"Le théâtre français est dramatiquement blanc"
C’est l’histoire d’un élève comédien qui a bien du mal à se faire une place dans le monde enchanté d’une école de théâtre parisienne. C’est l’histoire d’un garçon qui est sans cesse ramené – où s’imagine ramené – à la place qu’on veut bien lui laisser. Et si nous avons choisi de commencer cette nouvelle saison par le documentaire La mort de Danton, qui raconte cette histoire-là, c’est parce que ce garçon vient d’un autre monde, au-delà du périphérique parisien, qu’il est noir, et que son histoire n’est donc pas seulement son histoire.
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Derniers commentaires
Mariette FELTIN, de Strasbourg
De même, j'ai été choqué par la question de Daniel Schneidermann sur la supposée contradiction entre les gens qui ne peuvent s'empêcher de dire à Steve qu'il "fait peur" et la violence avec laquelle Steve dénonce cette forme de racisme. Pour moi, seul le racisme est violent. Si on ressent de la violence dans la forme du propos, c'est parce que les faits mêmes sont violents, et parce que - entre blancs CSP+ - on a pas l'habitude de voir des gens s'exprimer de cette manière. Par exemple, cela ne semble pas être le cas d'Alice Diop n'est pas du tout apeurée par ce ton "violent" pris par Steve, elle est plutôt révoltée par le racisme même. Finalement, c'est un peu comme si Daniel se mettait à son tour à lui dire qu'il faisait peur, alors que c'est juste lui, sa manière d'être. Et puis quelle est l'idée? "Ok, tu subis du racisme, mais pourquoi pas le dire plus calmement?"...
Bref, je me doute que Daniel est conscient du problème et que tout ceci n'est pas simple, mais j'ai quand même du mal avec sa manière de faire. Aussi, j'ai souvent eu l'impression qu'il coupait Alice Diop ou ne la laissait pas aller au bout de sa pensée.
Ravi d'avoir découvert tous ces gens à part ça.
Je n'ai pas compris la surprise. Pourquoi c'était une surprise ??
J'ai bien peur que ces émissions autour d'un documentaire d'auteur, malgré toutes les belles intentions, les qualités remarquables d'Unetelle et Untel, et cette mise en lumière d'aspects trop rarement vus de ceci et de cela... soient... hum! barbantes. Voilà, le mot est dit, méchamment. Au bout d'une dizaine de minutes de cette première mouture, j'ai ressenti exactement le même ennui qui m'avait pris lors des premiers numéros d'"Hors Série" que j'ai fini par abandonner. Je n'aimerais pas qu'il m'arrive la même chose avec arrêtsurimages !
D'abord vous ne pouvez pas espérer proposer un documentaire génial par mois. Le génie, c'est rare. C'est comme si, après l'émission sur "Merci Patron!" vous aviez eu envie de faire des émissions mensuelles sur les films d'auteurs indépendants. Des films comme "Merci Patron!" il n'y en a pas tous les mois. Ni même forcément tous les ans.
Ensuite quelle difficulté à trouver un fil directeur dans votre "déconstruction" du documentaire...! Quel est l'enjeu de cet exercice? A quoi sert-il de faire des remarques intelligentes sur une oeuvre qui fait elle-même (en quelque sorte) des remarques intelligentes sur tel ou tel fait de société? Je ne suis pas du tout convaincu qu'il existe des grilles d'analyse pertinentes concernant la réalisation des documentaires. La meilleure chose que l'on puisse faire pour promouvoir cet art difficile et méconnu, c'est d'en proposer, le plus possible, et sur des sujets variés, c'est d'en faire éventuellement une critique enthousiaste pour inciter à les regarder (ce que font Télérama et Mediapart). Mais à quoi bon une émission d'une heure pesamment didactique, donnant l'impression de s'immerger dans l'infiniment petit alors qu'on devrait se sentir s'élever....?
Avec tous mes regrets.
2 points divers sur l’émission :
- Une tentative d’explication (pas de justification ou d’approbation) de pourquoi on peut avoir un Danton noir au théâtre alors que ça serait moins accepté au cinéma. Au théâtre, c’est en direct et il n’y a qu’une scène où tout doit se passer. Techniquement, on n’a pas les moyens du cinéma. Pour pallier ces contraintes, depuis toujours, on est obligé de faire appel à l’imaginaire du spectateur, alors qu’au cinéma, on est plus souvent dans le réel en terme de visuel.
- Pour relativiser un peu ce que dit Alice Diop sur le peu de réalisateur noir (je suis plutôt d'accord avec Lucien Jean-Baptiste, il faut aller s'imposer). La difficulté d’un cinéaste (scénariste/réalisateur) aujourd’hui, est plus lié au fonctionnement du cinéma qu’au fait d’être noir (même si cela est malheureusement probablement une difficulté supplémentaire). Je connais également des centaines d’acteurs (blancs, un peu moins de noirs) qui galèrent, idem pour les réalisateurs, c’est malheureusement intrinsèque au métier. Lorsqu’un scénariste/réalisateur fait un scénario, il est constamment modifié par toutes les personnes qui financent : producteur, ceux qui subventionnent (CNC et autres, type fondations), chaines et distributeur (qui en bout de chaine a droit de vie et mort sur un film). Il entendra des phrases type (toutes entendues) :
- il y a une scène d’émeute, c’est trop cher on enlève,
- il y a une scène de sexe trop osé, ça sera pour les moins de 16 aux US, donc on réduit le nombre de spectateurs potentiel, donc on enlève,
- tu as un très bon acteur pour le rôle, mais il est moins connu qu’untel (qui va bcp moins bien pour le rôle), on le remplace
- etc.
Il devra modifier son scénario de nombreuse fois en conséquence (il y a toujours la pression de ne pas faire le film, ce qui arrive très fréquemment). Au final, le scénariste/réalisateur s’il a la chance d’aller au bout, proposera un film très différent de son scénario d’origine (ce n’est pas que négatif). Le problème plus global est plutôt au niveau du financement du cinéma. Il y a un très fort interventionnisme à tous les niveaux, ce qui malheureusement peut déborder sur les phrases (inadmissibles) du type "pas un film avec que des noirs".
Et j'ai trouvé dommage que personne ne cherche à comprendre pourquoi Steve Tientcheu, l'ami d'enfance d'Alice Diop, son voisin d'enfance, de cité, soit dans un rapport totalement différent à la langue : sur le plateau comme dans le documentaire j'ai trouvé l'acteur pataud, parlant par formules lapidaires, mais sincère et vrai dans ses maladresses.
Le point commun entre la réalisatrice Alice Diop et l'acteur Steve Tientcheu (la couleur de leur peau) ne compte-t-il pas moins que la différence dans leur rapport à la langue française ? D'où les exercices d'orthophonie auquel l'élève du cours Simon doit s'astreindre, son débit de parole toujours trop rapide, parfois sa difficulté pour faire parler un texte au travers de tout son corps lorsqu'on le voit à l’œuvre sur les planches. D'où enfin la trop grande difficulté pour l'élève acteur que représenterait le fait de jouer un rôle trop éloigné de son identité physique et surtout psychique.
Mais pas du tout d'accord pour enchaîner sur " et d'ailleurs, ça donne une tonalité et un écho particulier au texte".
Quand un comédien joue, si je ne suis pas en mesure d'oublier qui il est et ce qu'il est en dehors du rôle...c'est que le job n'est pas fait ! Ou alors que ceux qui disent qu'on ne peut jouer que ce qu'on est ont raison !!!
Si un Japonais aveugle obèse joue bien Juliette, j'en ai rien à faire de savoir si ça me fait réfléchir sur les Japonais ou sur les aveugles ou sur les obèses et le rapport entre tout ça et l'amour et la mort.
C'est Juliette que je veux voir. Juliette est universelle, et de ce fait elle n'a pas besoin d'être jouée par une Blanche jeune belle et amoureuse passionnée. Si le Japonais aveugle et obèse est bon, je verrai Juliette.
La discrimination existe, elle est violente, et il faut la combattre. Mais pas au point d'utiliser un paradoxe comme argument.
J'ai adoré l'intelligence, la finesse et le propos du documentaire d'Alice Diop mais je voulais surtout revenir sur l'intervention de Mr Barbe : il affirme que le documentaire pour lequel le réalisateur aurait obtenu des scènes ou des témoignages en "mentant" sur ses intentions, ou en passant outre la volonté des personnages de ne pas apparaître dans le film serait un film de "propagande". Mazette, le mot est fort ! Car dans ce cas que pense-t-il par exemple des procédés que Claude Lanzman - qui n'est certes pas exempt de toute critique par ailleurs- utilise pour filmer certains de bourreaux de Shoah? Jean-Marie Barbe est-il en train de nous expliquer que Shoah est un film de propagande ?
Je pense que comme le suggère Daniel Schneidermann, cette question mérite de la nuance, même s'il est juste que le lien idéal entre un réalisateur et son sujet est un lien de confiance et de loyauté. Et oui, en effet, comment filmer le "mal" ? Peut-on et doit-on filmer le porteur, l'agent du "mal" malgré lui si celui qui le porte refuse d'en témoigner ? Tout le monde n'a pas l'absence de surmoi, la perversité d'un Duch qui jouit de se raconter devant la caméra de son ex victime... Ne peut-on en filmer que les victimes, les effets ? Une question complexe.
Hélas, le théâtre français est écrit par des blancs pour des blancs.
Et ce problème est loin d'être limité au théâtre.
Ceci est une décision du Comité Révolutionnaire Populaire et Debout (CRPD) :
Par décret, et dans l'intérêt du Peuple, le comité désigne Madame Alice Diop Ministre de la Culture.
Merci de votre attention.
La permanence Pendant un an, la réalisatrice Alice Diop a installé sa caméra à la Permanence d’accès aux soins de santé (Pass) de l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Ce centre propose des consultations gratuites et sans rendez-vous aux migrants primo-arrivants. Aidé de deux psychiatres et d'une assistante sociale, le médecin généraliste Jean-Pierre Geeraert y reçoit des hommes et des femmes aux vies brisées. Les patients évoquent leurs souffrances, leurs blessures, leurs plaies ouvertes... Parfois, dans ce cabinet médical, l'espoir renaît.
CRITIQUE DE LA RÉDACTION
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La réalisatrice Alice Diop (« La Mort de Danton », « Vers la tendresse ») signe un huis clos édifiant au cœur de la Permanence d'accès aux soins de santé de l'hôpital Avicenne de Bobigny (93). Elle filme sans fard ce bureau de prise en charge médicale et sociale, synonyme de refuge et d'écoute pour des migrants et des exilés, face caméra ou de dos. Son documentaire montre autant l'acte professionnel que l'engagement de l'équipe médicale, porté par la bienveillance du Dr Jean-Pierre Geeraert.
Et oui, il y avait ce soir sur ARTE un AUTRE reportage de cette réalisatrice.
Pourquoi ne pas l' avoir signalé ? :P
Même ordre d' idée il y avait, il y a trois jours, un reportage sur LCP consacré à l' ANPE : vous aviez reçu la réalisatrice l' an dernier... et le sujet de l' émission ETAIT ce film.
Hey, ne croyez vous pas qu' il serait bon, sur votre site, de signaler à vos abonnés les passages à la télévision de documentaires susceptibles de les intéresser ?
De plus, ça a déjà été noté plus haut, Alice Diop est d'une intelligence et d'une finesse remarquables.
On attend les prochaines avec impatience.
Re-merci.
Quand on cite Peter Brooke ou Ariane Mnouchkine, les intervenants font comme si ces metteurs en scène faisaient le tout-venant du théâtre, mais ils sont des pionniers dans le théâtre, et même s'ils ne manquent pas de spectateurs et sont une vitrine, la plupart des pièces de théâtre qu'on joue à Paris, par exemple, ne font pas ce genre d'expériences. Cela reste rarissime. Il faut quand même que ça ait une certaine vraisemblance.
Et quand, à la fin du documentaire, Steve Tientcheu déclame le texte de Danton dans Wajda, certes, il le fait admirablement, mais en l'écoutant, il m'avait plutôt semblé que c'était un texte d'Aimé Césaire ou de Toussaint Louverture, surtout que dans la dernière tirade, il parle d'esclavage. Après on explique que c'est le texte de Danton, donc ça redonne tout son sens au titre et au documentaire lui-même.
Le théâtre est un jeu de dupes dont nous acceptons la duplicité, les codes sont mouvants mais il faut des repères, des choses vraisemblables. Et ce qu'on y voit a un sens et une signification.
Alors après, il est exact que s'il fallait juste s'entraîner et apprendre, rien n'obligeait Steve à prendre un texte en rapport direct avec son apparence. Mais je persiste à dire que c'est quand même mieux qu'il puisse sortir un texte de quelque chose qu'il vit et qu'il connaît.
Émission intéressante, avec d'excellents intervenants. Alice Diop connaît admirablement son métier et exprime brillamment ses idées et ses expériences. Et Steve a mûri et a gagné en sobriété et en profondeur.
Et la personne à Lussas est intervenue aussi avec bcp d'infos.
Bref, pour une première émission, c'est pas mal du tout. Quelques améliorations, un peu moins de gloubi boulga car on présente à la fois la nouvelle émission, et le documentaire Danton, mais c'est prometteur.
En fait je trouve que pour une fois (ce que vous ne faites jamais d'habitude) vous mélangez deux sujets pèle mêle qui n'ont pas grand chose à voir ensemble. A savoir, la place des minorités dans la création artistique (sujet fascinant que j'aurais aimé plus développé) et la question du documentaire (traité de manière un peu vague). Je trouve ça dommage. J'aurais peur qu'avec ce partenariat vous vous détourniez un peu de ce qui fait votre intérêt. Il aurait été intéressant à mon avis de ne traiter que le premier sujet et pourquoi pas inviter d'autres gens sur la question du racisme d'état ou sur la "discrimination" artistique. Etant musicien je suis vraiment intéressé par le sujet car je remarque qu'il y a vraiment peu de "gens issus de la diversité" ou de femmes ou les gens de sexualité différente (trans, homos...) ou toute minorité dans la musique. J'aurais vraiment aimé écouter un penseur en plus des invités actuels sur le sujet. Car j'ai l'impression que ce n'est pas juste un sujet comme ça, c'est vraiment militant, des femmes se battent par exemple pour avoir accès au poste de réalisatrice, il doit donc y avoir pléthore de personnes à inviter !
De plus, je trouve ça dommage de déconstruire le film comme un reportage. Comme Alice Diop le dit, les films d'auteur on beaucoup de significations, personnelles et larges. Il m'aurait paru plus approprié d'extirper un des sujets prégnants du documentaire et de faire une émission là dessus avec d'autres intervenants, avec la réalisatrice mais aussi d'autres personnes qui ont réfléchi sur cette question.
Allez bonne continuation !
mais on voit, tout de même des acteurs noirs au théâtre et pas forcément dans des rôles de noirs et encore moins d'oncle Sam.. sans chercher plus loin, dans les Karamazov mis en scène par Bellorini cette année, Dimitri Karamazov est superbement interprété Jean-christophe Folly, et je suis sûre qu'on en trouverait d'autres (plus les rôles importants de noirs, sans compter les danseurs…)
mais effectivement le professeur est d'une violence inconsciente (sous sa bonne volonté) effarante
J'aime la diversité et ce documentaire est une belle façon faire de la place à tout le monde, d'élargir l'espace pour je l'espère banaliser petit à petit les différences et reconnaitre à chaque personne la place d'une personne tout simplement.
Sans concession mais honnête avec un discours clair.
Elle est comme son film.
Respect.
Quand à Arrêt sur Image......... Quelle superbe idée que de nous présenter un film et un débat mensuel de qualité.
Respect aussi.
Le cours révèle les clivages, les ségrégations dans la société française dans son ensemble : c'est un microcosme.
Les sociologues Pinçon-Charlot ou Nicolas Bouin (Voyage de classes) décrivent cette violence de classes (de la part des dominants sur les dominés).
Et quelle idée géniale de dédier une émission par mois au documentaire...
La plate-forme Tenk fera bientôt parti de la plate-forme "la Presse libre"?
Soit, on crée des quottas partout, pour les noirs , les blancs , les demi-noirs , les celtes et les roux.
Soit, les minorités concerné crée leur propre Oscar, film, groupe de théâtre basé leur(s) origine(s) raciale(s).
Chez nos "amis" américains, ils se battent depuis des années pour cela. Mais, au States, on peux toujours tiré sur un noir désarmé et s'en sortir sans problème.
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
Mais je suis d'accord avec la critique sur le double sujet au sein d'une même émission, il faut peut-être penser a une émission spéciale sur le sujet du documentaire( circuits de financement, rapport spectateur ) et sa différenciation avec le reportage.
Mais sinon je vous félicite pour ce nouveau dispositif
Bisous les amis
Adrien B.
ça va mieux
Donc une femme pourrait jouer Danton pour peu que ça ait un sens, que ça apporte quelque chose. Un mec noir qui joue Danton réclamerait de la part du metteur en scène de l'audace. Oui, de l'audace !
Trouvaille géniale que ce partenariat entre asi et Tenk. Pour reprendre le mot de la fin, ça met en appétit pour la suite !!