Dans la Toyota piégée de Bouletcorp
Depuis quelques années, la bande dessinée s'est emparée du ouèbe où elle bénéficie de technologies qui lui étaient jusqu'alors inconnues. Le Gif animé, par exemple, qui permet de faire gigoter une image ou une partie d'icelle. Mais cela est-il vraiment judicieux ? Pour s'en faire une idée, jetons un oeil sur la Toyota fantastique de Boulet.
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Derniers commentaires
Coté animation, à part me casser les yeux (suivant l'éclairage de la pièce ça peut carrément être très désagréable), c'est totalement supperflu. C'est de la nouveauté inutile et kikoolol. La force de la bédé, et du dessein, de la peinture et autres arts picturaux en général est de suggérer le mouvement sans que rien ne bouge, en réalité. S'il veut faire du mouvement, qu'il fasse une vidéo... et il aura toute la richesse narrative du mouvement de la caméra, par exemple.
Ici, c'est qu'un gadget pour IPAD. IPAD qui n'est d'ailleurs qu'un foutu gadget aussi cher qu'inutile, sans compter le sang des chinois. Ces gifs, c'est le porno de la bande dessinée.
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Mais c'est magnifique ! Ces clignotements rendent bien l'atmosphère qu'on ressent dans ces cas-là.
J'ai souvenir que des b Iédéistes taliens avaient créé à la fin des années 90 des animations comme ça ! Une histoire intergalactique plus mièvre que vraiment romantique, un peu à l'Italienne quoi ! Pas Crepax ou Manara mais des scénarios genre télé berlusconnienne.
Mais qui pouvait ouvrir l'accès à une autre sorte d'art. C'est à travailler, peut-être qu'il y aura un Leonard de Vinci de la Fumetti animée.
http://www.dailymotion.com/video/xse90a_la-chanson-du-3000-spirou-3000-1995_music
La critique d'Alain sur cette "e-BD" me fait penser aux critiques de la 3D au cinéma: inutile car on sait déjà rendre la 3D avec la technique classique de la profondeur de champs.
Mais bon, faut bien expérimenter et pas désespérer ...
La qualité du format gif laisse à désirer tout comme la résolution d'un film 3D. Le débat de l'intérêt de ces deux technologies est un peu le même.
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Winsor McKay n'utilisait en effet pas l'animation dans ses BD, parce que c'était techniquement impossible à l'époque. Qui sait si il n'aurait pas tenté de faire bouger ses cases au sens propre si il en avait eu la possibilité ? Et comparer le gif animé au phénakistiscope, je heu ... je ne comprend vraiment pas. Même si le gif est majoritairement utilisé pour faire de courtes boucles d'animation, il est bien moins limité que l'invention de Plateau, de par le simple fait qu'on peut l'intégrer aujourd'hui très facilement à un récit (et puis bien sur il est bien plus aisé à réaliser, et la boucle peut durer aussi longemps que l'auteur le désire).
Enfin je ne comprend définitivement pas la raison de cet article, que je trouve par ailleurs très amer et conservateur.
Non, dans l'article, c'est plutôt la case 8 (la suivante, du moins son "architecture") qui est mise en relation avec le Cri :
[quote=An examination of "Master Race"]The panoramic view of the deserted station in panel 8 marks the change from the startled beginnings of interactions between the antagonists to the long chase. Not unlike panel 1 on page 3, this sudden distancing at a dramatic moment, this emphasis, with a horizontal long shot, of an antiseptic and unfeeling locale, shifts the reader's perspective of the drama from the personal to the universal. The Man's arms are raising like an avenging angel. The endless pillars and ceiling ridges radiate intensity in an overpowering manner not unlike Munch's painting "The Scream". Indeed it is this very architectural intensity that recalls the immutability of Fate.
[quote=Alain Korkos](et Krigstein était d'accord avec cette interprétation) :
Mouais, mais en tout cas ce n'est pas intentionnel. Citons le commentaire de Krigstein : I'm fascinated that you should recall Munch in this context, because he's really one of my favorite artists. I didn't think of the analogy between that particular painting and this panel though.
Disons que le commentateur s'emballe un peu, le commenté est content et rebondit, mais l'évidence du rapprochement reste, comment dire ?, un peu tirée par les cheveux (aïe!).
De plus, concernant les cases 6 et 7, c'eut été une fausse similitude : le personnage du "Cri" de Munch tente, lui, de se protéger d'un cri infini qui déchire la nature.
Merci en tout cas pour la découverte...
Souvent dans ces derniers, le dessin est fixe et un élément bouge ou vibre en boucle.
Regardez ici à 10 s., 26 s., 46 s. : Tia-tia-ti, tia-tia-tia, la-li-la-li-la-la !
D’où peut-être le nom Toyota dans le titre.
(j’ai toujours détesté cela dans les dessins animés japonais).
Qu'est-ce que la différence entre la BD et l'animation, ou plus largement, entre la lecture et la vidéo?
Réponse: la temporalité.
Le lecteur est maitre de la temporalité lors de son rapport à l'œuvre. Tandis qu'en vidéo, c'est le réalisateur qui est le maitre du déroulement du temps et qui l'impose au spectateur.
Toute insertion d'animation qui dépossède le lecteur de la temporalité, fait au mieux un sous-film, et au pire, une mauvais BD (CF petit bonhomme qui saute).
Écueil qu'évite intelligemment la BD de Boulet grâce à l'utilisation de cycles: ce rajout d'animations ne dépossède pas le lecteur de la temporalité.
Reste à savoir si gadget ou élément narratif indispensable.
En l'occurrence, ça marcherait sans, mais le rajout des cycles nous ramène à la position du gamin immobile qui contemple les mouvements autour de lui. Pas indispensable donc, mais tellement mieux avec!
Boulet, déjà un grand maitre!
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Toutefois, je me permets de pinailler:
1. la phrase suivante: "on a déjà eu à subir un Little Nemo et plusieurs Astérix en dessin animé, expériences ô combien redoutables qui laissent encore des séquelles à nos maculas"... m'a fait sursauter. Car Winsor McCay en personne a fait Little Nemo en dessin animé, vu qu'il fut l'un des pionniers du genre dans un art cinématographique encore naissant (en sus d'être un maître absolu de la bande dessinée): c'est visible là, et l'animation commence à partir de 7:30. Le résultat, c'est l'un des tous premiers dessins animés aboutis de l'histoire, c'est pas rien quand même (le film entier met d'ailleurs en scène combien il a donné de sa personne)! Je conseille également de voir Gertie the Dinosaur, dessin animé pionnier crée avant l'invention du cellulo, et qui a donc necessité l'emploi d'un assistant pour reproduire à l'identique environ 50000 fois un décor immobile (autant que de photogrammes, McCay se chargeant de l'animation du dinosaure-personnage principal).
2. Si les tentatives effrayantes que vous citez d'être "à la croisée du cinéma et de la bande dessinée" sont en effet ridicules, il y a quand même des exemples de bandes dessinées qui jouent avec cette frontière de façon intelligente: Le bandard fou de Moebius propose un flip-book fascinant de 24 images sur la page de droite, tandis que l'histoire a lieu sur la page de gauche, Panier de Singe de Ruppert et Mulot présentent des phénakistiscopes à découper (prétendûment: ils sont viisbles ici), Chris Ware dans Quimby the Mouse propose un flip book à découper (de mémoire), et dans Jimmy Corrigan inclut une représentation de lanterne magique et un paper toy de zootrope, etc. Les œuvres que je viens de citer montrent une hybridation de la bande dessinée et des procédés pré-cinématographiques de représentation du mouvement, et je pense qu'on est loin du simple "gadget" ( le principe de "jouet à découper" n'empêche pas que cela s'inscrive dans un processus narratif et artistique qui va bien au-delà du gadget; je doute d'ailleurs qu'aucun lecteur de Ware ou Ruppert et Mulot ait massacré son exemplaire pour le plaisir de faire joujou).
3. Suite du 2: les auteurs de bande dessinée cherchent toujours à jouer avec ses frontières (cf. le gag du personnage qui sort du/casse le cadre, comme dans Little Sammy Sneeze de McCay) . Le changement de support permet d'étendre ces frontières: Boulet en est un exemple avec le support électronique... mais cela ne reste qu'un jeu, raté quand c'est mal fait, fascinant quand c'est bien trouvé (et c'est le cas avec Boulet, au sein de ce support); mais Boulet ne fait pas un programme esthétique ni ne prétend créer un nouvel art. Simplement jouer avec les codes, et quand c'est réussi c'est plutôt bien vu. Cela reste une expérimentation artistique intéressante qui n'a pas de débouchés industriels pour la bande dessinée (autres que gadgets et croquignolles, comme ceux que montre votre chronique, c'est à dire à durée de vie très limitée, quand le neuvième art est plus que centenaire); les industries du cinéma et du jeu vidéo vont tellement loin dans la narration animée que j'ai du mal à voir la planche de Boulet autrement que comme une expérimentation très réussie, et d'autant plus réussie qu'éphémère, pour la bande dessinée.
D'ailleurs, "The Brightest Night" c'est effectivement pire.
A mon avis, cela garde de la qualité et du sens seulement si c'est utilisé parcimonieusement.
Je propose comme exemple une BD parue "avant" celle de Boulet (mais qui effectivement n'a pas non plus inventé le motion-comic, contrairement à ce que crie Slate, BFM & consorts) et qui à mon avis en fait un usage bien plus intégré à de la BD traditionnelle :
LFO Pure
Voilà, avec un usage plus léger, ça ne devient plus un truc laid et clignotant de partout.
Alain, si vous aviez visité la grotte de Lascaux lors du pot organisé pour son inauguration,
vous auriez dit "pff ils ont déjà fait à la grotte chauvet..." ?
merci pour la découverte de the bus / paul kirchner
J'ai cru pendant une bonne partie de l'article que le texte était ironique. Des zigouigouis? Vraiment?
Peut-être jusqu'à ce que quelqu'un de talentueux s'en empare. Cette personne existe peut-être déjà, vous ne l'avez tout simplement pas trouvé.
Dans les deux cas, on retrouve un trait BD dans le JV mais pas de tentative hasardeuse de cases ou de bulles qui n'auraient rien à faire sur un écran. En revanche, les auteurs se sont concentrés sur le fond : qu'est-ce qui faisait la BD ? Et ils ont rajouté la dose d'interactivité qui permet de vivre l'expérience d'un point de vu personnel.
Si vous ne me croyez pas, faites The Walking Dead (c'est accessible à tous, sauf aux enfants), et on en reparle.
Dans un genre totalement opposé, les premiers Max Payne (2001). Ces derniers utilisent la BD (sans animation ni fioriture) pour servir la narration, afin de concentrer le jeu uniquement sur l'action.
Et puis une friandise : Comics Zone (1995) , qui nous faisait incarner un personnage de jeu vidéo passant d'une case à l'autre comme autant de niveaux différents en déchirant leurs bords en papier.
Bref, pendant que certains bricolent des niaiseries tape à l'oeil, d'autre bossent depuis de nombreuses années.
sans me faire de bile en marchant très longtemps
j’arriverai peut-être aux portes de la ville
en restant immobile et pourtant en marchant
M’arrêtant un peu las aux portes de la ville
je regarderai lors les murailles longtemps
avant de me risquer dans ses rues infertiles
où m’attendent geignards ses rusés commerçants
Dans un hôtel miteux je nettoierai mes bottes
dans un snack incertain je mangerai du pain
puis je me coucherai en attendant les aubes
en rêvant de ces pas qui ont fait mon chemin
Sans marcher plus longtemps me tenant immobile
sans me faire de bile éveillé ou dormant
je quitterai peut-être une certaine ville
où j’allai un beau jour immobile restant
Sur l’horizon plaintif jetant un dernier souffle
j’éteins la calebombe et son ultime lueur
je n’ai jamais bougé Tout être se boursoufle
lorsqu’il veut s’agiter au-delà de sa peur
Queneau – Le Voyageur
"la narration graphique en mouvements", joli non ?
c'est marrant, la BD (et dans le fond aussi une certaine manière de filmer) : que se passe-t-il entre deux "sommets" d'une action, du moins entre deux moments de l'action, moments qu'on choisit de dessiner/filmer. par exemple on voit X assis, puis debout, on le voit jamais se lever. cet entre-deux qui fait passer d'un plan à l'autre.
mais j'ai pas bien compris le problème : d'une part on a les chouettes alboums de BD en papier, et d'autre part ce monde du nète en train de devenir, de créer de nouvelles manières de faire, ça tâtonne, certains trucs réussis, d'autres moins. j'aime beaucoup cette animation de la toyota, je trouve plutôt satisfaisantes ces lumières qui défilent, je trouve un peu moins intéressante la seconde, the brightest night, moins de raison d'y mettre du mouvement.
et dans le genre création d'animation très zinzin sublime, un petit rappel : l'écran d'épingle d'alexeïeff par exemple dans "le nez" - malheureusement, je ne retrouve pas un documentaire sur le procédé lui-même.
C'est pour dissuader le troll :)
Les lumières qui clignotent, etc, apportent çà mon avis un petit côté hypnotique complétement logique avec le souvenir des ballade d'enfance de l'histoire. Il en abuse pas du tout, elles rendent compte, elles participent du récit, c'est pas du gadget sur ce coup là ( contrairement à l'autre BD ).
Non, moi, je suis encore plus accroché par cette planche du fait de son animation, intelligente.
J'ai trouvé que cette évocation d'un voyage en voiture de nuit se prêtait particulièrement bien au gif, le clic clac du clignotant, la lumière blafarde de la station essence, le passage du tunnel... Très chouette.