Il suffit de jeter un oeil sur la page de La Nacion pour se rendre compte immédiatement du traitement plus que tendancieux. Il y a un onglet dédié à la "corruption K" (de Kirchner, l'ancienne présidente), en revanche accrochez vous pour retrouver quelque chose sur les Panama Papers. Ils sont passés au plus vite à la trappe. Durant la semaine où c'était en première page partout, La Nacion a eu la bonne idée de faire un dossier à part (et non pas un onglet), ce qui permettait de ne pas avoir Macri et les très nombreux fonctionnaires et dirigeants du PRO (le parti au pouvoir) impliqués dans le scandale en première page.

On a assisté la semaine dernière a une vaste opération de camouflage pour que le président Macri bénéficie de la plus totale impunité. Ainsi, outre le silence des principaux médias (à travers une hiérarchie de l'information qui a systématiquement placé le scandale au second rang), le Congrès a voté contre une mention qui demandait à ce que le président vienne s'expliquer sur la présence de son nom dans au moins trois entreprises off shore.

Les médias ont largement été aidé par des juges pour enfouir l'affaire. Ainsi le jour même le scandale était révélé (le nom de Macri apparaissait dans les Papers), un juge demandait l'arrestation d'un haut dignitaire de l'ancienne présidente. Si bien que toutes les télés suivaient en continue cette arrestation et personne ne parlait du scandale.

Enfin, un juge a ouvert une enquête sur Macri. La Justice enfin! ... heu, peut-être pas... il se trouve que le juge en question a déjà enquêté sur Macri, alors poursuivi pour des écoutes illégales durant sa gestion de la ville de Buenos Aires. Or, oh surprise, il a blanchi Macri (il faut d'ailleurs saluer ce tours de force). C'est encore le même juge qui a trouvé nécessaire de déployer d'inhabituelles forces de police pour arrêter l'ancien dignitaire K, dans le show de la semaine dernière qui a permis aux médias de ne pas parler des Panama Paper en première page...

Les Panama Papers finalement ont fait pschittt sauf en Islande
Et au Royaume-Uni tout le monde se fait transparent à qui mieux mieux
Et ailleurs on se disculpe en parlant de complot
Les mots de l'Agepeba, l'agence journalistique de Buenos Aires, "Aquí, forman parte de la lumpen burguesía, que como único objetivo tienen enriquecerse a cualquier precio, lavando y fugando activos también." sont un constat sans appel. Le problème est de savoir pour chaque pays le degré de puissance de la "lumpenbourgeoisie" et le degré d'asservissement de ceux qui forment la majeure partie de la population transformés en machines à consommer quand ils ne deviennent pas eux même produits consommateurs