Commentaires
"Les appelés, consentants ? Mais ils n'avaient pas le choix !"
Dans notre série d'été, nous vous faisons revivre, en temps réel, le passage de la paix à la guerre à l'été 1914.
Abonnez-vous pour pouvoir commenter !
si vous êtes déjà abonné Connectez-vous Connectez-vous
Derniers commentaires
Le making of a enrôlé pas mal de fautes d'orthographe, consentantes ou pas. Et certains mots ont carrément déserté, on dirait.
L'homme est violent envers lui-même. Il est depuis un siècle en train de s'auto-détruire par le réchauffement du climat.
Il était domestique agricole, au plus bas de l'échelle sociale, n'était plus tout jeune, avait une petite fille, avait été réformé pour sa trop petite taille et tout de même appelé au front où il est mort en 1918. Il n'avait jamais quitté son Aveyron natale, n'était pas instruit, ne devait pas avoir spécialement envie de partir se faire trouer la peau ni pas plus de trouer celle des "ennemis". Je pense qu'il n'a pas eu le choix comme des millions d'autres. La pulsion de violence, peut-être mais pas sûr, la volonté de survivre sûrement, tuer ou être tué, comment aurait-il pu en être autrement. C'était mon grand-père.
Certains chantaient la chanson de Craonne, on ne peut l'oublier. Très bonne émission, merci.
Je dispose des tomes de "L'Illustration" pendant la guerre, ils consacraient plusieurs pages aux morts et blessés et les soldats sans grade n'étaient pas les mieux représentés alors que j'imagine ils étaient plus nombreux à mourir pour ??? C'est la question à laquelle je ne trouve pas de réponse.
Certains chantaient la chanson de Craonne, on ne peut l'oublier. Très bonne émission, merci.
Je dispose des tomes de "L'Illustration" pendant la guerre, ils consacraient plusieurs pages aux morts et blessés et les soldats sans grade n'étaient pas les mieux représentés alors que j'imagine ils étaient plus nombreux à mourir pour ??? C'est la question à laquelle je ne trouve pas de réponse.
Bonjour,
Très chouette émission, merci a ceux qui l.ont animé et préparé.
le débat porte à un moment sur la question de l'écriture de l'histoire par "les élites".
A propos de ces dernières, on (quelqu'un de plutôt bien informé) m'a indiqué un jour que la défiance des français envers les élites datait justement de la grande guerre, sans préciser plus avant sa ou ses sources.
Très chouette émission, merci a ceux qui l.ont animé et préparé.
le débat porte à un moment sur la question de l'écriture de l'histoire par "les élites".
A propos de ces dernières, on (quelqu'un de plutôt bien informé) m'a indiqué un jour que la défiance des français envers les élites datait justement de la grande guerre, sans préciser plus avant sa ou ses sources.
Ça a débuté comme ça.
La "violence" semble être au coeur du débat de fond qui oppose les deux historiens présents sur la plateau.
Sur ce sujet, j'ai en tête l'ouvrage d'Olivier Maurel qui dénonce le fait que jusqu'à très récemment, aucun professionnel travaillant sur la violence humaine (qu'il soit philosophe, écrivain, sociologue, médecin, poête...) ne prenait en compte l'impact de la violence éducative ordinaire.
Selon cet ouvrage, près de 90% des enfants de toute l'humanité sont, depuis plus de 3000 ans et encore aujourd'hui, éduqués de façon violente.
Les châtiments corporels (baton, fessé...) administrés "pour son bien" sur un enfant en construction par un adulte par ailleurs protecteur et aimant ont pourtant des impacts sur tous les pans de sa vie présente et future, et notamment sur sa réaction face à l'autorité et à la violence.
Ref: Oui, la nature humaine est bonne ! Comment la violence éducative ordinaire la pervertit depuis des millénaires. Ed. R Laffont http://www.oveo.org
Par ailleurs, les travaux sur l'impact de violences extrêmes telles que celles expérimentées en temps de guerre sont eux aussi très récents. Aujourd'hui, il y a notamment Muriel Salmona, qui a expliqué comment ces violences (ainsi que les violences sexuelles) induisaient une mémoire traumatique qui venait influer sur toute la vie et les comportements des victimes.
Le mécanisme est aujourd'hui bien compris (sidération du cerveau face à une violence inexplicable, amygdale cérébrale sécrétant des alertes jusqu'à risque mortel d'overdose, coupure entre l'amygdale et le cortex et état de dissociation en résultant) mais n'est que très peu enseigné.
Les implications de cet état post traumatique pourraient pourtant peut-être expliquer en partie pourquoi les hommes ont "tenu" dans les tranchées.
Ref: Le livre noir des violences sexuelles, Ed Dunod. http://www.memoiretraumatique.org
Sur ce sujet, j'ai en tête l'ouvrage d'Olivier Maurel qui dénonce le fait que jusqu'à très récemment, aucun professionnel travaillant sur la violence humaine (qu'il soit philosophe, écrivain, sociologue, médecin, poête...) ne prenait en compte l'impact de la violence éducative ordinaire.
Selon cet ouvrage, près de 90% des enfants de toute l'humanité sont, depuis plus de 3000 ans et encore aujourd'hui, éduqués de façon violente.
Les châtiments corporels (baton, fessé...) administrés "pour son bien" sur un enfant en construction par un adulte par ailleurs protecteur et aimant ont pourtant des impacts sur tous les pans de sa vie présente et future, et notamment sur sa réaction face à l'autorité et à la violence.
Ref: Oui, la nature humaine est bonne ! Comment la violence éducative ordinaire la pervertit depuis des millénaires. Ed. R Laffont http://www.oveo.org
Par ailleurs, les travaux sur l'impact de violences extrêmes telles que celles expérimentées en temps de guerre sont eux aussi très récents. Aujourd'hui, il y a notamment Muriel Salmona, qui a expliqué comment ces violences (ainsi que les violences sexuelles) induisaient une mémoire traumatique qui venait influer sur toute la vie et les comportements des victimes.
Le mécanisme est aujourd'hui bien compris (sidération du cerveau face à une violence inexplicable, amygdale cérébrale sécrétant des alertes jusqu'à risque mortel d'overdose, coupure entre l'amygdale et le cortex et état de dissociation en résultant) mais n'est que très peu enseigné.
Les implications de cet état post traumatique pourraient pourtant peut-être expliquer en partie pourquoi les hommes ont "tenu" dans les tranchées.
Ref: Le livre noir des violences sexuelles, Ed Dunod. http://www.memoiretraumatique.org
Superbe émission, mais qui aurait mérité une référence à La Grande Illusion, chef-d'oeuvre de Renoir qui, précisément, traite du rapport des classes durant la Grande Guerre (certes dans un camp de prisonniers et pas au front).
Un extrait sur les "maladies de classe" :
https://www.youtube.com/watch?v=1xhgCgpq8OA
Un extrait sur les "maladies de classe" :
https://www.youtube.com/watch?v=1xhgCgpq8OA
Le montage d'archive de Bruney est partiellement sonorisé : les bruits de bottes sur le défilé des troupes allemandes, et pas sur celui des troupes françaises... Le topos du bruit de bottes allemand, qui renvoie à l'occupation allemande de 40-45. En 14 on ignore quel est le son des défilés de troupes ou le son d'ambiance des foules de "spectateurs", acclamation ou silence.
Un sujet de réflexion pour vos invités : les partis pris dans la sonorisation des archives muettes de 1914.
Et bravo pour cette série de grande qualié.
Un sujet de réflexion pour vos invités : les partis pris dans la sonorisation des archives muettes de 1914.
Et bravo pour cette série de grande qualié.
Merci pour cette série d'été. Le sujet développé en plusieurs émissions (prendre le temps de creuser les choses, c'est vraiment agréable), les débats entre les historiens qui montrent que l'écriture de l'histoire n'est pas monolithique, le décalage entre les exigences de Daniel ( Bon, alors, ils se comportés comme ça ou non ? Une réponse claire et nette, s'il vous plaît!) et les réponses compliqués, nuancées, frustrantes, des historiens qui n'ont pas de réponses claires, pas d'archives ou des interprétations différentes.
Merci vraiment, ce sont de superbes émissions.
annexe-poil-à-gratter-féministe : Sinon, c'est à ce point un domaine de mec l'histoire de la première guerre mondiale ? Parce que c'est tout de même pas mal paritaire l'histoire comme discipline universitaire.. et on n'est tout de même pas TOUTES spécialisées sur les périodes antérieures toute de même ? Et au fait avez-vous prévu d'aborder le rôle des femmes dans ces années de guerre ?
Merci vraiment, ce sont de superbes émissions.
annexe-poil-à-gratter-féministe : Sinon, c'est à ce point un domaine de mec l'histoire de la première guerre mondiale ? Parce que c'est tout de même pas mal paritaire l'histoire comme discipline universitaire.. et on n'est tout de même pas TOUTES spécialisées sur les périodes antérieures toute de même ? Et au fait avez-vous prévu d'aborder le rôle des femmes dans ces années de guerre ?
Emission très intéressante qui montre bien la complexité de la société du début du 20 ème. Nous voudrions des réponses univoques à une situation où les divergences étaient nombreuses. Le débat historique en ce sens est enrichissant car il permet de regarder le même objet avec des éclairages différents.
Quant aux écrits sur la guerre, on peut écouter les cours et séminaires de Antoine Compagnon au Collège de France. On trouvera beaucoup d'informations qui viennent compléter les travaux historiques.
http://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon/course-2014-01-14-16h30.htm
Quant aux écrits sur la guerre, on peut écouter les cours et séminaires de Antoine Compagnon au Collège de France. On trouvera beaucoup d'informations qui viennent compléter les travaux historiques.
http://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon/course-2014-01-14-16h30.htm
Je n'ai pas encore vu l'émission mais je me permets de signler ce sommet du bourrage de crâne paru dans l'Illustration :
http://www.memorial-14-18.net/?p=3224
L’académicien Henri Lavedan, rentré précipitamment à Paris à cause des événements, est tombé nez à nez, le 1er août 1914, sur le petit Maurice Barrès. Et quand un académicien rencontre un autre académicien, forcément, l’instant est toujours grave et solennel, en tout cas loin de l’ordinaire « salut toi, comment tu vas ? » du quidam primesautier.
Lavedan écrit dans L’Illustration ce passage d’une insondable cuistrerie:
« C’est à ce moment, et comme je débouchais sur la place de la Concorde, que j’aperçus Barrès à quelques pas, au coin de la rue Royale. Je pris la main qu’il me tendait. Je m’écriai d’une voix étranglée: «Ah! mon ami! que vous dire!»–«Il n’y a rien à dire, me répondit-il. Que pourrions-nous dire? C’est l’heure. Voilà. J’ai confiance.» Et avec un accent de simplicité charmante, jeune, et un gentil mouvement du menton relevé comme s’il s’agissait d’un coup de tête qu’il fallait lui pardonner, il me déclara: «Je m’engage.» Et c’est sur ce mot que me quitta le Président de la Ligue des Patriotes pour se perdre dans la foule qui s’entr’ouvrait, cordiale et respectueuse devant lui, comme si elle avait compris et deviné qu’il ne fallait pas le mettre en retard. »
Un académicien français ne marche pas parmi la foule. Il la fend comme Moïse fendait les eaux.
Gageons que le petit Barrès trouve rapidement le bureau d’engagement.
Le saviez-vous ? Le président de la Ligue des Patriotes mourra sagement dans son lit en 1923. Le journaliste Henri Jeanson écrira au sujet de cette rencontre inopinée : « Maurice Barrès n’atteignit jamais, jamais le bureau de recrutement – Paris est si grand ! – et il se retrouva dans la calme tiédeur d’un cabinet de travail où s’enracina l’auteur des Déracinés. » (cf. H. Jeanson, Soixante-dix ans d’adolescence, Stock, Paris, 1971, p. 154)
http://www.memorial-14-18.net/?p=3224
L’académicien Henri Lavedan, rentré précipitamment à Paris à cause des événements, est tombé nez à nez, le 1er août 1914, sur le petit Maurice Barrès. Et quand un académicien rencontre un autre académicien, forcément, l’instant est toujours grave et solennel, en tout cas loin de l’ordinaire « salut toi, comment tu vas ? » du quidam primesautier.
Lavedan écrit dans L’Illustration ce passage d’une insondable cuistrerie:
« C’est à ce moment, et comme je débouchais sur la place de la Concorde, que j’aperçus Barrès à quelques pas, au coin de la rue Royale. Je pris la main qu’il me tendait. Je m’écriai d’une voix étranglée: «Ah! mon ami! que vous dire!»–«Il n’y a rien à dire, me répondit-il. Que pourrions-nous dire? C’est l’heure. Voilà. J’ai confiance.» Et avec un accent de simplicité charmante, jeune, et un gentil mouvement du menton relevé comme s’il s’agissait d’un coup de tête qu’il fallait lui pardonner, il me déclara: «Je m’engage.» Et c’est sur ce mot que me quitta le Président de la Ligue des Patriotes pour se perdre dans la foule qui s’entr’ouvrait, cordiale et respectueuse devant lui, comme si elle avait compris et deviné qu’il ne fallait pas le mettre en retard. »
Un académicien français ne marche pas parmi la foule. Il la fend comme Moïse fendait les eaux.
Gageons que le petit Barrès trouve rapidement le bureau d’engagement.
Le saviez-vous ? Le président de la Ligue des Patriotes mourra sagement dans son lit en 1923. Le journaliste Henri Jeanson écrira au sujet de cette rencontre inopinée : « Maurice Barrès n’atteignit jamais, jamais le bureau de recrutement – Paris est si grand ! – et il se retrouva dans la calme tiédeur d’un cabinet de travail où s’enracina l’auteur des Déracinés. » (cf. H. Jeanson, Soixante-dix ans d’adolescence, Stock, Paris, 1971, p. 154)
Au sujet de la réaction de Stefan Zweig; Daniel Schneidermann a lu pendant l'émission le récit d'"Un monde d'hier", un récit de Zweig publié à vingt ans de distance où il se dédouane de la fièvre nationaliste de l'été 1914 ("Si je ne succombai pas moi-même à cette subite ivresse patriotique, je ne le dus nullement à une lucidité ou à une clairvoyance spéciales...", p. 270).
Ce qui est une réécriture de sa véritable réaction d'août 1914, qui a été d'un nationalisme germanique virulent ; il écrit dans la Neue Freie Presse de Vienne, le 1er août, l'article "Parole d'Allemagne" (Essais, ed. Poche, Paris, 1996, p. 1207) : "il n'y a pas d'autre façon de penser à l'Allemagne qu'en lui accordant une confiance totale et sans condition". C'est un véritable panégyrique à la supériorité allemande. "Une joie dépourvue d'envoie doit régner sur la compétition que se livrent les deux armées (Autriche et Allemagne) pour la victoire"... ! Encore en septembre, dans son article "Aux amis de l'étranger", paru en Allemagne, il leur écrit "le plus ordinaire des paysans bas-allemands, qui ne comprend guère un mot de ma langue et certainement aucun de ceux de mon coeur, est en ce moment plus proche de moi que vous, mes amis..."
Ce qui est une réécriture de sa véritable réaction d'août 1914, qui a été d'un nationalisme germanique virulent ; il écrit dans la Neue Freie Presse de Vienne, le 1er août, l'article "Parole d'Allemagne" (Essais, ed. Poche, Paris, 1996, p. 1207) : "il n'y a pas d'autre façon de penser à l'Allemagne qu'en lui accordant une confiance totale et sans condition". C'est un véritable panégyrique à la supériorité allemande. "Une joie dépourvue d'envoie doit régner sur la compétition que se livrent les deux armées (Autriche et Allemagne) pour la victoire"... ! Encore en septembre, dans son article "Aux amis de l'étranger", paru en Allemagne, il leur écrit "le plus ordinaire des paysans bas-allemands, qui ne comprend guère un mot de ma langue et certainement aucun de ceux de mon coeur, est en ce moment plus proche de moi que vous, mes amis..."
Quel est l'état d'esprit des soldats? [...] Partent-ils consentant ou sous la contrainte?
J'ai pas encore visionné l'émission, mais cette phrase tirée du texte de présentation de D.S. n'est pas de bon augure.
Je la sens pas bien, cette émision. Nos pioupious ne seraient donc pas partis au front la fleur au fusil? On nous aurait bourré le mou? Je suis choqué! On se permet de contester l'histoire offiicielle. Sait-on jusqu'où ce comportement irresponsable peut conduire ? Ca sent le révisionisme !!!
J'ai pas encore visionné l'émission, mais cette phrase tirée du texte de présentation de D.S. n'est pas de bon augure.
Je la sens pas bien, cette émision. Nos pioupious ne seraient donc pas partis au front la fleur au fusil? On nous aurait bourré le mou? Je suis choqué! On se permet de contester l'histoire offiicielle. Sait-on jusqu'où ce comportement irresponsable peut conduire ? Ca sent le révisionisme !!!
On peut, si on veut, utiliser l'expression "consentement patriotique", mais alors il faut avoir conscience que la definition du mot "patriotique", que met en jeu cette expression, met necessairement en jeu des considerations sur le plan des valeurs.
Le patriotisme, comme l'heroisme, ou le courage, est d'abord une notion de philosophie morale ou politique, et non une notion neutre sur le plan des valeurs. Par definition, c'est une bonne maniere d'aimer son pays et d'etre pret a se battre pour lui ; toute attitude mauvaise, et qui pretend etre une attitude patriote, n'en est en verité pas une, et merite d'etre qualifiee, plutot, de nationaliste. Ainsi, celui qui juge que telle ou telle attitude est patriote, plutot que nationaliste, doit expliquer en quoi selon lui cette attitude a de bonnes motivations, et pour cela, il doit dire quelles sont les bonnes motivations et les mauvaises. Par exemple, il pourra classiquement dire que les bonnes manieres de vouloir se battre pour son pays, celles donc vraiment patriotes, sont celles de celui qui croit defendre son pays contre un agresseur injuste ; tandis que l'attitude de celui qui se bat au nom de son pays, sans se soucier de savoir s'il se bat contre un agresseur injuste, mais juste pour le plaisir de se battre, ou pour dominer un autre pays, n'est pas une attitude patriote, mais nationaliste.
Il aurait été intéressant que les historiens, sur le plateau, en plus de discuter de savoir s'il y a eu consentement ou pas, se soient demandé de quelle nature etait ce consentement : dans quelle mesure il etait patriotique, et dans quelle mesure il etait plutot nationaliste. Mais en les entendant discuter, il m'a semblé qu'ils donnaient indifféremment, au patriotisme comme au nationalisme, le meme nom de patriotisme, comme s'ils ne faisaient pas la difference entre patriotisme et nationalisme. S'ils ne veulent pas avoir le peu de reflexion sur le plan des valeurs, necessaire pour parler de "patriotisme" ou de "consentement patriotique" correctement, ils feraient mieux d'eviter d'utiliser ce genre d'expressions.
Le patriotisme, comme l'heroisme, ou le courage, est d'abord une notion de philosophie morale ou politique, et non une notion neutre sur le plan des valeurs. Par definition, c'est une bonne maniere d'aimer son pays et d'etre pret a se battre pour lui ; toute attitude mauvaise, et qui pretend etre une attitude patriote, n'en est en verité pas une, et merite d'etre qualifiee, plutot, de nationaliste. Ainsi, celui qui juge que telle ou telle attitude est patriote, plutot que nationaliste, doit expliquer en quoi selon lui cette attitude a de bonnes motivations, et pour cela, il doit dire quelles sont les bonnes motivations et les mauvaises. Par exemple, il pourra classiquement dire que les bonnes manieres de vouloir se battre pour son pays, celles donc vraiment patriotes, sont celles de celui qui croit defendre son pays contre un agresseur injuste ; tandis que l'attitude de celui qui se bat au nom de son pays, sans se soucier de savoir s'il se bat contre un agresseur injuste, mais juste pour le plaisir de se battre, ou pour dominer un autre pays, n'est pas une attitude patriote, mais nationaliste.
Il aurait été intéressant que les historiens, sur le plateau, en plus de discuter de savoir s'il y a eu consentement ou pas, se soient demandé de quelle nature etait ce consentement : dans quelle mesure il etait patriotique, et dans quelle mesure il etait plutot nationaliste. Mais en les entendant discuter, il m'a semblé qu'ils donnaient indifféremment, au patriotisme comme au nationalisme, le meme nom de patriotisme, comme s'ils ne faisaient pas la difference entre patriotisme et nationalisme. S'ils ne veulent pas avoir le peu de reflexion sur le plan des valeurs, necessaire pour parler de "patriotisme" ou de "consentement patriotique" correctement, ils feraient mieux d'eviter d'utiliser ce genre d'expressions.
En effet, excellente émission, plus particulièrement la fin qui révèle la fracture historiographique autour de la question de la reproduction des structures de dominations sociales parmi les combattants. En gros, l'exceptionnalité du temps de guerre où l'homme est "nu", retrouvant sa condition d'homme sans distinction de classe ; par opposition à une conception de l'homme travaillé par le social et le politique. C'est peut-être là que le statut de l'indigène soldat aurait permis de reposer cette question de la reproduction des dominations au coeur même d'un corps qui se décrit comme homogène et solidaire. Il aurait été intéressant de savoir si ces soldats ont témoigné, de quoi, et comment ? Et surtout, qu'ont-ils appris aux historiens qui se sont penchés sur ces vies d'hommes qui ont combattu pour une nation qui leur a refusé pour leur grande majorité une citoyenneté pleine et entière.
Bravo. Passionant !
Un peu frustré par la conclusion trop rapide à mon goût alors je suis allé chercher quelques éléments de la controverse dont vous parlez à la fin :
- 1914-1918 : retrouver la controverse, une réponse de gens du CRID à l'article Le champ de bataille des historiens
- un article de Nicolas Mariot : Faut-il être motivé pour tuer ?
Dans l'émission, la position de Nicolas Mariot me semblait curieuse comme si il sous-entendait une forme de pacifisme béat chez les soldats du rang mais, à la lecture des articles, c'est tout autre chose.
Un petit extrait du 2e article qui me semble intéressant :
"Ou enfin du cas d’un soldat qui terrasse et veut voir son travail terminé alors que ses compagnons quittent les lieux, leur expliquant alors, « avec une nuance de gouaillerie dans la voix » :
« Moi je suis pour le travail fini. J’aime qu’on aille jusqu’au bout en tout, comprends-tu ? La victoire comme le reste. Ça durera ce que ça pourra. Mais on les aura . »
A. Prost conclut alors sur la culture de guerre en disant qu’il faudrait lui préférer la notion de « culture professionnelle ». Suivant cette idée, on tirerait sans doute profit à faire appel aux analyses de la sociologie des professions, en particulier à celles qui se sont attachées à l’étude de la part de « sale boulot » (dirty work ) inhérente à toute activité professionnelle, fût-elle particulièrement prestigieuse. Certaines études de sociologie des professions médicales se sont efforcées de décrire les modalités d’acceptation ou d’évitement, parfois collectives, des tâches considérées comme dégradantes, indignes ou psychologiquement difficiles, particulièrement celles ayant trait aux déchets, aux déjections du corps, au sang ou à la mort. Elles ont montré en particulier que le dirty work, à des fins de retournement du stigmate qu’il fait porter sur ceux auxquels il est dévolu, peut être pris en charge et accepté précisément sous la forme du travail « bien fait » ou « fait à fond », sur un mode ludique ou au contraire très sérieux. Peut-on supposer des formes de transposition dans la guerre de modalités de gestion de situations professionnelles dominées intériorisées dans le monde civil ? Dans le même ordre d’idée, est-il possible de poser l’hypothèse que la division taylorienne du travail de tuerie (celle que décrit C. Ingrao dans le cas des Einsatzgruppen) est d’autant plus poussée que le statut socioculturel des tueurs est élevé, précisément pour leur éviter que le sale boulot à faire (et qu’ils assument idéologiquement) ne soit en plus un « boulot (trop) sale », indigne de leur rang et de leur formation, et qu’ils délèguent alors, lorsque cela est possible, aux positions hiérarchiques inférieures ou, mieux, aux supplétifs ?"
Ca devrait parler à tous ceux qui ont passé un peu de temps à l'armée : les corvées, le travail bien fait, ordre et hygiène, alignez-moi ces cadavres s'il vous plait, ça ressemble à rien ce tas.
- 1914-1918 : retrouver la controverse, une réponse de gens du CRID à l'article Le champ de bataille des historiens
- un article de Nicolas Mariot : Faut-il être motivé pour tuer ?
Dans l'émission, la position de Nicolas Mariot me semblait curieuse comme si il sous-entendait une forme de pacifisme béat chez les soldats du rang mais, à la lecture des articles, c'est tout autre chose.
Un petit extrait du 2e article qui me semble intéressant :
"Ou enfin du cas d’un soldat qui terrasse et veut voir son travail terminé alors que ses compagnons quittent les lieux, leur expliquant alors, « avec une nuance de gouaillerie dans la voix » :
« Moi je suis pour le travail fini. J’aime qu’on aille jusqu’au bout en tout, comprends-tu ? La victoire comme le reste. Ça durera ce que ça pourra. Mais on les aura . »
A. Prost conclut alors sur la culture de guerre en disant qu’il faudrait lui préférer la notion de « culture professionnelle ». Suivant cette idée, on tirerait sans doute profit à faire appel aux analyses de la sociologie des professions, en particulier à celles qui se sont attachées à l’étude de la part de « sale boulot » (dirty work ) inhérente à toute activité professionnelle, fût-elle particulièrement prestigieuse. Certaines études de sociologie des professions médicales se sont efforcées de décrire les modalités d’acceptation ou d’évitement, parfois collectives, des tâches considérées comme dégradantes, indignes ou psychologiquement difficiles, particulièrement celles ayant trait aux déchets, aux déjections du corps, au sang ou à la mort. Elles ont montré en particulier que le dirty work, à des fins de retournement du stigmate qu’il fait porter sur ceux auxquels il est dévolu, peut être pris en charge et accepté précisément sous la forme du travail « bien fait » ou « fait à fond », sur un mode ludique ou au contraire très sérieux. Peut-on supposer des formes de transposition dans la guerre de modalités de gestion de situations professionnelles dominées intériorisées dans le monde civil ? Dans le même ordre d’idée, est-il possible de poser l’hypothèse que la division taylorienne du travail de tuerie (celle que décrit C. Ingrao dans le cas des Einsatzgruppen) est d’autant plus poussée que le statut socioculturel des tueurs est élevé, précisément pour leur éviter que le sale boulot à faire (et qu’ils assument idéologiquement) ne soit en plus un « boulot (trop) sale », indigne de leur rang et de leur formation, et qu’ils délèguent alors, lorsque cela est possible, aux positions hiérarchiques inférieures ou, mieux, aux supplétifs ?"
Ca devrait parler à tous ceux qui ont passé un peu de temps à l'armée : les corvées, le travail bien fait, ordre et hygiène, alignez-moi ces cadavres s'il vous plait, ça ressemble à rien ce tas.
Très beau texte de stefan zweig
Petite illustration musicale, La MARSEILLAISE DES REQUINS, de Gaston Couté, interprétée par Bernard MEULIEN
Captivant. Je pensai que tout avait été dit sur la der des der, en repensant à mes cours d'histoire au secondaire, mais il y a encore de la matière à creuser...
Cela me fait penser à ce qu'on disait de Pierre Bourdieu : il y avait autant de champs et concepts sociologiques qu'il avait de thésards à encadrer.
Cela me fait penser à ce qu'on disait de Pierre Bourdieu : il y avait autant de champs et concepts sociologiques qu'il avait de thésards à encadrer.
L'Histoire n'existe pas. En effet, la présence du Présent est immuable, et il n'y a d'histoire que du Présent. Ce que nous appelons " histoire" n'est qu'une illusion idéologique, servilement liée à un des mythes les plus ringards, celui du progrès. Merci à ASI, puissamment aidé par Henri Guillemin, de nous faire apparaître cette évidence.
Emission passionnante. Merci à toute l'équipe.
Très belle série. Merci à toute l'équipe.
Ce n'est certes pas rare concernant le travail de mon site préféré,
mais si d'ordinaire je m'abstiens de louanges car peu enclin à l'expression publique,
je vous remercie ici, ASI, pour cette émission et la qualité de cette série !
mais si d'ordinaire je m'abstiens de louanges car peu enclin à l'expression publique,
je vous remercie ici, ASI, pour cette émission et la qualité de cette série !