Enseigner confinés : "Tout était sous-dimensionné"
L'enseignement à distance est-il le paradis de l'invention de nouvelles méthodes, de nouveaux outils pédagogiques plus adaptés ? Ou bien est-ce l'enfer d'un enseignement numérique noyauté par les intérêts du privé, avec l'objectif secret du ministère de l'Éducation de réduire drastiquement le nombre d'enseignants devant les élèves ? La présence est-elle indispensable à un bon enseignement ? Pour débattre de ces questions, trois invités : Marie-Christine Levet, fondatrice du fonds d’investissement EduCapital, elle finance des start-up qui développent des technologies dans le domaine de l’éducation ; Rachid Zerrouki, professeur des écoles à Marseille en sections d'enseignement général et professionnel adapté (SEGPA), il est connu sous le nom de Rachid L'Instit sur Twitter et écrit des chroniques dans plusieurs médias comme Slate ou Libération ; Laélia Véron, chroniqueuse pour Arrêt sur Images mais également maîtresse de conférence en stylistique et langue française, et enseignante en prison.
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Commentaires préférés des abonnés
Je suis professeur de lettres classiques en collège REP +.
Je tiens à vous remercier pour cette émission qui met véritablement en perspective ce qui s'est passé pendant le confinement. Tout ce qui a été dit par Laélia et Rachid (et non, leur discours (...)
Quel est le sens d'outils numériques ayant vocation à être utilisés par des enseignant.e.s "bien payé.e.s et bien formé.e.s" dans un contexte ou le nombre d'enseignant.e.s est toujours plus insuffisant, où le recrutement comme fonctionnaire cède la p(...)
Laélia Véron coupe très souvent la parole, c'est pénible. Ses propos ne valent pas plus que ceux des autres.
Derniers commentaires
Très bonne émission.
Marie-Christine Levet tient le discours archétypal de ce qu'on entend dans les hautes instances dirigeantes de l'enseignement public: le numérique c'est l'avenir...ça va nous aider à résoudre des tas de problèmes, comme les inégalités à l'école...voyez ce que font les voisins... Nos dirigeants se repaissent d'analyses pré-maché et de solutions bon voire pro-marché (bon c'était pour l'assonance). C'est le pipotron permanent. C'est affligeant... ET Blanquer et Vidal sont des zozos promoteurs de cette vacuité... Pfff...
En revanche, Rachid Zerrouki est exceptionnel dans ses interventions. Franchement, chapeau!
J'apporte une contribution:
J'enseigne la physique dans le supérieur où, comme le dit Laélia Véron, le numérique a particulièrement bonne presse. Et dans les outils numériques, il existe, depuis longtemps déjà, les diapos (genre powerpoint). Un outil bien pratique pour les profs parce que tout est noté dessus (les formules, les figures). En plus, éventuellement, ça permet à certains de faire l'économie d'une démonstration. Ca n'est pas systématique bien sûr.
Je ne sais pas combien d'étudiants j'ai entendus se plaindre de cette approche! En M2, toute ma classe trouvait ça insupportable... Attention, je ne dis pas qu'il sont contre les diapos: ils sont contre l'effet que ça produit sur la pédagogie. Alors, bien sûr, on peut dire que c'est utilisé à mauvais escient. Mais question: qui forme les enseignants sur les outils numériques? Personne. Eventuellement une formation par ci par là. Rien de sérieux...
En tout cas, je peux vous dire que, pour une démonstration mathématique, pour répondre à une question, il faut un support flexible, rapide, effaçable. Bref, il faut un tableau...
Sinon pour le reste Bravo à Coline pour sa première émission rondement bien menée.
Bravo à Daniel aussi et aux autres invités aussi très intéressants (Rachid Zerrouki et Marie-Christine Levet)
Je ne savais pas que Laelia Véron s'était transformée en Eric Zemmour. Attention Daniel !
Elle croit au grand remplacement, non pas des musulmans mais des profs par le numérique !!
On vire un peu à la blague.... (un ptit conseil Peertube au lieu de Youtube très pertinent pour les profs car ils connaissent leur publics, pas besoin d'avoir un tuyau connu du coup!)
Déçu de la voir agresser les autres invités (une autre).
Outre le danger de remplacement des profs par des vidéos ou des programmes dispensant un pseudo "enseignement" standardisé et stérilisé, un autre vrai gros danger est celui de généraliser encore plus les méthodes pédagogiques inefficaces du XIXème siècle, à base de cours et de leçons.
Et on le voit dans les exemples montrés durant cette émission, qu'est-ce que les concepteurs de ces vidéos et programmes proposent ? Uniquement des cours et des leçons, avec les exercices d'application qui les accompagnent.
Or on sait depuis un siècle que les cours et les leçons ça ne fonctionne pas à l'école (en tout cas pas au primaire).
Et des pratiques efficaces existent pour enseigner autrement (méthode naturelle, textes libres, plans de travail...).
Mais elles sont totalement incompatibles avec un enseignement à distance.
Ces pratiques ont toujours été ignorées par l'institution, jamais enseignées officiellement, les profs d'école qui souhaitent s'y former doivent le faire à leurs frais et sur leur temps libre. Mais au moins c'était possible !
Si ce pseudo-enseignement par vidéos et programmes se généralise, il n'y aura plus vraiment de classe physique, plus de vie de classe, et tout ça disparaîtra au profit des intérêts financiers et politiques.
Belle émission. Il en ressort qu'il n'y a pour l'instant pas consensus entre le paradis et l'enfer de l'enseignement à distance. Il y a débat et l'émission l'a bien montré ! C'est pourquoi, l'heure ministérielle est venue de faire pencher la balance en faveur de l'enseignement numérique à distance (pour des raisons principalement d'économie). Comment faire ? Comme l'ont précisé Rachid et Laelia : en disqualifiant l'enseignement en présentiel ! (absence de recrutement enseignants et humain et pénurie d'investissement dans la formation). Plus l'enseignement public sera dégradé, plus il y aura de "décrochés", plus le recours à "une autre forme d'enseignement" sera légitimé. Et tout ceci en auréolant les fabuleuses réussites de l'enseignement à distance, vantées par certains médias... Le paradis n'existe que s'il existe un enfer. La mécanique est en marche, elle devrait s'accentuer dès cette rentrée.
Cette émission m’a mis en colère.
J’aurais bien aimé avoir l’avis d’un étudiant sur sa vision de l'enseignement.
Ce dont je me souviens, ce sont des heures de transport en bus, de l’amphi bondé, du prof qui déroule son cours sans se préoccuper de quoique ce soit, des techniques à mettre en œuvre pour essayer de prendre des notes tout en essayant de comprendre ce qui est dit, de la difficulté à lire ce qu'il écrit, de la difficulté d’interpeller le professeur et des réponses souvent blessantes qu’il pouvait faire.
Bref, un tableau très éloigné du discours idyllique sur le partage de la connaissance et de l’exaltation associé à ces merveilleuses interactions.
Je suis par ailleurs finalement effaré par l’inculture numérique dont font preuve souvent les professeurs, y compris ceux présents sur le plateau, qui ne semblent pas avoir compris que l’on a changé de paradigme. Napoléon III, c’est fini, Denis Papin et la machine à vapeur aussi, il faudrait peut-être qu’ils se réveillent.
En 1961 déjà, Jean Boniface, dans « Arts de masse et grand public » écrivait à propos des programmes éducatifs à la télévision :
« Notre pays, fort en avance cette fois sur les autres, a créé dès 1952 un service de télévision scolaire auquel 8000 écoles sont inscrites. Quatre émissions de trente minutes leur sont destinées chaque semaine. Imagine-t-on méthode plus active qui permette de visiter sans quitter son banc de classe, le Louvre, Versailles ou les usines Renault ?
Et quelle efficacité justifiant ce proverbe chinois : Une image vaut dix milles mots. »
1952… cela laisse rêveur quand on voit que plus de 60 ans après, malgré les progrès techniques ahurissant qui ont été fait (2300 transistors dans les puces en 1974, jusqu’à 30 milliards en 2020), on en est toujours au même point avec Lumni, et même pire, on a régressé puisque je me souviens que dans les années 1970 (j’ai 63 ans) avoir écouté régulièrement des émissions pédagogiques en classe (des concerts notamment) alors que ma fille de 10 ans n'en a jusqu’à présent vu aucun…
Je n’accuse pas (que) les professeurs, qui font ce qui peuvent, avec des contingences matérielles qui font (pour plusieurs raisons) que la mise en œuvre des dispositifs techniques est souvent en pratique difficile voire impossible (comment avoir des accès à internet différenciés pour les élèves quand la bande passante globale de l’école est limitée à quelques MBauds ?). Il n’en reste pas moins que tout ceci est pathétique.
Pour YouTube, et bien oui, je pense aussi que c’est un des principaux moyens d’apprentissage (au fait, YouTube, on peut le regarder sur un smartphone, mais avez-vous essayé de vous connecter à un ENT avec un smartphone ?) : qu’il s’agisse d’apprendre à changer la pompe du lave-vaisselle, faire des diminutions sur un tricot, ou en savoir plus sur les réseaux neuronaux convolutionnel, YouTube permet d’accéder à des millions de vidéos et je pense que c’est un progrès. Un progrès qui a un coût (en termes de dépendance vis-à-vis des Gafa), mais un progrès en termes d’éducation, car elle permet à un grand nombre d’enrichir ces connaissances.
Si l’éducation nationale était capable de faire la même chose (ou au moins de faire des index efficaces sur des contenus plus ou moins certifiés) a serait surement mieux, mais pour l’instant, ce n’est pas le cas et http://www.senat.fr/rap/l19-140-314/l19-140-3144.html les crédits alloués en 2020 ne laisse pas présager une amélioration quelconque.
Je suis par ailleurs effaré par l’absence de mise en cause du contenu pédagogique. À ce propos, et sans vouloir agresser Rachid, s’est-il interrogé sur la pertinence d’apprendre à des élèves en difficultés ce qu’est un hexagone ou comment s’appelle un triangle avec deux cotés égaux ?
J’ai beau chercher, je ne crois pas avoir pensé ou prononcé le mot isocèle dans les dix dernières années, et je ne pense pas que cette notion ait un intérêt quelconque, ni qu’elle soit utile à la structuration de la pensée (et pourtant je fais du développement électronique et des maths appliquées toute le journée).
Je suppose que « c’est au programme », mais apprendre à faire des tartes au pomme ou changer le mécanisme des WC (ou n’importe quoi d’autre) serait sans doute plus utiles, et plus formateur.
Cela me fait donc vraiment marrer (jaune) de vous voir appeler Bourdieu à la rescousse tout en défendant bec et ongle des programmes et des dispositifs désuets et inefficaces : le professeur omniscient qui distille ex cathedra son savoir bienveillant à des foules d’apprenants (c’est comme ça que ça s’appelle, il parait) qui n’en n’on rien à faire des hexagones…
Au fait pour ce qui est des « navigateurs », les enfants ne savent pas ce que c’est, mais le savez-vous vous-même ? En fait le navigateur auquel vous pensez, qui est hérité de Mosaic ou Netscape, a tellement évolué, que cette notion même de navigateur est en train de perdre de la pertinence parce que les interaction entre le web et les ordinateurs font qu’il commence à ne plus y avoir de séparation entre le système d’exploitation et le navigateur (voir les « Chromebooks »).
Pour ce qui est des mauvais résultats globaux aux tests PISA et TIMSS, une des deux étude (je ne sais plus laquelle) montre que l’on ne peut pas associer le (très) mauvais classement de la France aux seuls paramètres de l’absence de reconnaissance ou du montant du salaire. Si je me souviens bien les profs Japonais se sentent encore plus mal considérés et les profs Portugais mal payés, deux pays qui ont de bien meilleurs résultats de la France. La France est en revanche un des pays qui utilise le moins d’outils numériques. Ceci n’explique sans doute pas cela, mais il faudrait peut-être arrêter la technophobie.
Cette phobie des professeurs est telle (elle me fait penser à celle des médecins il y a une vingtaine d’année qui ne voulait absolument pas s’informatiser au motif que l’utilisation des écrans allait rompre la relation qu’ils avaient avec les patients) qu’on en est réduit, si on veut continuer à échanger avec eux de leur réaffirmer avec force le mantra de la liberté pédagogique. Franchement, cette liberté pédagogique à bon dos quant elle ne sert qu’à justifier un statu quo si désastreux
Pour finir, je suis étonné que vous n’ayez pas parlé des initiatives non marchandes (par exemple Khan Academy -dont on peut, je vous l’accorde, s’interroger sur les soutiens-) et/ou sur le mouvement des logiciels libres qui sont une des réponses possibles à la mainmise des Gafa.
Bon voilà, je suis en colère. Bien à vous.
Je suis prof d'info, mes cours sont avec comme seul support un tableau blanc (et quelques crayons)... et absolument jamais d'outil numérique. La pensée Powerpoint, pas pour moi...
Emission très intéressante qui montre que le numérique est un outil qui peut aider l'enseignant en étant à son service et non pas l'inverse.
Le problème c'est que l'association "outils numériques et politique néo-libérale d'austérité visant à faire de l'enseignement (comme de tous les services publics) un marché permettant à certains de faire des profits" est catastrophique et utilise de fait le numérique comme un outil non pas d'aide aux enseignants mais comme un outil de REMPLACEMENT des enseignants.
Il faut aussi certainement améliorer la formation des enseignants (au lieu de la supprimer!) et qu'aucun enseignement ne soit fait par quelqu'un qui n'a aucune formation en pédagogie, transmission du savoir car sinon cela dépend des capacités "naturelles" de la personne qui peut donc être douée pour la pédagogie...ou pas.
Enfin ce qui m'a le plus "énervé" dans l'émission c'est d'entendre plusieurs fois qu'il faut utiliser le numérique "pour faire des économies" sans jamais rappeler que ces économies ne sont pas du tout justifiées : de l'argent il y en a plein (évasion fiscale, niches fiscales, intérêts de la dette illégitimes...)!
Si nous changeons de politique et que l'on va chercher l'argent là où il est (et qu'on arrête de foutre en l'air celui que l'on a déjà : intérêts de la dette) on pourra enfin créer tous les postes nécessaires dans l'éducation (et dans tous les services publics ) et le numérique aura enfin la seule place qu'il doit avoir : un outil au service des enseignant-e-s.
Comme pour certains autres auteurs de commentaires, mon impression suite à cette émission est mitigée. Je partage l'avis des enseignants mais je trouve que vous n'avez pas été assez précis. L'apprentissage nécessite de l'humain, oui, mais comment ? Les parcours individualisés évoqués par Marie-Christine Levet sont aussi conçus en classe, mais pas de la même manière, pas par le seul choix d'enchaînements différenciés d'exercices pré-calibrés. Je me suis exercée sur lalilo. A aucun moment, il n'est possible de parler de construction de connaissances ou d'apprentissage. Il s'agit de réaliser des exercices, de tâtonner, de se tromper ou pas, de recommencer, mais à quel moment se pose-t-on la question de savoir ce que l'on va apprendre, comment repérer, comment mémoriser, quelle stratégie mettre en place ou encore d'où vient la difficulté, l'erreur ? Etc.
Et je ne parle pas de ce qui est proposé à lire... pardon, à décoder. Puisque majoritairement on propose aux yeux des enfants des erreurs (2 réponses sur 3) - à éviter (repérer le bon encodage). Sans évoquer "les valises pleines de roses". Surréaliste, oui.
Merci à Little jo d'avoir souligné le lien avec les Gafam.
Ben moi je suis pas prof, ma compagne l'est. Et pour tout dire, une deuxième émission la dessus me parait largement superflue.
J'ai hate de voir si vous allez traiter de la présentation dans les médias mainstreams de la crise et des défilés d'experts qui se contre disaient les uns les autres sans aucun recul des journaliste en plateau (parce que l'émission sur les live de monde , y avait un petit coté bisounours/mon confinement de journaliste assez peu interessant également) .
La gestion de la crise a été l'occasion de faire tourner l'usine à buzz et à clic à plein rendement.
Ou alors vu des réseaux sociaux, ou ailleurs que sais je .Mais deux émissions sur l'éducation reste une de trop .
Enquête brève et précise que la dépendance de lalilo au gafam. En exclusivité sur arrêt sur images.
Je regarde une annonce de recrutement pour lalilo :
https://www.welcometothejungle.com/fr/companies/lalilo/jobs/fullstack-software-engineer_paris
> L’équipe de développeurs gère les apps fronts (React en Typescript), une API node (Typescript) et l’infrastructure (AWS, k8s, tf). Elle aide également au développement de 2 APIs sur lesquelles travaillent les 2 équipes de data scientists.
AWS : Amazon Web Services
Donc lalilo est hébergé sur l'infrastructure d'Amazon. Donc lalilo est dépendant des gafam.
La vendeuse de soupe numérique est très peu convaicnante. Beaucoup d'éléments de langage tout fait ("il faut vivre avec son temps" : ha ? Que veut dire ce truisme ? Il me semble que tous les humains vivent dans le même flux temporel...) ; elle fait des analogies idiotes ("vous achetez bien des livres alors vous pouvez acheter des logiciels" lol) ; etc.
Nulle.
Mais enfin la vidéo de la boite d'œufs :
Tous les enseignants de FRANCE utilisent cette activité avec les boîtes d'oeufs. Donc la maitresse n'a rien inventé.
De plus, le problème que personne ne soulève est celui du problème qui n'y arrive pas.
Quand tout le monde est en classe,la maitresse voit les élèves en difficultés et peuvent intervenir... pas avec une vidéo.
Quelques soient les solutions mises en oeuvre par les enseignants le problème fondamental vient aussi de l'autonomie de l'élève et/ou de leur parents face aux outils d'apprentissage.
J'oserai dire, rien à voir, quel enseignant a peur d'être remplacer par... un livre ?
Au sujet des instits qui ont fait des cours YouTube : c’est mignon mais le principal problème est de ne pas faire cours dans un espace neutralisé. En se filmant chez soi à ce ses enfants et son décor intime, il y’a beaucoup trop de signifiants bobo (excusez moi) dans ce cas, mais peut être peut imaginer le même defaut avec un autre type de decor. Service public = neutralité laïcité égalité de traitement . Ce sont tous ces principes que le numérique met à mal. L’espace neutre de la classe me paraît primordial.
Honte aux Profs du Public qui donnent des cours particuliers! Preuve de leur incompétence.
Espérons que c'est la première et dernière fois que vous invitez Laélia. Avec elle toute discussion est impossible. C'eût été bienvenu qu'un linguiste analyse son discours en fin d'émission ;)
l'ecole est le lieu d’intégration et de mixité sociale, c'est cet élément la qu'il sera quasi impossible de remplacer avec les outils numériques aussi pointus soient ils.(on pense bien sur a la réalité virtuelle qui avec suffisamment de cameras et de capteurs permettra de reproduire une classe a l'identique)
Ce que nous avons vécu durant la pandemie présage en partie du monde de demain..... Le télétravail et l'enseignement a distance va se généraliser ne serait ce que pour des questions de coûts..... pour le meilleur et pour le pire (largement explicite par les propos des 2 professeurs dans cette émission).
Je bosse dans une administration qui n'est pas l'education nationale. La formation professionnelle obligatoire impose chaque année des stages de formation. Regulierement on est obligé de se taper des trucs comme les cours de Lalilo. C'est tellement ridicule, exasperant, infantilisant qu'on devient hermetique : on clique au hasard pour faire avancer les questions pour liquider la tache. Au final on se fait notre formation comme on peut en causant boulot a la pause café. C'est comme cela que notre administration ne respecte plus la législation car les agents qui ne sont pas formés pédalent dans la semoule.
Pas très content d'entendre que je suis un "sous prof" :/.
En effet, je ne suis pas issu de l'éducation nationale, pourtant je me donne à fond.
Je n'ai pas l'impression que mes collègues titulaires aient de meilleures compétences éducatives et de meilleures connaissances disciplinaires que moi. Je suis juste moins bien payé et c'est ça qui doit changer.
On n'est pas formé à être prof à l'école, c'est l'expérience qui vous forme. Mes collègues titulaires le disent également.
Pendant le confinement les élèves de notre établissement ont joué le jeu mais tout le monde n'en peut plus. Le tout numérique ne pourra jamais remplacer le présentiel. Mais on peut ajouter une part de distanciel dans l'enseignement. Cela peut fonctionner sur la longueur dans des cas particuliers.
Vous n'avez pas parlé de l'outil qui a fait un plébiscite parmi les élèves, les parents et les profs : google classroom.
Je suis professeur de lettres classiques en collège REP +.
Je tiens à vous remercier pour cette émission qui met véritablement en perspective ce qui s'est passé pendant le confinement. Tout ce qui a été dit par Laélia et Rachid (et non, leur discours n'est absolument pas caricatural) correspond à ce que j'ai vécu et aux questions très inquiétantes que pose "l'enseignement à distance" ... Je m'interroge sur ce vocable d'ailleurs, qui relève quand même de l'oxymore ... enseigner, ce n'est pas à distance : merci à Laélia et Rachid d’avoir dit que ce qu'on a fait, c'est du "bricolage" avec le seul souci de maintenir chez les élèves une mobilisation intellectuelle pour résister aussi à l'enfermement que représente la seule communication avec un écran ... Nous avons fait de notre mieux pour ne pas perdre les élèves, qui sont, faut-il le rappeler des enfants et des adolescents en construction, parfois, et souvent dans mon collège, dans des situations sociales et économiques que n'imaginent même pas les plus hautes instances du ministère. En plus des 12 heures par jour à chercher des moyens de proposer des contenus stimulants d'activités (oui il ne s'agissait pas de "faire cours" normalement) pour chaque niveau pour donner aux élèves de s'y coller, j'ai passé des jours entiers à appeler les familles, les élèves (tiens tiens, ne serait-ce pas la vraie question du lien humain qui était posé par le confinement ?) ... Et Laélia a tout à fait raison : on en arrive à ce paradoxe étrange : nous avons créé, inventé (mais, au fond, comme on le fait d'habitude avec nos élèves en chair et en os !) et partager ces expériences pourrait devenir un argument pour justifier le passage au tout numérique. J'ai été associée à une formation académique après le déconfinement sur l'"enseignement hybride", présenté comme le futur de l'école (si, si) avec le "distanciel" et le "présentiel" en alternance ... et on voit bien que les formateurs eux-mêmes sont pris dans une injonction paradoxale : après avoir dit en introduction que le distanciel ne remplace pas le professeur, comme une sorte de lieu commun destiné à rassurer tout le monde, toute la formation a porté sur les "extraordinaires" possibilités du numérique !!!! Quelle ironie ! A quel moment réfléchit-on sur ce que les élèves ont vraiment acquis pendant cette continuité pédagogique ? A quel moment pose-t-on la vraie question du manque d'équité entre les élèves les familles, qui ne peut placer cette période que comme une parenthèse inédite ?
Je précise que j'utilise le numérique dans mes cours, que je m'auto-forme à certains outils, mais jamais en les pensant comme une panacée mais comme des outils qui peuvent apporter une dimension à mon enseignement. Donc je ne suis pas "technophobe". Tout ce qu’a dit Rachid sur la fracture numérique secondaire est au cœur du débat. Le confinement a révélé l'importance de la fracture sociale, et l'absolue nécessité d"investir" dans l'humain et et encore l'humain. Faire croire, comme le dit Marie-Christine Levet que l'IA peut proposer des parcours différenciés et résoudre le problème du décrochage est quand même assez fou : une évaluation diagnostique corrigée par des algorithmes fausse l'analyse de très nombreux facteurs d'échec et laisse penser que l'enseignement serait une fonction de type behavioriste ... corriger une copie, manuscrite, révèle, précisément, à travers ses erreurs, sa forme, énormément d'éléments qui permettent de comprendre là où on est l'élève et de réfléchir à ce qu’on peut faire pour l'aider à construire son parcours. J'avoue avoir été en colère d'entendre Marie-Christine Levet dire que l'IA pouvait apporter ce que les enseignants ne réussissaient pas à faire, comme si ce taux d’échec venait des démarches pédagogiques des enseignants ! C'est vraiment méconnaître la réalité sociale, économique et psychologique de la majorité des enfants français. C’est quand même une forme de culpabilisation, comme si les enseignants ne questionnaient pas leurs pratiques. C'est penser qu'un coup de baguette magique suffit à débloquer une situation : mais enfin de qui se moque-t-on ? L'échec scolaire est multifactoriel et, comme le rappelait Rachid avec l'exemple des moocs aux états-unis, le numérique ne bénéficie et n’est une "plus-value" (je m'autorise ce mot ironiquement bien-sûr) en réalité que pour les catégories socio-professionnelles qui maîtrisent déjà les outils pour mille raisons et ont le recul nécessaire pour trier et structurer leur pensée. Faut-il rappeler qu'aux États-Unis, les ingénieurs de la Silicone Valley envoient leurs enfants dans des écoles privées aux méthodes "classiques" (apprentissage de la graphie manuelle, par exemple ...) ? Enfin, c’est ne pas tenir compte de la diversité du corps enseignant dans ses pratiques, diversité nécessaire pour apprendre l’altérité, le cadre et la liberté. S’il y avait des solutions « miracle », je pense que cela se saurait …
Je voulais aussi insister sur ce qu'a dit Laélia sur les universités : je suis aussi mère d'un étudiant de Licence 3 pour lequel l'organisation des partiels s'est faite de manière scandaleuse par l'administration au vu des conditions dans lesquelles se trouvaient les étudiants ... Qu'il n'y ait eu aucun cadrage national pour les universités, quand bien même la sacro-sainte autonomie des universités est brandie désormais à tout bout de champ, est simplement une honte. Nous avons suffisamment entendu le Premier Ministre rappeler dans ces interventions que la situation était inédite !
Pour finir, et comme un clin d'œil au début de l'émission, voilà la séquence que j'ai faite avec mes élèves de 4ème et de 3ème en français : nous avons visionné le court métrage As it used to be de Clément Gonzales et en avons fait l'analyse filmique extrêmement détaillée. Réactions à chaud des élèves, qui globalement étaient heureux de revenir à l'école ("on ne peut pas vivre en continu avec nos parents à notre âge et dans un petit espace", commentait une élèves de 4ème avec malice au premier jour du déconfinement) :
- sur le côté dystopique du film: "mais c'est ce qu'on a vécu : c'était un cauchemar"
- sur l'enseignement en "vrai" : "Mais madame, on ne peut rien sans le corps : c'est grâce aux gestes, au regard en direct, et pas à travers un écran, que l'on comprend vraiment de quoi on nous parle, en fait, sinon, on n'est plus humain" ...
Belle leçon d'un jeune de 14 ans, pour ceux qui veulent déléguer aux IA et au numérique notre métier ... Nous ne sommes pas en effet des animateurs numériques, ni des régulateurs de tâches plus ou moins saucissonnées, belle aubaine pour contrôler les esprits (il faut lire et relire 1984) : nous sommes là pour apprendre à réfléchir et à structurer, à construire une pensée complexe, à faire résonner tout ce qui contribue à former le futur citoyen dans sa complétude.
Merci de ce témoignage éclairé, franc et humain: on sent bien que votre métier n'est pas de vendre des gadgets technologiques déjà démodés, des utopies infantiles et malsaines, en gros du fonds de commerce de banquier-informaticien-technocrate.
Ces gens là, ne sachant RIEN faire en particulier, mettent en grille les activités humaines sous l'angle de l'automatisation et de "l'information", envisagée en terme générique, ou de flux. RIEN de bon ne sortira jamais de leurs codes, ni d'autres que des mensonges éhontés de leur bouche; d'ailleurs la "pédégé" est inquiétante en elle-même, et dégoulinante de mauvaise foi, parlant de ses pré-ado "qu'elle n'arrive pas à mettre devant la TV a heure fixe"(!!!???), ou d'une "yiiAAH" pour "c'est...c'est surtout pour faire de l'apprentissage personnalisé"(!!!???): on passe à la volée d'une argumentation de mauvaise foi à une utopie ignorante et très dangereuse: sous prétexte qu'il y a Intelligence dans le concept, on l'associe des algorithmes à l'apprentissage humains. Connaissant les tenants et aboutissants, et les techniques: ses fantasmes brossés à grands traits sont pour l'instant INEXISTANTS, et quand ils seront mis en oeuvre, on sera dans une sacrée panade.
Cette caste de menteur qui recite son catéchisme informatique, dicté par des prêtres californiens, n'a jamais lu du Gillon (voir le tome IV de La Survivante)veut matérialiser son uchronie.
Et vous qui terminez par "former le futur citoyen dans sa complétude": en 2020, un peu de programmation:
1 - reprennez la dernière phrase de votre commentaire, après les " :"
2 - supprimez tous les mots jusqu'à FAIRE, rajouter une majuscule de début de phrase.
3 - remplacer le mot former par DEFORMER
4 - en fin de phrase, rajoutez un point d'exclamation
Vous avez là un magnifique algorithme (une des infinies formes de l'IA) qui dénature tous le bon esprit qui devrait animer les gens de bien, les bons, etc.
Un programme malfaisant, en forme d'injonction, et TRES TRES RENTABLE, car il se contente de mutiler le bien: la victime a fourni son propre instrument de torture...
Ainsi, l'informatique ( et ses prétextes: banque, administration, communication,...) se considère et agit comme ses inspirateurs: les religions dominantes et leurs tribus de prêtres abusifs..
Et la BD de SF des années 80 est clairement rattrapée par la réalité de 2020 et ses nuisibles...
Comment prendre au sérieux un message qui dit que rien de bon ne sortira jamais de l'informatique alors même que ce message est un commentaire d'un forum informatique ?
hourra, il me restera plus assez de chevilles, bientôt...
Heu, que répondre? qu'on peut être pacifiste et pratiquer un art martial, ou détenir des armes à feu, être végétarien et ne pas aimer la guerre?
Tenez, Le chien, encore un os ou deux à ronger, on peu même aimer l'informatique et détester Microsoft, utiliser de l'argent ou une carte bleue pour faire ses courses, et ne pas supporter les banquiers. Bref..
"on peu même aimer l'informatique"
Sérieusement ?
Juste après avoir écrit: "Ainsi, l'informatique ( et ses prétextes: banque, administration, communication,...) se considère et agit comme ses inspirateurs: les religions dominantes et leurs tribus de prêtres abusifs.."
Ca doit être un joyeux bordel dans votre tête
On peut aimer l'informatique en tant que science et ou technique et avoir une "légère" méfiance envers les informaticiens, surtout ceux qui s'autoproclament tels.
Non plus.
Ce serait comme se méfier des gros 4x4 polluants en se méfiant des ouvriers qui sont sur les chaînes de production. Ce ne sont pas les ouvriers qui décident du nouveau modèle de voiture à fabriquer : ils font ce qu'on leur demande. Ce serait comme se méfier des coupes budgétaires de l'Hôpital en se méfiant des infirmières et des aides-soignantes : elles font ce qu'on leur demande.
En informatique, ce ne sont pas les informaticiens qui décident d'enregistrer les données personnelles et de les revendre. Ce ne sont pas les informaticiens qui décident de fliquer les profs, les élèves, les travailleuses et les travailleurs : ils font ce qu'on leur demande.
Ce sont des personnes qui décident quoi demander aux ouvriers, aux infirmières et aux informaticiens dont il faut ce méfier. Les maîtres d'ouvrage, les décisionnaires : en général, ce sont des têtes d'ampoules au portefeuille bien garni qui en veulent pour leur argent. C'est à dire asseoir encore un peu plus leur position de dominant via l'outil informatique (dont ils demandent qu'il flique, surveille, contrôle, presse, avertit, alerte, enjoint, et aliène).
Et c'est pourquoi chaque structure a besoin de conserver un service informatique complet (matériel et logiciel), interne et indépendant. Car au petit jeu des hiérarchies et de la centralisation, c'est déjà un petit peu moins pire : il y a déjà un peu plus de chance, alors, que l'outil informatique soit conçu pour rendre service aux ouvriers, aux infirmières et aux profs : assurer une meilleure sécurité, améliorer les conditions de travail, améliorer la cohésion sociale et le sens du collectif, etc.
Si vous payez un informaticien pour qu'un logiciel améliore la productivité des travailleurs et les presse comme des citrons, alors l'outil informatique améliorera la productivité et poussera les travailleurs à bout. Si vous payez un informaticien pour qu'un logiciel améliore les conditions de travail et la cohésion sociale, alors vous aurez un outil informatique au service du collectif.
Le problème c'est que ce sont les têtes d'ampoules au porte-feuille bien garni qui se paient des informaticiens. Pas les ouvriers, ni les profs, ni les infirmières...
Si vous voulez un outil informatique à votre service, faites en sorte d'avoir un service informatique interne, complet, et indépendant !
Merci de cette superbe argumentation.
Elle illustre celle de Laurent Lavergne.
Mais lui, si j'ai bien lu, c'est le bordel dans son cerveau.
Ah, je ne résiste pas:
- " ils font ce qu'on leur demande" argument imparable, et très XXème siècle (...). Personnellement, je dirais que c'est précisément le problème...
Ensuite, sur la généralisation:
- "Ce serait comme se méfier des coupes budgétaires de l'Hôpital en se méfiant des infirmières et des aides-soignantes": marrant que vous ne citiez pas les chirurgiens et les toubibs qui officient à l'hôpital, et qui sont bien plus proches des décideurs* que les infirmiers, aides-soignants, et les agents d'entretiens que vous oubliez dans votre explication "d'éthique du business": mépris de classe, ou vous avez cliqué trop vite sur votre tutoriel d'Ecole de commerce en ligne?
"...que l'outil informatique soit conçu pour rendre service aux ouvriers, aux infirmières et aux profs" (?) Vivement le grand soir de l'informatique heureuse, qui libère le prolétariat.
Pour l'instant, au bout de 20 ans de "libéralisation", heu de "démocratisation", heu... enfin d'équipement en micro-informatique, on a guère vu d'amélioration notoire dans les métiers de la vraie vie (dont prof, malgré la grande mode réac anti-enseignant.). Ceux qui prétendent le contraire ont surtout des gadgets et des "services" à vendre: et c'est précisément le douloureux sujet de cette émission.
(*) Remarque: à l'exception de quelques urgentistes rebelles, est-il illégitime de s'interroger sur les intérêts communs entre les élites médicales et la technocratie dans la mise à mal du système hôspitalier?
PS: le 31 juillet 2020, la capitalisation boursière de la POMME a dépassé celle des 40 plus grandes sociétés cotés françaises (CAC40). Et là on ne parle pas des profits et des actifs mis à gauche dans des paradis fiscaux off-shore, au mépris des fiscalités nationales. On en est plus à lire la brochure "l'informatique, à quoi ça sert?".
Encore un concours de celui qui pissera le plus à gauche... quitte à abuser de mauvaise foi afin de faire passer son interlocuteur pour un parangon de l'ultralibéralisme afin de mieux passer soi-même pour un type de gauche intègre et incorruptible. C'est pas comme si vous étiez le premier, en même temps ^__^
Alors déjà, l'outil informatique dans le travail, ça ne fait pas 20 ans mais 40 ans que ça se généralise. Et au départ, il s'agissait de monopoles propriétaires : d'abord IBM, puis Microsoft. Et qu'est-ce que nous avons aujourd'hui, 40 ans plus tard, du point de vue de l'utilisateur ? Et bien déjà un peu plus de diversité et de liberté avec l'apparition de systèmes et de logiciels libres et open-source.
Dans toutes les Fac de France et de Navarre, vous trouverez au moins quelques machines tournant sur des systèmes GNU/Linux pour n'en citer qu'un. Et le monde entier dispose de logiciels libres et open-source (Debian/Ubuntu, Firefox, Thunderbird, LibreOffice, Scribus, Gimp, Inkscape, Blender, Audacity, etc.) en alternative aux systèmes et logiciels propriétaires quasi-incontournables. Que l'Éducation Nationale et plus particulièrement son Ministère ne soit pas foutue de vouloir ni d'être capable de mettre à la disposition des enseignants les outils libres et open-source existant, c'est effectivement un problème, mais au moins, elle pourrait, car ils existent. Ce qui n'étaient pas le cas avant.
Alors vous pouvez toujours vous étouffer avec votre cynisme en vous gargarisant de votre soi-disant gauchisme, reste que oui, tout à fait, nous sommes à l'aune du grand soir de l'informatique heureuse qui libère le prolétariat. Vous croyez que ça vient d'où les licences libres et les créatives commons ? Vous avez cru que c'était du poulet ?
Et pourquoi c'est important de disposer de logiciels libres et open-source ? Vaste question aux très nombreuses et enrichissantes réponses. Je n'en évoquerai qu'une seule ici : lutter contre les habitudes consuméristes ! Quand les élèves font leurs études avec Microsoft, ils prennent alors l'habitude du système Windows, ils lisent leurs mails avec Outlook, et ils rédigent leurs devoirs, mémoires, voire leurs thèses sur Word. Ils s'habituent à travailler avec des outils propriétaires qui n'offrent aucune protection des libertés de l'utilisateur mais au contraire astreignent et contraignent : ils s'enferment dans un schéma mortifère !
C'est bien pour cela que Microsoft propose des partenariats en apparence très alléchants avec les écoles, et des promotions défiant toute concurrence pour les étudiants : à travailler 5 ans intensivement avec leurs outils, ils savent que personne n'a ensuite vraiment envie de changer ses habitudes de travail. Et qu'au bout de 5 ans, tous les élèves et tous les étudiants seront des consommateurs bien dociles et bien éduqués. Quand votre thèse originale est encodée dans un format propriétaire qui ne peut être lu que par un logiciel que Microsoft vend, quand votre mémoire et tous vos cours contiennent des illustrations encodées dans un format propriétaire qui ne peuvent être lues et modifiées qu'avec le logiciel propriétaire payant d'Adobe : vous ne vous amusez pas à tout retaper à la main, non, vous passez à la caisse. Et si possible chaque année.
Ce message là, je l'approuve: parce qu'au milieu de vos attaques à-priori de l'interlocuteur, on arrive à dégager quelques informations qui peuvent participer positivement au débat. Certes, ces infos sont un peu enfouies dans le gaucho-bashing et le prof-bashing, et elles ne nous apprennent que ce que l'on savait déjà, mais je me suis senti rassuré de comprendre qu'au delà des divergences d'opinions, nous avons malgré tout quelques idées en commun. Bonne militance, bon sens critique, et bonne semaine..
C'est bien ce que je voulais dire. Merci, ça passe mieux avec un euphémisme ;)
J'allais jeter l'éponge: un bout de phrase tronqué qui se termine par un diagnostique psy, pour éloigner toujours plus du sujet...
Ah, ah, je vous passe le relais de cette discussion passionnante, subtile et nuancée ;)
MERCI !
Merci pour ce témoignage qui condense tout ce qu'il y a à dire sur ce sujet me semble-t-il (ce que vous dites sur les réactions des élèves est très intéressant, il faudrait davantage les interroger...)
Merci à vous pour vos interventions claires dans l'émission. Je suis frappée globalement de voir que finalement ceux qui "fustigent" les enseignants (j'ai pris connaissance de l'émission sur les profs "décrocheurs") ou rêvent de les remplacer par des machines tellement plus dociles, sont ceux, qui n'ont aucune conscience de ce qui fonde la relation prof-élèves ni ne connaissent les processus d'apprentissage et n'ont que très peu de contacts avec la diversité sociale au coeur de l'école, parce qu'ils ne voient plus qu'ils sont privilégiés : on les retrouve finalement comme les cibles de l'enseignement par le numérique (les start up de Marie-Christine Levet n'ont pas de souci à se faire !) et de la simplification de la méthode qui résout soi-disant tout. Pour compléter mon propos, j'aurai tant à dire sur les incroyables échanges, si précieux, que j'ai eu avec les parents, inquiets pour leurs enfants mais tellement confiants dans leurs enseignants. Encore une fois, on est loin des parents consuméristes, qui rêvent d'un système idéal, lisse, sans aspérité, sans fragilité ... et qui, sans s'en rendre compte, ont peut-être déjà renoncé à une part de leur humanité ?
Pour les réactions des élèves, je n'ai mentionné que deux exemples parmi tous ceux que j'ai pu récolter. Nous avons mené un travail très important pour recueillir cette parole des jeunes, qui, comme d'habitude, sont d'une lucidité à toute épreuve : ils ont vécu ces mois de confinement comme une anormalité. Ils savent où est la normalité, ils la vivent, incarnée et en gardent la mémoire. Ce qui est préoccupant c'est qu'à force d'insinuer (et c'est ce qui nous a été dit, vraiment) que cet épisode sanitaire est une occasion de "faire évoluer" nos pratiques dans un enseignement "hybride", la tentative est forte de changer de paradigme et de définir une nouvelle normalité, que les plus jeunes auront comme repère ... Je pense que c'est le piège de toute cette communication insupportable avec "le monde d'avant"/ "le monde d'après", la "réinvention", etc ...
J'ai eu au collège et lycée quelques Professeurs excellents et un très grand nombre de méchants et inutiles (j'ai eu essentiellement des Professeurs masculins). J'ai donc surtout appris dans les livres.
Aujourd'hui, m'occupant de mes enfants, j'ai constaté qu'il y a d'excellents exposés et conférences sur le Net (en Math et et en Physique), et eu le sentiment qu'un Professeur est surtout là pour motiver et donner le goût d'apprendre.
Il faudrait donc garder quelques Professeurs formidables et valoriser leur belle profession. Et foutre dehors tous les autres.
ll est facile de faire le tri. L'avis des élèves, après quelques années d'expérience, est souvent presqu'unanime.
Souvenir de 5ème Latine du "Lagarde et Michard" : " ... "Le bateau Ivre" décrit un bateau dont le capitaine est saoul ..."
Très fine analyse ... mais comme le prof n'aimait pas Rimbaud et ne fumait pas la moquette*, chapitre clos, hélas.
Un tableau et des craies, un cahier et un crayon ou le dernier système numérique ne sont que des outils.
Pour les outils numériques, aux professeurs de s'en emparer et d'en faire leur propre tambouille et de les utiliser comme bon leur semble.
Des outils aussi malins soient-ils, ne prendront pas la place d'un question/réponse illogique et d'un dialogue humain.
*Comment s’appelle la femme de Pépé le Moko ?
Mémé la Moquette
L e discours super rodé de cette dame sur notre 'liberté pédagogique' (toute théorique, comme signalé par L.Veron) ne pour faire passer cette pilule du 'numérique', ne doit pas masquer l'ampleur de l'attaque contre l'essence de ce qu'est l'enseignement.
https://www.challenges.fr/club-entrepreneurs/educapital-veut-faire-emerger-des-start-up-disruptant-l-education_595687
Au fait M. le patron que pensait Coline du travail de l'instit de maternelle? Elle ne pouvait pas donner son avis? Entité négligeable, je suppose!
Laélia et Rachid défendent leur travail. Ce qui se passe à l'EN est la meme chose que dans le reste du monde du travail: on remplace l'humain par la machine. Nous avons plein d'autres exemples comme les caissières etc...
Il ne faut surtout pas remplacer le système GAFAM par un « champion français » (ni un « champion européen ») qui reproduira les mêmes dérives.
Ce qu’il faut faire, c’est développer une solution décentralisée et basée sur des logiciels libres comme ce qu’à fait l’association Framasoft.
Il aurait été bienvenu d'inviter un chercheur en éducation pour tempérer les tendances technophobes des deux enseignants présents dans l'émission. Je suis prof de français, j'utilise l'informatique pour mes cours, et je n'ai nullement l'impression que le numérique "empiète" (étrange vocable de Rachid qui semble défendre son territoire réservé) sur mon rôle de prof. Simplement, avec l'informatique, le rôle du professeur change et est non moins nécessaire. Surtout l'informatique contribue à développer chez l'élève l'autonomie, ce qui est tout de même le but ultime de l'enseignement : faire sans avoir plus besoin du professeur.
La capacité d'innovation du privé est à nuancer et repose souvent sur des fonds et des recherches publiques, à tel point que certains pensent que la stagnation actuelle en matière d'innovation est corrélé au désengagement des Etats (cf Mariana Mazzucato https://www.ted.com/talks/mariana_mazzucato_government_investor_risk_taker_innovator?language=fr ) : "le développement des éléments qui font de l’iPhone un smartphone plutôt qu’un téléphone tout bête a été financé sur fonds publics. L’iPhone dépend de l’Internet et de son ancêtre Arpanet, programme financé dans les années 1960 par l’Agence des projets de recherche avancée pour la défense (Darpa), qui fait partie du ministère américain de la Défense. Le Global Positioning System (GPS) a démarré dans les années 1970 comme un programme militaire des États-Unis, développé sous le nom de Navstar. La technologie de l’écran tactile de l’iPhone a été créée par l’entreprise FingerWorks, fondée par un professeur enseignant à l’université publique du Delaware et l’un de ses doctorants, qui ont reçu des subventions de la National Science Foundation et de la CIA. Même Siri, le jovial assistant personnel de reconnaissance vocale de l’iPhone, doit son existence au gouvernement américain, car c’est une application directement dérivée d’un projet d’intelligence artificielle de la Darpa. "
Beaucoup de situations différentes ont été évoquées par les intervenants avec une crainte commune - semble-t-il - de Rachid l'instit' et Laëlia Véron que la primauté de la relation pédagogique type : maître-élève soit supplantée par l'interface élève-machine .
Dans l'enseignement supérieur, des cours suivis en visio-conférences se pratiquent depuis plusieurs années , notamment en 1ère année de médecine . A Boulogne sur mer, les étudiants suivent les cours donnés à Lille, au Mans des cours donnés à Angers, à Pau des cours donnés à Bordeaux, au Havre des cours donnés à Rouen ... :
Les étudiants ainsi placés dans 2 situations différentes ( le cours en "présentiel" et le cours retransmis en direct ) ont-ils les mêmes chances ? quels sont les résultats ? Existe-t-il un premier bilan de ces expériences ?
Les enseignants ont réalisé des prodiges pendant cette période de confinement, mais ils ont surtout mis en évidence le rôle incontournable de la relation humaine directe dans les apprentissages fondamentaux .
Fera-t-il un bon ébéniste celui qui apprend à monter un meuble en kit grâce à une vidéo de 2 minutes ?
Laélia Véron coupe très souvent la parole, c'est pénible. Ses propos ne valent pas plus que ceux des autres.
Quel est le sens d'outils numériques ayant vocation à être utilisés par des enseignant.e.s "bien payé.e.s et bien formé.e.s" dans un contexte ou le nombre d'enseignant.e.s est toujours plus insuffisant, où le recrutement comme fonctionnaire cède la place aux contrats précaires de vacataires (c'est déjà la règle dans l'enseignement supérieur pour les chargé.e.s de TD et de plus en plus pour les maître.sse de conférence), et où les collèges et lycées manquent tant de budget pour créer des postes de titulaires qu'ils recrutent des étudiant.e.s quelques semaines avant les rentrées scolaires, qui plus est dans des matières n'ayant souvent rien à voir avec leurs études ? Quelle que soit la bonne volonté de leurs concepteurices, les outils pédagogiques numériques défendus par Marie-Christine Levet s'insèrent dans un système concret, qui n'est pas celui de la Finlande : ce système est anti-service public, et ne peut que les utiliser au détriment du travail des enseignant.e.s. Si l'on souhaite que le nombre d'enseignant.e.s soit multiplié, que leur formation soit améliorée et que leur rémunération soit augmentée, il faut prôner prioritairement l'investissement dans ces domaines, et non pas dans une pédagogie numérique dont la relative utilité n'est pas la priorité. Appeler au développement des ces outils tout en prêchant la valorisation des prof' relève au mieux d'une désolante naïveté, au pire d'un profond cynisme.
Dans l'enseignement supérieur, on a déjà vu le cercle vicieux commençant par la réduction des heures de cours de traduisant par un rythme beaucoup plus rapide, incitant les étudiant.e.s à prendre toutes leurs notes par ordinateur pour gagner du temps, fait qui est ensuite utilisé comme argument pour réduire encore le nombre d'heures de cours. Cela se fait au détriment du travail de synthèse normalement effectué pendant la prise de note à rythme modéré, au détriment des échanges avec les enseignant.e.s, au détriment des exercices improvisés, etc. (chose que j'ai vécu à la fois en tant qu'étudiante et en tant que chargée de TD). Si le simple fait que les étudiant.e.s prennent des notes à l'ordinateur est mobilisé pour réduire les heures de cours - et du même coup supprimer des postes d'enseignant.e -, que dire de la pédagogie numérique ?
Quant à la liberté de l'enseignement, elle n'existe en pratique pas dès lors qu'un établissement investit dans des outils numériques : l'investissement devant être rentabilisé et le recours au numérique étant valorisé dans les classement des établissements, les enseignant.e.s sont évalué.e.s en fonction de leur usage desdits outils, même lorsqu'ils n'en ont pas besoin. Ces outils reviennet systématiquement à créer une charge de travail supplémentaire à la valeur ajoutée quasi-nulle (pour ne pas dire nulle tout court). Aucun.e enseignant.e n'a besoin d'outils numériques autres que les e-mails et les groupes de discussion type WhatsApp pour personnaliser son enseignement, envoyer des documents ou des liens, faire éventuellement des vidéos homemade sur une notion ou encore répondre au questions spécifiques de certain.e.s. Tou.te.s fonctionnent déjà de cette façon, et ont en revanche besoin de classes plus petites et d'heures de cours plus nombreuses, autrement dit : d'être LA priorité économique, au détriment du développement de nouveau outils de pédagogie numérique ou d'IA.
Plusieurs réflexions : 1 - sur le numérique, voir l’excellente interview de mi-juillet sur thinkerview. L’état US subventionne tous les gafam pour garder la main sur les datas.
2 - le numérique à l’école, c’est un outil. Pendant le confinement, je n’ai rien envoyé en direct, mais j’ai « utilisé » les parents comme médiateurs. Le numérique ne peut rien sans l’humain, l’IA, ce sont combien de mains-esclaves qui corrigent les machines?
3- plutôt que subventionner les entreprises à pondre des applications, former les enseignants à utiliser ce que la recherche a produit, ou encore mieux associer de nombreux enseignants aux recherches amènerait un bien meilleur niveau à tous les échelons d’enseignement : des enseignants chercheurs en université et leurs étudiants dans les classes en lien avec les enseignants des premiers et second degré, ... Ça fait rêver.
4- le ministre Blanquer n’a pas montré autre chose qu’avantager le privé dans tous ses choix de ministre, amazon.de pour traiter les évaluations cp/ce1, et la liste est longue, en étouffant toutes initiatives des services de l’EN qui pourrait bénéficier à la communauté.
C'est dommage que vous n'ayez pas invité un parent d'élève pour avoir un retour indirect d'élève.
en matière d'outils, on a souvent touché le fond et comme chaque enseignant en avait choisi un différent, nous avons accumulé les difficultés.