Nos vies numériques - 3
La vie numérique est peuplée de corps : images de corps, jouissant ou souffrant, éventuellement violentés (comme dans le cas des vidéos de décapitation dont facebook ne sait pas trop quoi faire), mais surtout impulsions corporelles, sans lesquelles nulle vie, fût-elle virtuelle, n'est possible. Toute navigation commence par un navigateur, corps plein d'organes et d'affects dont les influx nerveux vont orienter la quête. Voyage au coeur de la mécanique des fluides...
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Derniers commentaires
Nous avons chacun un corps dont l'une des fonctions est de finir. Ce corps nous est livré par la nature avec des signaux d'alarme car l'une de ses autres fonctions est de survivre. La peur et la douleur sont les signaux d'alarme les plus efficaces.
Et entre cette fin qui mobilise toute notre existence parce qu'il faut la dépasser, la sexualité qui rend notre lignée génétique immortelle, les recherches intellectuelles diverses qui nous rendent immortels aux yeux de l'humanité : l'aile de papillon qui change le monde, le désir de survivre le plus longtemps possible, et ce que nous sommes, humainement, individuellement et collectivement, ce qui fait de nous des êtres humains c'est que nous savons que nous allons mourir.
Pour moi comme pour vous, c'est peut-être demain ou à la fin de notre âge, mais nous n'avons aucun pouvoir sur cela. Personne n'a aucun pouvoir de ce type. Et notre machinerie se borne à cela. Avoir peur pour agir pour notre conservation, avoir mal pour combattre le mal.
Ce qu'il y a dans notre machine cybernétique, c'est de l'information. Et c'est cela qui fait la différence entre avant l'ordinateur et après l'ordinateur, c'est que nous savons. Nous ne pouvons pas y échapper, pas dire que nous ne pouvions pas savoir.
Cela nous ramène à la grandeur et aux limites de notre humanité.
Et savoir ne sert qu'à une chose, assumer ce que nous sommes.
Et notre vie...
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Si on regarde l'étymologie:
Machina: Du grec ancien ??????, mêkhan? (« invention ingénieuse, dispositif »)
Il semble relativement clair que notre corps n'est pas une "invention ingénieuse" ou un dispositif.
Ce que l'on veut dire parfois par machine, c'est plutôt artéfact:
Produit ayant subi une transformation, même minime, par l’homme et qui se distingue ainsi d’un autre provoqué par un phénomène naturel.
La distinction entre artéfact et phénomène naturel est assez foireuse; l'humanité est un phénomène naturel. On est aussi transformé par d'autre hommes, donc clairement nous sommes des artéfacts... naturels.
Sinon il y a encore le machinal:
proche du réflexe, qui se fait sans intervention de l'intelligence ou de la volonté
De l'invention ingénieuse on est passé au mouvement sans intelligence. Le créateur a tout le mérite, semble-t-il.
Et lire. Aimer les texte qui vont au coeur (à l'organe, donc), direct, sans pourtant se départir de la légèreté. Graves, et dansants.
Merci Judith. Et :
"On sue, on pleure, on se liquéfie devant l’écran : au moins, on peut faire ça, devant l’ordi, on n’a pas le devoir d’être digne."
...ça m'arrive aussi en écoutant la radio tout seul dans ma voiture.
Merci Judith.
Superbe texte.
j'ai vécu tout cela, et je suis un solitaire.
Même sur le net...
gamma
Il manquerait juste ce vilain coup de la réalité qui titille, l'odeur d'une peau, la surprise d'une réponse en forme d'onde qui vous fait frissonner, et ce roulis/tangage qu'aucune lecture ne saurait remplacer.
(et mes salutations humaines et numériques) :-)
http://www.blogg.org/blog-51479-billet-debris_de_semaine___la_representation_de_la_representation-1497615.html