Grand merci à toi camarade !

Merci Reda pour les compliments sur Forgotten Silver et pour ma rubrique dans Mad.
Pour revenir sur le papier de Rafik, je le trouve très pertinent et très juste. j'ai aussi connu cette évolution depuis 15 ans avec le laserdisc, puis le dvd et aujourd'hui le Blu-Ray, en tant que spectateur et désormais aussi en tant que producteur de bonus.
C'est vrai qu'il est difficile de trouver des bonus sans langue de bois sur les films récents, pas seulement pour des questions de promo évidentes mais aussi pour une totale absence de recul des artistes qui ont fait le film, la faute aussi à un délai très court entre la sortie en salles et la sortie dvd. Je me souviens des premiers mots de Spike Lee sur le commentaire audio de Inside Men, où il révèle qu'il enregistre ses propos quelques heures après l'avant-première du film. Le film n'est donc même pas sorti qu'il doit déjà revenir sur son film et il doit donc omettre l'impact du film et sa réception de sa démonstration sonore. Un lourd handicap selon moi. Un des rares exemples sans langue de bois sur un film récent, c'est Max Payne. Sur le Blu-ray de ce film, certes oubliable, le réal s'en prend dans le Making aux Making of promo avec véhémence et aussi aux exécutifs de la Fox. Cas rare mais coup d'épée dans l'eau car personne n'a vu ce Making of.

Pour n'avoir travaillé que sur des films anciens, du Back catalogue comme on dit en langage marketing, le recul est un des éléments clés de la fabrication de documentaires revenant sur un film. Ainsi, sur Emmanuelle, j'ai pu avoir les propos du chef op qui révèle que c'est lui qui a tourné le film et pas le réalisateur, ou sur Pirates, les propos du producteur et du monteur qui jugent le film décevant et bancal.
Mais il ne faut jamais oublié que même les docs sans langue de bois se font sur la corde raide. il faut éviter l'aigreur de certains, les réglements de compte liés à l'égo. Il y a une juste équilibre à trouver, pour ne pas tomber par exemple dans le style racoleur à la Hollywood Stories. Ce n'est pas de l'auto-censure mais juste la volonté de remettre le choses dans le contexte de l'époque

Le problème aujourd'hui, c'est que ces films de catalogue ne rencontrent pas le même succès que les blockbusters récents sur le support Blu-Ray, donc il y a moins de moyens financiers pour faire ces bonus que pour les collectors 2 ou 3 disques consacrés à Transformers 2 ou Pirates des caraibes 4. Donc leur survie va dépendre de l'adoption du support par les consommateurs même si cela s'améliore, notamment aux USA (les ventes de films anciens en Blu-Ray ont augmenté de 52% en un an aux USA)

Mais ce qu'il y a de formidable avec l'arrivée du dvd voici dix ans, c'est qu'enfin les réalisateurs ont pu prendre leur revanche sur les contraintes commerciales d'une sortie en salles. Et les studios ne jettent plus les rushes d'un film, jugées sans valeur autrefois. Les archives ont été répertoriées alors qu'elles pourrissaient dans un hangar. On a vu apparaître les images de tournage (en couleurs) d'une scène coupée du Dictateur de Chaplin, 30 minutes inédites du dernier film de Bruce Lee qu'on pensait perdues et des films qui avaient été des échecs à leur sortie ont connu des éditions 5 disques en dvd, comme Blade Runner. Le dvd avec ses égarements marketing et ses dérives, comme de faux Director's Cut, a quand même permis de mettre en valeur les auteurs des films, ce que la télévision (qui parle surtout des stars) et la VHs (bannie par les réalisateurs) n'avaient pu offrir. Jusqu'au dvd, pour connaître l'envers du décor, il fallait se contenter de la littérature consacrée au cinéma avec les limites du support.
il faut donc s'attarder comme le fait si bien l'article de Rafik sur cette révolution qui a eu lieu voici dix ans, avec ses magnifiques découvertes et ses dérives.