Comment TF1 contourne les règles du CSA
TF1 ? Une "chaîne délinquante" qui "piétine la loi". Rien que ça ! Arnaud Montebourg n'y est pas allé par quatre chemins pour attaquer la chaîne Bouygues, qui a rendu coup pour coup par la voix de son PDG : ces propos "révèlent une inquiétante conception de la démocratie", a répondu Nonce Paolini dans une lettre ouverte diffusée mardi 5 octobre. Le ton monte entre TF1 et Montebourg depuis la mise en ligne sur le net d'une vidéo - extraite d'un documentaire de Pierre Carles qui doit sortir fin octobre - montrant le député socialiste se féliciter de pouvoir "taper sur TF1". Si le contentieux entre Montebourg et TF1 ne date pas d'hier, la question du respect par la première chaîne des obligations dictées par le CSA est posée. Comme le relève Lepoint.fr, le nombre de mises en demeure reçues par TF1 n'est certes pas plus élevé que la moyenne. Mais TF1 s'arrange facilement des règles édictées par le CSA, qui fait preuve d'un laxisme manifeste.
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Derniers commentaires
Mais parlons des chaines financées par la redevance. Depuis la fin de la SFP (société française de production), les animateurs sont devenus des producteurs privés avec toutes les dérives que Elkabach dénonça en son temps.
Le canard enchainé du 22/10/08 illustra jusqu'où va la confusion des genres.
L'émission de france 2 "ils font bouger la France" animée par Béatrice Schonberg (femme de Borloo, l'information a son importance) invitait Miss Boutin pour vanter les mérites de la maison à 15 € par mois , invention du ministre mari du premier.
Soit.
Mais la cerise du gâteau est que Emmanuel Chain est non seulement producteur de l'émission (Elephant et co), mais il est aussi conseiller de communication de la Boutin de la République pour, selon le Canard 228 917 €
http://ideauxetdebats.20minutes-blogs.fr/archive/2008/10/27/un-borloo-ca-va-deux-borloo-bonjour-les-degats.html
définition du sigle CSA : Conseil Supérieur des Apparatchiks.
[Mode Sarkozystan OFF]
Bien à vous.
TF1 La maison du mensonge
Voici un exemple de plus entre le gouffre qu'il y a entre les ambitions affichées par la France et la réalité.
Certains appellent ça laxisme, d'autres hypocrisie (mot très à la mode en ce moment), délinquance... Pour ma part, je dis qu'on ne se donne pas les moyens de nos ambitions, ou que nos ambitions ne sont qu'une façade, un temesta...
Allezzzz, siooouuuplait :o)
Les nominations les plus choquantes ont bien sûr été celles au poste de président du CSA, notamment pour les deux derniers, nommés par Chirac :
- Dominique Baudis, député-maire UMP de Toulouse, trempant dans pas mal "d'affaires" locales, qui a cherché un poste bien payé et où on a le temps de faire autre chose, après avoir perdu son poste électif, et en attendant de gagner la députation européenne UMP. Je ne m'étendrai pas sur ce monsieur assez connu, Acrimed en parle bien.
- Michel Boyon, directeur de cabinet de Léotard en 1986, il a largement rédigé la loi Léotard qui, entre autres, privatisait TF1, et on sait qu'il a eu un rôle très important en coulisses pour confier TF1 à Bouygues au nom du "mieux-disant culturel" et non à Hachette ; il a ensuite été directeur de cabinet de Raffarin de 2003 à 2005 après que celui-ci l'a chargé d'une mission sur la TNT de 2000 à 2003. Il est président du CSA depuis 2007.
L'homme qui a donc vendu TF1 à Francis Bouygues pour une valeur inférieure aux estimations et contre beaucoup d'avis, qui a participé à la rédaction de la charte, ferme les yeux sur le non-respect total de celle-ci (j'aurais des choses à ajouter à votre analyse sur ce point Sébastien, mais elle est excellente !). Étonnant, non ? L'homme qui a aussi favorisé la mainmise des grands groupes d'industrie des médias sur la TNT serait aujourd'hui chargé d'ouvrir plus largement celle-ci ? Le magazine L'Histoire avait lancé, avec des chercheurs et hommes de médias, l'idée d'émettre 4h/jour sur un canal partagé avec une chaîne pour enfants ; leur projet, pourtant très solide, n'a pas été retenu. La chaîne Histoire, de Patrick Buisson, de moins bonne qualité scientifique, peu originale, a facilement trouvé son propre canal.
Le grand scandale du CSA à mes yeux, plus encore que le silence coupable à l'égard de TF1, est ce qu'il a fait à propos de la TNT, des chaînes et radios associatives ou à but non lucratif... le CSA de droite depuis 10 ans a tout fait pour étouffer le pluralisme médiatique, accordant les canaux TNT aux grands groupes préexistant. Ce qui a donné une vidéo assez célèbre diffusée par Zalea TV : aux chiottes le CSA !
Si cela vous intéresse, Sébastien, j'avais fait l'année dernière une recherche assez sommaire (sur deux, trois semaines - les résultats tenant dans sept pages Word) pour un exposé dans un cours d'histoire des médias sur le bilan comparée de la CNCL et du CSA (et de la HACA en toile de fond au début), qui peut compléter votre papier. Voici la conclusion à laquelle j'étais arrivé, nourrie de ma fréquentation assidue du site d'Acrimed et de quelques ouvrages dont DAGNAUD Monique, L’État et les médias. Fin de partie, Paris : Odile Jacob, 2000, qui raconte le CSA depuis l'intérieur :
Si l’on veut donc tirer un bilan comparé des activités de la CNCL et du CSA par rapport à la Haute Autorité et par rapport à l’idéaltype d’un audiovisuel indépendant et « civique », la déception domine. La Haute Autorité, création généreuse et nécessaire, n’a pas eu les moyens de peser face à la nouvelle majorité qui l’avait pourtant nommée pour deux tiers de ses membres. La CNCL qui la remplace a les coudées franches pour mener une politique de privatisation revendiquée par Jacques Chirac et Édouard Balladur, dans des conditions douteuses qui font encore débat. La troisième instance de régulation, le CSA, connaît des réussites techniques indiscutables, s’impose quant à la politique de quotas pour les productions de fiction, et assure par périodes une relative indépendance à l’égard du politique. Toutefois ses scandales (vite étouffés) témoignent des nombreuses pressions dont il reste l’objet, et la domination à sa tête des hommes politiques et de personnalités liées à la direction des principales chaînes indique que le Conseil est plutôt un organe intermédiaire qu’indépendant, et que sa pratique de la régulation de l’audiovisuel n’est pas la même pour tous.
J'avais aussi fait un petit tableau récapitulatif des individualités choisies : 15? et 21? dont les quatre présidents | âge moyen en début de mandat : 54,5 ans | Journalistes : 12 ; Politiques : 7 | Gauche : 6 ; Droite : 10 (en ne prenant que les affiliations établies de façon quasi certaine).
je voulais réagir sur cette phrase de Paolini
quand je lis ça je ne peux pas m'empecher de penser aux saillies contre médiapart je pense plus précisément à celle de Xavier Bertrand et à celle de Paillé dans la ligne jaune.
ainsi désormais, informer sur les puissants, critiquer leurs agissements, dénoncer certaines de leur magouilles est devenu "inquiétant" , "non démocratique" , "fasciste"....encore un retournement de concept fascinant
parallèlement à cela leurs mensonges grossiers se multiplient
et comme on peut le constater en lisant ceci, c'est leur conception à eux de la démocratie qui est inquiétante, ce sont eux qui menacent nos droits et nos libertés , ce sont eux qui ont installé cette oligarchie médiacratique de ploutocrates qui n'est autre chose désormais qu'une forme douce de totalitarisme.
Meme cet éminent sénateur et ancien membre du RPR le dit lui même : l'autre big brother, celui qui observe tout ce que vous faites est quasiment déjà là nous ne n'avons plus que quelques années pour l'arrêter, mais qui veut l'arrêter?
bravo!
toutes fois il serai intéressant de savoir si france télévision, canal+, M6 et autres contournent ces règles de la même façon.
Merci, Sébastien !