Ne tournez pas le dos à la campagne de pub cachée
Aie aie aie. Le mal de dos est une maladie médiatique qui touche de plus en plus de lecteurs et téléspectateurs. France 2, M6, Le Figaro, Le Parisien, entre autres, se sont penchés sur le sujet ces dernières semaines. A l'origine de cet intérêt soudain, le lancement d'une campagne "Ne lui tournez pas le dos", destinée à sensibiliser les jeunes à ce problème. Une campagne dénoncée par le collectif Formindep car elle est financée... par un laboratoire américain qui vient d'obtenir la mise sur le marché, en France, d'un médicament destiné à traiter certains problèmes de dos. Et la campagne est bien faite : les liens d'intérêts des experts médiatiques ne sont jamais rappelés.
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Derniers commentaires
Etant moi même atteint de spondylarthrite ankylosante (principalement au niveau des hanches) depuis maintenant 16 ans (j'en ai 33) je pense être en mesure d'affirmer que l'efficacité de l'humira est bien réél.
Je pense que si ce médicament avait existé en 2007 je n'aurais pas eu besoin que l'on me pose une prothèse de hanche.
Maintenant je vais mieux et je peux même faire à nouveau du sport.
Non, ce qui me dégoute par contre , mis à part tout ce qui a été dit , c'est que l'on fait passer cette maladie pour un simple "mal de dos".
Je ne souhaite à personne de vivre ce que j'ai vécu, entre la douleur ,la déprime et tout ce qui s'en suit, et voir ce que ces labos en font pour vendre leurs produits me révulse.
Flippant, mais familier. La réalité depasse la fiction.
Louis Jouvet, 1951
1. La découverte de la molécule active est faite par un labo public, financé par des fonds publics (très souvent ANR ou fonds européens), dans lequel sont très fortement favorisées les recherches ayant un potentiel "business"...
>> 100 % payé par le contribuable
2. Quand une molécule prometteuse est découverte : une start up est créée pour réaliser les tests cliniques et tenter la mise sur marché. La start-up peut facilement obtenir le statut JEI (exonération totale de cotisations sociales, d'impôt sur le revenu et réduction des taxes sur les plus values) auquel viennent s'ajouter des investissements publics (prise de capital risque par l'Etat lui-même, via les fonds de transfert, comme INSERM Transfert), des prises en charges des activités sous-traitée aux labos publics (70% du coût qui n'est déjà pas très élevé) et des fonds régionaux, nationaux, européens, voire internationaux sur soumission de dossier (très facilement accessible). Bref, au final l'investisseur privé place même pas 20% du capital risque initial.
>> 90% payé par le contribuable
3. Quand la molécule passe les tests et reçoit l'autorisation de mise sur le marché, l'Etat revend ses parts dans la start-up et ses droits sur les brevets aux investisseurs privés du départ... L'Etat gagne donc trois cacahuètes et ne profite de la mise en marché de la molécule
>> 10% de chance de mise en marché, dans 90% des cas la mise initiale est perdue, dans les 10% le profit pour l'Etat est ridicule au vu des investissements initiaux
4. Les investisseurs vendent le droit d'exploitation du brevet à un industriel qui va produire et commercialiser la molécule sous forme de médicament
>> 100% des profits à destination des actionnaires privés
5. Le médicament est pris en charge par la sécurité sociale. Le tarif de commercialisation du médicament est renégocié tous les ans entre les représentants pharmaceutiques et le ministère de la santé. Si le brevet est actif avec situation de monopole, le prix est imposé par les actionnaires pharmaceutiques. Les profits sont donc quasi intégralement couvert par la sécurité sociale (sauf exception de non remboursement ou remboursement partiel).
>> 100% des profits pour l'actionnaire privé, 100% du coût pour les travailleurs (cotisation sociale) ou les patients (si non remboursé)
Bref, jusque là, le contribuable a payé 3 fois son médicament : pour sa découverte, pour son test, pour sa production. Et l'investisseur n'a pris quasiment aucun risque, celui-ci étant assuré par le contribuable (pour qu'on puisse lui vendre très cher un médicament dont il a assuré la mise en production... on marche sur la tête).
Mais attendez ce n'est pas fini. Quand une nouvelle molécule active est découverte, il y a très souvent de nombreux champs d'application (maladies). Or souvent ces champs d'application concernent des maladies qui n'ont pas la même prévalence : certaines sont rares, d'autres fréquentes. Pour une maladie fréquente, l'industriel ne peut pas trop abuser, il doit pratiquer un prix raisonnable. C'est le volume consommé qui lui fera un beau chiffre d'affaire et de beaux dividendes. Quand la maladie est rare, là c'est la fête, le prix peut exploser (ex: 40 000 € / patient pour traiter l'hépatite C), il y a peu de volumes consommés mais ils sont compensés par un prix à l'unité délirant.
Donc, je vous le donne en mille. Si la molécule guérit une maladie fréquente et une maladie rare, l'industriel ne va surtout pas le dire ! Car sinon il devrait vendre la molécule au même prix pour les 2 maladies avec un gros manque à gagner sur la maladie rare. Donc ce que font tous les labos pharmaceutique c'est de rechercher des dérivés mineurs de la molécule initiale ayant les mêmes propriété mais pas la même composition. La molécule initiale va être mise sur le marché uniquement pour la maladie rare, la molécule dérivée pour la maladie fréquente. Et bingo, c'est le jackpot, l'actionnaire gagne 2 fois plus. Il va sans le dire que chercher un dérivé coûte très peu en comparaison des coûts de recherche d'une nouvelle molécule...
L'exemple se décline également pour faire perdurer les brevets. En fin de vie du brevet (20 ans quand même), on ajoute une nouvelle maladie potentiellement curable par la molécule pour prolonger le brevet encore 20 ans. Souvent cette capacité de guérison est connue depuis la découverte de la molécule mais gardée au chaud pour maintenir la situation de monopole le plus longtemps possible !
De mon point de vue, c'est la cerise sur le gâteau du scandale pharmaceutique. Car de fait, de nombreuses maladies pourraient être guéries par des molécules uniques avec un prix unique, relativement bas. Mais pour des raisons bassement pécuniaires, ces molécules sont réservées à un faible nombre de maladie pour ne pas casser le marché potentiel à venir.
Les industries sont donc en flagrant délits de non assistance à personnes en danger.
Et je ne vous parle pas des conflits d'intérêt légalisés dans lesquels trempent les patrons de labos publics, ni de l'abus de bien social manifeste sous couvert de partenariat public-privé (tout ça est légal bien entendu...).
Vu l'argent public consacré à cette industrie, il est donc incompréhensible que l'Etat n'ait pas a minima un droit de regard sur ces pratiques.
L'Etat est complice de ce système en acceptant de payer le risque et de libérer son capital avant la mise en marché.
Pourtant, entre le budget de l'Etat, des collectivités et de la sécu consacré au financement de l'industrie pharmaceutique, il y aurait de quoi créer de toute pièce des unités de production de médicaments et accès à un coût très réduit au médicament.
Même pas besoin d'exproprier, avec les centaines de milliards dilapidées tous les ans, on pourrait largement tout reconstruire de zéro...
De tous les systèmes industriels que je connais, je pense que c'est vraiment le plus honteux !