puis ce soir vous nous revenez. Tranquillement. Comme ça. Comme en passant. Modestement avec .... Céline.
Alors comme on a lu 4 ou 5 fois le Voyage, que l'on a lu Bagatelle pour essayer de comprendre le géni et le mal, on regarde cette video …
Et après ?
Après on se dit que l'on va relire le Voyage. Que l’on regardera de nouveau cette émission.
J’ai été 10 fois content d’entendre que le Céline du Voyage était déjà au-delà de la ligne jaune et que ma culpabilité de cet amour pour ce texte trouvait là sa justification. J’ai été 10 fois surpris de n’avoir pas lu ce que vos brillants invités avaient vu dans les textes de Céline.
Alors on écrit quelques mots pour les poster sur le forum. Ou pas. Parce qu’après Céline. Après cette émission faite d’intelligence et de passion on n’a pas grand-chose à écrire.
Alors on dit merci. On dit aux @sinautes de regarder cette émission.
Judith revenez-nous vite.
Voilà un petit moment que nous vous attendions.
Et puis ce soir vous nous revenez. Tranquillement. Comme ça. Comme en passant. Modestement avec .... Céline.
Alors comme on a lu 4 ou 5 fois le Voyage, que l'on a lu Bagatelle pour essayer de comprendre le géni et le mal, on regarde cette video …
Et après ?
Après on se dit que l'on va relire le Voyage. Que l’on regardera de nouveau cette émission.
J’ai été 10 fois content d’entendre que le Céline du Voyage était déjà au-delà de la ligne jaune et que ma culpabilité de cet amour pour ce texte trouvait là sa justification. J’ai été 10 fois surpris de n’avoir pas lu ce que vos brillants invités avaient vu dans les textes de Céline.
Alors on écrit quelques mots pour les poster sur le forum. Ou pas. Parce qu’après Céline. Après cette émission faite d’intelligence et de passion on n’a pas grand-chose à écrire.
Alors on dit merci. On dit aux @sinautes de regarder cette émission.
Judith revenez-nous vite.
du documenté, de l'argumenté, et ça donne envie de lire, (le bouquin de Derval), et de relire.
en fouillant le web (la question du voyage en urss m'avait titillée pendant l'émission), de fil en aiguille je suis tombée là dessus :
http://www.scribd.com/doc/6806862/Hommage-a-Zola-Louis-Ferdinand-Celine
je trouve que ça va assez dans le sens du "de quel côté va-t-il basculer"...
en fouillant le web (la question du voyage en urss m'avait titillée pendant l'émission), de fil en aiguille je suis tombée là dessus :
http://www.scribd.com/doc/6806862/Hommage-a-Zola-Louis-Ferdinand-Celine
je trouve que ça va assez dans le sens du "de quel côté va-t-il basculer"...
Je crois que Voldemort est beaucoup plus fort que Dark Vador.
(Et c'est là l'essentiel.)
(Et c'est là l'essentiel.)
Frédérique Leichter-Flack veut empêcher les dérives liées à la lecture d'un texte contenant des idées "dangereuses", afin qu'il ne soit pris au pied de la lettre, sacralisé et ainsi recopié, pour servir de modèle à nos existences... mais c'est oublier que même les textes les plus sacrés, pour ne pas dire surtout, sont propices à toutes les dérives, l'histoire regorge de telles illustrations.
Plus que sur Céline, c'est donc sur les valeurs de cette enseignante-chercheuse que l'émission nous informe. La démocratie, l'engagement armé, la mort plutôt que la compromission (comme le révèle son analyse de la fuite de Bardamu du bateau), autant de valeurs qui ne sont pas indiscutables.
Comment va-t-elle avec un tel biais pouvoir exploiter "Crime et châtiment" de Dostoïevski ?
Après tout, il y est clairement soutenu qu'il n'est pas inutile de tuer sa logeuse, vieille et plus riche que soi, si c'est pour faire des études et rendre ainsi à la société ce que la vieille ne pouvait plus que lui prendre...
Si on applique le filtre de cette critique à cet autre classique, la dérive est possible aussi à partir de l'œuvre de l'auteur Russe, comme l'illustre d'ailleurs un roman indien, "Le Tigre blanc" d'Aravind Adiga dans lequel le personnage principal s'affranchit totalement de la morale religieuse du vieux russe en commettant un tel crime et en restant bien dans sa peau.
Faut-il donc qu'il (l'original et sa relecture) soit lu avec un accompagnateur, nécessairement paternaliste, au dessus de notre épaule ?
Si les œuvres de fiction sont souvent utiles pour illustrer des dilemmes moraux, et donc "utiles" aux enseignants, aux philosophes, aux moralistes, ce n'en sont pas pour autant des oeuvres qui se doivent d'être morales initialement.
N'inversons pas la préséance. La fiction n'est pas là pour donner l'exemple, a fortiori, le bon exemple.
C'est le problème du pédagogue que nous soulevons là, pas celui de l'écrivain.
Que "Voyage au bout de la nuit" ne soit pas un "bon" ouvrage pour exemplifier ce que doit-être l'humain, c'est fort possible, bien que cela soit discutable, mais il serait bon avant même de se poser cette question, de se souvenir que cela importe peu en dehors d'une salle de classe et que les livres ont une vie en dehors d'icelles, à moins, d'être paternaliste et d'en faire des manuels pour le "bon" peuple.
yG
Plus que sur Céline, c'est donc sur les valeurs de cette enseignante-chercheuse que l'émission nous informe. La démocratie, l'engagement armé, la mort plutôt que la compromission (comme le révèle son analyse de la fuite de Bardamu du bateau), autant de valeurs qui ne sont pas indiscutables.
Comment va-t-elle avec un tel biais pouvoir exploiter "Crime et châtiment" de Dostoïevski ?
Après tout, il y est clairement soutenu qu'il n'est pas inutile de tuer sa logeuse, vieille et plus riche que soi, si c'est pour faire des études et rendre ainsi à la société ce que la vieille ne pouvait plus que lui prendre...
Si on applique le filtre de cette critique à cet autre classique, la dérive est possible aussi à partir de l'œuvre de l'auteur Russe, comme l'illustre d'ailleurs un roman indien, "Le Tigre blanc" d'Aravind Adiga dans lequel le personnage principal s'affranchit totalement de la morale religieuse du vieux russe en commettant un tel crime et en restant bien dans sa peau.
Faut-il donc qu'il (l'original et sa relecture) soit lu avec un accompagnateur, nécessairement paternaliste, au dessus de notre épaule ?
Si les œuvres de fiction sont souvent utiles pour illustrer des dilemmes moraux, et donc "utiles" aux enseignants, aux philosophes, aux moralistes, ce n'en sont pas pour autant des oeuvres qui se doivent d'être morales initialement.
N'inversons pas la préséance. La fiction n'est pas là pour donner l'exemple, a fortiori, le bon exemple.
C'est le problème du pédagogue que nous soulevons là, pas celui de l'écrivain.
Que "Voyage au bout de la nuit" ne soit pas un "bon" ouvrage pour exemplifier ce que doit-être l'humain, c'est fort possible, bien que cela soit discutable, mais il serait bon avant même de se poser cette question, de se souvenir que cela importe peu en dehors d'une salle de classe et que les livres ont une vie en dehors d'icelles, à moins, d'être paternaliste et d'en faire des manuels pour le "bon" peuple.
yG
"C'est la thèse, à contre-courant, exposée par une jeune universitaire, Frédérique Leichter-Flack sur le site du Monde, dans un court texte qui nous a donné envie de l'approfondir, en pénétrant...d@ns le texte "
Le lien vers ce fameux texte est une page du Monde, mais réservée aux abonnés...
Le lien vers ce fameux texte est une page du Monde, mais réservée aux abonnés...
Pas persuadé que la longue (proportionnellement à la durée de l'émission) bisbille à propos de l'interprétation à faire du passage du roman de Céline dans lequel ce dernier décrit le moyen in-extremis par lequel il échappe à ses poursuivants en les baratinant puis en plongeant du bateau eut été indispensable.
Alors oui, Mme Leichter-Flack caricature probablement lorsqu'elle dit que les ados ne vont retenir de leur lecture que les aphorismes "no future", inscrits sur les murs des toilettes.,Il n'empêche, j'estime qu'elle a remporté le débat haut-la-main, si tant est qu'il est question de désigner un vainqueur. D'ailleurs, il semble que Judith soit un peu dépitée qu'André Derval ne soit pas davantage sorti de sa réserve pour s'ériger en arbitre.
A moins que ce soit lui le vrai vainqueur, du fait de son prodigieux numéro d'équilibriste d'essayiste critique, oscillant sans ostentation entre la fosse aux lions des pourfendeurs et celle des défenseurs de l'œuvre de Céline.
Alors oui, Mme Leichter-Flack caricature probablement lorsqu'elle dit que les ados ne vont retenir de leur lecture que les aphorismes "no future", inscrits sur les murs des toilettes.,Il n'empêche, j'estime qu'elle a remporté le débat haut-la-main, si tant est qu'il est question de désigner un vainqueur. D'ailleurs, il semble que Judith soit un peu dépitée qu'André Derval ne soit pas davantage sorti de sa réserve pour s'ériger en arbitre.
A moins que ce soit lui le vrai vainqueur, du fait de son prodigieux numéro d'équilibriste d'essayiste critique, oscillant sans ostentation entre la fosse aux lions des pourfendeurs et celle des défenseurs de l'œuvre de Céline.
Ca commence bien avec Céline manipulateur.... et oui la brave dame MCA commence des le début très fort... mais oui mon brave monsieur il y a des bonnes guerres qu'il faut mener.... je crains le pire
Bon ça fait rien , j'y retourne ...
Bon ça fait rien , j'y retourne ...
"Fondative" ?????? (vers la quarantième minute...) Néologisme assumé ou bien ?
Je n'ai pas encore vu l'émission (que je devine d'avance médiocrement à charge au vu du plateau) mais la simple présentation de celle-ci me laisse pensif :
[quote=Et si, dès le "Voyage", se dissimulait entre les lignes le futur monstre, vomissant le progrès, la démocratie, et se rangeant du côté des lyncheurs, plutôt que des lynchés ?]
Céline serait donc un monstre ? DS ne prends même pas soin de qualifier les idées de Céline "monstrueuses" non c'est l'homme dans sa nature même qui est monstrueux. Point barre.
Voyez donc, Céline vomissait le "progrès" et la "démocratie", c'est sans appel.
La pensée gauche dans toute sa splendeur ; il ne s'agit pas de prendre la plume pour avancer ou défendre des idées...simplement d'ériger comme principe que tout autre chose est illégitime et/ou monstrueux.
La prose célinienne est "toxique", gardez-vous bien de la lire mes braves agneaux...la bête immonde pourrait bien ne faire qu'une bouché de votre âme en cas contraire ; heureusement les valeureux sont là pour veiller.
Es lebe die Demokratie!
[quote=Et si, dès le "Voyage", se dissimulait entre les lignes le futur monstre, vomissant le progrès, la démocratie, et se rangeant du côté des lyncheurs, plutôt que des lynchés ?]
Céline serait donc un monstre ? DS ne prends même pas soin de qualifier les idées de Céline "monstrueuses" non c'est l'homme dans sa nature même qui est monstrueux. Point barre.
Voyez donc, Céline vomissait le "progrès" et la "démocratie", c'est sans appel.
La pensée gauche dans toute sa splendeur ; il ne s'agit pas de prendre la plume pour avancer ou défendre des idées...simplement d'ériger comme principe que tout autre chose est illégitime et/ou monstrueux.
La prose célinienne est "toxique", gardez-vous bien de la lire mes braves agneaux...la bête immonde pourrait bien ne faire qu'une bouché de votre âme en cas contraire ; heureusement les valeureux sont là pour veiller.
Es lebe die Demokratie!
Elle m'agace un peu Frédérique Leichter-Flack, contre-dites moi si je me trompe mais elle perçoit des signes avant-coureurs d'antisémitisme dans des propos plus globalement misanthropes (dans le voyage)...
On ne peut pas condamner un juif d'être antisémite, de même on ne peut pas condamner un homme pour misanthropie (parce que c'est ce qu'elle fait, "pensée toxique" "mise en garde de la jeunesse" etc..).
On ne peut pas condamner un juif d'être antisémite, de même on ne peut pas condamner un homme pour misanthropie (parce que c'est ce qu'elle fait, "pensée toxique" "mise en garde de la jeunesse" etc..).
Putain, pas de pub, merde ! J'ai jeté ma télé pour éviter ça, je vais jeter aussi mon abonnement si vous ne faites rien !
(Hors-sujet : Les bandeaux publicitaires qui s'affichent en bas de la vidéo pour le quizz de la Saint-Valentin, c'est bien chiant...)
HA bravo: après Marc Edouard Nabe, Céline!!!!! Mais que fait le CRIF? Et BHL?