Sur France Inter (je ne sais pas comment ça se passe ailleurs) l’obscénité est à son comble, dans les flash infos, on a l'impression de sentir de la déception chez le présentateur de ne pas pouvoir annoncer l'événement tant espéré (pour faire de l'audimat) et pouvoir sortir la nécro prête depuis 5 ans, passer des redifs des vieilles émissions consacrées à l'ancien chef d'état... Bref, c'est l'horreur, et je plains sincèrement la famille Madiba, qui en plus de cette terrible épreuve, doit supporter les charognards qui frétillent d'impatience de pouvoir célébrer en direct live la mort de ce vieil homme.
Encore, une fois, les journalistes nous démontrent à quel point leur métier est pourri, obsédé par le morbide, excité par les larmes versés, vendant du "compassionnel" sans jamais avoir ressenti ce sentiment.

Monde de merde.

Les médias et la dignité... tout un programme.
Ne jamais oublier ce grand homme qu'est Mandela.

Mandela Day, de Simple Minds
L'un des meilleurs albums pop rock des années 80, et ils ne sont pas nombreux à avoir ce calibre.

Ah, certains (media) se souviennent de la dure réalité de l'Afrique du Sud de l'Apartheid et du comportement quelque peu "collaborateur" de certains gouvernements occidentaux quand Madiba et ses amis cassaient des cailloux à Robben Island :
http://www.rue89.com/2013/06/27/bal-dhypocrites-mandela-quand-loccident-soutenait-pretoria-243746

Je n’ai pas arrêté de penser à lui et à sa disparition prochaine depuis qu’il a enchaîné les séjours en hôpital. Et j’y pense quasi quotidiennement depuis 3 semaines. Mandela fait partie intégrante de ma vie. J’aimerai qu’il soit éternel et pourtant je pense qu’il est tant de le laisser partir. J’ai grandi avec lui et ses combats et je n’ai jamais pardonné à Houphouet d’avoir soutenu le régime de l’apartheid en son temps.
J’ai le souvenir de cet homme si fier sortant de prison avec à ses côtés Winnie (qui quoi qu’en dise, a été de toutes les luttes). J’ai le souvenir de cet homme portant une chemise bigarrée en wax au milieu de dirigeants occidentaux engoncés dans leurs costards-cravates sombres. Cet homme qui pouvait sans problème esquisser des pas de danse. Cet homme qui a œuvré à la réconciliation entre tous les sud-africains à un moment charnière où les haines auraient pu exploser et les règlements de compte avoir lieu. L’image de Mandela remettant le trophée à François Pienaar.
Je ne le connaissais pas personnellement mais j’ai vraiment la sensation de perdre mon grand-père. Et dire que sa propre famille va salir sa mémoire en se battant pour son héritage.

Sinon, je me souviens quasi minute par minute du jour de la libération de Madiba. Je travaillais à la rédac, au desk étranger... je me souviens de son entrée avec Winnie dans l'arène du stade de Soweto, qqs jours plus tard... j'avais beaucoup travaillé sur les méfaits de l'apartheid avant... et il fut un temps où les télé (en tout cas celle où je travaillais) indiquaient les séquences taillées à la serpe par la censure officielle par une croix rouge barrant un fond noir et écrit en blanc "séquence censurée par le gouvernement sud-africain"... et où elles osaient parler du boycott (j'avais même changé de marque de cigarettes).

D'autre part, je n'ai jamais autant pleuré d'émotion qu'en Afrique du Sud (Jo'burg surtout) en visitant leurs musées...
- le musée de l'Apartheid en plein Jo'bourg où il y a une entrée "whites only" et une autre "colored people"
- le musée (pas très loin de la maison de Mandela à Soweto) construit en l'honneur d'un jeune lycéen exécuté par les soldats de l'apartheid lors d'une manifestation (pour étudier en anglais et pas en afrikaaner comme le voulaient les autorités).

Mais le pire est à venir... parce que les envoyés spéciaux vont faire pleurer dans les chaumières, que les enfants de Madiba aidés de la médecine et de la religion, ont l'air d'exercer un certain acharnement thérapeutique, et que, si ça se trouve, Madiba en a marre et est trop déçu de voir ce qu'est devenu son rêve.

"Parce que si nous pouvions, peut-être que nous irions tous à l'hôpital dire au revoir à cet homme qui est notre parent à tous. Or nous ne pouvons pas et la télévision, c'est mieux que rien"

Mon dieu, qu'est-ce qu'il ne faut pas lire...

Le pire est à venir, je passe sous silence les films hommage à un homme qui lutta contre une minorité courageuse qui fit de l'Afrique du Sud un pays émergent, un sujet du baccalauréat 2013 invitait d'ailleurs les lycéens de France à mettre en évidence cet incontestable état de fait.
Souhaitons qu'ils l'aient fait sans glorifier ce Mr Mandela, à cause de qui nous devons plusieurs albums de Johnny Clegg ,une mode assez indigente de pantalons bigarrés et des concerts de soutien de Sting ou de Renaud dans les années 80 .


Bref, ne soyons pas injustes avec des médias qui tentent de faire comme souvent au mieux leur travail en dénichant des angles originaux et pertinents pour nous tenir en haleine sur des personnages parfois mineurs au regard de l'histoire.