Couverture Rocco Siffredi : Le Monde s'explique
En consacrant, le 18 juin dernier, sa Une et sept pages à la star du porno Rocco Siffredi, le magazine du Monde s’est attiré une volée de critiques de ses lecteurs. En cause notamment, les photos de l’acteur entièrement nu. L’image du sexe masculin, dernier tabou de la presse? Le médiateur du Monde répond aux lecteurs dans une tribune.
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Derniers commentaires
Vous savez tout de même qu'au-delà de l'anatomie qui peut servir à masquer la différence derrière les termes génériques "d'appareils génitaux", de "poitrine", il y a un investissement culturel des corps ?
On peut regretter cette différence, vouloir l'effacer, mais jouer à l'aveugle et prétendre que c'est identique au nom de la Raison, de la Science, ou de l'Egalité, c'est se faire bête.
D'ailleurs, au-delà de ceux qui soupçonnent une hypocrisie de puritain, il y a ceux qui évoquent, en se moquant, l'ancrage inconscient de cette colère (phobie, complexe, névrose).
Mais, si l'on n'a plus le droit d'avoir une réaction pulsionnelle face à une bite exhibée en photo dans un magazine "tout public", quand en a-t-on le droit ? Invoquer la raison c'est-à-dire, le deux poids deux mesures, le porno partout, pour faire taire des réactions épidermiques, c'est vraiment mortifère
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Ceux qui militent contre "l'invisibilisation" du clitoris n'ont compris cela qu'à moitié : ils sortent des chiffres sur la taille de l'engin, sur son "érection", mais ils oublient que cette invisibilité ne dépend pas de la raison, de la science, mais du bon-vouloir (ou plutôt du bon-désir) des hommes.
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Honnêtement, je ne comprends pas ce que vous ne comprenez pas : vous n'arrivez pas à mettre un contenu concret derrière la notion de "zones taboues" ou de "zones ignobles". Je dois vraiment donner des exemples à chaque fois que je dis une généralité ? Pour moi, c'est la vulgate psychanalytique basique, avec certes quelques libertés de vocabulaire mais bon...
Sinon, votre "tendance à penser" est effectivement bête : je n'ai jamais prétendu que montrer des corps niait la différence. Quand on montre, on ne fait que montrer : on n'affirme ou on ne nie rien. Il n'y a que des éditorialistes de M pour croire que ça va changer les mentalités.
Ce qui est nié ici, c'est la différence de perception de ces corps, la manière dont chaque organe, chaque partie du corps, est chargée d'Histoire (par le biais des représentations) et d'histoire personnelle (par le biais de notre libido, de nos fétichismes).
Je n'ai jamais prétendu réinventer la roue et que l'on vienne me reprocher de tortiller du cul, certainement par lâcheté, c'est magique.
Je vais donc me permettre de vous proposer de vous remettre en cause (réellement, pas en feignant de le faire comme plus haut) : apprenez à lire, et acceptez peut être que l'on ne puisse pas mettre un nom sur tout tout le temps.
Et si ça vous fatigue, ne commentez pas.
Attendre que tout le monde soit d'accord sur les termes du débat, c'est impossible.
Il faut se lancer et chercher à produire un texte, c'est-à-dire un petit "système" que le lecteur attentif saura reconstituer.
L'important, c'est la cohérence interne, le fait que chaque mot vienne éclairer le sens des autres mots: pour prendre l'exemple canonique, peu importe que les mots "gauche" ou "droite" soient employés au sens courant (quel est-il d'ailleurs ?).
Chercher la véritable définition des termes, c'est le meilleur moyen de tuer l'intérêt du texte puisque l'on s'impose un carcan conventionnel qui viendra en retour déterminer tous les autres termes.
Ça paraît exorbitant pour un simple forum mais c'est pour moi ce qui fait l'intérêt de toute production de texte. Sinon, autant s'abstenir.
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Sinon, j'avais surtout en tête l'ouvrage de Pascal Quignard "le Sexe et l'effroi", qui parle longuement de la représentation du phallus en érection dans l'antiquité romaine. On l'appelait alors "fascinus" et ce terme en est venu à désigner un type de regard et d'attitude dont l'archétype est le regard porté sur ce "fascinus", regard oblique, détourné, mais que l'on ne peut détacher: c'est l'horreur, le scandale que l'on ne peut s'empêcher de regarder. Fascinus, fascisme, fasciner, même origine.
Bref, c'est exactement ce qui réfute votre opposition entre culture païenne et culture chrétienne, ce qui permet d'articuler les deux : le rapport ambivalent avec la sexualité, où le désir est inquiet sans être réprimé.
Quant à être tradi : encore une fois, je me fous de ces photos, ce qui m'importe c'est la puérilité et la bêtise de ceux qui s'en emparent et en font des symboles par goût de la provocation. J'ai envie de troubler leur bêtise triomphante.
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Si mon propos était initialement général, sans exemple, c'est parce que ma critique ne porte que sur la pensée consistant à penser le corps comme objet neutre, anhistorique.
Cette pensée s'attaque à toutes les autres cultures et à la manière dont elles représentent les corps. Et comme souvent, cette pensée est issue d'un universalisme mal compris, dissimulant un ethno-centrisme.
Donc, je ne professe pas ici un type de rapport au corps et je ne défend pas particulièrement le christianisme.
La question de l'arbitraire de cette hiérarchie du corps n'a pas vraiment de sens : est-ce que la main gauche est réellement "ignoble" ou pas ? Ca fera une belle jambe au musulman de savoir que le paganisme prône la réconciliation avec le corps : il n'en aura pas moins passé toute sa vie à se torcher avec sa main gauche et à lui réserver tout ce qu'il trouve dégoutant. Ici, le culturel et le pulsionnel sont indifférenciables.
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Ah bon, vous fascinez les gens en leur lançant des faisceaux dans la gueule ?
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Ce n'est pas l'affichage des corps en soi dont je parle mais des raisons invoquées pour le faire.
(c'est un compliment)
Ça relève de la chirurgie peut-être si elle est pas normale la taille, puisque ça surprend tout le monde?
Pour ma part, je suis comme Benjamin "depuis le temps que j'en entends parler"... :)
En revanche, Paul, il a l'air de bien connaître son sujet!!!!
Le rapport à la nudité, c'est ,je crois, une limite culturelle pour définir le respect de soi (et donc de l'autre), non?
Cependant, il ne faut pas refuser à ce support publicitaire sur papier glacé une certaine fulgurance sociétale (sic).
Tentons d’élever le débat au dessus de la ligne de flottaison.
L’exposé des mâles attributs de Rocco Siffredi ainsi que la narration de ses tourments existentiels n’est pas sans évoquer ce que notre gouvernement et ses mâles représentants éprouvent, en particulier sur la loi dite loi travail et qu’ils avaient eu la sordide idée de baptiser loi El Khomeri.
Dans ce que nos gouvernants appellent « épreuve de force » alors qu’il ne s’agit que de reconnaître que l’on s’est trompé*, on en vient à penser que c’est çuila qu’a la plus grosse et la plus raide qui va gagner. Il s’agit donc de faire étalage de ses arguments. D’exhiber ses cojones et tout ce qui va avec pour convaincre la république pantelante qu’elle n’a qu’à se laisser faire, debout et sans vaseline.
Voilà que je deviens graveleux
Je crois que cet article du Monde Hebdo n’est pas du tout ce que les punaises de bénitier veulent en faire ; ce n’est pas non plus ce que les zob-cédés de la zigounette (façon DSK) voudraient y voir.
C’est une clairvoyante analyse politique.
Même pas peur !
(*) "mais qui ne se trompe jamais" (Cameron)
J'ai d'ailleurs le vague souvenir d'avoir lu que si les canons apolliniens de l'ancien temps était un rien "p'tite bite", c'est que l'inverse était considéré comme inesthétique, moche, bestial. Mais sans doute que notre époque est plus dionysiaque, satyre et satire.
Ceci étant dit, depuis le temps (le lycée) que j'en entend parler, de Rocco, il était temps que je le vois enfin entier. Ya pas de quoi fouetter un chat. Après tout, c'est l'été pour tout le monde.
Mais que fait Cazeneuve ?
On est en état d'urgence, merde, pas de turgescence !
J'aimerai plutôt qu'on m'explique pourquoi un journal comme Le monde nous dresse le portrait d'un gentil gars de la campagne italienne qui a malheureusement tant souffert de son amour pour "les femmes" sans jamais évoquer l'extrême violence qu'il exerce moralement (que ce soit "en apparence" puisque c'est du cinéma ou pas n'est pas la question, l'idée est la même, faire bander en humiliant) et physiquement sur les actrices des films dans lesquels il joue: positions de soumission extrême, étranglements, pénétrations frénétiques, les mots, les regards, les expressions faciales (la violence n'est pas que dans les actes mais aussi dans ses attitudes).
J'aimerai qu'un jour on arrête de poser les barrières au mauvais endroit, qu'on ne laisse pas les enfants s'imaginer par nos actions et nos réactions que des corps nus ça a quelque chose de mauvais en soi, que le sexe c'est quand même un peu honteux. Peut-être même que parfois, c'est ce sentiment de honte qu'on perçoit depuis notre enfance et notre adolescence qui mène à la frustration, et que parfois (parfois x parfois = rarement, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit) c'est cette frustration qui est le moteur de mauvaises actions chez des gens pas très équilibrés. Et peut-être aussi que la violence et le sexisme ça existe chez les gens habillés, bien habillés même parfois.
Est-il possible encore d'envoyer bouler une centaine de fâcheux repris pas tous les médias en mal de clic en rappelant la liberté d"expression ? Hum ?
...soyons sans complexe.