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Cinq fois où les médias sont allés (trop) loin avec Pokémon Go

Avec plus de 6 millions de personnes qui auraient déjà joué à Pokémon Go, le phénomène (dont @si vous parlait ici, pour ceux qui n’y comprennent toujours rien) ne semble toujours pas s’essoufler. Et dans la torpeur du mois d’août, les médias ont bien compris qu’ils tenaient là une source d’audience facile pour leurs sites. Entre exagérations, chiffres bidon et "appats à clic", passage en revue des cinq fois où ils sont allés un peu (trop) loin pour générer du clic.

Derniers commentaires

Une émission d'ASI sur pokemon GO pourrait être très instructive.
Vu l'ampleur du phénomène et ses multiples intervenants, ça pourrait le mériter.
Et ainsi, ceux qui (comme moi) ne veulent pas s'y inscrire pourraient être au fait !
Ou pour éviter la simple pub, peut-être quelque chose de plus général sur la performance sociale du jeu : ça intéresse du monde de maîtriser les ressorts psycho-sociologiques permettant de déplacer des foules. Jeux Olympiques ou Pokemon, ça en fait du public mobilisé.
"Alerte SMS ! Un revenant Sarkominus, variante rare de Fantominus a été vue 7e arrondissement ! Venez l'applaudir !"
(Fantominus, attaques physique : Léchouille, Coup bas, Représailles; attaques spéciales : Dévorêve, Châtiment ; autres : Onde Folie, Cauchemar)

Sur le sujet, une thèse dont l'approche me semble intéressante : Le jeu vidéo comme manière d'être au monde,Raphaël Koster, 2013.
Titre de la conclusion : le plaisir ludique comme sentiment d'adhésion.

Extrait : "Il s’agit de faire valoir que le plaisir ludique, né d’impressions et de sensations personnelles renvoie à des représentations sociales partagées, nourries de «motifs culturels» (Weber, 1922) donnant sens à des manières d’être au monde. (...) Loin de se limiter à la seule définition négative d’un repli sur soi hors de la sphère du social, nous considérons que l’individualisme qui caractérise à bien des égards la culture vidéoludique comporte (...) ses propres valeurs symboliques issues notamment des sociétés «techniciennes» et «industrielles» (...) : culte de la performance, compétitivité, prévalence donnée aux sensations, au spectaculaire, injonction au contrôle et à l’affirmation de soi...
(...)
Ce n’est pas dans la passion – qui suppose des formes d’aliénation psychique de l’individu - que se loge le ludique, mais dans le désir au sens de «désirabilité de la règle» (La Boétie, 1549 ; Guyau, 1885). (...) Le plaisir ludique se manifeste (...) à l’aune d’un intérêt au sens général de la reconnaissance de la légitimité d’une forme de domination (Weber, 1922), car ce qui fonde le caractère ludique d’une situation, c’est bien d’ores et déjà ce qui le rend intéressant (Delchambre, 2009 b) : «Si le fait de jouer pour jouer a un sens, c’est que cette activité a en elle-même un intérêt.»
(...) C’est par l’intérêt que les joueurs éprouvent au cours de leurs pratiques que les institutions sociales trouvent leurs sens et remplissent leur fonction d’intégration sociale.
(...)
Nous entendons donc ici «ludique» au sens large de «sentiment d’adhésion» et non pas seulement à celui du caractère «amusant» d’une activité. (...) Si l’adhésion des joueurs aux institutions sociales procède du plaisir ludique, ce n’est donc pas par la seule «force» de l’effervescence collective, mais bien plutôt parce que ces sentiments ont été d’abord déterminés par des structures sociales. (...) Plutôt que d’en conclure à une crise du social, nos recherches nous amènent à considérer ce phénomène avec curiosité en nous intéressant précisément aux nouvelles valeurs anthropologiques émergeant des sensations de plaisir et à leur portée instituante.
"

Comment se fait-il qu'on adhère aux règles d'un jeu, que le plaisir ludique en dépende, qu'on trouve amusant de jouer au ballon sans les mains, qu'on n'aime pas les tricheurs, et jusqu'à quel point prend-on au pied de la lettre le "jeu politique" comme celui de la Bourse ?
Dans le genre, le très visionnaire Philip K. Dick avait écrit : Loterie solaire, décrivant un système politique où les êtres humains naissent avec une carte de pouvoir pouvant leur permettre de devenir "Meneur de Jeu", ou maître du système solaire, une vision politique qui pourrait s'avérer plus proche de nous que "1984" ou "Le Meilleur des mondes".
Petite réflexion au passage, il y a peut-être dans tout ça quelque chose d'inhérent à l'individualisme : de la métaphysique du salut des âmes à coup de pari de Pascal ou de hassanates (bons points) dans l'Islam, à l'utilitarisme moderne, on peut sans doute voir l'adhésion à une discipline, à une règle contraignante, autour de la question "qu'est-ce que j'y gagne ?".
Merci pour le lien.

Mais la différence avec Pokémon Go, c'est que le joueur fait immersion dans le monde réel. Il est donc visible du non joueur. Et ça donne vu de l'extérieur des scènes assez ridicules : des adultes qui jouent sur leurs télephones pendant que leurs enfants, autour d'eux, piaffent dans le monde réel.
Je ne saurais dire si ça me fait penser Black Mirror, ou à Idiocratie... ou les 2 ...

Autre aspect notable, mais j'ai peut être tord sur ce point : le marchandising à l'intérieur du jeu, via "l'achat d'espaces" par les enseignes. Je reste perplexe face à la capacité du joueur à se laisser dicter son comportement.

Le jeu online pur, lui, est moins mystérieux.
Si les principes de "réalité augmentée" se développent pas mal dans le jeu, ils sont aussi utilisés ailleurs, cf des exemples sur un site dédié au sujet.

Le "ridicule" dépend surtout de l'habitude et on ne tardera pas à ne plus s'étonner de voir des gens regarder le monde à travers un écran si ça se généralise. Ca fait un moment que ça bosse sur le sujet dans le domaine marchand, et les autorités de régulation s'en préoccupent : cf géolocalisation dans le cadre d'un acte d'achat à la DGCCRF.
Et au-delà du téléphone, les "Google Glass" ont échoué mais certains veulent croire que ça finira par s'imposer.

Mais ce que je trouve intéressant dans la thèse c'est l'idée que le jeu n'est pas tant un espace de liberté que d'adhésion à des contraintes, chose qui est valable online comme ailleurs, avec pas mal de monde essayant d'exploiter ça.
Bientôt des Pokemons dans les isoloirs pour lutter contre l'abstention...
Dans le genre médias et Pokemon, vidéo youtube sur un mouvement de foule pour un Pokemon avec un commentaire par une Marie-Caroline Meijer : "Hello! I am a French journalist for a website called BFMTV.com. I wanted to ask if you would allow us to broadcast your video on our website? (of course we would mention that it is your video!). Best regards?."

C'est vraiment comme ça qu'à BFMTV on obtient des droits de diffusion ?
Il y a deux types de réaction: Les pokemon, qui affirment en apparence la suprématie de la gratuité, et les pokemon qui prennent en pleine gueule leur nullité.
Une question que je me pose... et que je vous pose :
Et si ce n'était qu'une [s]machination[/s] orchestration d'une agence de Buzz :
Le buzz (rumeur, en anglais) est une technique de marketing consistant à faire du bruit autour d'un nouveau produit ou d'une offre, souvent avant sa sortie, afin de tenter de le promouvoir ou de le condamner.
Le but étant tout d'abord de focaliser l'attention sur une entreprise ou une marque, puis sur le produit. Le buzz est l'une des techniques phare de la communication d'Apple qui attire systématiquement l'attention sur ses keynotes. Les NTIC, en particulier le web (blogs, Usenet...), est le vecteur de diffusion privilégié du buzz, qui repose lui-même sur des buzzwords.

Méthode réussi jusque dans les hautes sphères. comme ici et
Le très officiel site service-public.fr a publié un article consacré aux recommandations faites, par les autorités, aux usagers de Pokemon Go.

L'article reprend (certes, au conditionnel) l'information selon laquelle 3,4 millions d'utilisateurs de l'application s'en serviraient au volant...

Au lieu de vous réclamer des sous sur des motifs douteux, l'Etat ferait mieux de s'abonner à vos actualités ;-).
Et en même temps, toute critique est bonne à lire sur ce jeu pour adolescents boutonneux et adultes décérébrés.
Je vous trouve un peu dur sur Le Monde, le "tout ça pour ça" c'est un peu non respectueux, c'est peut-être bien une invitation au lecteur à réfléchir sur ce que Le Monde produit comme contenu et ce qu'il ne peut pas faire : Tout expliquer comme d'autres le ferait si facilement, avec de bonnes solutions bien claires et simples.

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Les dossiers "Pokemon Go" ont remplacé les dossiers "Sexe" de l'été :)
Asi n'avait pas encore parlé de ce jeu à la gomme. C'est fait. Un seul mérite à mes yeux : faire sortir les ados au soleil. Un gros inconvénient : des hordes d'ados qui tel des zombies de film d'horreur envahissent les parcs en mugissant "pooookéémooonnn". À quand un jeu "décime les pokémons !" Chaque joueur touché perd tous ses pokémons ! Même payant, j'achète ! :-D
les poke stop sont des service vendu par l editeur aux magasins , pour faire de la pub ... c etait dans la presse, comme le jeux gagne de l argent puisqu il est gratuit pour les joueurs.
1 - Le plus exagéré (et bidon) : "Pokémon Go - 3,4 millions d’automobilistes y jouent en conduisant" (Metronews)

J'ai entendu à la télé que "1 millions d’automobilistes y jouent en conduisant" !
J'en ai conclu que toutes informations à ce sujet étaient non crédibles (et non pertinentes) et les reportages du domaine de l'anecdotique, style le 13 heures de PERNAUT (que je connais par les Guignols).
l'article du monde était intéressant dans sa première partie, on apprenait comment niantic avait construit le jeu :

à partir d'un premier jeu, gratuit, où les utilisateurs plaçaient eux mêmes des éléments virtuels dans le monde réel,
ce qui petit à petit a permis de construire une base de points géographiques pour ensuite y placer les monstres japonais

c'est un exemple intéressant de construction et réutilisation de base de données
He beh ! un titre liste sur ASI... Jdirais bien que la 6ème fois ou les médias ont abusé c'est cet article ci
L'inconvénient d'habiter, comme moi, en zone rurale : le pokéstop le plus proche est à 70 km de mon domicile !
Résultat : hier j'ai fait plus de 360 km pour capturer Miaouss et Chétiflor. Pas rentable.

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