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Floutages

On a beau chercher, aucun argument rationnel ne permet totalement de comprendre

Derniers commentaires

Une question quand même :

Est-ce que flouter c'est faire de la télévision ?

***
On n'en est plus à chercher des explications. C'est comme dans la cour de récréation. Tu veux ça, alors moi je ne veux pas. Et si tu ne veux pas, moi je veux. Et de toutes façons, il faut que j'aie raison à un moment, alors je vais imposer n'importe quoi, pourvu qu'il n'y ait pas de véritable enjeu, sinon ça va s'énerver en face.
Le fait que tout le monde devienne ridicule ne rentre pas en ligne de compte.
Et le fait que des gens soient en danger ne les rend pas plus sérieux et plus responsables.
Est-ce que flouter, le fait de ne pas voir le regard culpabilisateur des deux journalistes, a un rapport avec le regard baissé de Carolis devant l'autorité du chef de l'Etat, je n'en suis pas sûre, pour une fois, je trouve l'argument un peu tiré par les cheveux.

Même si, d'accord avec vous, le floutage est bizarre.

http://anthropia.blogg.org
Les prix Pulitzer 2010, catégorie "Journalisme" :

2010 Pulitzer Prizes for Journalism
Pendant ce temps-là, dans l'hacienda de Don Alessandro...

Aucun jité (que j'ai vu) n'a relayé les propos guerriers de $arko sur l'Iran à Washington:

"L'acquisition par l'Iran de l'arme nucléaire à des fins militaires, couplée aux déclarations multiples des dirigeants iraniens contre la démocratie d'Israël, est un danger et c'est inacceptable.

Nous sommes à un moment où il faut voter des sanctions. Nous essayons, avec le président Obama, de rassembler une majorité au Conseil de sécurité pour voter les sanctions les plus fermes possibles. Si nous n'y arrivons pas, alors il faudra que, les Etats-Unis, l'Europe et d'autres, nous prenions nos responsabilités. La meilleure solution, c'est l'unité du Conseil de sécurité, mais pas au prix d'une résolution qui serait tellement faible qu'elle ne servirait à rien."


Plus bizarre, dans le jité de France2 et France3 à midi, les propos en question ont été...coupés! Ne restait que:

"Nous sommes à un moment où il faut voter des sanctions. La meilleure solution, c'est l'unité du Conseil de sécurité, mais pas au prix d'une résolution qui serait tellement faible qu'elle ne servirait à rien."
La décision de France Télévision sent le complexe de culpabilité ; ce floutage, c'est comme cacher le visage de ceux que l'on promet à la mort, comme le font, paraît-il, certains assassins.

[quote=Daniel Schneidermann]... (on se souvient que Sarkozy en personne, son secrétaire général Guéant, et l'ex-chef d'état major des armées Georgelin, se sont signalés par les sorties assez indécentes sur le coût des recherches des deux reporters. ...

très indécentes, extrêmement indécentes, inacceptables, en fait.
Ben moi j'ai lu Fiiiloutages... Parole ! Et pendant ce temps il y a deux gars en danger... Le crime profite à qui ?
C'est pas l'image qu'il fallait flouter pour "leur sécurité" (?????) - c'est la voix.
Le VD http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=7795 me rappelle cette vidéo datant d'octobre 2007 montrant le président de la République stopper net un entretien donné à 60 minutes de CBS au cours duquel une question sur Cécilia lui était posée http://www.dailymotion.com/video/x3cg91_quand-sarkozy-quitte-le-plateau-de_news ( timecode 05:20; mais tout le document vaut le détour ).
Le ton du Monsieur Guibert est agressif et méprisant (mais DS est assez grand pour se défendre). Mais ce que ne voit pas (?) cet arrogant personnage, c'est que [large]ce sont ses collègues de FR3, opposés à ce "floutage" qu'il flingue[/large].
Le visage incarne, il humanise. Subitement sauver deux personnes dont on peut dire le prénom et les traits s'impose comme une urgence. C'est certainement la raison principale, celle qui pousse le gouvernement a vouloir empêcher des infos sur ces deux journalistes, traités comme deux imbéciles qui se sont mis tous seuls dans le pétrin, au lieu d'être perçus comme deux reporters courageux qui informent au péril de leur vie.

Quant à l'argumentaire juridique, je me demande quel avocat lui a conseillé de dire que montrer les images étaient contraire aux conventions de Genève. Certainement quelqu'un qui ne manque pas d'imagination, tant la pratique en la matière est maigre, et les solutions juridiques quasi inexistantes. La question n'est pas nouvelle, elle s'est posée en Belgique mais aussi en France, au tout début du second conflit irakien.
Certains affirment que les conventions de Genève ne s'adressent qu'aux Etats. C'est faux, elles font peser des obligations sur chaque individu, personne morale, et c'est précisément ce qui autorise des juridictions pénales internationales à poursuivre les personnes qui se rendent coupables de leur violation.

Mais que dit le DIHumanitaire de la diffusion des images de prisonniers ? A vrai dire, pas grand chose, parce que la télévision, en 1949, au moment de l'adoption des conventions de genève, n'existait qu'à peine :

Voici toutefois un extrait d'un recueil de coutumes et lois de la guerre, produit d'un travail de codification (processus qui consiste à collecter les pratiques étatiques, en extraire le substantifique moelle, afin d'exprimer la règle telle qu'elle est universellement pratiquée). L'ouvrage est dirigé par J.-M. Henckaerts et Louise Doswald-Beck :

"La notion d’«atteintes à la dignité de la personne» est définie dans les éléments des crimes du Statut de la Cour pénale internationale comme le fait de soumettre une personne à un traitement humiliant ou dégradant ou de porter autrement atteinte à sa dignité, dans une mesure suffisamment grave «pour être reconnue généralement comme une atteinte à la dignité de la personne»."

La définition est relativement tautologique. Si l'on regarde le texte même des conventions de Genève, il n'est pas plus précis (la télévision, en 1949 hein... bon). La convention numéro 4, relative à la protection des civils se borne à préciser que dans son article 3.c. que :

"sont et demeurent prohibés, en tout temps et en tout lieu, à l'égard des personnes mentionnées ci-dessus :
a) les atteintes portées à la vie et à l'intégrité corporelle, notamment le meurtre sous toutes ses formes, les mutilations, les traitements cruels, tortures et supplices ;
b) les prises d'otages ;
c) les atteintes à la dignité des personnes, notamment les traitements humiliants et dégradants (...)".

Dans le silence des traités et des coutumes et lois de la guerre les pratiques journalistiques en matière de diffusion d'images relèvent davantage de la déontologie journalistique que de la réflexion juridique. Un fantastique article, fruit d'une intervention publique de Nahida NAKAD, Grand reporter à TF1, et Jean-Pierre ABOUT, Directeur adjoint des reportages à TF1, intervention qui remonte à 2003. Ils relèvent la controverse qui avait agité la rédaction de TF1 au moment du premier conflit du Golfe, affirmant que :

"La question s’est posée de savoir s’il fallait ou non montrer les prisonniers de guerre. La Convention de Genève ayant été élaborée alors que la télévision n’existait pas encore, la réponse demeure floue. Pourtant, les règles prévues par la Convention sont précises. Les personnes vulnérables – femmes, enfants, malades, blessés – ainsi que les combattants désarmés doivent, quel que soit leur camp, être épargnés. Les prisonniers de guerre, quant à eux, doivent être protégés de la curiosité publique. Or s’il existe une façon de livrer à la curiosité publique les prisonniers de guerre, c’est bien en montrant à la télévision leur visage".

La solution dépend donc de l'opportunité, en vérité. Doit-on montrer des images de prisonniers ? Si oui, faut-il montrer les images d'un seul camp, des deux ? Il me semble par ailleurs que la décision dépend de la sensibilité des journalistes face à certains types de "victimes". On montre plus facilement l'horreur des prisonniers d'Abu Graib que celle de soldats américains retenus par des forces armées ennemies. Étrange non ?

Pour une position française sur le sujet, il faut se reporter au CSA qui en 2003, émettait une recommandation, et va jusqu'à évoquer dans ses rapports annuels le nécessaire respect par les chaînes de télévision des conventions de genève.

Pour conclure, je ne suis pas sûre qu'il y ait de réponse juridique véritable quant à la diffusion d'images de prisonniers. Peut-être la vraie question est-elle éthique, comme l'a relevé un excellent article disponible sur le site du CICR, dont voici un court extrait :

"Doit-on montrer toutes les images et peut-on tout montrer par l'image ? Le procès de l'image-choc ne date pas d'hier, et le malaise a pris une ampleur sans précédent avec la retransmission de l'agonie de la petite Omayra Sánchez dans la boue, en 1985, dont chacun se souvient. Le témoignage de la TV et du photoreportage, éperonné par la logique du temps réel et du spectaculaire, cède trop facilement à une escalade dans la représentation des atrocités dont souffrent les êtres humains. Où est le respect de la dignité de la personne, lorsqu'on montre des victimes souffrantes, sans expliquer les causes de leur souffrance ? Ou lorsqu'on présente comme des fantômes hébétés, condamnés à la saleté et perdus par avance, entièrement dépendants de l'assistance humanitaire, des êtres qui luttent avec ténacité pour leur survie dans des situations de crise complexes? Et le savoir-faire photographique d'esthétiser cette souffrance, de la mettre savamment en scène par des effets de « composition »".

La question est de savoir si les images des journalistes pris en otage rentre dans le cadre de ce voyeurisme galopant.
Je vote des deux mains.Merci de donner cet écho à l'incompréhension et la colère qu'a suscité en nous la décision de France télévision exigée ,on l'imagine ,par le petit manitou.....Il y avait déjà eu des âneries,maintenant une censure.Il faut soutenir ces deux journalistes et leur permettre de sortir de l'enfer.
« Le reportage sur Sarkozy réalisé par la TSR censuré en France » http://www.yann-savidan.com/2010/04/le-reportage-sur-sarkozy-r%C3%A9alis%C3%A9-par-la-tsr-censur%C3%A9-en-france-.html
Le bal des faux-culs...

***
Toute cette opération de Tartuffe me semble inspirée, au départ, par le cas de David Rohde. Ce journaliste a été enlevé en Afghanistan, et cette opération a été tenue secrète, pour ne pas apporter de l'eau au moulin médiatique des ravisseurs.
Résultat : le mec a été oublié pendant 7 mois et n'a dû son salut qu'à son évasion, opérée par ses propres moyens. Un triste exemple de ce qu'il ne faudrait pas faire. Toutes ces postures maniérées (floutage, anonymat) sont ridicules alors que Guéant avait déjà créé la polémique en traitant les journalistes de "coupables". Puisque le rapt est médiatisé au plus haut niveau, quel intérêt ?

La vraie information serait une tentative d'analyse du profil des ravisseurs. Sont-ils du Hezb-e-islami de Gulbuddin Hekmatyar (premier candidat à une "négociation" avec Karzaï) ? Sont-ils affiliés au réseau Haqqani, à celui du mollah Omar ?
Personnellement je n'ai pas l'info (encore que la zone géographique est celle contrôlée par le herb-e-islami) et on reste dans un explication simpliste, du style "taliban" sans autre précision.

Les 2 films (février et avril) montrant les déclarations des journalistes sont visibles sur mon blog (sans floutage) : http://rimbusblog.blogspot.com/2010/04/herve-et-stephane-en-parler-ou-pas.html
On a beau chercher, aucun argument rationnel ne permet totalement de comprendre pourquoi l'ensemble de la presse, asi compris, a obtempéré aux consignes d'anonymat auxquelles étaient invités tous les journaux, scrupuleusement respectées. Seul le Figaro, paradoxalement, avait précisé l'origine de la consigne: le ministère de l'intérieur. Partout ailleurs, c'était "les deux journalistes" dont on taisait le nom sans préciser pourquoi on en taisait le nom: ça aussi, c'est du floutage, du floutage qui se donne bonne conscience (difficile de croire que le milieu journalistique ne les connaissait pas, ces noms!). C'était pour les protéger. Soit. Maintenant, pour protéger Ghesquière et Taponier, il faut dire leur nom. Allez comprendre! La versatilité deviendrait-elle une valeur première, et contagieuse, en Sarkozie? Du temps de Kauffmann, Carton, Fontaine (1988), j'ai souvenir qu'on nous priait quotidiennement de penser qu'ils étaient libérables. A-t-on plus peur des talibans que du Hezbollah? Est-on devenu tellement docile qu'on n'enfreint plus un diktat ministériel, du côté de la presse? Trois mois pour qu'apparaisse un sursaut: quelle réactivité! Les talibans ont déjà gagné, pendant que tout le monde se passionnait pour des affaires de cul, dans cette étrange tyrannie du présent qui fait qu'on ne voit plus guère ni l'avant ni l'après d'un événement. Dans deux jours, quand on aura bien pinaillé sur le fait de savoir s'il fallait ou non flouter des images, on passera à autre chose?
Pour moi c'est clair. Dans l'inconscient de ceux qui "clapotent" dans "les milieux autorises" (sic et resic), ces deux pauvres types sont deja morts.

On est dans l'ordre des choses de la decadence generalisee de notre societe.
Pourquoi flouter ?
Mais aussi, pourquoi montrer ?

Quelle information supplémentaire apporte rait l'image non floutée ?

Connaître le visage de ces deux hommes ? Il semble, vue la photo d'accompagnement de votre message (gépalatélé), qu'il ait été montré en photo.

Connaître le visage de ces deux hommes après plusieurs semaines de captivité ? On peut imaginer que c'est pas très joli à voir. Et que c'est pour préserver leur dignité que décision a été prise de ne pas montrer cela. Et qu'il fut préféré de montrer leurs visages rayonnants.

De cela, je ne parviens pas à me scandaliser.
Avec Sarkozy, on est habitué au floutage de gueule...

Puisqu'on en est aux "peut-être" : peut-être serait-il bien de lui mettre (enfin) un grand coup de pied au cul. Les deux tiers des français en ont marre, paraît-il. Ils attendent quoi ?
Si ce floutage idiot et inapproprié est le résultat de l'envie de l'actuelle direction d'être prolongée (alors qu'il est de plus en plus clair que Sarkozy va une fois de plus passer en force), elle aura (la direction) eu le sort qu'elle mérite. C'est vrai qu'on peut alors assimiler Hervé Guesquières et Stéphane Taponier à des "coupables". Coupables de quoi ? D'avoir transgressé les ordres de "papa" en voulant faire leur métier honnêtement sans être pieds et poings liés avec l'armée française ! Merde alors ...

Lorsque je travaillais dans l'une de ces télévisions publiques, nous avions des journalistes, caméramen et preneurs de son, otages au Liban. La presse écrite aussi. Au début de chaque journal, nous diffusions les photos des journalistes otages, et le nombre de jours de leur emprisonnement, le dernier à être libéré ayant été J.P. Kaufmann. On en parlait, on manifestait, on voyait leurs visages partout... 2 fois par jour à la télé ! La France entière connaissait leur visage. Nous avions de l'empathie pour leurs proches, pour eux. Personne n'aurait eu l'idée de s'interposer entre une profession -à qui il arrive de courir des risques importants- et le public qui s'intéressait au travail des journalistes, à ce qu'il se passait au Liban...
XXIe siècle : les lambdas pris en otage au Mali ou en République Dominicaine ont des noms, des prénoms, des visages et ont été libérés à grand renfort de publicité et d'accueil présidentiel. Florence Aubenas avait, elle aussi un nom, un prénom, un visage, une famille qui s'activait, et des collègues inquiets. Les deux journalistes (j'ai oublié leur nom) retenus en Afghanistan peu de temps avant ont eu droit au même traitement... Sarkozy va tous les accueillir en grande pompe...
Changement brutal : 2010, deux journalistes sont pris en otage au cours d'un reportage en Afghanistan pour un magazine de France 3. C'est la rédaction qui a laissé fuiter l'enregistrement de l'énervement présidentiel parce qu'un technicien a refusé de lui serrer la main et de le saluer... instant à la suite duquel on a appris du Président qu'il allait nommer lui même le futur pédégé des télévisions publiques, supprimer la pub, et en faire donc la proie de la bonne volonté en matière de subventions (ou pas) de l'Etat.
Drôle d'époque ! Drôle de président... des ombres de plus à son tableau de chasse ! Ce type devient détestable tant il est peu respectable.
ACRIMED lance un appel aux dons http://www.acrimed.org/article3352.html
On peut imaginer que cette diffusion n'a pas été appréciée au gouvernement, ainsi placé publiquement au pied du mur (ou au moins, que la direction de France Télévisions ait anticipé un certain mécontentement).

Qu'aurait fait Alexandre Bompard à la place de Patrick de Carolis ?

EDIT :

Ce matin, à 9h30, Patrick de Carolis va faire une déclaration de guerre à Nicolas Sarkozy. Au cours d’un conseil d’administration, le président de la télé publique va demander «la suspension» de la privatisation (à 70%) de la régie publicitaire de France Télévisions.

http://www.liberation.fr/medias/0101629888-la-regie-pub-strategies-autour-d-un-magot

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