"La police française est dans une culture très verticale"
Les techniques de maintien de l'ordre particulièrement violentes mises en œuvre dans la répression du mouvement des Gilets jaunes avaient-elles déjà été expérimentées, dans l'indifférence générale, dans les banlieues françaises ou dans les départements d'outre-mer ? Plus largement, faut-il chercher à l'intérieur même de la police d'autres causes à cette répression ? Questions posées par la sortie, le 21 mai, d'un documentaire du site StreetPress : "Gilets jaunes : une répression d'Etat". Avec nous pour en parler : le journaliste de StreetPress Mathieu Molard, qui l'a co-réalisé (avec Cléo Bertet et Matthieu Bidan) ; et le politiste Mathieu Zagrodzki, chercheur associé au Centre d'études sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDI), dont les travaux portent sur le travail des forces de l'ordre françaises.
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L'oeuf, la poule... La brutalité coloniale était peut-être elle-même le terrain d'application d'une brutalité qui vient d'avant, d'ailleurs, de la révolution, des guerres de louis XIV... Chacun la ramènera aux causes qui lui sont chères, les décoloni(...)
L'absence de formation et d'éducation à la gestion du conflit est un problème général français qui touche pas seulement le maintien de l'ordre mais aussi l'éducation, c'est le rapport de force qui est privilégié plutôt que la gestion du conflit avec (...)
Il y a un truc qui me chagrine.
J'ai l'impression avec cette émission, comme avec la dernière de POST POP que DS en accélère la fin quand on passe le cap de l'heure, un peu comme s'il ne fallait pas trop déborder. Dans les deux cas j'ai senti un(...)
Derniers commentaires
Il faut bien être représentant associations de policier qui sort toujours la même cassette NIA NIA NIA (pu capable) !!
Merci pour cette émission passionnante (comme presque à chaque fois !). J'y rajouterai tout de même une petite pierre à l'édifice :
Je comprends l'idée de la filiation directe des stratégies et techniques du maintien de l'ordre, mais il me semble tout de même résider une différence fondamentale entre ce qui se déroule dans les quartiers et pendant les manifestations qui n'a pas été soulevée pendant l'émission. En effet, si les politiques assument de manière tout à fait inédite les blessé•es des manifestations, on imagine bien que l'ordre est donné de TOUT FAIRE POUR NE SURTOUT PAS TUER. En parti parce que, dans le cadre des Gilets Jaunes comme à la Zad, le précédent "Rémi Fraisse" est redouté pour ne pas attiser "l'ingouvernabilité" des populations indociles, mais pas seulement. Cela apparaît probablement comme évident aux forces de l'ordre : on imagine qu'elles n'ont PAS DU TOUT ENVIE de tuer un•e manifestant•e, même si cela pourrait arriver par accident comme ce fut le cas pour Zineb Redouane à Marseille en décembre 2018.
Alors que dans les quartiers, bizarrement, les MORTS se succèdent, souvent hors des regards. Pas plus tard que le 31 mai, un homme est mort sous les coups de la police à Drancy. Bastamag recense, entre janvier 1977 et décembre 2018, 62 morts par asphyxie, 72 personnes mortes alors qu'elles étaient en état d'arrestation etc. (https://bastamag.net/webdocs/police/). Selon moi, ne pas souligner la différence fondamentale entre le fait d'être blessé•e par les forces de l'ordre dans le cadre d'une "gestion des foules", et le fait d'être tué•e (je l'écris en inclusif mais à 92% il s'agit d'hommes) par les forces de l'ordre de manière arbitraire loin des regards manque à l'émission. Pourquoi ne pas discuter du caractère spécifique et raciste de ces morts, de ces "passages à l'acte" collectivement passés sous silence ? Quid du vote FN au sein de la police ? Quid de la customisation des uniformes par des logos sympathiques (http://www.isere-antifascisme.org/uniformes-policier-et-militaire-avec-customisations-perso-insignes-ou-ecussons-extreme-droite-soyez-vigilants) ? Pudiquement, on évoque rapidement les "minorités visibles", on apprendre que le contrôle en faciès "est un sujet trop sensible au sein de la police" (mais on ne saura pas pourquoi, c'est dommage, ça aurait été intéressant de creuser), et on dit bien que dans les quartiers, la situation est "un peu plus intense".
Pour moi, il s'agit d'un euphémisme car la situation n'est pas "un peu plus intense", elle est structurellement différente de par le permis de TUER en toute impunité (voir aussi deux publications de 2014 : http://www.zite.fr/wp-content/uploads/2016/01/Brochure_Z8_Police.pdf et https://www.syllepse.net/permis-de-tuer-_r_25_i_611.html).
Voilà, ce commentaire est écrit un peu "à chaud", j'espère que d'autres le trouveront utile et intéressant.
Oui bonne émission, qui aurait mérité un développement plus long, notamment sur la répression des luttes sociales depuis l'industrialisation.
Un manifestant tué par la police souvent oublié: Édouard Mazé, c'était le 17 avril 1950 à Brest lors d'une manifestation des grévistes du batiment pendant la reconstruction de la ville après la guerre.
Un film aujourd'hui disparu de René Vautier, une bédé «un homme est mort» de Kriss et Davodeau qui raconte le tournage du film et un film tiré de la bédé, film de Olivier Cossu
Les conditions de travail des FO ne sont pas notre problème , c'est excuser la répression par ces conditions qui le devient ! Nombre de corps de métiers éprouvent de nombreux problèmes également sans pour autant faillir à leurs tâches ou remettre en cause l'organisation de leur travail. L'évocation d'une FO qui se retournerait contre le pouvoir (par suite de ces conditions de travail déplorables) est à mon sens le centre du débat: comment les "tenir" pour qu'ils ne nous lâchent pas ? ...signe d'une faillite du pouvoir n'ayant plus à offrir que la force brute comme solution à ses contradictions.
Il y a un truc qui me chagrine.
J'ai l'impression avec cette émission, comme avec la dernière de POST POP que DS en accélère la fin quand on passe le cap de l'heure, un peu comme s'il ne fallait pas trop déborder. Dans les deux cas j'ai senti une espèce de frustration, me disant que les dernières idées évoquées attendaient encore quelques développements. L'intérêt du format internet par rapport à la télé, n'est-il pas justement cette possibilité de dépassement ?
Mais peut-être ai-je divagué et fantasmé ces fins subites...
Ça m'est arrivé aussi 2-3 fois, je ne me souviens plus sur quelles émissions.
Emission vraiment remarquable, d’intérêt public y compris sur les aspects historiques.
De qui se moque-t-on? La fatigue serait à l'origine des violences des forces de police, autant dire qu'elles sont en roue libre et qu'il n'y a personne aux postes de commande. Cette volonté de minimiser la responsabilité de l'État est vraiment troublante. Décevant!
Très bonne émission. Merci !
Le policier qui, dans un premier temps, avait nié être à l'origine des blessures de Geneviève Legay, a finalement déclaré : Je suis surpris, je pensais sincèrement avoir poussé un homme. Je n'ai rien d'autre à dire, c'est malheureux pour Mme Legay, mais j'étais dans une charge ordonnée légalement.
Bon, l'agression était légale. Et c'est parce qu'il l'a prise pour un homme, qu'il l'a si violemment bousculée.
Un flic s'applique toujours à discerner le sexe du manifestant avant de le charger. Et sa matraque ne s'abat pas avec la même force sur un crâne de femme ou d'homme.
Une biographie de Pierre Bolotte dans les publications des " amis du général Salan "
On ne s'étonnera pas que le procureur de Nice Jean Michel Pretre est passé par Saint Denis de la Reunion...
L’ironie de devoir se rendre au commissariat pour porter plainte contre la police, le sketch Le Flic de Coluche en parlait.
Plus, plein d’autres choses toujours d’actualité, d’ailleurs.
L'absence de formation et d'éducation à la gestion du conflit est un problème général français qui touche pas seulement le maintien de l'ordre mais aussi l'éducation, c'est le rapport de force qui est privilégié plutôt que la gestion du conflit avec le détenteur de l'autorité républicaine qui doit s'imposer et n'est reconnu que s'il a le dernier mot quel que soit le moyen. Il faudrait, comme dans certains pays, penser en tant que système et situation de crise et comment on désamorce une crise car il y a des methodes non violente connues pour désamorcer des crises
j'ajoute que le fait que ce sujet attire si peu de commentaires sur asi (comparé aux thèmes #metoo) confirme l'hypothèse du mépris français pour le maintien de l'ordre, qui s'accomode fort bien de la trouille française de ce qui trouble l'ordre.
L'oeuf, la poule... La brutalité coloniale était peut-être elle-même le terrain d'application d'une brutalité qui vient d'avant, d'ailleurs, de la révolution, des guerres de louis XIV... Chacun la ramènera aux causes qui lui sont chères, les décoloniaux regardent tous les sujets sous le prisme décolonial, les socialo-marxistes sous le prisme des salaires.... Dans le fond peu importent les "origines" de la brutalité policière française, ce qui me semble en revanche frappant de constance, c'est son caractère typiquement français. Qu'on peut rapprocher de la brutalité carcérale, d'ailleurs. Dans ces domaines, notre pays qui se veut évolué, joue toujours dans la cour des dictatures les plus archaïques. A rapprocher aussi du fait que nous sommes très haut dans le palmarès des marchands d'armes.
C'est dire si cogner, ça nous connaît.
L'épuisement de la police et les heures sup non payées participent du même système que les taser et autres LBD et contrôles au faciès qu'on ne veut pas leur retirer pour ne pas les froisser : la France méprise sa police, comme elle méprise ses jeunes, ses vieux, ses pauvres, ses migrants, bref ses faibles. Du coup elle la paye avec de l'honneur et des flingues qui ne lui coûtent pas si cher, mais rechigne à payer pour la formation, le soulagement, le légitime repos des forces de l'ordre. Un chien de chasse repu n'est-il pas moins bon chasseur? La France considère que ses flics se recrutent de préférence parmi les voyous, qui n'ont pas besoin d'heures sup, de grosses matraques les récompensent mieux. Comme ça ils se cognent entre eux pour la paisibilité des honnêtes gens.
Pour lutter contre un état policier, il serait bon de traiter mieux les policiers. Et pour lutter contre un état carcéral, traiter mieux les matons. L'encadrement légal de leurs comportement n'en sera que plus effectif.
"l'évocation du contrôle au faciès est trop sensible au sein des forces de police" !!! D'accord on en est la ???
Rappelons au passage que le racisme n'est pas une opinion, ... c'est un système de domination (d'Etat en l'occurrence), qui prend des formes du genre "on ne va pas froisser les forces de police ..." JE SUIS DEGOUTE !!! je ne supporte plus cette dérive du pays, ni la légitimation médiatique de l'extrême droite qui l'accompagne.
Heureusement qu'une presse alternative a le mérite d'exister ...
Très bien! ça tombe bien, j'avais vu le doc deux jours avant! merci pour cette émission!
Avez-vous pensé inviter Mathieu Rigouste, chercheur et auteur de L'ennemi intérieur. La généalogie coloniale et militaire de l'ordre sécuritaire dans la France contemporaine et de La domination policière : une violence industrielle ? (voir aussi son entretien sur Hors-Série ;)
Oh zut, l'Ascension ! Mais qu'est-ce que je vais faire vendredi soir, moi ?