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"universalistes" contre "intersectionnelles" : à chaque media ses féministes

Depuis plusieurs années, deux courants du féminisme s'écharpent sur les réseaux sociaux et dans les médias : l'universaliste et l'intersectionnel. Arrêt sur images a cherché à savoir quelle place était réservée aux deux camps dans les médias, et quel était le sentiment des militantes elles-mêmes sur leur médiatisation. Bilan : les deux courants se sentent... lésés.

Commentaires préférés des abonnés

Pas bravo pour cet article Asi. Ou quand l'idéal journalistique d'objectivité se transforme en fausse neutralité et conduit à mettre dos à dos (balle au centre) deux camps qui mériteraient surtout que vous en expliquiez l'origine et les ressorts.

Eliz(...)

Merci pour cet article.


L'intersectionnel est probablement plus en phase avec les valeurs de la société Américaine, d'où il me semble qu'il émane, que de l'universalisme de la société Française. Après, je trouve ça frappant qu'on soit sommé de choisir(...)

une petite faute d'orthographe; il fallait bien sur lire "racistes" et pas "universalistes"; ce qui explique d'ailleurs pourquoi on les accueille à bras ouverts chez "Valeurs actuelles".

(sérieusement voir Bouvet et Peggy Sastre associés au féminisme (...)

Derniers commentaires

Suite aux inquiétudes concernant le Planning familial qui se laisse dangereusement séduire par les thèses intersectionnelles et communautarismes, et s'en est défendu dans Libération, un éclairage édifiant (probablement "raciste" et "sexiste" évidemment) : Par une tribune publiée dans Libération, le Planning Familial confirme sa dérive sans pleinement l'assumer

"Universaliste", ça sonne sympa, "Intersectiotrucfluk", ça ne sonne pas. Le, la maître.sse des intitulés truque le match, comme toujours.

Au commencement de la Civilisation, il y a eu les citoyens, et les autres: esclaves, femmes, métèques divers et rastaquouères innommables, et les croyants, et la racaille païenne, athées apatrides, sans foi ni dieu(x), puis sont venus les blancs, et les nègres anthropophages, sans âmes, et sans goûts gastronomiques décents, et puis les patriotes, et les traitres...Avant de culminer dans la "race", et le "genre": les antisémites et les juifs, les rouquins et les blonds, les maigres anorexiques (donc malades, pouah!), et les gros obèses ( tout aussi malades...Re-pouah!), et les femmes (des connes, si on en croyait la Faculté), et les hommes (une femme dans chaque port, et un porc dans chaque homme, suivant la nouvelle évangile du différentialisme branchouille)!

Le manichéisme dans ses œuvres, la différence sans éloges, la hiérarchisation, politiquement correcte, des "autres", la cousine plutôt que le frangin...Ce goût immodéré du con à se trouver des semblables: même taux de mélanine, même bite, même chatte: " nous vaincrons parce que nous sommes pareils!", terrifiant!

Un nègre est un nègre et une femme est une femme…Et le fantôme de James Baldwin se fond dans celui d' Idi Amin Dada, et "Madame" Thatcher éponge, tendrement, n' en doutons pas, les larmes de désespoir de Simone de Beauvoir!

Tiens, ça me donne presque envie de relire " L' Unique et sa propriété " du père Stirner (un pavé affreux, pour les twittos!)...Juste histoire de me rassurer, quoi!

Carpe diem...

L'universalisme. Le mot est beau, il m'a fait rêver. Mais on sait que cela n'existe pas, notre monde est divers. On lutte pour la liberté et l’émancipation, mais à l'échelle de notre aventure collective, et cette  aventure collective dépasse rarement une ou deux nations.

"Les médias "de gauche", donnent-ils donc particulièrement la parole aux intersectionnelles ? Sans trop de surprise, la militante féministe et antiraciste Rokhaya Diallo n'est pas d'accord.  "

Ce Sans trop de surprise, ça n'a l'air de rien, comme ça, mais c'est too much ; on peut affronter la complexité des choses, vous savez ?
Après, je rejoins certains asinautes qui demandent l'utilité de ce tableau Excel de la prise de temps de parole.


Comment ne pas se rendre compte qu'il s'agit toujours d'une affaire de Bobo30%?

Les 70% - le reste de la population - se contrefoutent du féminisme militant, ayant vraiment autre chose à faire...

Égalité EN DROIT, pour tous.

Merci pour cet article qui se pose la bonne question en tant qu'observateur des médias :"...qu'en est-il réellement des temps de parole offerts aux deux camps dans les médias français? "

Dommage qu'il n'y réponde pas.

Les points d'accord et les points de désaccord sont assez flous.


Mais manifestement, il se joue la même chose entre les féministes universelles et les féministes intersectionnelles qu'entre les anti-racistes universels et les anti-racistes racisants. Et j'émets l'hypothèse que les groupes sont superposables; autrement dit, je pense qu'il serait difficile voire impossible de trouver une personne se revendiquant d'un féminisme intersectionnel tout en se revendiquant d'un anti-racisme universel.


Pour l'origine de ces idées, je pense que l'on peut remonter dans les archives d'@si, à l'heure où Judith Bernard avait invité Patrick Chamoiseau. Ces derniers s'étaient entretenus du concept de "diversalité", en opposition à "universalité". Levées de bouclier de la part de Judith Bernard et des asinautes, aussi arcboutés et souples d'esprit que ne le sont les militants politiques. Et maintenant, une grande partie des @sinautes ne jure que par la science sociale racialisante ! C'est marrant un asinaute, c'est un peu comme un mouton, mais bêlant dans le sens du vent qu'il réfléchit par lui-même.


On peut même remonter plus en amont: la question des quotas et de la discrimination positive mobilisent des raisonnements proches et les mêmes principes philosophiques fondamentaux.


Une belle idée, souvent, est gâchée par celles et ceux qui la déforment en se l'appropriant. De mon point de vue, il en est ainsi de la diversalité. Patrick Chamoiseau avait à coeur de reconnaître la différence chez les autres. Mais en l'espace d'une décennie de sur-consommation et de réseaux sociaux, la diversalité a été fondue dans le creuset du nombrilisme. Il ne s'agit plus de reconnaître la différence des autres, mais de promouvoir sa propre individualité et de célébrer le plus reptilien des communautarismes. "Quiffe ta race" et "Interdisons le Voile" ! C'est effarant !

"La science sociale racialisante". Utiliser cette expression vous disqualifie d'emblée. Désolé mais cette terminologie, pour qualifier les études sur la racialisation, a été imposée par un camp réactionnaire qui se satisfait parfaitement de l'état des discriminations et des asymétries dans les rapports sociaux, et qui préfère donc tenter de discréditer un champ de recherche pour ne pas qu'on lui mette le nez dans sa propre merde.

Les races biologiques n'existent pas, mais il y a des assignations raciales. Être socialisé comme blanc, comme noir ou comme asiatique implique des expériences différentes, et en ce qui concerne les racisés, des expériences concrètes de discrimination : emploi, logement, rapport à la police, à l'Etat en général, aux collègues, dans les interactions quotidiennes, etc.

Il est donc nécessaire d'étudier la race, non pas en tant que fait biologique mais en tant que processus de racialisation, de construction sociale de groupes dits "raciaux", et de croiser l'étude cette forme d'assignations avec d'autres formes d'assignations : classe sociale, genre, sexualité, etc.

Il n'y a rien de nombriliste, c'est tout le contraire : il s'agit pour des personnes socialement dominées de se reconnaître des expériences communes, en l'occurrence : de la racialisation, du patriarcat, de l'hétéronormativité, de la domination capitaliste, etc.

Et qu'une fraction de la gauche soit incapable de comprendre ce fait élémentaire est assez désespérant.

Tania de Montaigne et vous n'avez pas compris ce que signifie le mot racisé. Renseignez-vous.

Quel est le problème avec Tania de Montaigne ? J'ai très bien compris ce que signifiait ce mot "racisé", désolé de vous avoir répondu par un simple lien vers un article mais il me semble en phase avec les réponses que j'aurais pu vous apporter. Je développerai peut être si je trouve le temps de le faire.

Quand Tania de Montaigne affirme que le mot racisé accrédite l'idée selon laquelle les races biologiques existent, elle fait un contresens total (cf. mon post ci-dessus). D'ailleurs cette affirmation n'est pas du tout étayée, elle se contente de la balancer, comme si une excommunication valait argument.

Vous vous être peut être arrêté au titre de l'article :


Et le terme « racisé », qu'en pensez-vous ?


C'est un mot traduit de l'anglais, avec un contenu flottant. Il sert à la fois à dire qu'on est victime de racisme, car perçu comme appartenant à une race, mais il est également devenu un moyen de se définir. Dans ce type de réunion, on se présente d'abord par ce terme, donc on accrédite la thèse selon laquelle la race existe. Que des gens se figent tout seuls dans un groupe dont les critères sont ceux d'une idéologie définie par les esclavagistes et les nazis, je trouve ça triste. Ils auraient pu choisir de dire « je suis victime de racisme », au lieu de « racisé ».

"Dans ce type de réunion, on se présente d'abord par ce terme, donc on accrédite la thèse selon laquelle la race existe." C'est à cette phrase que je me référais, pas au titre.

Désolé mais c'est un contresens. Ce n'est pas parce qu'on se définit comme racisé.e qu'on accrédite la thèse selon laquelle la race (biologique) existe. Cette opinion défendue par Tania de Montaigne n'est pas étayée, et elle est fausse.

Et en fait, si elle s'était renseignée 2 minutes sur le sujet, elle aurait compris que "racisé" signifie "sujet à des processus de racialisation", pas seulement "victime de racisme". Son argument final n'a de toute manière aucun sens, puisque dans "racisme", autant que dans "racisé", il y a "race", on pourrait donc lui rétorquer que le mot "racisme" accrédite aussi la thèse selon laquelle la race existe

De façon générale, il est particulièrement coûteux pour les dinosaures de l'antiracisme moralisant à la SOS Racisme (comme pour les féministes "universalistes" / essentialistes / différentialistes) d'admettre que leur paradigme est totalement obsolète voire est passé du côté du conservatisme et de la réaction.

Réaction de défense à un paradigme plus pertinent et progressiste : Rejet, cris, refus de comprendre et même de s'interroger plus de 2 minutes.

Et ouais les cocos, ça vous remet en cause. Vous n'êtes pas si progressistes que vous ne le prétendez. L'embourgeoisement et la dépolitisation des causes minoritaires est un fléau.

"Sujet à des processus de racialisation" : c'est une reformulation de votre part, cela ne dit pas ce que cela signifie exactement selon vous.  N'avez vous pas constaté comme elle comment ce terme est aussi devenu un moyen omniprésent de se définir ? Racisme = assigner l'autre à une race (qui n'existe pas) et a priori considérer cette personne comme inférieure, nuisible, etc. Ce mot n'accrédite absolument pas le fait que les races humaines existent ! Chose intéressante, lorsque qu'un "homme" "blanc" essaye de débattre avec une féministe intersectionnelle (ou un antiraciste communautariste), il se prend 9 fois sur 10 comme réponse, quelle que soit son argumentation, le fait qu'il n'est pas concerné et qu'il ne peut pas parler de quelque chose qu'il ne vit pas. Or j'ai cité l'exemple d'une femme noire (parmi d'autres qui partagent le même point de vue) et visiblement... vous considérez qu'elle ne sait pas de quoi elle parle. Un peu étrange non ?

Ce que l'on peut vous répondre c'est la sémantique du viol par exemple. On s'accorde à faire attention à ce que l'on dit. Généralement, on évite soigneusement de parler "des femmes violées" pour, précisément, éviter l'assignation à une soi-disant identité de "femme violée". On prend soin par exemple d'utiliser un verbe d'action à la forme passive (cf. émission @si à ce sujet: "je me suis faite violée mais cela ne me définit pas") ou encore de préférer parler du "violeur présumé" pour recentrer la stigmatisation là où elle doit être. Il y a un certain consensus significatif sur la question du viol et la manière d'en parler: présenter un évènement plutôt que présenter une personne, nommer une action subie ou commise plutôt que nommer une caractéristique individuelle et définitive.


Mais aujourd'hui, concernant le racisme et le sexisme, c'est open bar à la fête du slip: "Quiffe ta race", lance R.Diallo ! Alors l'@sinaute invente l'eau tiède en découvrant, ô surprise, que puisque nous sommes différents, nous avons des expériences différentes de situations semblables. Le "Monsieur, vos papiers s'il vous plaît", et le "montre moi tes papiers qu'on rigole". Et l'@sinaute, toujours plus malin que son prochain, pète plus haut que son cul en prenant son interlocuteur pour une buse, croyant fermement qu'il est le seul à avoir lu, vu et entendu Eric Fassin. Et croyant intimement qu'il est le seul à l'avoir compris.


Quelque-part, je ne peux pas m'empêcher de penser que lutter contre le racisme et le sexisme, ça commence déjà par arrêter de prendre les "autres" pour des cons. Et j'ai un scoop pour vous kadife: ce n'est pas parce-que je ne suis pas d'accord avec vous, que je n'ai pas compris ce que vous avez compris de Fassin. Et j'ai un autre scoop: ce n'est pas parce-que je m'oppose aux dérives énervées, et à la psychologie de comptoir des anti-racistes racialisants et racisés et des féministes intersectionnels que je ne m'oppose pas, en outre, aux dérives énervées, et à la psychologie de comptoir des anti-racistes laïcards et des féministes bouffe-curé se prétendant universalistes.


J'ai l'air agressif comme ça, parce-que je voudrais secouer le cocotier des obtus, des jusqu'au boutistes, et des militants politiques. Mais dans le fond, je mesure la sincérité, la pertinence, et la cohérence des deux camps. Toujours est-il que cette incapacité à recevoir les idées des "autres" me sidère. Dans le débat d'idée, ici comme ailleurs, mais ici de manière très prononcée, c'est moins la recherche de l'expression d'une pensée claire qui prime, que la recherche de l'adhésion et l'adoubement par ses pairs; avec en sus, une mise à distance des autres. A l'époque d'un @si fréquenté essentiellement par des profs à la retraite, cette époque qui a vu se faire inviter un Patrick Chamoiseau honni puisqu'introduisant la notion de "diversalité". C'était beaucoup moins à la mode à l'époque. Bref. Le processus était plus doux quoiqu'également pervers: le brossage dans le sens du poil.


Je ne me souviens plus précisément comment la question a été posée au Dalaï Lama, mais en substance, on lui demandait ce qu'il pensait des occidentaux se convertissant au bouddhisme. Loin d'être hostile et loin de verser dans le syncrétisme, il a cependant répondu que l'occident avait sa culture et ses religions. Que les enseignements de Bouddha étaient certes un poil différents des enseignements des trois religions du Livre mais qu'au final c'était kif-kif. Alors autant, pour un occidental en quête de spiritualité et de vertus, faire son apprentissage dans les meilleures conditions. Un petit peu comme ma petite amie musulmane pratiquante qui me disait, alors même que je suis du signe athée, ascendant agnostique, troisième décan anarchiste avec le soleil dans la maison du marteau et de la faucille, elle me disait que j'étais un bon musulman !


Bref. Ce qui me gêne avec la balbutiante proto-science racialisante c'est en premier lieu qu'elle se mord la queue. Une autre manière de voir les choses, c'est qu'elle s'auto-invalide. Luttant contre l'assignation à une race biologique fantasmée, elle construit intellectuellement une race soit disant née du social au nom du pragmatisme. Cela s'inspire de la démarche des psychanalystes pour qui il n'est pas important de savoir si leurs patients sont paranoïaques ou s'ils sont vraiment la cible d'un complot: tout ce qui importe au psychanalyste c'est qu'aux yeux de son patient, le complot soit réel. Et dès lors, on commence à comprendre pourquoi, ce type d'anti-racisme et de féminisme nous vient des USA: transposition hasardeuse de considérations psychanalytiques au domaine politique, et grille de lecture de la chose publique centrée sur l'individu.


La seconde chose qui me désagrée relève également du serpent qui se mord la queue, et de cette mise en pensée qui s'auto-invalide. On lutte soit-disant contre une assignation, mais en s'y assignant soi-même, tout seul, et avec force. Par exemple: on m'assigne à une pseudo race noire biologique ? Alors je revendique avec force et fierté d'appartenir à une proto race noire sociale ! C'est loin, très loin, très très loin, extrêmement loin des américains noirs des années 50-60 revendiquant avec force et fierté la couleur de leur peau. A l'époque, le discours politique militant était: "Vous me considérez comme un être inférieur parce-que ma peau est noire ? Mais moi je trouve que ma peau noire est belle, et que la peau noire de la personne qui partage ma vie est magnifique !". Aujourd'hui en France c'est plutôt: "Vous trouvez que ma peau noire me fait ressembler à un singe ? OK, je vais m'enfermer à des réunions avec des militants politiques de mon espèce, et pour vous éclabousser de ma fierté, je vais même ériger des barreaux de cage pour être sûr(e que vous ne puissiez pas y entrer !".


Je vais vous faire un aveu kadife: j'estime sincèrement R.Diallo et E.Fassin. Mais tout aussi sincèrement, je pense que ces personnes se trompent à un moment donné. De ma perspective autrement pragmatique que leur pragmatisme adopté des USA et de circonstance, l'Humanité ne se débarrassera jamais totalement de ses discriminations qu'elle porte en elle. Il est nécessaire, utile, et souhaitable de lutter contre. Mais il est tout aussi important de comprendre que la discrimination est inhérente à l'espèce humaine. M'appuyant sur l'état de l'art de l'éthologie, j'avancerais même que la discrimination est inhérente au fait d'être un animal vivant. Et réduire la discrimination à sa portion congrue m'apparaît être un programme autrement plus impossible et réaliste que de se regarder le nombril pour se chercher une identité exclusive.

«J'ai l'air agressif comme ça»

Pas l'air, vous l'êtes. Et c'est dommage, parce qu'une fois débarrassé de vos travers agressifs, vous êtes capable de développer des réflexions et des commentaires intéressants, mais le débat se braque tout de suite.


Vous semblez avoir une fixation sur l'«@sinaute» que vous essentialisez sur la base de vos ressentis. C'est assez désagréables car si je m'identifie bien à ce terme, la description que vous en faites ne me correspond pas et est plutôt insultante. Cette mécanique cous permet de disqualifier d'emblée certains arguments des «autres», sous prétextes qu'elles ne seraient qu'un suivisme béat. Or c'est totalement inutile et contre-productif sur un forum pseudonyme, de considérer à priori son interlocuteur comme dénué de capacité de réflexion et de le pendre de haut. Portez plutôt vos interventions sur le terrain des idées et soulignez les contradictions de votre interlocuteur.


Pour revenir sur le terrain des idées justement:


Je suis toujours en peine avec la critique sous la forme «cela vient des USA». Non seulement cela ouvre la porte à toutes sortes de sociologies de comptoir sur «les américains», mais en plus c'est très discutable de disqualifier un discours sur son origine. D'autant plus que si du côté des universalistes, les références sont bien sur le vieux continent, ces références étaient elles-même inspirées des féministes américaines. C'est un reproche que l'on pourrait donner à la plupart des mouvances féministes. Dans le même registre disqualifier les universalistes car l'universalisme a permis de justifier la colonisation ou le missionnariat religieux est tout autant absurde (et bien réel). Ni l'un ni l'autre ne sont intrinsèquement juste ou vertueux de par leur origine et ces deux courants possèdent des risques de dérive importants.


Vous semblez vous ériger contre les réunions en non-mixité. C'est absurde et on donne beaucoup trop d'importance à ces réunions. La non-mixité est le principe le plus courant de toute forme de réunion, tous les jours je suis exclu de milliers de réunions ou admis dans d'autre selon mon âge, mon aspect, mon origine, mon apparence réelle ou supposée à un groupe/institution/société, mon sexe, mon réseau, ma fortune, ma classe sociale, mon métier, mes convictions, etc. Et c'est tout à fait normal. Par contre, en revanche, je demande de ne pas être exclu d'un débat dans un lieu public mixte à cause de ce genre de critère. Et l'un ne va pas sans l'autre.



L'idée n'est pas de dire que l'anti-racisme racialisant et le féminisme intersectionnel seraient de la merde parce-qu'ils viennent des USA. L'idée est de dire que les valeurs, le contexte, les choix, l'histoire états-uniennes sont différentes de leurs homologues françaises. Et qu'importer une lecture sociologique dans un endroit différent n'est pas sans écueil.


Je ne me focalise pas seulement sur les réunions non-mixtes: c'est une illustration. Je parle surtout de ce comportement qui consiste à s'inventer une race, à la revendiquer, et à la promouvoir.

Bien entendu que le contexte compte. C'est d'ailleurs le propos des intersectionnelles.


Il faut en effet contextualiser, adapter, et confronter à l'objet étudié toute lecture sociologique. C'est aussi vrai pour un nouvel outil que pour un autre importé lui aussi il y a 80 ans.  Car le contexte évolue aussi avec le temps. Si on parle de marxisme, il y a peut-être un petit problème de contexte entre un type né dans le royaume prussien d'il y a 200 ans et la situation actuelle en France. C'est un argument que l'on peut ressortir à propos de toute analyse, ce qui le rend irrecevable, à défaut de prouver et de démontrer en quoi consistent ces fameux «écueils».


«Je ne me focalise pas seulement sur les réunions non-mixtes: c'est une illustration. Je parle surtout de ce comportement qui consiste à s'inventer une race, à la revendiquer, et à la promouvoir.»


J'avais compris, mais je trouve justement que c'est une mauvaise illustration, qui tend à jeter le bébé avec l'eau du bain. Le droit à se réunir avec qui on le souhaite et selon les critères qui nous conviennent est fondamental. Et ne devraient souffrir d'exception autre que la planification avérée d'actes criminels. Déclencher une tempête de caca (shitstorm) pour empêcher ses adversaires de se réunir est une pratique détestable pratiquée depuis pas mal de temps par les antifas. Maintenant l'extrême-droite droite s'y met aussi sur ce genre de sujets auxquels ils trouvent une adhésion plus large. Et de voir des médias, des pollitiques et des personnalités publiques y participer et soutenir ces attaques aux libertés fondamentales me scandalise au plus haut point.

Je souhaite vous rappeler que selon les valeurs états-uniennes, il est plus grave d'être communiste que d'être nazi. Entre autres causes parce-que le patriotisme n'y est pas une option. Là-bas également, un mariage n'est pas 'mixte', il est 'interracial'. Etc. C'est à dire que pour la société américaine, le concept de race, au sens biologique du terme, ne pose guère de problème: les gens veulent ne pas vivre moins bien que les 'autres' (), mais ils ne veulent pas vivre ensemble.


C'est sur ce terreau que le racisme racialisant est né, ainsi que le féminisme intersectionnel. Et ils ne font pas l'économie de porter en eux sont communautarismes, individualismes, grille de lecture fondée sur des races (races sociales pour la vitrine mais races biologiques dans ces acceptations courantes), etc. Voilà les écueils...


 "Quiffe ta race !"

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La vision intersectionnelle/identitariste*, comme grille d'analyse, pour conduire à des réflexions d'universitaires sur la société, est pertinente et intéressante (dans l'optique d'offrir de nouveaux angles d'analyse aux sciences sociales, et à condition qu'elle ne se mettre pas à en réduire la profondeur en les réécrivant à partir de ses seuls critères), si elle est aussi moins génialement révolutionnaire que certains semblent le penser (c'est tout de même beaucoup de recyclage de théories assez simplistes datant du début des années 70, si elles méritaient certainement d'être plus largement prises en compte, et développées pour le devenir moins)


* je cherche un terme pour ne pas dire "identitaire" qui crée une confusion avec les identitaires de droite, ni racialiste puisque identitariste englobe aussi une frange du féminisme moderne, les groupes axés sur des questions de genre, d'orientation sexuelle, etc... plein de choses n'ayant pas de rapport avec la race. En général tout ce qui peut être vu comme "regrouper des gens par identités culturelles" et considérer celles ci et les discriminations qu'elles entrainent ou pas comme déterminantes dans la production de leur discours et la valeur qu'il faut y accorder, autant voire plus que leurs classes sociales.


Par contre dès qu'on sort de ce cadre intellectuel, de théorie explicative des rapports sociaux ou d'analyse des points de vue des différents groupes, pour entrer dans une application politique et pratique, ça cloche complètement.


D'une part c'est une vision qui conduit les membres de minorités convaincus au repli, et à l'auto-assignation à une espèce de prison choisie, comme vous le décrivez très bien. 


D'autre part cela réduit de manière énorme la capacité des adhérents à cette vision du monde à prêcher au delà des déjà convaincus, en leur donnant pour réflexe de ramener tout contradicteur à sa propre identité au lieu de répondre aux arguments contraires, ce qui est une approche systématiquement perdante dans tout débat d'idées (et en particulier sur internet où la plupart ont lieu de nos jours), sauf à imaginer que tout le public soit déjà dans cette vision identitariste. 

Je ne pense pas connaitre une seule idéologie qui conduise autant ses promoteurs à se tirer aussi systématiquement des balles dans le pied, et à braquer inutilement autant d'alliés potentiels (y compris parfois de minorités juste jugées un peu moins discriminées que d'autres).


Il y a aussi le fait que l'idée même que les gens "ne puissent pas comprendre car ils n'ont pas expérimenté", en soi insultante pour l'humain à qui n'est reconnu ni imagination ni capacité d'empathie, a pour conséquence de nier toute la valeur des produits culturels ou travaux divers, qui depuis des siècles se donnent pour mission de permettre aux gens de se mettre à la place de personnes autres qu'elles mêmes, et les rend capable de réaliser les effets du racisme ou autres discriminations même sans tout devoir subir eux mêmes. Ce qui rend absurde la volonté généralement affichée par ces mouvances de vouloir influencer la culture (à quoi bon sachant que selon leur théorie même les différents groupes humains sont de toutes manières définitivement condamnés à l'incompréhension par leurs expériences irréconciliables ?).

On pourrait même en arriver, à partir de cette vision du monde à trouver des circonstances atténuantes au racisme des "blancs" (ceux ci ne pouvant pas comprendre le racisme, en quoi serait ce coupable de leur part de faire subir aux "racisés" quelque chose qui est au delà de leur capacité de compréhension ?). L'identitarisme offre en fait une doublement fabuleuse excuse aux racistes, non seulement ils ne feraient jamais qu'exprimer une tendance naturelle au groupe  auxquels on les assigne (celui des infames "hommes blancs", par essence reliés à la colonisation etc..), mais en plus on ne peut plus leur reprocher d'être conscients de la gravité de leurs actes, ne pouvant n'étant pas "racisés" en mesurer les conséquences.


Enfin le concept d'intersectionnalité ne fait qu'ajouter encore aux problèmes de l'identitarisme, conduisant à un morcellement supplémentaire des gens se reconnaissant dans celui ci, et à monter les uns contre les autres même les membres de minorités discriminées, les individus qui les composent se retrouvant en concurrence victimaire permanente pour faire valoir qu'ils le sont plus que d'autres, et donc avoir droit à la reconnaissance de leur légitimité supérieure à parler d'un problème. 

Le tout aboutissant aux débats d'une violence particulièrement impressionnante entre gens se définissant par diverses identités sexuelles se compliquant ou non d'identités raciales ou sociales, auxquels on peut régulièrement assister dans le monde de la social justice anglophone, totalement obsédé par ces questions de genre, de races, et de priorités de parole en fonction des préjudices subis. Débats où pour avoir le dernier mot des gens supposés lutter contre les discriminations en viennent souvent à nier/minimiser celles que subissent d'autres victimes, reproduisant quasiment les arguments de ceux qui les oppriment.

ps : après je ne veux pas dire que tout ceci soit une conséquence nécessaire et directe des travaux et théories politiques basées sur les identités culturelles et le rapport aux discriminations (disons s'ils étaient bien compris) qui me semblent intéressants et avoir une certaine pertinence. 


Le problème me semble plus être leur réinterprétation ou expression, dans un cadre militant ou de débats, des réflexes intellectuels auxquels ils aboutissent généralement, qui me semblent à peu près toujours contre-productifs pour les causes défendues.


(ce qui en fait l'opposé de l'approche universaliste, qui elle est pratique pour sa capacité à convaincre hors des groupes discriminés ou ultra-militants et d'éviter les divisions entre personnes luttant contre les discrimations, mais n'offre pas grand chose en terme de grille d'analyse)

Il y a truc particulièrement agaçant avec vous, c'est ce mélange d'indigence intellectuelle appuyée sur l'ignorance, d'une part, et d'assurance, d'audace, de propension à affirmer, d'autre part.

Mettez tout ça dans une grande poubelle, secouez bien fort ; vous obtenez : Le Chien.


Je suis désolé je vous le répéter mais en dépit de votre infinie prétention à jouer les arbitres (R. Barthes appelait ça la critique ni-ni, posture bourgeoise s'il en est) entre "universalistes" et "racialisants" (??), vous n'avez absolument rien compris à la perspective intersectionnelle. Vous n'avez rien compris à ce que dit Fassin qui au passage, est loin d'être le seul auteur à adopter cette perspective, mais est une cible privilégiée des réacs et des fachos, de même que R. Diallo d'ailleurs... (c'est bien, ça vous classe).


Je passe sur vos poncifs ridicules à propos de la psychanalyse et des sciences sociales américaines ainsi que sur de nombreux autres.

Vous dites : 1/ "Luttant contre l'assignation à une race biologique fantasmée, elle construit intellectuellement une race soit disant née du social au nom du pragmatisme" et

2/ "On lutte soit-disant contre une assignation, mais en s'y assignant soi-même, tout seul, et avec force. Par exemple: on m'assigne à une pseudo race noire biologique ? Alors je revendique avec force et fierté d'appartenir à une proto race noire sociale !"

Voilà, c'était pas nécessaire d'écrire 36 tartines, ces deux phrases résument l'essentiel de votre rayonnante pensée.

Là où vous n'avez rien compris, c'est que la race n'est pas qu'une construction intellectuelle que chacun pourrait "choisir" de récuser. "Je ne vois pas les couleurs", comme disent tous les racistes qui s'ignorent. L'assignation raciale enracine des dispositions dans les corps, elle discrimine à l'embauche, au logement, en termes de relations avec la police et la justice. Elle n'est pas ce t-shirt qu'on pourrait choisir de retirer à loisir parce qu'"on est tous pareils han". On ne s'y assigne pas soi-même, c'est la société qui nous y assigne et qui nous y assigne à vie. De nombreuses études montrent bien comment, les garçons noirs et arabes étant socialement perçus comme une menace dans l'espace public, ils incorporent des dispositions à neutraliser tout ce qui pourrait sembler agressif dans leur comportement.


Ca n'amuse personne de se reconnaître comme noir, arabe, juif. C'est une condition objective, pas une identité dont on pourrait subjectivement se détacher par déni ou intervention divine.

Votre point de vue est triplement ignorant : ignorant des perspectives antiracistes un peu conséquentes politiquement, ignorant des discriminations concrètes, matérielles, et ignorant de l'inscription du social dans les corps sous forme de dispositions durables. Et cette triple ignorance converge néanmoins dans une direction : la négation du vécu des personnes racisées, des discrimination concrètes dont elles font l'objet, et de la pertinence de leurs tentatives pour s'organiser de manière autonome. Votre discours encourage objectivement la perpétuation du racisme structurel français.

Non, être victime d'actes racistes n'est généralement pas une condition objective.


Il y a deux manières différentes d'appréhender le racisme. La première est d'expérimenter le racisme, de le vivre, d'en être victime soi-même. La seconde consiste à l'étudier statistiquement en mesurant les inégalités salariales, la proportion de CV écartés, l'accès au logement, etc.


Admettons que le travail statistique soit bien réalisé, l'on peut en dire alors qu'il est objectif. Et qu'il rend objectivement compte d'une réalité globale. D'accord. Mais pas qu'il rend compte des situations individuelles. Vous pouvez être noir, connaître les statistiques des discriminations à l'embauche, et voir votre candidature refusée, vous n'avez pour autant aucun moyen, aucun outil, qui vous permette de situer le refus particulier qui vous a été signifié dans les statistiques des discriminations à l'embauche. Plutôt dans la part des refus racistes ? Plutôt dans la part des refus normaux ? Aucun moyen.


D'un autre côté, il y a les actes racistes vécus. Alors en effet, il y a les attaques objectivement identifiables: comme des supporters de foot qui font des cris de singe par exemple. Mais si le racisme en France se limitait à cela, ce serait formidable. Non, les actes racistes vécus au jour le jour sont plus diffus, plus insignifiants, plus implicites: la petite dame qui sert plus fort son sac à main quand vous entrez dans le métro, le serveur du restaurant qui vous fait attendre avant de vous servir, la boulangère qui vous sert sans sourire...


Mais le problème c'est qu'il ne s'agit alors que de ressentis, d'interprétations, et d'extrapolations. Je ne dis pas que l'individu se trompe, je dis qu'il n'y a rien d'objectif là dedans, bien au contraire, c'est doublement subjectif: il y a la subjectivité du ressenti et de l'observation, et la subjectivité de l'intentionnalité prêtée à la petite dame, au serveur, à la boulangère.


Et l'escroquerie du racisme racialisant (et du féminisme intersectionnel) est de mélanger l'objectivité des études statistiques et des attaques racistes flagrantes avec la subjectivité quotidienne du racisme implicite. Et de mélanger, en dépit du bon sens, une situation globale et des situations individuelles particulières. Et au final, une fois la race sociale étiquetée "race sociale des personnes réduites à la couleur de leur peau noire", et une fois tous les noirs identifiés par cette race sociale, alors il n'est même plus question de se demander si le refus d'embauche évoqué au départ est motivé par du racisme ou non... Il devient nécessairement raciste puisque l'identité des individus est maintenant d'être essentiellement des victimes de racisme.

"la race n'est pas qu'une construction intellectuelle que chacun pourrait "choisir" de récuser"


Si. Précisément.


On ne choisit pas d'être victime de violences conjugales. Pour autant, aucun sociologue ne croit bon de formuler l'injonction absolutiste et réductrice suivante: "Votre identité, Madame, c'est de vous faire cogner dessus. Acceptez-le. Reconnaissez qui vous êtes. Vous êtes une femme battue. Vous êtes une femme que l'on frappe.".

On ne choisit pas d'être victime de violences conjugales. Pour autant, aucun sociologue ne croit bon de formuler l'injonction absolutiste et réductrice suivante: "Votre identité, Madame, c'est de vous faire cogner dessus. Acceptez-le. Reconnaissez qui vous êtes. Vous êtes une femme battue. Vous êtes une femme que l'on frappe.". 


Vous

On ne choisit pas d'être une femme bien que le genre soit une construction sociale. 


Un sociologue qui découvre que violence conjugale envers les femmes est un fait social majeur aura parler de violence de genre, ou de violence faîtes aux femmes sans que les mots femmes ou genre ne soit des injonctions absolutistes et réductrices.


Enfin bref nous discutons du doigt et pas de la lune.


Une fois n'est pas coutume entièrement d'accord avec Kadife. (sur ce sujet)

désolé texte illisible : envoyé par inadvertance avant correction

C'est aujourd'hui, la journée mondiale du droit des femmes . Hier, ce n'était pas, demain ce ne sera plus.


J'éprouve comme une gêne, le mot est faible, quand le 8 mars et comme par hasard, reviennent des sujets s'interrogeant avec condescendance sur "les femmes". 


Il y a la journée Tintin, la Journée de la Corse (si !) la journée sans pantalon, la journée des câlins, la journée du pop corn, la journée de la Douane (avec majuscule)...


Voici donc celles, sans qui il n'y aurait pas d'hommes, rangées au rayons des accessoires auxquels il convient de penser une fois par an. 

Non, pas une fois, deux fois. 

L'autre fois étant pour une partie (méritante bien sûr) des femmes qui sont devenues mères. 

C'est le dernier dimanche du mois de mai, remis en selle par le regretté Maréchal Pétain . 

C'est la fête de mères, alias Saimt Moulinex, Saint Séphora, Saint Aubade.


Pour paraphraser Blaise Cendras, même la Patagonie ne peut contenir mon immense détresse.


Qui est satisfait de sa médiatisation ? Même Trump prétend avoir été élu en dépit des médias.

Bonjour,

Soutien à Rokhaya Diallo dans Le Monde vous dites ? C'est bel et bien dans le Monde Afrique, je ne vois pas bien quel est le lien entre le continent africain et Rokhaya Diallo, ni même avec le soutien qui lui est apporté. Cela illustre bien cette ambivalence de médiatisation et les critiques qui sont faites à votre article dans les autres commentaires. Il y a bien une différence, et une différence raciste, à donner la parole (ou à porter la parole de) à Rokhaya Diallo dans le "journal de référence" ou bien dans ses pages Afrique.


Pas bravo pour cet article Asi. Ou quand l'idéal journalistique d'objectivité se transforme en fausse neutralité et conduit à mettre dos à dos (balle au centre) deux camps qui mériteraient surtout que vous en expliquiez l'origine et les ressorts.

Elizabeth Badinter est effectivement emblématique du camp "universaliste" : actionnaire majoritaire de Publicis contre les femmes, féministe contre les arabes, et en définitive tout simplement une bourgeoise raciste (islamophobe revendiquée hein) qui est à peu près autant féministe que le pape.


Les "universalistes" (reprendre cette terminologie est déjà en soi un problème, car les intersectionnelles ne sont ni particularistes ni relativistes : philosophiquement, elles sont bien universalistes) partent du point de vue suivant, tout simple : en France, les femmes sont libres. La lutte féministe est gagnée. Les femmes qui doivent être libérées (éventuellement contre leur gré) sont à chercher parmi les pays arriérés de la péninsule arabique et de l'Afrique, et parmi l'ennemi intérieur proliférant que sont les musulmans de France. C'est antiféministe. C'est paranoïaque. C'est raciste. Ca rejoint un agenda d'extrême-droite national-sécuritaire qui a constitué (Merci Sarko, Merci Valls, Merci d'autres...) les musulmans en cinquième colonne inassimilable et qui mène des campagnes islamophobes régulières par l'intermédiaire de diverses officines réactionnaires comme le Printemps républicain et Riposte laïque.


En face, les intersectionnelles s'appuient sur la recherche en sciences sociales, le féminisme matérialiste et radical. Ce sont des féministes qui tentent de réfléchir ensemble la question féministe avec la question antiraciste et la question sociale. Elles font avancer la recherche en sciences sociales et les mobilisations féministes.


Voilà une présentation réaliste de la situation. Mais pour Asi, donc, balle au centre, on ne prend pas position, et c'est un faux équilibre parfaitement artificiel qui prime.

En tant que féministe universaliste, je suis pour l'interdiction du haut de maillot de bain pour les femmes ! c'est une forme d'asservissement, une manière pour le patriarcat d'investir le corps de la femme d'une sexualité que le corps de l'homme ne représente pas, et un résidu de culture occidentale vu le nombre de cultures qui ne cachent pas la poitrine des femmes !

Excellent article, très fouillé, avec un vrai travail de fond !

Merci !

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bel article équilibré qui a le mérite de clarifier les éléments souvent tronqués du débat. A signaler que vous avez masculinisé le prénom de madame Vergès... Une coquille ??? ou une façon, sans doute inconsciente, de coller du mâle à ses positions:-))

Tant que les féministes médiatiques obsédées par l'Islam et les féministes médiatiques obsédées par l'Islamophobie sont d'accord pour se plaindre dans la presse de leur faible accès aux médias, l'essentiel est sauf.

une petite faute d'orthographe; il fallait bien sur lire "racistes" et pas "universalistes"; ce qui explique d'ailleurs pourquoi on les accueille à bras ouverts chez "Valeurs actuelles".

(sérieusement voir Bouvet et Peggy Sastre associés au féminisme ça fait un peu mal)

sinon déconstruire le mythe de l'"universalisme" à la française ce serait pas mal; l'universalisme depuis le début c'est l'"universel des gens comme moi" (les hommes blancs un peu bourgeois quoi).

http://www.communistesunitaires.net/articles/universalisme-et-colonialisme-deux-mamelles-du-racisme

http://lmsi.net/Universalisme-ou-ethnocentrisme

et après on peut aussi discuter du féminisme de gens qui pensent que certaines femmes valent moins que d'autres (et ça vaut aussi pour les TERF / les SWERF)

Bonsoir,


Je me permets quelques réflexions concernant le féminisme universaliste que vous nommez dans cet article. De mon point de vue, les signataires de la tribune de libé ne sont que rarement des féministes universalistes (Laurent Bouvet, really?) mais plutôt des personnes sensibles au port du voile ainsi qu'au penchant identitaire de la laïcité.


 Féministe moi-même, me sentant plutôt universaliste (le fait d'être femme et de subir des oppressions parce que nous sommes des femmes telles que le viol m'oblige à penser ainsi) tout en comprenant les enjeux intersectionnels (jamais je ne mettrais en cause les femmes voilées qui peuvent porter le voile comme elles le souhaitent plutôt que d'être stigmatisées comme elles le sont depuis tant d'années, cf FFanon et JCKauffman) je cotois donc les milieux militants féministes de tout bord, et je dirais que certaines des universalistes (qui me semblent tout de même n'avoir rien à voir avec des personnes proches du puant printemps républicain) n'ont par exemple pas de difficultés à admettre le port du voile comprenant ainsi combien la liberté des femmes précède leur stigmatisation. Si je concède volontiers qu'une tranche encore du féminisme universaliste  a bien du mal à s'exprimer sur le port du voile, je dirais que la situation a tout de même foncièrement évolué depuis notamment l'apparition du féminisme intersectionnel.

Merci pour cet article.


L'intersectionnel est probablement plus en phase avec les valeurs de la société Américaine, d'où il me semble qu'il émane, que de l'universalisme de la société Française. Après, je trouve ça frappant qu'on soit sommé de choisir. Comme si on ne pouvait pas faire fonctionner ensemble une universalité au fait d'être humain, et une particularité des expériences de chacun.e.s. Après tout, on voit bien comment deux enfants de mêmes parents peuvent être différents malgré une position sociologique similaire, tout en partageant tous les deux une expérience sensible partageable propre à leur qualité d'être humains.


Il me semble qu'un des problèmes structurels de l'intersectionnel est qu'à force de vouloir reconnaître ou nommer une particularité on finit par mettre les gens dans des boites étanches et préconçues rendant tout échange et partage impossible (une façon sans nuance de dire que si tu es ceci tu ne peux pas comprendre cela, voire discuter de cela), et déniant finalement la particularité des expériences au-delà de classifications sociales. Et puis, cette façon d'utiliser des termes de façon complètement déconnectée de leur étymologie, ça empêche de penser. Par exemple, utiliser le terme de racisme comme un équivalent de l'oppression nie complètement le fait que tout un chacun peut être raciste, même si ce racisme aura plus de poids dans le fonctionnement d'une société quand il sera exprimé ou agi par une personne ou un groupe qui a le pouvoir (ce qui varie en fonction des contextes).


Il me semble que le problème de l'universalisme est de ne pas entendre que chacun.e peut vivre une situation à sa façon. Par exemple, toutes les femmes qui portent un voile ne sont pas soumises comme décrites par ces personnes, sans pour autant enlevé que de façon générale c'est un marqueur d'oppression.


En gros, interdire ou dénier aux gens la capacité de penser, c'est emmerdant.


Et pour finir, il me semble que parler de racisme anti-blanc c'est comme mettre du sucre sur un gâteau au sucre. C'est simplement du racisme. Pas la peine de rajouter une nouvelle couche de raisonnement raciste en pointant l'anti-blanc. Pouvoir être raciste, c'est comme pouvoir être con, c'est universellement partagé.


Vous m'avez lu jusqu'au bout ? Merci.

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