11
Commentaires

Dis, Tonton Alain, raconte-nous le Pop Art...

The Designer Drugs Collection est le nom de la dernière collection de mode de Brian Lichtenberg, un créateur amerlocain qui a l'habitude de détourner les marques célèbres. Cette fois-ci il s'attaque aux médicaments Xanax, Adderall et Vicodin. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que la pilule passe mal…

Derniers commentaires

tiens je l'avais oubliée celle-là ;) https://scontent-b-cdg.xx.fbcdn.net/hphotos-prn1/155025_168226416542996_6684154_n.jpg
Si on achète 2 boites par lot c'est avantageux , un séche bouteille au bhv, un urinoir chez leroy merlin, on peut se faire une de ses déco d'entrée. On y voit Madame qui circule en totale décontraction dans son t.shirt "chômeur". Monsieur accroche nonchalamment son parapluie sur le porte bouteille et jette à la va-vite ses clefs dans l'urinoir "qu'est-ce qu'on mange ce soir?" .
"Des brioches"
Petite précision : « Designer drug collection » est un jeu de mot sur l’expression Designer Drug, qui désigne les drogues de synthèse conçues en laboratoire.
Merci Tonton Alain ;-)
Tiens, petit poème pop art méconnu des Jam https://www.youtube.com/watch?v=1e0etcerG1w
paroles :

Kid walks down the street
Bumps into emptiness
Pow!
Kid looks at the sky
Looks at his watch
Decides to go home
Zap!

Kid spies pretty girl
Walks up to her
Kisses her
On the mouth
Where else?

And all day long i was thinking
I was thinking this, that and the other
And...
When!
So am i

I made this up as i went along
It's good innit?
J’ai du goût pour la flâne, et j’aime, par les rues,
les réclames des murs fardés de couleurs crues,
la Redingote Grise, et Monsieur Gallopau ;
l’Hérissé qui rayonne au-dessous d’un chapeau ;
la femme aux cheveux faits de teintes différentes.
Je m’amuse bien mieux que si j’avais des rentes
avec l’homme des cinq violons à la fois,
Bornibus, la Maison n’est pas au coin du Bois ;
le kiosque japonais et la colonne-affiche...
Et je ne conçois pas le désir d’être riche.

Germain Nouveau
Il avait toujours été fasciné par la publicité à la télévision. Il n'en manquait jamais aucune, les jugeait pleines d'humour, d'invention, et même les films l'intéressaient moins que les coupures publicitaires dont ils étaient lardés. Et pourtant la pub ne le poussait guère à la consommation effrénée, loin de là. Sans être avare, ni particulièrement économe, il n'associait pas du tout la publicité à la notion d'achat.

Jusqu'au jour où il abandonna son apathie d'avaleur d'images pour prendre quelque recul et constater que la plupart des pubs ménagères, alimentaires, vacancières ou banalement utilitaires étaient toutes, d'une façon ou d'une autre, fondées sur la notion du plus, de la réussite à tous les
niveaux, de la santé à toute épreuve, de l'hygiène à tout prix, de la force et de la beauté obtenues en un seul claquement de doigt.
Or, il avait toujours vécu avec la conscience d'être un homme fort peu remarquable, ni bien séduisant ni tellement laid, de taille moyenne, pas très bien bâti, plutôt fragile, pas spécialement attiré par les femmes et fort peu attirant aux yeux de ces mêmes femmes. Bref, il se sentait dans la peau d'un homme comme tant d'autres, anonyme, insignifiant, impersonnel.Il en avait souffert parfois, il s'y était fait à la longue.

Jusqu'au jour où, brusquement, toutes les publicités engrangées lui explosèrent dans la tête pour se concentrer en un seul flash aveuglant, converger vers une volonté bouleversante qui pouvait se résumer en quelques mots : il fallait que ça change, qu'il devienne une bête de consommation pour s'affirmer un autre, un plus, un must, un extrême, un miracle des mirages publicitaires. Il consacra toute son énergie et tout son argent à atteindre ce but: se dépasser lui-même. Parvenir au stade suprême: celui d'homme de son temps, de mâle, de héros de tous les jours, tous terrains, toutes voiles dehors.

C'est sur le rasoir Gillette qu'il compta pour décrocher la perfection au masculin et s'imposer comme le meilleur de tous en tout dès le matin. La joie de vivre, il l'ingurgita en quelques minutes grâce à deux tasses de Nescafé. Après s'être rasé, il s'imbiba de Savane, l'eau de toilette aux effluves
sauvages qui devaient attirer toutes les femmes, à l'exception des laiderons, évidemment. Et pour mettre encore plus d'atouts dans son jeu, en
sortant de son bain, il s'aspergea de City, le parfum de la réussite. Sans oublier d'avaler son verre d'eau d'Évian, la seule qui devait le mener aux sources pures de la santé. Il croqua ensuite une tablette de Nestlé, plus fort en chocolat, ce qui ne pouvait que le rendre plus fort dans la vie. Puis il décapsula son Danone se délectant de ce yaourt spermatique, symbole visuel de la virilité. Et termina par quelques gorgées de Contrex, légendaire contrat dubonheur.

Il eut la prudence de mettre un caleçon Dim, celui du mâle heureux. Sa chemise avait été lavée par Ariel qui assurait une propreté insoutenable repérable à cent mètres. Il rangea ses maigres fesses dans un Levi's pour mieux les rendre fascinantes à chaque mouvement. Il enfila ses Nike à coussins d'air, avec la conscience de gagner du ressort pour toute la journée. Son blouson Adidas lui donna un supplément d'aisance, celle des jeunes cadres qui vivaient entre jogging et marketing.
Avant de sortir pour aller au bureau, il vida une bouteille de Coca-Cola pour sentir lui couler dans les veines la sensation Coke, il croqua ensuite une bouchée Lion qui le fit rugir de bonheur et le gorgea d'une bestiale volonté de défier le monde de tous ses crocs. Il ne lui restait plus qu'à poser sur son nez ses verres solaires Vuarnet, les lunettes du champion, et d'allumer une Marlboro, la cigarettede l'aventurier toujours sûr de lui, que ce soit dans la savane ou sur le périphérique. Lesté, des yeux aux pieds, de tous ces ingrédients de choc, il aborda sa journée de morne travail aux assurances en enlevant avec brio quelques affaires en suspens depuis des semaines et constata que plusieurs employées se retournaient sur son passage dans les corridors, sans compter que l'une d'elles lui avait adressé quelques mots.

Il quitta le bureau au milieu de l'après-midi pour aller dans un pub voisin où il commanda un Canada Dry, le dégustant avec la mâle assurance du buveur de whisky certain de ne pas dévier dans l'ivresse. Et rien qu'en jetant un vague regard derrière lui, ilrepéra immédiatement une jeune femme
qui lui parut digne de se donner à lui. Elle était très joliment faite, un peu timide sans doute, mais l'air pas trop farouche et fort mignonne. Pour un homme peu habitué à la drague, il avait eu du flair et lecoup d'œil. Grâce à Pink, Floc, Crash, Zoung, Blom ou Scratch sans doute. Sans hésiter, il l'invita à prendre un verre à sa table. Elle le regarda de haut en bas, eut presque l'air de le humer, accusa alors un léger mouvement de recul impressionné. M'asseoir à votre table? dit-elle d'une voix essoufflée. Je n'oserais jamais. Vous êtes vraiment trop pour moi.

Il la rassura, l'enjôla, la cajola du regard, de la parole et, à peine une heure plus tard, il se retrouvait avec elle dans son petit appartement de célibataire. Il lui servit un Martini blanc, ne prit rien et lui demanda de l'excuser un instant après lui avoir délicatement effleuré les lèvres. Il ressentait le besoin de se raser de près. Il entra dans sa minuscule salle de bains où la jeune femme, subjuguée, le suivit. Il s'aspergea de mousse à raser Williams surglobulée par l'anoline R4 diluée dans du menthol vitaminé, puis il prit son rasoir Gillette et vit sa compagne se décomposer.

- Non, balbutia-t-elle, oh ! non! Moi qui croyais que vous seriez mon idéal.. .Mon rêve de perfection masculine...Mais ce n'est pas avec Contour Gillette que vous vous rasez, c'est avec Gillette G.II... Rien ne sera jamais possible... Il n'eut même pas le temps de la rattraper, déjà elle avait ouvert et refermé la porte derrière elle.

Jacques Sternberg, Histoires à dormir sans vous, 1990
Vous me connaissez, chuis pas du genre sadique.
Mais Léon Taïeb, le créateur de Le Léon, qui trouve le mot chômeur "hyper mignon", je l'obligerais volontiers à porter son cachemire hors de prix, avec dessus brodé à la main en très gros, le mot connard que je trouve pour ma part hyper adapté à sa personnalité.

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur

Excellent, merci Alain !
(oublie pas le "h" sur le premier Monty Python :)

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.