Mc Carthy, ou la transgression-marchandise
Installée jeudi place Vendôme pour annoncer l'ouverture de l'édition 2014 de la Foire Internationale de l'Art Contemporain (du 23 au 26 octobre à Paris), la structure gonflable aux allures de sex-toy géant de Paul McCarthy n'aura tenu qu'un jour avant d'être vandalisée, dégonflée puis finalement retirée. L'occasion pour les médias et les blogueurs de (re)poser la question de l'art contemporain, et de son business. Surprise : les opposants et les soutiens de McCarthy ne sont pas forcément où on les attendrait.
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Derniers commentaires
Car il existe des ballons gonflables devant les bars et autres lieux de détentes alcoolisés dans de nombreux pays, faut-il les considérer comme autant d'oeuvre d'art.
Une autre question, mais déjà plus ou moins évoquée, qui décide qu'un objet quelconque appartient au domaine de l'art... en tout cas le temps fait son travail de nettoyage des scories...
Mais dépenser des sommes folles pour un truc pareil, je trouve ça triste.
Ceci dit, il y a beaucoup d'oeuvres moins marrantes qui coûtent aussi cher...
Cette régression vers un stade infantile exprime aussi l'incapacité du sujet capitaliste prédateur de passer par autre chose que par la pulsion directe et immédiate de possession - que F Lordon appelle "pronation", le fait de prendre - et d'accumulation.
En principe, la plupart des sujets adultes autonomes apprennent à détourner l'objet de leur pulsion immédiate au profit d'une activité créatrice (travail intellectuel ou manuel par exemple): c'est la sublimation, qui est la forme "la plus aboutie du travail psychique".
Autrement dit le sujet autonome n'a plus besoin d'étaler son caca partout pour épater sa maman - il travaille, fait du sport, communique avec les autres etc...- bref, il se coltine avec la réalité du monde extérieur, qui lui résiste, et il contribue à transformer cette dernière par ses actes. Ce processus est au fondement de la vie sociale.
A l'inverse, les constipés chroniques du capitalisme actionnarial souffrent en premier lieu de psychose narcissique:
Ici, ce terme n’indique pas seulement une adoration de son propre corps, ou de sa propre personne. Il s’agit d’une grave pathologie, bien connue en psychanalyse : une personne adulte conserve la structure psychique des toutes premières années de son enfance où il n’y a pas encore distinction entre le moi et le monde. Tout objet extérieur est vécu par le narcissique comme une projection de son propre moi, et en revanche ce moi reste terriblement pauvre à cause de son incapacité à s’enrichir dans de véritables relations avec des objets extérieurs – en effet, le sujet, pour ce faire, devrait d’abord reconnaître l’autonomie du monde extérieur et sa propre dépendance à son égard. Le narcissique peut apparaître comme une personne « normale » ; en vérité il n’est jamais sorti de la fusion originaire avec le monde environnant et fait tout pour maintenir l’illusion de toute-puissance qui en découle. Cette forme de psychose, rare à l’époque de Freud, est devenue au cours du siècle l’un des affections psychiques principales ; on peut en voir les traces un peu partout.
http://www.palim-psao.fr/article-31273685.html
Les narcisses pathologiques du grand capital, incapables de s'enrichir dans d'authentiques relations au monde et aux autres, projettent leur moi autour d'eux par l'intermédiaires d'investissements financiers - qui n'ont rien à voir avec le travail concret de mise en oeuvre de ces investissement, mais se résument à une "expulsion d'argent" de type sadique-anal.
C'est ainsi par exemple qu'ils font construire par d'autres des sortes de "maisons" pour exhiber les matières fécales qu'ils ont chèrement accumulées:
http://www.fondationlouisvuitton.fr
http://www.palazzograssi.it/fr/françois-pinault
Voir aussi Wikipedia:
Régression formelle (psychanalyse):
"Il s'agit d'une régression au sens commun, d'un passage au moins élaboré.
Cette régression passe donc d'un travail psychique riche à un travail plus pauvre. Les associations, par exemple, perdent en qualité. Les modes de figuration habituels sont remplacés par des modes de figuration plus primitifs.
[...]Dans la névrose obsessionnelle, il y a régression du mode de satisfaction de la pulsion, qui prend pour sa réalisation le chemin de la toute-puissance."
Stade anal:
"Vers deux ans, l'enfant commence à maîtriser ses sphincters, et l'anus devient, selon la théorie du stade anal, une zone érogène sous l'influence de l'exigence de propreté exprimée par les parents. L'anus, zone de passage entre l'intérieur du corps et le monde extérieur, est soumis à la volonté de l'enfant qui s'aperçoit qu'il peut empêcher l'expulsion et en retire donc un plaisir de rétention découlant de l'application de sa volonté. Il prend progressivement conscience du soulagement lié au fait de laisser sortir : c'est la découverte du plaisir d'expulsion.
Le boudin fécal stimule la zone érogène, et est perçu par l'enfant, selon cette théorie, comme une partie de son corps qu'il perd. Cette partie est valorisée et peut donc servir de monnaie d'échange. Aimer signifie à ce stade donner et garder, la possessivité est l'un des aspects dominants du stade anal. L'enfant peut satisfaire sa mère en laissant sortir à l'endroit et au moment où celle-ci le souhaite. Il peut également s'opposer à elle en retenant, c'est le développement d'un sentiment de toute-puissance chez l'enfant. "
J'ai trouvé au contraire d'asi que les soutiens et oppositions étaient bien là où je le pensais par contre, que chacun était dans son rôle habituel et attendu ...
Petite remarque amusée en passant : depuis que j'ai arrêté de suivre Maître Eolas sur twitter pour ne garder que le RSS de ses articles, j'ai remarqué que ses tweets qui me sont RT sur ma TL généraliste (constituée majoritairement de personnalités dites "influentes") concernent uniquement ses pensées sur cette affaire, sur Ebola etc ... mais quasiment jamais sur la justice. C'est quand même un monde bien étrange que celui de Twitter ...
Il faudrait substituer Manet à Monet ;-)
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
La transgression défendue par Hollande(saluant le patriotisme artistique d'un exilé fiscal)....Mais de qui se fout-on!!!
La presque unanimité de nos élites pour défendre le pitre au stade anal,devrait nous interroger.Je ne peut croire que nous sommes tous des réactionnaires.....comparer les impressionnistes avec Mac Carthy....historiquement,socialement,esthétiquement(OUi même esthetiquement,car chier partout ou se verser une boite de raviolis sur la tête est à la portée de tous) est un non sens.
Bruno Julliard, Fleur Pellerin, Christophe Girard, Judith Silberfeld, Anne Hidalgo, Laurence Parisot, Julien Miro, Claude Askolovitch, Benoît Bourscarel, Puddeli CalifeLGBT, Nils Pedersen, Imran, Le village fédéral, Maître Eolas (entre autres) se sont tous levés pour dire non aux "gros cons" et oui à la "liberté" d'apporter l'art contemporain dans la rue avec l'argent public. Des perles de tweets^^
Et François ne manquera pas de rire en le voyant, se disant que oui vraiment ça valait la peine d'être élu président et il tournera autour de son totem pensant à la finance (son ennemi) et à Arnault si généreux avec l'argent de LVMH (oui, l'Arnault ex-futur belge, celui-là même qu'il n'a pas manqué d'aller saluer bien bas aujourd'hui pour le remercier de tant de patriotisme architecturale). .
Quant à nous, nous resterons poli et ne qualifierons pas sa politique du juron qu'elle mérite amplement !
Au moins c'est clair maintenant : Berruyer est en plein dans la sphère Soral / Dieudonné et joue la courroie de transmission.
Nous n'échangerions pas toute l'oeuvre de McCarthy contre une page des 120 journées, mais contempler le bellement pudibond des zélateurs nous fait rire aux éclats, car ce n'est pas là le bon goût qu'ils étalent comme de la confiture à longueur de phrases, juste l'énorme sapin de noêl qu'il ont dans le fondement.
Je dis : chapeau l’artiste.
Mais bon… manifestement il faut du monde pour défendre l’environnement urbain des millionnaires parisiens…
Jusqu'au 19ème siècle, les artistes ne se différenciaient guère des artisans spécialisés en représentation picturale. en musique ou en sculpture.
Il avaient des mécènes, des gens pour qui ils travaillaient, et comme les meilleurs ébénistes travaillaient pour les plus riches, un échange se faisait entre les puissants, dont les raisons étaient diverses, prestige, désir de s'entourer de beauté, concurrence avec d'autres puissants.... et ces artistes qui fournissaient quelque chose de plus que le simple artisanat.
Depuis le 20ème siècle, un artiste est devenu une valeur en soi. Ils sont nombreux, avides de se faire connaître.
Et pour surnager et se faire remarquer, il y a différentes stratégies, dont la provocation est devenue à la mode.
Etre un grand artiste et se faire connaître en tant que tel, c'est difficile et sujet à discussion.
Et l'activité artistique est également une façon de se valoriser, surtout pour certains rejetons et rejetonnes de la classe bourgeoise aisée : le réseau de papa-maman, ou de Monmari, leur achètera des oeuvres et ils gagneront une petite notoriété. Ou plus.
Qu'est ce qui surnagera de tout cela ?
Que dira-t-on de notre époque ?
Rien de bon, à mon avis. Sans doute y a t il quelque part un Van Gogh inconnu qui illuminera l'avenir.
Et peut-être que tout le monde rigolera de Mc Carthy et de Murakami d'ici un siècle, et surtout de nous.
Ou pas.
La questions n'est pas de décider si c'est de l'Art ou pas. Il s'est toujours trouvé des gens pour visiter les musées des horreurs. (Le blog les Crises a publié une série impressionnantes de photos de l'oeuvre du taré* (j'assume). Je n'ai pas pu aller au delà de 5 ou 6 photos de l'oeuvre.)
La réaction des gens qui ont dégonflé le ballon représentant le plug anal appelé "arbre" ne fait que montrer le fossé qui sépare les officiels (ceux qui nous gouvernent) coupés du monde et la plèbe qui ne trouve que des actes dérisoires pour manifester son mécontentement.
Les veaux continuent d'aller bravement à l'abattoir en écoutant un Valls qui déclare sans rougir " nous appliquons le plan...avec 40 milliard pour les entreprises..."
Je me demande quel effet aurait la distribution aux 15.000.000 de familles françaises de 3000€, là tout de suite...
* Peut être faut il remercier la "permissivité" de la notre Civilisation en laissant s'exprimer l'artiste, puisqu'elle évite peut être la réalisation concrète des scènes représentées...
Ce que j'en dit...
Euh... Pardon ? L'intérêt de la (petite blague ? entre) parenthèse ?
Car le marché de l'art et la spéculation sur les oeuvres d'art a commencé bien avant aujourd'hui (au lendemain de la première guerre mondiale environ), lorsque les millionnaires ont pris conscience que les oeuvres d'art constituaient un placement dont la valeur avait toutes les chances de s'accroitre rapidement. Les sommes astronomiques qu'atteignent les toiles des peintres du début du vingtième siècle indiquent qu'ils ne s'étaient pas trompés, d'autant que ce vingtième siècle a vu la quasi disparition de la peinture de chevalet. C'est l'évolution récente de l'art contemporain qui a rendu nécessaire la complicité de l' "institution" (l'argent public). Auparavant, les artistes-escrocs et les spéculateurs n'avaient besoin "que" de la complicité de deux autres catégories d'escrocs : les galeristes* et les critiques d'art*.
* je précise : certains galeristes et certains critiques d'art...
La critique personnelle devrait exprimer si on aime ou non l'art contemporain et pourquoi.
La critique politique devrait être independante de nos gouts personnels en art, pour seulement se demander : 1/ quelle place pour telle ou telle sorte d'art dans l'espace public ? 2/ Combien d'argent public depensé pour telle ou telle sorte d'art ? 3/ quelles sortes d'arts enseignées dans les options art au lycee et les écoles publiques d'art ? Aux questions 1/ et 2/, on pourrait repondre que chaque sorte d'art devrait avoir une place dans les espaces publics, et une proportion du budget culture de l'Etat, en fonction des gouts du public. A la question 3/, on pourrait repondre que les sortes d'art enseignées devraient dependre : des debouches professionnels qu'elles offrent (design, graphisme, realisations d'oeuvres que des gens moyennement riches peuvent mettre dans leur salon ou leur jardin...) ; des projets que portent en eux les jeunes qui ont assez de talent pour pretendre faire une ecole d'art.
Des lors, bien critiquer politiquement l'art contemporain, consiste a dire : qu'on lui consacre trop de place ou de budget, en regard du gout du public pour lui (est-ce si vrai que ça ? n'y a-t-il pas quand meme une petite proportion de gens qui aiment ?) ; qu'on ne laisse pas assez de place, dans les ecoles publiques d'art et les options art au lycee, a l'enseignement d'autres sortes d'art que lui, en regard de tous les jeunes talentueux qui auraient le desir d'apprendre des arts plus classiques, des techniques en peinture, sculpture..., et dont on gâche le talent et l'expression personnelle, en leur apprenant a la place l'art contemporain (c'est peut-etre un peu vrai ?). Ainsi il est possible de critiquer politiquement l'art contemporain sans dire que, personnellement, on n'aime pas, meme si c'est le cas...