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En Picardie, la bataille des mille vaches bat son plein

Les uns ont gagné la bataille de communication, les autres la bataille juridique. A quelques jours du procès de neuf militants de la Confédération paysanne pour dégradation et vol sur le chantier de la ferme des mille vaches, près d'Abbeville dans la Somme, le débat sur l’industrialisation de la production de lait est toujours aussi vif. Sur le terrain juridique, l’exploitation géante a obtenu toutes les autorisations pour démarrer et aujourd’hui 450 vaches laitières passent à la traite avec l’objectif de parvenir à mille d’ici peu. Mais sur le terrain médiatique, les riverains, la Confédération paysanne et la ribambelle d’associations engagées contre le projet ont remporté la victoire. Presse et télé sont unanimes. L’industrialisation de la production de lait inquiète à la fois pour son impact écologique mais aussi pour la mort d’un modèle d’agriculture rêvé : vaches libres dans les champs et lait de qualité. Les mots productivité, mondialisation, compétitivité rencontrent une résistance comme jamais.

Derniers commentaires

Anne-Sophie,

Votre enquête fouillée est très intéressante et instructrice, mais je pense que vous commettez une erreur dans votre conclusion.

Le modèle industriel est peut-être un échec en Bretagne, mais certainement pas dans le reste du monde où il prospère joyeusement, et en particulier en Allemagne dans les fameux abattoirs géants qui ne fonctionnent qu'avec des travailleurs détachés sous-payés, ou au Brésil d'ailleurs investis par toutes les grandes firmes agro-alimentaires, et sûrement dans plein d'autres endroits. C'est d'ailleurs bien la concurrence brésilienne et allemande, entre autres, qui a mis au tapis la filière bretonne, et pour des raisons de coûts salariaux et pas du tout pour des raisons environnementales ou sociales !

Le modèle agricole familial n'a tout simplement aucun avenir dans le cadre des marchés agricoles libéralisés et dérégulés, dans le cadre de l'Union Européenne ou de l'OMC. On a le choix entre changer de modèle agricole ou changer de cadre économique. Mais ce dernier point (rompre avec l'euro, l'Allemagne, le TAFTAN, l'OMC.... ?) est nettement moins consensuel que l'opposition à la ferme des milles vaches !
Il faut bien comprendre que tout ceci est possible grâce à la disparition des quotas laitiers.

Jusqu'à il y à peu, la production laitière française était contrôlée (c'est quelque chose qui est rigoureusement impensable dans toutes les autres productions industrielles dans le cadre de la mondialisation). C'était pour faire face aux difficultés de débouchés, mais le changement d'alimentation des classes moyennes chinoises notamment (jetant aux orties 5000 ans d'habitudes alimentaires pour consommer un produit pour lequel ils ne sont pas adaptés génétiquement), d'une part, et l'insistance de l'OMC pour libéraliser les marchés d'autre part ont finalement fait flancher les politiques agricoles françaises.

Les quotas se répartissaient par région, avec des adaptations bien sûr en fonction de l'historique et des potentiels de production (la Bretagne, où les conditions sont très avantageuses pour produire beaucoup de lait (de mauvaise qualité mais c'est une autre histoire) avait le droit de produire plus que les départements du Centre). Les quotas laitiers ont produit des paysages, typiques de la production laitière, partout où ils ont été maintenus. Les pâtures de moyenne montagne sont caractéristiques de cette production pour qui y a jamais jeté un coup d'oeil ( des petits îlots, entourés de haies pour l'ombre). La disparition des quotas va provoquer une spécialisation des régions à fort potentiel et l'abandon de l'activité en moyenne montagne, non pas à cause des agriculteurs, mais à cause des industriels qui ne pourront pas tenir la concurrence avec leurs faibles volumes.

La ferme des mille vaches en est le symptôme le plus visible, mais tous les paysages français (et tous les écosystèmes qui valent encore le coup) vont être durablement impactés.

Super article, merci.
Il y a quelques années, Finkielkraut a accueilli dans son émission " répliques" la philosophe Elisabeth de Fontenay, pour son livre " le silence des bêtes". D'où peut-être son intérêt pour le cheptel.
Bonjour Anne-Sophie,

il y a une partie de l’article que je ne comprends pas :

«Et on voudrait reproduire ce modèle avec les vaches ? On les voudrait compétitives et sacrifiées sur l’autel du libre-échange ?
Encore, un poulet, un cochon… mais une vache ! On touche au sacré.


Pourquoi peut-on plus sacrifier un poulet et un cochon sur l’autel du libre-échange ?
ça m'a rappelé "The Meatrix"
en VO : http://www.youtube.com/watch?v=u4_pzPrMTrs
en VF : http://www.youtube.com/watch?v=oHqwSYN7PFg
- Neuf militants de la Confédération paysanne jugés pour dégradation et vol sur le chantier de la ferme des mille vaches.

- Combien de Benêts Rouges déférés en justice pour le saccage de biens publics (ne parlons pas des portiques) à Morlaix et ailleurs ?

Il est vrai que l'atteinte aux biens publics, c'est nous qu'on paie et on a l'habitude à chaque fois que l'Etat (c'est nous) est condamné et que ça ne sort pas de la poche des vrais responsables.

Alors que là, toucher même légèrement aux biens de Monsieur Millevaches "François, c'est mon copain", savachier !
Jeudi 18 septembre 2014, l'écrivain et philosophe Alain Finkielkraut a surpris tout le monde avec une longue anecdote évoquant le bonheur des vaches des agriculteurs se promenant dans un pré.

En savoir plus: http://www.gentside.com/le-grand-journal/le-grand-journal-l-039-anecdote-surrealiste-d-039-alain-finkielkraut-sur-les-vaches_art64923.html

Il était très émouvant et avait parfaitement raison. Petite dans le Cantal, tous les ans, j'assistais à la transhumance, des centaines de vaches passaient devant la maison et c'était un très beau moment, maintenant j'aime à les admirer dans les champs de Corrèze, c'est un superbe animal et le sort que lui réservent ces industriels est ignoble et aussi très inquiétant pour le sort que des individus pareils peuvent réserver aux humains. Merci pour cette chronique.

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