Erythrée : "Je n'avais pas mesuré l'ampleur de ce qui se passe"
Parmi les migrants qui traversent une partie de l'Afrique et de la Méditerranée au péril de leur vie, parmi ceux que la semaine dernière encore le gouvernement français tentait de disperser et d'invisibiliser dans le nord de Paris figurent de nombreux Syriens, mais également de nombreux Erythréens. Que se passe-t-il vraiment en Erythrée, pays de la Corne de l'Afrique ultra-militarisé et totalement ignoré par les médias mondiaux? L'Erythrée est-elle la Corée du Nord, ou le Cuba de l'Afrique? C'est l'objet de notre émission de cette semaine, avec pour en discuter: Cécile Allegra et Delphine Deloget, auteures et réalisatrices du documentaire Voyage en barbarie (prix Albert Londres 2015) qui raconte les tortures subies par les migrants érythréens dans le Sinaï, ainsi que Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, enseignant à Sciences-Po, chercheur au Centre d'analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du ministère des Affaires étrangères, et co-auteur avec Franck Gouéry du livre Erythrée, un naufrage totalitaire (PUF, 2015).
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Derniers commentaires
Je souhaite simplement apporter une nuance sur la conclusion selon laquelle 100% des érythréens trouveraient l'asile en France : je terminer mon mémoire de recherche sur le rétention à des fins d'éloignement dans le cadre de la directive retour de l'Union européenne et je peux affirmer que beaucoup d'érythréens font l'objet d'une procédure de retour (pas seulement dans le cadre du règlement Dublin qui prévoit le renvoi des migrants vers le premier Etat membre dans lequel ils ont été enregistré, mais également dans le cadre de la directive retour, c'est à dire aux fins de renvoi vers l'Erythrée).
Certains érythréens sont donc non seulement renvoyés vers l'Etat dictatorial qu'ils ont fuit au péril de leur vie, mais également placés en "rétention administrative" dans l'attente de l'exécution de la décision de retour (jusqu'à 45 jours en France, jusqu'à 18 mois dans d'autres Etats européens). Ils sont également largement représentés dans les prisons européennes, l'immense majorité des Etats européens incriminant l'entrée irrégulière et/ou le séjour irrégulier (souvent puni d'une peine d'emprisonnement).
Ainsi, loin d'obtenir tous l'asile en France ou dans le reste de l'Europe, ils sont pour certains privés de libertés soit administrativement dans le cadre d'une procédure de retour, soit pénalement en vertu de la criminalisation de l'irrégularité (voire les deux, puisque ceux qui sont remis en liberté lorsque la durée maximale de rétention est atteinte ne se voient pas obligatoirement délivrer un titre de séjour et peuvent donc être appréhendés à tout moment, soit pour une nouvelle procédure de retour, soit pour infraciton à la loi pénale).
(en accès réservé à cette heure mais deviendra accessible ultérieurement)
Ca serait une cool initiative de pouvoir diffusez cette interview,
Il cite un témoignage paru dans Candide le 25 juillet 1935:
Hier, à huit heures, nous amarrâmes les nègres les plus fautifs aux quatre membres, et couchés sur le ventre dessus le pont, et nous les fîmes fouetter. En outre, nous leur fîmes des scarifications sur les fesses pour mieux leur faire ressentir leurs fautes. Après leur avoir mis leurs fesses en sang par les coups de fouet et les scarifications, nous leur mîmes de la poudre à tirer, du jus de citron, de la saumure, du piment tout pilé et brassé ensemble avec une autre drogue que le chirurgien mit et nous leur frottâmes les fesses pour empêcher que la gangrène n'y soit mise et de plus pour que cela leur eût cuit sur les fesses, gouvernant toujours au plus près du vent, l'amure à bâbord.
En 1935-36 conquête italienne: Ethopie, Erythrée, Somalie.
Et merci, j'ai tout appris sur l'Erythrée avec votre émission. Monstrueuse barbarie, les pauvres gens.
Vu qu'il y a tant d'erytheriens à Paris en ce moment, comment l'idée d'en inviter quelques-uns sur le plateau pour des témoignages de leurs péripéties dramatiques n'a pas effleurer quelqu'un dans l'équipe ?
Il me parait que c'était la moindre des choses, non?
C'est bizarre, je ne comprend pas.
Peut-être quelqu'un peut-il l'éclairer?
Merci
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
J'en suis au début du visionnage et c'est vraiment un sujet terrible et passionnant.
Par contre, je trouve dommage que les journalistes soient aasez confuses dans leur propos.
Par exemple, j'ai pas du tout compris le fameux passage du "shoot to kill" au fait de les laisser finalement filer.
Je n'ai pas saisi l'objectif de l'Etat de changer de stratégie là-dessus.
J'espère que la suite sera plus claire et compréhensible.
Cyril.
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
Je n'ai pas saisi l'objectif de l'Etat de changer de stratégie là-dessus.
Pourtant, ce n'est pas bien compliqué :)
L'Etat s'est rendu compte que plutôt que de tuer les gens cherchant à partir, il valait mieux les attraper pour les revendre ( et à 20 000 dollars le fuyard, aide à financer ) et gagner de quoi financer soit l'Etat, soit le général en charge de la zone.
Et en plus ça fait économiser des balles.
Excellente émission aussi, sur un pays que je ne connaissais absolument pas. Merci @SI de me faire découvrir régulièrement des sujets importants dont on ne parle pourtant pas dans les médias classiques...
Faudrait quand même ce poser les questions un peu autrement. L'intervenant n'a fait que esquissé le gros problème sous jacent: La géo politique depuis des dizaines d'années. On revient jamais au racine, mais faut bien revenir sur les colonisations et les décolonisation, les politiques d'affrontement entre bloc soviétique et américains féroce en Afrique. Les jeux de tension, d'armement de tel groupe, de tel pays etc... Alors ce gentil chercheur balaie la CIA d'un revers de main, comme si (il est bien connue) la CIA ne fait rien dans le monde, enfin si ! Elle contribue au bonheur des peuples et l'entente entre nation... Enfin bon faut arrêter la déconade ! C'est comme le problème dans le Sinai, on est en présence d'une partie qui a été occupé militairement par Israel pendant de nombreuses années, qui est entre le gros des forces egyptiennes, Israel et Gaza. On imagine bien que personne dans les sphères diplomatique et geo stratégique ne cherche à pacifié au mieux la région. Cette état de guerre permanent profite à tous ! Aux dictatures en place, aux pays occidentaux qui s'enrichissent sur ces déstabilisation depuis déja plus d'un siècle (même plusieurs siècles si on remonte à l'esclavage qui n'est pas qu'un paragraphe au manuel d'histoire), et même aux opposants armées ou passeur, traficants etc... Qui prospère.
Les seules qui se la prenne en pleine gueule se sont les populations. Mais occulté les responsabilité que j'ai précedement cité c'est ne répondre que à la moitié du problème. Dommage de pas avoir invité un journaliste du monde diplomatique bien callé sur cette partie de l'afrique; ou autres personne ayant un vision un peu plus global que nos intervenant, certe très bon sur leurs sujets respectifs, mais travaillant sur des sujets trop précis pour comprendre un peu mieux tenant et aboutissant de cette région
Des milliers de personnes sont passés ici depuis 2010.
Il est donc faux de dire que ce camps existe depuis un an.
En apprendre plus en une heure qu'en visionnant des semaines de chaines d'info !
Et tiens, Justine est derrière. Surprenant ! :)