Grèce : Angélique Kourounis, @ux sources des bobards
Des enfants abandonnés à cause de la crise, un pays au bord de la guerre civile mais où les mariages vont bon train grâce au film Mamma Mia : ces informations sur la Grèce, aussi fausses qu'exotiques, sont propagées par certains medias français, et reprises sur Internet. Correspondante, en Grèce de nombreux médias français (LCI, Radio France, Le Parisien, etc) Angélique Kourounis raconte ses conditions matérielles de travail. Pour prolonger l'émission, vous trouverez sous les vidéos un complément d'information sur les différents sujets évoqués.
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Derniers commentaires
maja est une intervieweuse atypique mais très efficace ;)
Oh oh, il y a quelqu'un pour nous répondre sur ce pb de contenu privé ?
Yaurait-il une autre adresse avec le contenu qui trainerait?
(avec quelques mois de retard, nb: très heureux de vous retrouver Maja, Asi manqué de votre humour épicé)
Si vous voulez apprendre pas mal de choses sur les exigences du FMI vis à vis des Grecs, il faut lire :
"La dette ou la vie",sous la direction de Damien Millet & Eric Toussaint;édition Aden, le chapitre 5,
et plus précisément pages 93-94, en ce qui concerne la question des dépenses militaires. (juin 2011)...
peut-être que les grecs ont reconverti les sous marins allemands, depuis cette date,
en leurres pour pêcher le maquereau!
Pourrait-on avoir la référence du livre cité par la journaliste "le labyrinthe du Minotaure" ?
je ne le trouve pas sur big browser...
Merci
Cependant, Angélique Kourinis ne dit pas dans l'interview avoir rencontré le maire de l'Ile, seulement lui avoir téléphoné. Elle dit exactement "j'ai téléphoné au maire de l'Ile,qui était hors de lui parce qu'il n'avait jamais vu la journaliste".
Important qu'Arrêt sur image soit précis dans ses sources quand il fait un résumé.
Cordialement,
Jean Minnaert
Quand on vous dis que les Grecs sont dangereux pour l'Europe, ils montrent le mauvais exemple. Voyez Madame Angélique Kourounis, la subversion tranquile.
Mais où vont les médias ? Murdoch au secours, il sont devenus fou !
j'ai moi-même répandu un "bobard" : tournait sur internet l'histoire du président des évêques catholiques, vivant à syros, et qui aurait écrit au pape et aux autres présidents des évêques un appel au secours : l'hosto de syros n'a pas de chauffage cet hiver, comme c'est le cas de tous les hôpitaux grecs. il y a quelques jours, je tombe au supermarket sur un curé catho. je lui demande si cette histoire est vraie... lui-même en a entendu parler, a vérifié l'info auprès de ce président des évêques qui a nié d'avoir écrit la lettre... il a nié l'existence de la lettre, donc. et j'avoue ne pas être allée mettre moi-même la main sur les radiateurs de l'hosto d'ermoupoli. et pourtant angeliki à un moment parle justement de ces hôpitaux et ces écoles non chauffés cet hiver. alors quoi ? bobard ? fond de vérité ? d'ailleurs, angeliki, au tout début, fait un distingo, que maja ne relève pas, et qui, vu le thème, aurait été très très pertinent de creuser : la distinction entre "vérité" et "réalité". cette lettre n'est pas réelle, mais le fait que la rumeur ait circulé, transportant dans ses sacoches la nouvelle que les hostos n'ont pas été chauffés cet hiver, recouvre une vérité tellement aveuglante que personne n'arrive à l'énoncer : le pays est tellement appauvri que les malades hospitalisés cet hiver dans les hôpitaux grecs n'ont pas eu de chauffage. et le pays est tellement appauvri que les gosses dans les écoles n'ont pas eu de chauffage cet hiver.
mais est-ce vrai ? j'ai pas mis la main sur un radiateur pour vérifier, ni dans une école, ni à l'hosto, et kourounis non plus, je suppose, mais pourtant tout le monde "sait" que c'est vrai.
au moins, le suicide de dimitri christoula, ça, c'est "vrai", on a un beau cadavre pour le prouver, une lettre sans ambiguité pour l'expliquer, une fille pour en parler, des manifestants pour se faire casser la gueule par les MAT à syntagma mais pour en témoigner...
vérité en deçà, mensonge au-delà. j'ai l'impression que quoique disent les grecs, ils seront toujours soupçonnés de raconter des bobards, autant d'écran à la lamentable réalité d'un pays véritablement démoli et assassiné.
pour finir, une jolie histoire sur épiménide, racontée par diogène laërce, et piquée sur wiki. à laquelle il faut réfléchir avec en tête vérité vs réalité (épiménide, crétois, qui serait le père du paradoxe du menteur : tous les crétois sont menteurs)
"Épiménide, un jour que son père l'avait envoyé aux champs pour rechercher une brebis, s'endormit dans une grotte, et y resta en sommeil durant cinquante-sept années. Et, s'étant réveillé après ce temps, il se remit à la recherche de la brebis, croyant avoir dormi juste un peu. Une fois qu'il fut rentré dans sa maison, il y trouva des gens qui lui demandèrent qui il était, jusqu'à ce qu'il eut retrouvé son frère cadet, devenu entre-temps un vieillard, dont il apprit toute la vérité. Une fois reconnu, se répandit chez les Grecs l'opinion qu'il était très cher aux dieux."
Émission intéressante.
Une émission parodique pour terminer l'année (fausse interview - ex. aux sources d'un islamiste -, invité historique - ex. Jeanne d'Arc que l'on peut faire "revivre" par certaines ruses; elle nous apprendrait les sources de ses voix -, entretien allégorique - ex. interview du coq français ou de Marianne...) ? Il m'a semblé que vous n'étiez pas dépourvu d'humour...
Hors-sujet: aurais-je du mettre un 'e' à "dépourvu" en vouvoiement de politesse vu que je m'adresse à une femme?
C'est une manière de renvoyer l'ascenseur aux pays Européens qui lui baillent des fonds...
Pour parler la Sarkolangue: un échange "gagnant-gagnant" (!)... Pour moi, plutôt une sorte de chantage.
Situation totalement Ubuesque, effectivement dénoncée en son temps par D.Cohn Bendit, relayé depuis par ...personne.
Merci.
PS : petite question très égoïste : où se trouve ce café parisien où le serveur parle grec ? Je n'ai pas rêvé, j'ai bien entendu "plirose", "il/elle a payé" vers la fin de l'entretien ? ça m'intéresse grandement. Dans le VIè j'imagine ? Siouplè, dites-moi ;-)
Je me permet d'intervenir car j'ai passé trois semaines à Athènes en Décembre pour réaliser un documentaire radiophonique indépendant relatant le vécu des grecs pendant la crise
(à écouter ici : http://hivereuropeen.wordpress.com/ , deux épisode de 45 minutes sont déjà en ligne).
Le but était très précisément de donner un point de vue "in situ", par les gens qui vivent la situation au quotidien, car j'étais moi même très frustré et scandalisé par la superficialité de ce que je pouvais entendre en suivant les media "réguliers".
Je suis donc à 100% d'accord avec la thématique de cette émission, m'étant moi même lancé dans un projet pour essayer de palier à ce problème.
Je me sens par contre obligé de réagir, car cette histoire d'enfants abandonnés n'est pas tout blanc ou tout noir, tout comme cette recherche de la "vérité" de ce qu'il se passe.
Commençons par ces histoires d'abandons. L'histoire de la petite fille, mise en avant par les media, était peut être la plus sensationnelle. Et a fait le tour du monde. Manque de bol, la maman était une junkie (quelle drogue?).
Toute la thématique serait donc un bobard? Je vous conseille de lire ces deux articles pour essayer de peser le pour et le contre :
En français, l'article original de I Katherimini concernant cette histoire, qui en raconte quand même un peu plus :
http://www.courrierinternational.com/article/2012/01/12/les-orphelins-de-la-crise
Et en anglais, un article de Helena Smith, la correspondante du Guardian à Athènes, qui publie régulièrement les articles les plus complets et sérieux que j'ai pu lire sur la situation grecque :
http://www.guardian.co.uk/world/2011/dec/28/greek-economic-crisis-children-victims
Alors oui, ces situations sont extrêmes, n'ont pas lieu à chaque coin de rue. Ce sont des gens qui sont socialement en premières lignes, et sont les premiers à tomber. Ils étaient déjà avant la crise tout en bas de l'échelle sociale.
ET C'EST COMME CA QUE LA CRISE FONCTIONNE. Elle rabote par le bas, très méthodiquement. Alors doit on ignorer ces drames, parce que ce sont des milieux où ces drames existaient déjà auparavant, mais sont "simplement" plus fréquents maintenant? N'est ce pas assez?
Plus généralement maintenant :
De ce que j'ai pu vivre en Grèce, l'atmosphère est très maniaco-dépressive. Le choc de l'austérité et de la dépression économique (voir à la fin de ce billet) est si violent que la perte de repères est complète, et les réactions extrêmes. À cela, il faut rajouter une affection des grecs pour les théories du complot ainsi qu'une certaine paranoïa envers ce qui est politique, et on obtient un beau cocktail enfumant pour tout journaliste naïf.
Pas étonnant que de nombreuses actualités sont alors mises sur le dos de la crise, par les medias grecs et surtout les grecs eux mêmes, alors qu'elles ont des causes parfois toutes autres.
Mais c'est là que se joue quelque chose d'intéressant : la crise est si insaisissable en tant que telle, les gens ont si peu de prises pour comprendre pourquoi leur pays , leur société, leur famille, leur propre vie est en train d'imploser, qu'ils faut bien cristalliser toutes ces peurs à un endroit ou a un autre. Les drames quotidiens dus à la crise sont insignifiants, mais liment le courage des citoyens jusqu'au désespoir complet. La perte de 10, puis 20 puis 30% du salaire, l'annulation des vacances, la revente de la deuxième voiture, etc etc, jusqu'à la fouille dans les poubelles pour se nourrir, ce ne sont que de mini-évènements successifs qui individuellement feront rire n'importe quel lecteur ou téléspectateur. Mais quand la somme est énorme sur un ou deux ans, on est détruit, mais on n'a aucun drame unique à raconter. Que des banalités. Alors il est peut être normal que les gens se focalisent sur toute histoire vraiment dramatique, qui prend une valeur symbolique, au risque peut être de faire quelques erreurs dans le choix du symbole.
C'est probablement une explication à la paranoïa omniprésente qui met le moindre événement sur le dos de la crise.
Mais il y a aussi un autre aspect à considérer : les mécaniques sociales qui ont lieu dans cette désintégration sont tout ce qu'il y a de plus connu. Il n'y a rien de différent par rapport à ce qu'il se passe dans les classes sociales en difficulté en France, au Royaume Uni, en Allemagne ou aux Etats-Unis depuis une trentaine d'années. L'ampleur est juste plus grande, ça touche plus de monde, plus vite, mais le mécanisme, on le connaît et on s'y est très bien habitué au cours des dernières décennies. La crise a bon dos, ce sont avant tout des individus plus faibles qui tombent en premier, et il y en aura toujours qui seront encore debout et fiers à la fin de l'histoire, bravo à eux. Tant pis pour ceux qui sont tombés, même si c'est 30 ou 40% de la population du pays.
Chaque drame aura ses causes individuelles, beaucoup plus simples à mettre en avant que les obscures mécaniques sociales qui tournent en arrière fond. Le mécanisme politique et systémique en marche peut être mis hors de cause dans chaque situation : il suffit de mettre l'accent sur l'individualité du drame.
C'est juste pour dire : attention au darwinisme social. C'est bien le point de vue de la troïka et du néo-libéralisme en général, et ils n'ont aucun complexe avec ça. En plus d'être une conception du monde, c'est aussi leur outil de base pour maintenir la confusion au cours de la "transformation" qui est en train d'être opérée.
Pour finir, quelques faits bien économiques et chiffrés, pour parler la langue claire de la Troïka à la place de cet obscurantisme sociologique non rationnel :
-entre 2008 et 2011, le PIB en Grèce chute de 16% (20% prévus à la fin 2012, pour l'instant)
Par comparaison : aux Etats Unis pendant la Grande Dépression des années 30 : -25%
Argentine 2001-2002 : -20%
Mexique 1994 : -8%
Etats-Unis 2007-2010 : -5,1%
France 2008-2010 : -2,5%
Et à propos des paranos grecs :
chômage septembre 2008 : 7,5%
chômage décembre 2009 (juste avant l'austérité) : 10,1%
chômage décembre 2011 : 21%, plus 9% de travailleurs non payés depuis plusieurs mois.
Toutes mes excuses pour cette gargantuesque intervention... J'espère qu'elle apportera quelque chose au débat. Pour poursuivre la réflexion, l'écoute des grecs témoignants de leur situation peut être intéressante : http://hivereuropeen.wordpress.com/
Amicalement,
étienne
Ce fut un long cheminement pour réussir à comprendre ce qu'il se passe réellement pour les gens en Grèce, cheminement que j'ai moi même vécu en restant trois semaines là bas chez "l'habitant" : une première semaine à se demander ce qu'il y a de si "extraordinaire" à raconter, une deuxième semaine à comprendre ce qui se joue vraiment, cette accumulation incessante de "petits" changements, et une troisième semaine où j'ai été moi même absorbé par cette atmosphère maniaco-dépressive.
Je compte bien revenir en Grèce pour poursuivre ce travail, peut être plus dans le milieu rural, et en essayant de continuer la réflexion sur les solutions que les gens trouvent pour continuer/recommencer à vivre (retour à la terre, découplage complet de la société qui plonge, autre?)
J'ai l'impression que dans un tel contexte, seuls les gens étant prêts à tirer définitivement un trait sur leur vie d'avant (consumérisme, confort et cie) sont prêts pour inventer de nouvelles choses. Les autres, en s'accrochant à ce qu'il reste de "l'ancien monde", vont bien être obligés de se soumettre aux nouvelles règles du jeu ultra-violentes s'ils rêvent encore secrètement d'iPads et cie...
Mais avant ça, j'ai deux épisodes à monter sur ce qu'il se passe en Irlande!
(ajout) : et j'oubliais, une version mise en image est prévue pour juin, avec un montage photographique accompagnant l'écoute du documentaire. Je suis très heureux de cette colaboration, avec une photographe grecque, car ça rendra l'objet documentaire un peu moins "rude" à aborder que l'actuel écran noir avec sous-titres... ;)
Un grand merci pour cette émission.
Ce "aux sources" est vraiment d'utilité publique....
Merci