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Chut ! Julien (16 ans) s'est suicidé dans une prison pour mineurs

Un jeune homme de 16 ans, Julien, s'est pendu lundi 4 février dans l'établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Meyzieu près de Lyon

Derniers commentaires

Une des chansons les plus subversives que j'ai jamais entendue, encore cruellement d'actualité malheureusement...
Je sais que je ne vais pas faire avancer le débat mais cette phrase de Renaud m'est revenue à l'esprit en lisant ce tragique sujet : "J'ai rien à gagner, rien à perdre même pas la vie"...
Elsa Marie, Catherine Thomas et Mona : MERCI,MERCI, MERCI.

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Je suis éducatrice à la Protection Judiciaire de la Jeunesse : service en charge au ministère de la justice de la prise en charge des mineurs délinquants.
Depuis 1945, la france a fait le choix de la primauté de l'éducation sur la répression : les bagnes pour enfnats ignoble, inhumains et totalement innéficaces, ont été abolis.
Je travaille depuis des années avec les mineurs incarcérés : ECOUTEZ NOUS !!!! L'enfermement des mineurs est la pire des réponses à la délinquances et on le dit depuis le début. ça ne fait que commencer : un enfant est mort dans ces nouveaux bagnes qui coutent une fortunes et qui "enferment" dans tous les sens du terme, nos enfants dans la violence, la folie (les problématiques psychiatriques sont légions) et le rejet de la société : ces momes manquent de tout et surtout d'amour et la seule solution que nos dirigeants entendent c'est plus de répression encore = moins d'amour et plus de violence le tout pour unprix humain et financier énorme.
Depuis des 10aines d'années, nous, professionnels, faisont des propositions, on connait le problème ; alors retrouvont nous, arrêtons d'assassiner notre jeunesse et mettons les moyens là où ils peuvent être utiles. Il faut réclamer la fermeture de ces EPM, nouveaux bagnes, échec annoncé de la politique tout répressif engagée aujourd'hui !!!

Soutien max aux familles en deuil, en crise, en larme, en souffrance, qu'on ignore, qu'on méprise et qu'il faut soutenir.
CATICLAIRE
ce sujet sur ce forum qui parle des difficultés rencontrées par la jeunesse me fait touche beaucoup .....
recemment entrée dans le monde des adultes, j'essaye de raison gardée et de ne pas vieillir trop vite avec des raisonnements rapides et faciles faute de temps .... et
d'habitudes vite prises (désolé pour les clichés, je pense à des personnes que je connais)

d'abord , j'ai remarqué depuis, allez une dizaine d'années , on ne parle plus de jeunes GENS , (donc sujet) mais des jeunes ... !!!???
qui quoi ?
c'est jeunes gens, d'aujourd'hui feront les adultes de demain , commençons par les respecter en les nommant, si tant est que rien ni personne ne s'adresse à eux directement.

transposer , parlez à des personnes agées, en disant les vieux à tout bout de champ ; y compris au 20 h ou je ne sais quoi ...... ça surprend ! et moi ça me revolte !

je pense que beaucoup de parents ont jété l'eponge ou sont dépassés éffectivement ..... certain d'entre eux, adopte un comportement parfois
plus immature encore que leur progéniture ...... aucune remise en question ... consommer et avoir semble etre le fin mot de l'histoire .....

de toute façon tant que notre économie fonctionnera avec le lobby de la chimie, et de l'armement, on avancera pas vite vers un monde plus humains .

je rêve d'entraide et de troc ..... , aidons les jeunes personnes en difficultés à mettre du sens dans leur vie, a devenir qui ils sont réellement. Nous avons beaucoup a apprendre les uns des autres...... debranchons nous ...!

en attendant, j'adore ce site ....@ merci continuez
Billet d'humeur :

Ce fait n'est pas isolé. Les acteurs du monde judiciaire, et notamment les éducateurs qui sont les personnes qui connaissent le mieux les mineurs peuvent crier et alerter les juges d'instruction (en cas de détention provisoire), il existe encore bon nombre de magistrats qui exercent leur fonction avec automatisme, sans considération des éléments de personnalité pourtant flagrants qu'on s'obstine à mettre sous leurs yeux (des rapports des psychiatres et personnels de la maison d'arrêt sur un état dépressif et suicidaire), en vain.

Un moyen pour ces magistrats d'échapper à la dure réalité de leur fonction? Une volonté d'être implacable, sans considération des éléments psychologiques d'un dossier ? La répression à tout prix voulu par le pouvoir en place et appliquée à la lettre ? Un aveuglement qui peut engendrer l'horreur... Heureusement dans l'hypothèse que je vise, à force d'alerter les autorités le gamin s'en est sorti, il a eu de la chance, Julien non. Il est inadmissible qu'un mineur avec de tels antécédents n'ait pas pu bénéficier d'un traitement adéquat. La répression n'est pas LA réponse à tous les problèmes, surtout en matière de délinquance des mineurs, la preuve.
On n'exploite que les faits divers qui nous permettent de donner une loi...

Combien de cas particuliers ont été brandis en exemples pour faire croire qu'il y avait urgence à légiférer dans un domaine?

Les chiens dangereux...
Les mini motos...
L'insécurité...
La pédophilie...
Les hopitaux psychiatriques...
Etc.

Et là, bizarrement, on oublie le fait divers... Bah oui, quand ça va à l'encontre de la politique menée, on l'oublie un peu... On va quand même pas s'inquiéter du sort d'immondes-coupables-qui-méritent-tous-la-peine-de-mort.

Pareil pour ce qui est de ces espèces de camps de concentration (rétention, pardon, faut dire RETENTION) où viennent s'entasser des sans papiers... Il y a là des milliers d'histoires à raconter, de quoi avoir l'aval de la population pour écrire des centaines de pages de lois diverses et pour emprisonner une population de responsables équivalente à celle de l'Islande! Mais non... On n'en parle pas : les faits divers, ce sont les mamies tuées par des voleurs bronzés, des bébés mangés par des chiens, des accidents de mini moto... Des trucs qui entrent bien dans le "trip" TOLERANCE ZERO ! REDUISONS L'INSECURITE!!!!!
insidieusement on supprime les non-consommateurs
Rachida ou le tout en force...

Qui mets - on en prison à 16 ans ? D'abord des Ados fragilisés ... par le fait d'être ados et de ne pas être de Neuilly, bien sûr...
C'est un "petit voyou" qui a commis plusieurs petits actes que l'on a fini par mettre en prison...

"Le garçon entame un parcours de petit voyou. Vole un scooter un jour, casse une vitre le lendemain pour piquer un CD, dérobe du linge dans un jardin. Le juge l’envoie chez un psychiatre, mais Julien ne parle pas. «Plus personne n’avait de prise, dit le père. Il faisait n’importe quoi pour se faire remarquer. Je savais que c’était des appels au secours, mais comment l’aider?»

De surcroit, plusieurs tentatives de suicide en prison montrent sa fragilité et, vu son âge, l'impossible adaptation à cet environnement qui n'est pas adapté, ni à son cas, ni à sa jeunesse...

On a légalement et délibérément choisi non seulement de lui voler sa jeunesse, mais aussi la vie ...
pour rembourser à l'état une vitre, un CD et scooter ????

Merci Rachida de nous rendre justice, avec toi on marche sur du velours de chez Dior !
Je pense que cela n'a pas de rapport avec le silence des médias sur ce suicide, mais il faut savoir qu'il est théoriquement interdit d'évoquer le sujet. La loi sur la presse est très claire : les médias n'ont pas le droit d'évoquer le suicide des jeunes. C'est l'article 39 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse qui le dit. Et il est toujours valable en droit français. Il précise :

"Est interdite la publication par le livre, la presse, la radiophonie, le cinématographe ou de quelque manière que ce soit, de tout texte ou de toute illustration concernant le suicide de mineurs de dix-huit ans.

Les infractions aux dispositions du premier alinéa seront punies de 40000 F d'amende; en cas de récidive, un emprisonnement de deux ans pourra être prononcé.

Toutefois, il n'y aura pas de délit lorsque la publication aura été faite sur la demande ou avec l'autorisation écrite du procureur de la République."

La loi complète (avec les dernières révisions de 1992) est ici : http://www.mediasinfos.com/Lois/loi29071881.htm
Tout d'abord, je tiens à préciser que je suis à l'étranger depuis bientôt 6 mois, et que je ne m'informe sur la France qu'à travers @si et rue89.
Je tiens également à dire qu'avant celà, je ne suivais que vaguement les informations en lesquelles je n'avait pas confiance.

Enfin, j'aimerais soulever deux questions:

-qui est la personne interviewée dans le premier extrait? Un gardien? Un psychologue?
Je pense que ce détail est important. Cette personne dit-elle la vérité en disant que Julien a eu une journée parfaitement normale le jour de son suicide, ou se fie-telle aux informations qu'on lui a données?

-combien de détenus se trouvèrent dans la prison le jour où Julien s'est suicidé? Dans le deuxième extrait, le présentateur indique 60 détenus. Ce maximum a-t-il été respecté? Le surpeuplement a-t-il poussé la prison à mettre plus d'un détenu par cellule si ce n'était pas déjà au programme? Et si oui, quelles sont les chances que Julien ait été placé avec un mineur vraiment malsain?

Ce que j'essaie d'illustrer, c'est que la nouvelle n'a pas fait un tabac aux infos, très bien, mais en plus on n'apprend rien sur les causes du suicide. Est-il dû à une instabilité psychologique du détenu mineur, à de mauvaises conditions de la prison, où à des facteurs extérieurs? On n'en sait rien.
Et je trouve celà dommage, car d'un côté le système de prisons pour mineurs est inefficace, la preuve, et on ne le crie pas sur tout les toits. De l'autre il est efficace, mais il n'y a rien pour dégager sa responsabilité dans la part du suicide de Julien.



Personellement, je pense que si la France connait un problème de mineurs délinquants, c'est parce qu'il y'a trop de parents qui refusent ou n'arrivent pas à responsabiliser leurs enfants, et que le gouvernement gagnera plus à laisser les parents passer du temps avec leurs gamins à la sortie du boulot plutôt que de les coller devant msn ou playstation quand ils ne sont pas là, mieux vaut ça que les mettre dans des centres lorsque ça devient critique (ils se sentiront encore plus isolés etc).

Après, peut-être que dans certains cas extrêmes, il faut les interner, et peut-être que les asiles pour les cas extrêmes (enfants autistes etc) ne suffisent pas.

Je ne sais pas, je ne suis pas pédopsychiatre et je n'ai jamais eu d'enfants. Mais ce n'est pas avec ces bribes d'information télévisées que je peux me faire une opinion.
Et je trouve aussi celà dommage, car si on ne peut pas se faire d'opinion avec les infos, alors on les fait avec quoi? (mais bon, si vous êtes abonné(e), vous vous disiez peut-être la même chose).

Et finalement, je suis conscient qu'on parle du suicide d'un mineur qui soulève des tabous et des questions morales par chez nous, et je présente mes excuses à toutes personnes que j'ai offensées en soulevant ces questions.
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Condoléances aux proches, de la part des @sinautes.
@saheyus
"faire la guerre aux bandes de jeunes" , "dépénaliser la délinquence fiscale", si c'est pas de la philosophie, ça ....
Il est particulièrement délicat de réagir sur une telle affaire, mais les êtres humains c'est fragile et les enfants encore plus! Traquer les comportements associaux sans vouloir comprendre l'humain c'est fabriquer de la violence institutionnelle....et broyer des ETRES HUMAINS!
Je tenais juste à préciser qu'une des éditions du quotidien régional Sud-Ouest a consacré une double page à ce sujet la semaine dernière. C'était juste comme ça pour l'indiquer ...
C'est un sujet qui me touche "au coeur".
Educatrice depuis 40 ans maintenant en retraîte je connais bien tout cela. Ce qui est monstrueux c'est qu'"on" dit qu'on ne sait pas, qu'il n'y a pas d'explication... Aujourd'hui on massacre et on met "hors d'état de nuire" à l'état, des professionnels en capacité de "révéler" des réponses.
ça me fait mal !
Madeleine

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Non aux prisons.
Même pour les journaleux qui avec beaucoup de naturel décident de ce qui sera déversé dans mes esgourdes.
Contrairement à ce que peut laisser croire l'article, le suicide en prison est tabou depuis toujours, et si les média sont peut-être encore plus "prudents" ces derniers temps, on rechigne à communiquer franchement sur le sujet depuis bien avant Sarkozy.
Evidemment, la mémoire sélective des média est vomitive, mais bon... Si c'est un triste évènement, on peut craindre que ça ne se répète prochainement. Et il ne faut pas oublier que dans toutes les prisons de France, c'est un évènement presque courant. D'ailleurs, quelques informations sur le suicide en prison, ça ne fait jamais de mal:

"Le suicide en prison en chiffres
- 3 tentatives de suicide par jour.
- 3 décisions de grève de la faim par jour.
- 1 suicide tous les 3 jours.
- Les personnes incarcérées se suicident 7 fois plus que les personnes libres.
- Il y a 10 fois plus d’auto-agression en prison qu’en milieu libre.
- Les suicides ont augmenté en 20 ans, passant de 39 en 1980 à 104 en 2001.
- Plus de 90% des suicides ont lieu par pendaison.

Profil du suicide en prison
- Les cols-blancs se suicident davantage que les cols-bleus, qui se suicident eux-mêmes davantage que les personnes sans emploi.
- Les personnes vivant en couple et/ou ayant des enfants se suicident davantage en prison, à l’inverse de ce qui se passe à l’extérieur.
- Le suicide est plus répandu chez les détenus de plus de 40 ans de nationalité française.
- On constate un fort taux de suicides chez les retraités, les illettrés et les personnes qui sont allées à l’université.

Conditions de suicide en prison
- La moitié des suicides a lieu la nuit.
- Le samedi est le jour où se produit le plus grand nombre de suicides.
- 60% des personnes incarcérées qui se suicident sont en attente de jugement.
- 1/3 des suicides ont lieu dans le premier mois de la détention.
- 90% des suicides ont lieu en maison d’arrêt.
- De nombreux suicides se produisent lors de transferts et de séjours au quartier disciplinaire."

Sources : Rapport sur les suicides de détenus (1998-1999), Direction de l’administration pénitentiaire, et l’étude de Nicolas Bourguoin : Le suicide en prison, logiques sociales, L’Harmattan, 1994

Je trouve cela très instructif personnellement... je vous laisse en tirer vos propres conclusions.
Très instructif.

Je croiserai ça avec un rappel (c'est pas une info parce que je fais ça de mémoire, disons que c'est une piste) : je fais partie de la jeune génération, de ceux qui sont censés considérer la tektonik comme un truc branché et Anne Roumanoff comme une artiste engagée... Bon c'est juste pour vous situer un peu. A l'époque presque lointaine où je hantais les établissements secondaires, l'éducation nationale a jugé utile se nous rappeler que nous sommes nous aussi, les jeunes, des statistiques, en nous rabachant que le suicide était la première cause de mortalité chez nous, devant les accidents de scooter et Marc Dutrou (en voici d'autres qui ont disparu des médias, tout comme le suicide).

J'ai même une anecdote ridicule, car il fut un temps où j'ai été élu délégué de classe par mes camarades à cause de mon aptitude à faire des monologues argumenants devant les professeurs en cas d'injustice scolaire douce (vous vous doutez bien que quand ça devenait sérieux on avait tôt fait de juger mes arguments factices pour cause de mon jeune âge qui ne pouvait pas comprendre). Or donc à cette époque merveilleuse d'engagement pour la "communauté d'élèves de seconde" dont je faisais joyeusement partie, il m'a été proposé de participer à une formation de plusieurs jours pour apprendre à aider mes petits camarades à ne pas déprimer seuls dans la cour de récré et par conséquent ne pas se suicider inopinément sans même prendre le temps de dire au revoir ou même de demander de l'aide à des adultes (quelle impolitesse, c'est à se demander ce qu'on leur enseigne à l'école!).

Je garde de cette formation, outre une série de "jeux" très utiles pour apprendre les noms dans un groupe de gens que vous connaissez à peine, un fort sentiment de ridicule. En 4 ou 5 jours, des élèves de 15 ans ayant tous leurs propres problèmes dans leur vie courante devaient apprendre ce que j'appellerai pudiquement les "gestes simples pour empêcher nos amis de succomber à un monde qui se fiche éperdument de nos problèmes". Comment un gosse, un ado pourrait-il à lui tout seul porter sur ses épaules le poids du chagrin d'un "ami" du même âge (c'est surestimer la sociabilité adolescente que de croire qu'un seul elève est l'ami de tous les autres) face à un monde que ni l'un ni l'autre ne comprennent ni n'acceptent? C'est pas un peu trop demander? J'essaie aujourd'hui encore de bien voir la logique : laissons ce travail aux jeunes, nous sommes dépassés de toute manière, nous n'avons pas assez de moyens et puis au moins, eux, ils se comprennent...

Croisons ça avec la prison, la répression des mineurs classés "délinquants", ça doit nous surprendre de voir des suicides en prison? Un adulte a déjà du mal à encaisser, alors que faut-il penser pour un ado qui n'a même pas eu le temps de vivre quelque chose avant qu'on l'y enferme? C'est déjà dur d'apprendre à grandir intelligemment et à s'intégrer dans une société de masse, de consommation et de médias, alors la prison à cet âge-là, il doit bien y avoir de quoi songer au suicide...

Voilà, je suis navré de ce billet d'humeur, en général je m'abstiens, mais le sujet me rappelle trop de mauvais souvenirs.

"La jeunesse, toutes les jeunesses sont le temps kafkaïen où la larve humiliée, couchée sur le dos, n'a pas plus de raisons de ramener sa fraise que de chances de se remettre toute seule sur ses pattes. L'humanité est un cafard, la jeunesse est son ver blanc." Pierre Desproges
Heureuse de te retrouver ici, Damien, tu nous manque mais en même temps j'imagine que tu es très occupé, et de lire @si te prend beaucoup de temps. Tes messages de la fin du site provisoire m'avaient beaucoup touchée, celui d'aujourd'hui encore davantage.

Ce que tu veux dire, c'est que les ados ont besoin de l'empathie des adultes. Je suis entièrement d'accord avec toi. J'avais vécu une expérience difficile vers l'âge de 15 ans, une de mes amies, voulait mourir après une exclusion de 3 jours des cours, exclusion qui était totalement injuste. A la fin des cours, ce jour là, elle allait tellement mal que je ne lui ai pas lâché les basketts jusqu'à son domicile, et j'allais la voir tous les jours. Elle n'a pas mis son projet à exécution, aujourd'hui je sais que ça n'était pas grâce à moi. Je me souviens de l'angoisse que j'ai eue et que je n'ai pas pu partager (avec mes parents seulement), et je regrette qu'il n'y ait pas eu de dialogue possible avec les profs.
J'ai une certaine flemme par rapport au forum, mais je fais l'effort de venir de temps en temps. ^^

A mes yeux c'est pas seulement une question d'empathie, c'est tout un pan de l'éducation qui est placé dans l'ombre, depuis très longtemps (bien avant ma naissance en tout cas). L'école est un lieu d'enseignement académique, classique, dans un monde qui est à l'opposé de ça.

Je vous fais quelques observations : d'abord une petite question ; qu'est-ce qu'un adulte? Vous remarquerez que dans les sociétés dites "primitives", il y a toujours un rituel de passage à l'âge adulte. ce rituel peut prendre diverses formes, mais il y est souvent question de défi, d'affronter une forme de peur ou d'angoisse au travers d'une épreuve symbolique. Dans certaines peuplades d'Afrique ça passe par des scarifications, des mutilations, j'ai aussi entendu parler de prises de drogue, d'épreuve du feu, du saut etc. Le plus fort dans la symbolique, c'est toujours d'accepter qu'on va mourir un jour, que l'on n'est qu'une infime composante du monde et qu'il tournera bien sans nous. Je n'ai malheureusement pas une documentation suffisamment approfondie sur le sujet, je l'avoue. Ce que je conçois, par contre, c'est qu'il ne suffit pas de grandir pour devenir adulte. Brel, Brassens et Ferré tombaient d'accord sur ce point-là dans la fameuse interview de 1969 sur France Inter (on peut la trouver sur dailymotion si ça vous rend nostalgiques ou curieux http://www.dailymotion.com/relevance/search/brassens%2Bbrel%2Bferre/video/x14kxs_brassens-brel-ferre-14_dating), à savoir qu'aucun d'entre eux ne se sentaient vraiment adultes. Ils comprenaient derrière ce mot une aptitude à la responsabilité et à l'intégration dans la société, au-delà du simple soucis de soi.

J'en arrive au problème actuel. Nous sommes dans une société complexe ou l'éducation est en crise et il devient difficile de savoir à qui incombe quelle responsabilité. C'est tour à tour la faute des parents, de l'école, de la télévision, de la société de consommation, des publicitaires, des jeux-vidéos, etc. Mais la question se pose, je vais citer un film qui ne vous intéresse peut-être pas et qui se nomme Fight Club : "Je peux pas me marier, je suis un gamin de 30 ans". Qu'est-ce qui manque aux enfants d'aujourd'hui pour qu'ils se mettent un peu de plomb dans la tête? De la discipline? Il paraît, vu qu'on propose de les mettre en taule, ça leur fera des pieds. Je cite encore une fois Fight Club : "Notre Grande Guerre est spirituelle. Notre Grande Dépression, c'est nos vies". Ce film est tiré d'un roman éponyme de Chuck Palahniuk et s'il traite d'auto-destruction ce n'est pas qu'une vaine provocation.

En deux guerres mondiales et un début de guerre froide, nous sommes passés d'une société autoritaire à une société séductrice. Economiquement d'abord, avec un capitalisme vitrine, devenant télévisuel et publicitaire, et s'ouvrant lentement sur les plans moraux, intellectuels et politiques. Tout s'est transformé autour de cet axe, de ce passage de l'autoritaire au séducteur. Les bases mêmes sur lesquelles doivent s'appuyer l'enseignement ne sont plus les mêmes. Il n'est plus question pour un jeune aujourd'hui de trouver une place dans la société. Il est aujourd'hui uniquement question d'obéissance et de pouvoir d'achat. Nous sommes éduqués comme des consommateurs. Même dans les écoles, nous sommes consommateurs de diplômes, cela fait bien longtemps qu'il n'est plus question d'acquisition d'un savoir-faire, d'une culture ou même d'un esprit critique. Le fond du problème se place ici. Quand on conçoit qu'en France on juge l'aptitude au travail essentiellement au diplôme (ni trop ni trop peu) et au nombre d'années d'expérience en entreprise... Hakim Bey appelle ça société de Simulation. On passe en moyenne les 23 à 25 premières années de nos vies à courir après des bouts de papier, où est-il prévu d'apprendre à vivre?... Pour moi, le problème est là, on ne devient plus adulte "socialement", nous passons du statut de "jeune" avec tout ce qu'il contient de péjoratif dans l'aspect parasitaire (un président d'asso m'a confié un jour que selon lui le mot jeune était devenu une injure, il proposait, pour vérifier sa théorie, de traiter de "jeune" les nouveaux arrivants au sein de l'ENA, histoire de voir leur réaction) à celui de "salarié" ou d'"actif", de "chômeur", de "gréviste", de "fonctionnaire" mais jamais nous n'atteindront cette reconnaissance, "te voilà un homme, mon fils". A part peut-être dans les pubs à la télé, ça claque une phrase comme ça!

Je finis par avoir ma théorie sur le sujet. Deux mots qui résument l'éducation : "Obéis et attends". "Obéis" parce que ce que nous te faisons faire est pour ton bien, "attends" car si tu n'es pas satisfait, rassure-toi, une fois ton bac en poche tu seras libre de décider. Et que faire en attendant? On continue à obéir.

Oui mais, une fois à l'université, ou en BTS, ou peu importe où, le discours ne change pas. Quoi que vous vouliez, pour cela il vous faudra obéir et attendre. C'est parce qu'on n'a rien sans rien?... Il me semble que c'est en 68 qu'on ne voulait pas "gagner sa vie à la perdre". Bref, seuls les plus chanceux parviendront à goûter à ces instants uniques qui font la grandeur de l'existence et qui vous permettent de relativiser un monde de papier et de ne pas vous flinguer avant même d'y entrer de plein pied... C'est l'école de la vie? Bien sûr que non. C'est cellede la spiritualité, celle qui nous rappelle que nous ne sommes ni animaux ni machines, mais êtres conscients profondément explorables.
Merci Damien, en te lisant, je me dis que nous les" vieux "(c'est un gros mot aussi ) avons beaucoup à apprendre de JEUNES qui te ressemblent, ça nous donne de l'espoir pour l'avenir. Ton analyse est très juste comme dab, c'est avec des "ADULTES" comme toi que cette société pourra s'améliorer et revenir à des valeurs plus fondamentales que le paraître et le consommer, le "SEDUIRE", comme tu le dis si justement. Il faudra réfléchir au sens de la vie et à sa finitude, c'est vrai qu'il faut en être conscient même si ça ne nous plait pas !

Merci pour le lien.

@SINAUTES, LISEZ DAMIEN, C'EST UNE PERLE D'INTELLIGENCE, DE CULTURE ET DE SENSIBILITE, DE MATURITE ET DE PEDAGOGIE .............et j'en oublie sûrement.

Excues-moi Damien "Le Farfadet", si ta modestie doit en souffir ...
... il est assez étonnant comme garçon.
Ils ne sont pas nombreux ici à s'exprimer comme lui et de cette manière, moi j'en suis bien incapable.
Espèce de garnement.
Oui beaucoup à apprendre de ce Farfadet.
Subtilement étonnant, il donne envie de se taire pour mieux écouter, puis de dialoguer avec les bons mots... bravo! Merci de mettre jeunesse (voici un mot qui lui n'est curieusement pas péjoratif) et talent oratoire dans la même case!
En fait je crois que ma modestie est déjà morte sous les éloges, je suis condamné à devenir arrogant à cause de vous.... A votre place, je serais pas fier franchement! :p


Bon bref, merci en tout cas, c'est gentil tout ça. Je fais ce que je peux avec ce que j'ai de neurones ^__^ (qui a dit "deux neurones" ?!)


Mais je crois qu'on part de toute manière d'un sujet où il est difficile d'être en désaccord. C'est aberrant de mettre en taule des gosses de 16 ans, récidivistes ou pas, sans chercher la moindre solution alternative. De même en ce qui concerne l'éducation en crise, plus préoccupée par les "demandes" des milieux universitaires et des entreprises que par la tâche nouvelle qui lui incombe de plus en plus : non plus seulement d'enseigner des connaissances mais une aptitude à l'éveil. J'appelle ça semer des graines, car malheureusement on ne peut pas forcer quelqu'un à s'ouvrir (voilà pourquoi il y a tant de cons sur terre) mais rien ne dit que ce qu'on sème est à jamais perdu si la réaction n'est pas immédiate. ^^
Selon l'esprit des lois récentes, l'opinion aura sans doute pensé que le risque de récidive se trouvait écarté... Et les lâches soulagements sont silencieux....
ça me fait trop mal je n'ai rien à dire, sauf que ces epm ont été ouverts à la va-vite et en improvisant ... LA HONTE !!!

LA HONTE aussi à la télé et radios pour leur silence !!!!!!!!!!

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Pour répondre au message de tefy andria et à son raisonnement un peu froid et mathématique à mon goût.

Cette histoire est une démonstration de l'inefficacité de la fermeté extrême, en particulier de son caractère inadapté face à l'adolescence! L'espèce humaine résiste à se faire dresser, sauf à tolérer des pertes inhérentes et pour un résultat identique à celui obtenu par d'autres méthodes plus classiques pour les êtres humains.
La perte de Julien est-elle acceptable? Est-elle une fatalité? C'est un cas isolé, peut-être, mais qui en dit long sur les inconvénients de mettre à la disposition de la justice ces lieux fermés, tellement fermé qu'ils sont obligés d'instaurer des règles strictes à l'intérieur pour régler les problèmes. Quand il n'y a pas d'autres réponses possibles (qui seraient des solutions forcément venues de l'extérieures), la violence devient difficile à éviter pour gérer ces lieux clos. L'histoire de Julien montre qu'on a essayé de le mater.
Même si tout le monde est un peu pauvre en ressource pour aider des adolescents comme Julien, et que accabler les EPM semble injuste, son histoire aurait pu être présentée par les jités comme emblématique pour se poser des questions sur ces lieux inaugurés de fraîche date. Mettre les adolescents à l'écart pour les préserver de la prison, d'accord, mais les objectifs des EPM sont-ils clairement définis? Leur rôle dans l'amélioration de l'insertion des jeunes délinquants se situe à quel niveau?
Les jités n'ont pas traité ce sujet parce qu'ils n'ont pas trop creusé la question, sachant qu'à priori ils ne veulent pas saper le "travail" du gouvernement, et non pas parce qu'ils ont considéré que c'était un banal fait divers.
D'un autre coté, si on faisait des sujets sur tous les suicides (avérés parce qu'il y aussi les "douteux") en prison, les JT finiraient à 3h du mat'....

Il serait trop rapide de dire que c'est un nv signe de la soumission des gd médias au pouvoir sarkozyste... Je dirais plutôt que certains ont dû croire qu'il s'agissait d'un cas isolé (à ma conaissance), un banal fait divers.

mais des faits divers font souvent la une des journaux mais dans ce cas :

- il s'agit d'un meurtre commis par un multirécidiviste, la gauche dira que c'est la faute à la droite qui donne pas de moyens pour les prisons et que la répression ne changera rien, la droite dira que c'est la faute à la gauche laxiste qui relâche des criminels et si on se place du pt de vue de la victime... bla bla
- ou un parent qui assassine tous ses enfants avant de se suicider, le drame familial, ça ne se démode jamais, On est dans le pays de Cozette et de Zola tout de même
- des jeunes victimes de bavures policières suivies d'une nuit d'émeures, les "cailleras" de banlieue sont d'excellents communicants. Et en plus, ça fera des plans de coupe pour le Droit de savoir...

Mais si d'autres suicides ont lieu, que les parents montent une association, organisent des rassemblements, occupe le min de la justice, les choses vt peut-être changer...



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