La fin des rémunérations abusives en Suisse ?
Trop forts les Suisses ! Dimanche, le texte interdisant les parachutes dorés et autres indemnités des dirigeants des entreprises cotées en Bourse a largement été approuvé. Cette initiative était portée par l’entrepreneur et sénateur Thomas Minder qui lutte depuis dix ans contre les "profiteurs". Est-ce pour autant une victoire du peuple contre les grands patrons ? En regardant de près, les Suisses - et ceux qui les imiteront - risquent pourtant d’être chocolat.
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Sur la votation. Voilà des gens qui votent à 68% un texte qui met sous contrôle les rémunérations des patrons. On aurait eu la même chose ici, chez nous ? Vous imaginez ça dans un pays où quand des syndicalistes poussés à bout bousculent les plantes vertes du patron, le ban et l'arrière ban démédia monte au créneau en criant au loup ? Vous imaginez ça dans un pays où le gouvernement de gôgoche vous concocte un pacte de compétitivité qui consiste à se faire b… debout et sans vaseline par le patronat (là, je vais me faire modo, c’est sûr).
Alors pas trop de fine bouche, svp. Si vous avez besoin de faire monter la colère, je vous conseille l’écoute du catéchisme de Philippe Manière ce matin sur France Culture. Une fois de plus l’histoire du renard libre dans le poulailler libre.
Mais revenons à nos moutons suisses.
Voilà de gens comme vous et moi, surtout comme vous, of course, qui prennent la peine d’aller mettre dans une urne un bout de papier sur le quel il y a écrit qu’ils veulent que ça cesse. Chez ces gens il y a de tout. Des gros, des maigres des idiots des intelligents ( ?) des réacs, des progressistes, des pauvres et des riches. Comme on est bientôt le 8 mars, vous mettez tout ça au féminin. J’veux pas avoir d’ennuis.
Alors pas trop de fine bouche, svp Il y a maintenant en Suisse un texte voté par une majorité qualifiée qui dit que ça suffit. On ne peut pas en dire autant.
Carlos Ghosn semble en accord avec une loi qui donnerait le pouvoir aux actionnaires de choisir le patron et sa rémunération.
Ça me parait une raison suffisante de s'en méfier.
pour ce genre de sujet : la créativité des juristes d'entreprises et autres avocats fiscalistes permettra toujours de trouver une
finasserie, non explicitement prévue par les textes, permettant d'en contourner l'esprit. Tant qu'on ne disposera pas d'une forme
"d'abus d'interprétation de la loi" à l'instar de "l'abus de droit" fiscal, on continuera de distribuer des coups d'épée dans l'eau.
Qu'est ce que vous nous racontez là ?
Il y a un référendum et son résultat n'est pas dans la ligne de l'oligarchie. Résultat, on ne l'applique pas. Comme cela s'est passé en France pour le référendum de 2005.
Ah elle est belle notre démocratie. Et après les mêmes font la leçon, par exemple aux pays arabes, sur les droits de l'homme et l'application des règles démocratiques…
Il n'en reste pas moins que pour les 99%, la grosse affaire, ce sont les actions. D'une part parce que les dividendes, ce n'est pas comme les intérêts, certes on ne les paye pas à coup sûr mais par contre ça ne s'arrête jamais et parfois c'est particulièrement cher payé. Ensuite parce que les actions rapportent en plus par l'augmentation de leur valeur, et là dessus correspondent à la possession des moyens de productions. C'est vraiment beaucoup trop par apport à l'utilité réelle à l'activité, qui n'est en fait pas différente d'un prêt.
Dire ça, c'est dire une chose très simple, mais les discussions en sont très loin, et particulièrement à droite où certains jeunes entrepreneurs, qui en cas de succès reverseront l'équivalent de dix fois des taux d'usures à leurs "business angels", en sont à dire que ce serait la collectivité qui les pigeonne. Non seulement la collectivité (l'état) leur prend beaucoup moins, mais en plus quand il leur prend, il y a une forme de retour sur la constitution d'une société pacifiée, éduquée, médicalisées, avec des réseaux de transports etc. Coté actionnaire, ça part dans des paris spéculatifs ou dans du rachat de part à des tiers qui n'ont absolument aucun impact sur la vie de l'entreprise et l'activité.
Pourquoi ne pas soumettre plutôt la rémunération des dirigeants à l'accord des salariés?
donc la propriété devrait leur revenir, avec le pouvoir de décider qui va avec.
enfin, si on était en démocratie, bien sûr
un système dans lequel c'est celui qui a l'argent qui a tout le pouvoir sur les autres, c'est pas une démocratie, c'est une plouto-cratie
Après il est toujours possible d'imaginer qu'une part du salaire des employés se fasse en action de l'entreprise afin qu'il puisse peu à peu devenue peux aussi propriétaire de l'entreprise. C'est d'ailleurs déjà le cas pour certaines structures. Mais là encore c'est aux salariés de se bouger les fesses pour faire valoir leurs droits et en acquérir de nouveaux !
Votre remarque sur la démocratie est assez révélatrice. Nous sommes en démocratie. Une démocratie parlementaire certes mais c'est le peuple qui décide par la voix des parlementaires. Or il se trouve que le peuple élit tout le plus souvent des personnes qui vont contre ses intérêts. Cette démocratie ressemble plus à une dictature de la majorité, une minorité arriérée qui se fait manipuler.
Pour reprendre votre point de vue sur l'argent et le pouvoir, je dirais que c'est un choix, encore, des électeurs (donc de la majorité). Si il n'y a pas d'ouvriers au parlement c'est de la faute des électeurs, c'était pour l'élection et choisissent leurs gouvernants.
J'ajouterais même que votre remarque était perçue comme antidémocratique, vous contestez les choix des citoyens qui ont élu le représentant en toute connaissance de cause.
C'est un concept très intéressant sur le papier mais êtes-vous déjà allé dans une usine pour demander à ceux qui font les 3 huits par exemple s'ils ont le sentiment d'être justement payés pour ce qu'ils font ou s'ils se considèrent que des petites mains malléables et corvéables à merci ?
[quote=Mais là encore c'est aux salariés de se bouger les fesses pour faire valoir leurs droits et en acquérir de nouveaux !]
Ce faisant, si les salariés ne sont pas assez bien payés ou s'ils ne bénéficient pas de droits sociaux suffisants, c'est de leur responsabilité car ils ne se bougent pas assez ?
Vous avez une vision très...patronale du monde du travail, d'où mon questionnement.
Je ne suis jamais allé dans une usine mais peut aisément comprendre que les salariés se sentent pas assez payé et trop souvent déconsidéré.
Ce faisant, si les salariés ne sont pas assez bien payés ou s'ils ne bénéficient pas de droits sociaux suffisants, c'est de leur responsabilité car ils ne se bougent pas assez ?
Ce n'est pas uniquement de leur faute mais ils y ont bien une responsabilité.
Aujourd'hui les salariés d'une entreprise n'ont quasiment pas de pouvoir dans la société, alors que c'est principalement de que dépend l'entreprise. Seulement ils ont l'air de tout attendre deux syndicats bien trop politisé et de politique qui ne s'occupe pas d'eux.
Or ce sont eux qui ont le pouvoir, il ne tient qu'à eux de s'organiser pour faire pression sur le patronat. Bien sûr, je me doute bien que faire des grèves prolongées et massives peut être problématiques lorsque l'on a peu d'argent et que les fins de mois sont difficiles. Ce n'est pas dans les moments de crise que l'on peut se permettre de faire des choses pareilles, mais dans les moments d'abondance, ou de relative abondance. C'est précisément dans l'excès moment-là que les salariés ne font rien pour eux.
Je ne vais pas recommencer raconter ma vie mais je me souviens avoir été frappé, lors de ma seule expérience professionnelle valable, du manque d'implication des salariés dans la ville de leur entreprise. Aucune connaissance du code du travail ou des conventions collectives, aucune prise de conscience de leur pouvoir sur le patronat, etc.
Forcément que les salariés s'impliquent peu dans la vie de l'entreprise, ce n'est pas la leur. Et pour l'instant, tant que le pouvoir (argent, matraque...) est du coté des patrons, on a encore jamais vu les petits gagner contre le gros.
LOL
vous semblez oublier qu'un salarié est une charge pour l'entreprise alors que c'est l'investisseur qui crée la richesse, si j'ai bien tout comprendu mon petit friedmann illustré.
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(l'investisseur est celui qui met du bois dans la cheminée. le travailleur l'allume et l'entretien. la chaleur, la richesse se répand. Celui qui apporta le bois, dit, puisqu'il est dans son droit, apparemment : le bois est à moi, donc la chaleur est à moi.
les autres attendront leur tour dehors. j'en garde quelques un pour souffler. je vais pas le faire moi-même, moi j'ai apporté le bois !
je ne tolérai que ceux qui viennent souffler profitent de la chaleur.)1
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Il n'empêche que j'apprécie guère cette façon de traiter les actionnaires comme s'ils étaient des parias, fusses-ils des fonds de pension ou des banques.
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Bettencourt est la femme la plus riche du monde (classement Forbes), Valls a déclaré son scepticisme quand à l'amnistie sociale; les rupins peuvent dormir sur leurs deux oreilles, le grand soir ce n'est pas pour demain...
Vous auriez tout de même pu signaler que l'UDC, ce parti auquel a décidé de se rallier T.Minder, n'est pas seulement un parti de droite conservatrice, mais clairement un parti d'extrême-droite dont les positions xénophobes sont carrément assumées.
Sinon en ce qui concerne le fond du sujet... On s'en remet une nouvelle fois à la vertu des actionnaires pour freiner l'envolée des rémunérations des dirigeants... Et pardonnez-moi, mais je n'ai pas confiance en leur vertu.
Chocolat, chocolat... Ne vous êtes-vous pas trop laissée convaincre par les détracteurs de l'initiative ? Il me semble que cette très nette majorité obtenue par l'initiative Minder établit sans discussion une tendance que le politique ne pourra plus ignorer, quel que soit son bord : un appel appuyé à la régulation et à la modération. Daniel Vasella, le patron le mieux payé de Suisse, a dû être sincèrement surpris de voir que sa retraite de 72 millions de francs suisses ne passait pas comme une lettre à la poste (même s'il a affirmé qu'elle devait être - en partie ou en totalité ? - reversée à des œuvres de bienfaisance). Moi-même, en tant que Suissesse, je suis surprise du succès aussi franc de cette initiative, qui date certes de l'époque d'avant-crise, mais, connaissant le contexte libéral et conservateur suisse, on ne peut que se réjouir de cette prise de conscience, sur ce point symbolique au moins.
Autre chose : quand vous relevez la mollesse des actionnaires qui jouissent, dans d'autres pays, de droits de regard plus étendus, vous omettez de distinguer petits actionnaires, majoritairement pour la pleine application des mesures régulatrices, et actionnaires étrangers majoritaires, souvent des fonds de pension opposés à ces mesures anti-libérales. Il existe des rapports de force entre actionnaires qui méritent une analyse individuelle des entreprises concernées.
Et puis, surtout, vous oubliez que l'outil démocratique unique que constitue le droit d'initiative populaire permettra, le cas échéant, aux Suisses de renforcer la législation, si elle s’avérait inefficace ou détournée. Certes pas dans l'immédiat, mais l'historique des votations prouve que ce genre de vote correctif est courant.
De toute façon cette histoire a une fâcheuse odeur de monnaie de singe : la confédération helvésuisse ne consentira à rien de bien fou tant qu'elle sera un puits à exil fiscal.