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Le réalisme poétique selon Alexandre Trauner
J'ai très longtemps habité près d'un pont SNCF, tout au nord de Paris. Un pont très noir, qui tremblait au passage des trains de marchandises. Comment pouvait-on aimer un tel amas de ferraille, lui trouver un quelconque charme ? Sans aucun doute, je devais être le seul dans ce cas.
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Derniers commentaires
Heureusement, Korkos n'est pas en vacances !
Coïncidence : je viens de trouver aux puces une réédition de "Paris de nuit" (Brassaï) dont nombre de photos sonnent comme celles ci-dessus.
Si Brassaï, Prévert, Trauner et cie revenaient sur terre et voyaient leur Paname devenu Boboland et Quatarland, sans doute n'auraient-ils qu'une envie : retourner sous terre.
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Coïncidence : je viens de trouver aux puces une réédition de "Paris de nuit" (Brassaï) dont nombre de photos sonnent comme celles ci-dessus.
Si Brassaï, Prévert, Trauner et cie revenaient sur terre et voyaient leur Paname devenu Boboland et Quatarland, sans doute n'auraient-ils qu'une envie : retourner sous terre.
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Si Alain est vraiment illustrateur, pourquoi n'avons nous droit qu'à des chroniques sur ASI ? Pourquoi nous n'avons pas des dessins pour illustrer les articles ?
Cette passionnante étude d'Alain Korkos (comme toujours) me fait penser à cette légende entretenue sur l'Affaire Saint Fiacre avec Jean Gabin. A Moulins (et sur de nombreux sites internet) on jure que ce film a été tourné en décors naturels dans le "Grand café" de Moulins. Je me suis même souvent fait injurier en affirmant le contraire. A tel point que j'ai réalisé une petite page web pour démonter le mythe... Qui continue néanmoins son petit bonhomme de chemin. http://www.cordelier.eu/GD_cafe.html
Chronique à partager !
C'est dommage ces tournages en studio... On aimerait tellement voir Paris resurgir du passé en douce. Cela fait illusion, ce que revendique le cinéma.
Sublime. Un grand merci !
Cette chronique, Alain, que je vais montrer dès ce soir à mes petites filles, s'inscrit dans la beauté du jour.
Elle m'émeut et me fait.
Me transporte et me dit.
Superbe de poésie et de vérité.
Elle est diaphane et recouvrante.
Je ne peux que te remercier car elle égaiera ce monde triste et la douceur éclairera les sourires des pitchounes (15, 12,10 ans).
Je pourrai dire aussi.
Je ne suis plus un vieux c*n..
Elle m'émeut et me fait.
Me transporte et me dit.
Superbe de poésie et de vérité.
Elle est diaphane et recouvrante.
Je ne peux que te remercier car elle égaiera ce monde triste et la douceur éclairera les sourires des pitchounes (15, 12,10 ans).
Je pourrai dire aussi.
Je ne suis plus un vieux c*n..
[quote=Alain Korkos] pour le chroniqueur en vacances de ces lieux, Trauner est avant tout le décorateur du réalisme poétique. Celui des rues brouillasseuses, des aurores délavées, des feuilles mortes qui se ramassent à la pelle et des enfants qui s'aiment debout contre les portes de la nuit. Alexandre Trauner, c'est Jacques Prévert mis en images.
Pour le lecteur que j'en suis, cette chronique est beaucoup plus que cela. Car, elle est:
- d'abord ce qui lui permet enfin de déterminer sous quelle étiquette ranger: à quelle inédite spécialité, mais, surtout, à quel rang de quelle noblesse (l'étiquette au sens de Saint-Simon) ressortit le travail entier d'Alain Korkos. À savoir, de ce que je me risque à baptiser iconomie: soit, distincte de la simple analyse d'image ou iconologie, la détermination de ce par quoi l'image fait: légitimement, véritablement loi.
- ensuite, ce qui permet d'expliciter la référence au réalisme poétique et à Prévert sur laquelle se termine la chronique. Celle-ci doit être inscrite en effet dans celle, beaucoup plus large historiquement et politiquement en laquelle Alain Korkos nous resitue: à savoir, la séquence qui, s'ouvrant en 1848, se trouve aujourd'hui, par delà les avancées et en dépit des reniements intéressés, devant la perspective d'un renouvellement de ce qui la définit: la prolétarienne hégémonie*. Le cinéma du premier vingtième siècle français en fut sans doute la plus humble et la plus haute expression. Elle nous fait loi à tous égards: mais poétique d'abord.
* Hégémonie: capacité de direction des "classes subalternes" suivie, nolens volens, par les détenteurs de la domination. Son explicite prise en compte devrait réordonner l'analyse historique.
Pour le lecteur que j'en suis, cette chronique est beaucoup plus que cela. Car, elle est:
- d'abord ce qui lui permet enfin de déterminer sous quelle étiquette ranger: à quelle inédite spécialité, mais, surtout, à quel rang de quelle noblesse (l'étiquette au sens de Saint-Simon) ressortit le travail entier d'Alain Korkos. À savoir, de ce que je me risque à baptiser iconomie: soit, distincte de la simple analyse d'image ou iconologie, la détermination de ce par quoi l'image fait: légitimement, véritablement loi.
- ensuite, ce qui permet d'expliciter la référence au réalisme poétique et à Prévert sur laquelle se termine la chronique. Celle-ci doit être inscrite en effet dans celle, beaucoup plus large historiquement et politiquement en laquelle Alain Korkos nous resitue: à savoir, la séquence qui, s'ouvrant en 1848, se trouve aujourd'hui, par delà les avancées et en dépit des reniements intéressés, devant la perspective d'un renouvellement de ce qui la définit: la prolétarienne hégémonie*. Le cinéma du premier vingtième siècle français en fut sans doute la plus humble et la plus haute expression. Elle nous fait loi à tous égards: mais poétique d'abord.
* Hégémonie: capacité de direction des "classes subalternes" suivie, nolens volens, par les détenteurs de la domination. Son explicite prise en compte devrait réordonner l'analyse historique.
Les enfants qui s'aiment
Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
Contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s'aiment
Ne sont là pour personne
Et c'est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour
Jacques Prévert Spectacle, 1951.
.. et aussi parce que nous étions là, te souviens tu?
Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
Contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s'aiment
Ne sont là pour personne
Et c'est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour
Jacques Prévert Spectacle, 1951.
.. et aussi parce que nous étions là, te souviens tu?
Notons au passage que "l’image a été inspirée à Marcel Carné, de son propre aveu, par une miniature des Très Riches Heures du duc de [s]Jules[/s] Berry. "
Magnifique !
Trauner : un roi ( c'est normal pour un roi, me direz-vous . .., j'ai honte )
Trauner : un roi ( c'est normal pour un roi, me direz-vous . .., j'ai honte )