"Le Monde" retitre un article sur "l'escalade sécuritaire" sous Macron
En quelques heures le 2 mai, un article du "Monde" a été modifié de façon à changer radicalement son propos, déplaçant la focale de "l'escalade sécuritaire d'Emmanuel Macron" à... la police et les préfets "en première ligne". Mais que s'est-il passé au "Monde" ?
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On ne sait plus à quel milliardaire acheter son journal!
Même pas capables d'assumer la censure de l'article d'Ivanne Trippenbach - car il s'agit bien de cela - ni de l'expliquer :
" Nos multiples demandes d'entretien auprès des journalistes du Monde qui ont suivi le "circuit de la copie" de cet artic(...)
Mais il y a aussi de grosses modifications dans le corps du texte aussi !
avant :
« Il y a une volonté de l’exécutif de s’affranchir de la règle de droit, estime Me Jean-Baptiste Soufron, membre de l’Association de défense des libertés constitutio(...)
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"Elle ajoute aussi avoir retiré elle-même une phrase du verbatim de l'avocat Jean-Baptiste Soufron, dans laquelle il déclarait "Petit à petit, l'exécutif revendique la possibilité d'être indépendant des règles de l'Etat de droit", et s'en explique : "J'ai retiré cette phrase-là car elle répétait la première phrase."" et....elle dort tranquille?
"que s'est-il passé au "Monde" ?" au hasard: ce qu'il se passe à France Inter, par exemple?
En fonction de ce que j'ai pu lire ici ou là sur le climat sécuritaire actuel le premier titre ne m'aurait pas du tout choqué si je l'avais lu.
Signé d'un lecteur régulier du Monde depuis 1967.
Le Monde est, depyis Plenel et Colombani une officine BCBG du pouvoir en place. Il est au cœur de la macronie et pue la charogne.Pauvre Beuve Mery qui, lui, avait le merite de l'honnêteté ( tout en etant au service de l'oligarchie en place).
À le Monde : on vous voit.
Je suis doublement sidéré par l'attitude du Monde.
Sidéré, d'abord, par la morgue de leur réponse, morgue quasiment hanounienne puisqu'ils réduisent l'article d'ASI, pourtant mesuré, à une recherche de buzz, méthode de disqualification préférée du trublion de Bolloré.
Sidéré, surtout, par l'amateurisme (assumé ! ) que sous-tend leur méthodologie de publication. Même si l'on admet que le cadrage initial trahissait les intentions de la journaliste, et que les correctifs apportés ramènent l'article vers son propos : doit-on alors laisser cette marge de manoeuvre aux responsables de la première version ? Comment un journal d'une telle envergure (ou de n'importe quelle envergure, à vrai dire), a priori au fait des exigences de déontologie et de médiation exigées par la profession, peut-il se satisfaire d'un processus de validation aussi léger et tardif ?
Je dois avouer avoir d'abord pensé qu'ASI avait été un peu vite en besogne, et que l'article aurait pu laisser un peu plus de temps au Monde pour réagir. Mais la décontraction de leur réponse, dans le fond comme dans la forme, est un sujet dans le sujet, peut-être aussi important que celui qui l'amène : j'ai du mal à croire qu'on puisse envisager qu'un processus de validation aussi lâche soit à la hauteur des responsabilités qui leur incombent, du mal à croire aussi qu'il est contraint par un temps médiatique dont le modèle par abonnements est censé permettre de s'extraire. Du mal à croire, enfin, qu'on puisse n'y voir que "la vie quotidienne d'un journal" par ailleurs bien plus prompt quand il s'agit de fact-checker les erreurs des autres.
Le Monde ne doit pas supporter que toute l'équipe d'ASI réalise des articles de qualité disant des vérités vraies pas bonnes à entendre.
Cela montre la qualité d'ASI en tant que média d'investigation qui fait correctement son travail.
Ayant lu l'article version papier avant cet article si nécessaire, nous l'avons trouvé si tiède et pro-gouvernement que nous avons cru lire Le Figaro
Concernant le contournement de droit, je vois en titre sur une page d'accueil que le préfet Nunez a interdit une manifestation aux abords du stade de France
Celui-ci "a ainsi argué une « distribution de sifflets » prévue dont « l’introduction est interdite dans l’enceinte sportive ». Une présence qui aurait pu « ralentir les palpations ».
Alors que Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a dénoncé une « dérive autoritaire », Laurent Nuñez a assuré que ces arrêtés interdisant des manifestations ne relevaient « pas d’un détournement de procédure ». Ce dernier n’ayant « qu’une boussole : la prévention des troubles à l’ordre public ».
Et ce matin sur une des télés milliardaires, il était de nouveau interviewé :
C'est quoi un Préfet, ça sert à quoi, pourquoi ça cause autant ? Sont des élu(e)s les Préfet(e)s, des politiques ?
Je fais aussi partie de ceux qui ont lu l’article hier matin. J’avais sauté dessur, attirée par le côté critique du titre.
Deux remarques :
- je pense que l’article initial enregistré qui est en lien archivetoday était déjà un peu modifié. Dans le lien donné par Ouldyamin plus bas, il est indiqué « Publié aujourd’hui à 05h40, modifié à 07h28 ».
- et surtout ! Vous écrivez « Le texte aussi a été modifié à au moins un endroit de l'article. »
J’ai l’impression que vous n’avez eu accès à aucun article initial complet pour faire votre article. Ce qui ferait que vous ne pouvez pas comparer toutes les différences. J’ai bon ?
J’ai une version de l’article initial par un autre biais que Ouldyamin. Je pense que c’est la même version que la sienne (aucune heure de publication n’est indiquée). Mais je pourrai vous la transmettre si vous le souhaitez.
Dans la version papier au moins la citation de l'avocat a échappé à la purge - mise en exergue en turquoise -
"Il y a une volonté de l'exécutif de s'affranchir des règles de l'État de droit"
(vs "contournement du droit" sur le site)
Retour à l'essence même du travail d'@SI
Merci
Mon conseil lecture du jour : La société ingouvernable de Grégoire Chamayou. Il étudie l'évolution-adaptation des entreprises aux transformations de la population et du "système", puis la met en rapport avec la démocratie de plus en plus autoritaire qui n'a plus qu'un but, défendre le libéralisme économique.
Agréable à lire et très instructif.
J'avais lu la première version de l'article du Monde, m'était fait la réflexion que, pour une fois, le journal ne mâchait pas ses mots. Cela n'a donc pas duré.
" Entre Paris et Los Angeles " ??
Peut-être est-il utile de rappeler que le journal détenu par X.Niel ( dit le " Philanthrope ") a reçu plus de Huit millions d'euros de subventions publiques.
Peut-être ....
Censure directe ou auto censure de la rédaction, il est clair que la peur de déplaire au pouvoir et à ses intérêts est bien là. Une nouvelle preuve flagrante donnée "à l'insu de son plein gré" comme disait l'autre que l'état policier avance, avance...
Il a lâché de la tune Manu ou bien , on dirait du racket bordel ! Ah non c'est l'inverse , manu a appelé et menacé de ne plus lâcher de tune au monde, c'est le racket inversé , je te donne la gamelle et si tu reste pas au pied je te pique la gamelle ...Libérez les chiens du monde libérez les chiens du monde .....Faut transformer le monde en antenne de la SPA , Brigitteeeeeee.....
Ça fait quand même un moment qu'on sait à quoi s'en tenir avec le Monde, non ?
Même pas capables d'assumer la censure de l'article d'Ivanne Trippenbach - car il s'agit bien de cela - ni de l'expliquer :
" Nos multiples demandes d'entretien auprès des journalistes du Monde qui ont suivi le "circuit de la copie" de cet article et auraient pu offrir de véritables réponses sont toutes restées lettre morte. Contacté·es, la directrice de la rédaction du Monde Caroline Monnot et le directeur du Monde Jérôme Fenoglio ne nous ont pas répondu. "
On imagine bien le peu de liberté d'expression laissée aux journalistes de la rédaction quand on lit que : " La journaliste Ivanne Trippenbach a promis de nous rappeler, puis ne l'a pas fait. La Société des rédacteurs du Monde (SRM) n'a pas répondu à nos sollicitations. "
La SRM aurait quand même pu faire le minimum syndical. Et les syndicats, aucune réaction non plus ?
La profession de journalistes est vraiment sinistrée. Mais faîtes votre révolution b... p... m... l ! Si vous voulez que le pays soit un jour démocratique. C'est par là qu'il faut commencer. Ou bosser au journal officiel. Mais il n'y en a qu'un seul.
Merci A@I pour cet article.
J'avais lu l'article en ligne ce matin tôt. J'ai été étonné de ne plus retrouver ce que j'avais lu quelques heures plus tard.
Vous montrez de façon claire que nous sommes entrés dans la phase de passage d'un régime présidentiel à un régime autocratique et policier.
Si ça continue ainsi, en 2027, nous serons conviés aux urnes pour choisir entre deux noms : Emmanuel 1er ou Napoléon IV.
Le titre sur twitter a été mis à jour et c'est version relookée quon voit dorenavant.
A ceusses qui ont décidé de modifier l'article. Cela s appelle faire caca dans sa culotte...
Quel gâchis !
Ça donne pas envie d'être abonné à Le Monde, ni de retenir les noms des journalistes qui signent un article, puisqu'apparemment c'est une écriture à plusieurs "équipes qui se succèdent".
Ça me fait penser à un livre de SF lu il y a longtemps et oublié, mais qui m'a laissé l'impression, le ressenti que je reconnais là. Le côté mouvant, à l'intérieur même des livres, des journaux, des archives, instabilité des textes que le héros y trouve, selon le moment où le héros les lit.
Cela créait un décalage entre la mémoire du personnage et la mémorisation validée par la société. Ça a un nom comme trouble en psychiatrie j'imagine, je pense qu'on va mal finir :-) si ça continue. Pauvre de nous.
Le livre de SF ressemble à du Philip K. Dick... Serait-ce Ubik ? Mais on pourrait aussi penser à 1984 d'Orwell, qui s'est lui-même inspiré de pratiques politiques bien réelles - comme la réécriture de l'histoire et la falsification des photos sous Staline.
Un peu gênée de troller mais je réponds, même si les chances de ne pas être lue son élevée. Non pas Ubik. Mais K.Dick c'est possible, je les lisais en construisant facilement les décors et tout quand mon cerveau était jeune et affuté. Ça ne fonctionne plus pareil. Par exemple, le guérisseur de cathédrales tout le sous-sol était moins présent à la relecture :-)
Ça évoque franchement, comme le suggère J. Grau, 1984 d'Orwell, dont le héros, Winston Smith, était en charge d'une fonction de rectification des informations au Ministère de la Vérité (Miniver).
Par ailleurs, la formule "En même temps" qui est une des marques de fabrique d'Emmanuel Deux, m'a toujours évoqué la "Doublepensée" (doublethink) de la dystopie orwellienne.
Mais il y a aussi de grosses modifications dans le corps du texte aussi !
avant :
« Il y a une volonté de l’exécutif de s’affranchir de la règle de droit, estime Me Jean-Baptiste Soufron, membre de l’Association de défense des libertés constitutionnelles (Adelico), qui a déposé des recours à Paris, Lyon et Bordeaux. On ne demande pas l’interdiction des drones, mais que la loi soit respectée. Il faut une délibération de la CNIL [Commission nationale de l’informatique et des libertés]. A Rennes, l’arrêté a été publié à 18 h 26 pour un rassemblement à 18 heures. A Lyon, le tribunal n’a pas eu le temps de juger. Ces pratiques de contournement du droit et du civisme sont nouvelles en matière de contrôle des manifestations. Petit à petit, l’exécutif revendique la possibilité d’être indépendant des règles de l’Etat de droit. »
après :
« Il y a une volonté de l’exécutif de s’affranchir des règles de l’Etat de droit, estime Me Jean-Baptiste Soufron, membre de l’Association de défense des libertés constitutionnelles, qui a déposé quatre recours. On ne demande pas l’interdiction des drones, mais que la loi soit respectée. Il faut une délibération de la CNIL [Commission nationale de l’informatique et des libertés]. A Rennes, l’arrêté a été publié à 18 h 26 pour un rassemblement à 18 heures. A Lyon, le tribunal n’a pas eu le temps de juger. Ces pratiques de contournement du droit et du civisme sont nouvelles en matière de contrôle des manifestations. »
(la version anglaise est malheureusement expurgée)
On ne sait plus à quel milliardaire acheter son journal!
La version anglaise a gardé son titre, son chapeau et sa photo, mais semble a été retouché dans les intertitres :
'Bypassing the law'
alors que la citation est : "There is a willingness from the executive branch to break free from the rule of law," said lawyer Jean-Baptiste Soufron
Il faudrait du courage et du temps que je n'ai pas pour comparer les deux contenus.
Du temps des gilets jaunes je me rappelle que Le Monde avait plusieurs fois suscité l'ire de son lectorat (ou commentariat plutôt) pour ses condamnations des violences policières (le tout doublé de véritables campagnes de harcèllements sur twitter quand ses Décodeurs avaient osé démonter le hoax sur l'attaque de l'hôpital).
Pas trop suivi comment leur traitement de ces sujets a évolué depuis, n'étant plus abonné depuis quelques années, mais ne m'étonnerait pas que tout en ayant des journalistes conscients de ce genre de problèmes ils aient fini par prendre peur de froisser le très vocal groupe d'extrême-'centristes' autoritaires réagissant systématiquement à tout article de leur part ne reprenant pas le point de vue des préfectures.
Je suspecterais que dans le cas présent ils étaient parti pour être plus courageux, mais se sont dit que l'image du CRS en feu que les chaines d'information ont choisi de rediffuser environ 8000 fois depuis hier ne pourrait que rendre particulièrement violentes les réactions s'ils se permettaient de critiquer l'escalade sécuritaire dans ce contexte.
Toute cette histoire est juste lamentable.
On dirait un exercice dans une bonne école de journalisme.
Sauf que c’est la réalité.
(et qu’ils ne font pas ça à l’école ? Ça je n’en sais rien).
Le fameux effet Streisand veut qu'on lira plus l'article avant sa modification qu'après. Reste le silence assez mystérieux et presque intriguant des journalistes du Monde. Pas de pressions politiques, vraiment ?