Nos Vies Numériques - 6
Le fait est désormais indiscutable : Alain Finkielkraut, qui a des avis sur tout mais n'est documenté sur rien, dit énormément de conneries. Reconnaissons-lui tout de même - on a tout à coup un élan de compassion - certaines intuitions précoces : lorsqu'il soutenait, dès 2000 dans Internet, L'inquiétante extase (co-signé avec Paul Soriano) que la "qualité du jugement de l'internaute est inversement proportionnelle à sa vitesse de connexion", il pointait tout de même un rapport non dénué de pertinence entre la vitesse (haute) et la qualité (basse) des procédures cognitives qui nous jettent dans les pièges de la compulsion... Mais le titre l'annonçait déjà, avec son "extase" pleine de promesses : il y a des pièges pleins de volupté.
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Derniers commentaires
Je n'arrivais pas à trouver ce que le pôvre Finkie évoquait. Et puis clac, le flash !
C'est tout lui. Maître Jojo, Maître Pierre, enfin kivouvoulé.
C'est là : http://www.youtube.com/watch?v=dCHi5apc1lQ
http://www.youtube.com/watch?v=jPMFwAXj5Ss
Ah Finkie, que de crimes on commet en ton nom !
Quand j'étais moins vieux, c'était dans les années 70, je me régalais à l'écoute de Finkie, qui à l'époque n'était que Daniel Finkelkraut.
Je ne me souviens plus de l’émission. C’était en milieu de journée sur France Culture.
Bon, j’ai vieilli et Finkie aussi. Sans vouloir me vanter, je pense que j’ai mieux vieilli que lui.
A telle enseigne que dès que je reconnais sa voix dans le poste, je change de chaîne.
Un jour, c’était chez Marie Richeux à France Culture, j’ai entendu un invité parler de Finkie : et il en a dit ceci : « Alain Finkelkraut, c’est quelqu’un qui sera toujours désolé que sa mère ne soit pas restée celle qu’elle était le jour de sa naissance ».
I could not find better.
— Soit, il est invité sur les plateaux, mais uniquement par ce que cela donne l'occasion a des intégristes de gauche de le conchier en public et de le traiter de tous les noms
— Finkielkraut n'est pas raciste c'est simplement idiot de dire le contraire. Franchement je n'aimerait pas être à sa place ! On ne peut rien faire contre une accusation de racisme a part clamer qu'on est pas raciste, ce qui ne sert à rien puisque personne n'écoute : la suspicion est née.
— Je ne comprends pas qu'ASI puisse aller autant dans le sens du vent médiatique : il est aujourd'hui quasiment impossible en france de parler d'islam, de république, d'immigration de manière un tant soit peu critique sans se faire traiter de raciste. Pour moi il n'y a pas besoin de chercher plus loin pourquoi le FN fait autant de parler de lui. Quand on pourra parler librement et calmement de ses sujets sans se faire insulter, le FN n'aura plus aucune raison d'être et il disparaitra.
— Enfin, c'est facile de critiquer Finkielkraut, mais c'est quelqu'un d'une grand intelligence qui écrit des livres d'une qualité rare. Quand les livres de Daniel Schneidermann seront de ce niveau…
Bref si on pouvait arrêter cette cabale sur ASI (Daniel Schneidermann, Gilles klein, Judith… à qui le tour ?)
Un peu d'indépendance d'esprit, c'est ça que je demande à ASI, en tant qu'abonné, merci.
Concernant "la gauche", on retrouve dans son texte certains de vos arguments.
Mais la critique de la défense des acquis sociaux en temps de crise, de la part d'une intello qui pète dans la soie, est tout simplement lamentable.
Il faut être plus imaginatif, conseille-t-elle. De quelle manière, cela elle ne le dit pas.
Intéressant...
Et sinon vous avez peut-être une "gêne" à formuler sur la vie quotidienne d'Emmanuel Kant?
Et sur Schopenhauer je cite à toutes fins utiles L'Art d'avoir toujours raison qui est toujours intéressant d'avoir lu.
(A l'impossible nul n'est tenu...)
Quelques phrases du grand intelligent d'une qualité rare:
" La France est confrontée [...] à l’immense problème de l’immigration. [...] L’immigration est de plus en plus massive. "
"l’idée généreuse d’‘une guerre contre le racisme’ se transforme petit à petit en une idéologie monstrueusement mensongère. Et cet antiracisme sera au XXIe siècle ce que fut le communisme au XXe : une source de violence ”
La disparition de "l'identité française" ?
"La faute à l’immigration massive et à une partie de son élite qui fait l’apologie du métissage. "
"On nous explique que la France a toujours été un pays métissé, que le métissage est inhérent à la France, à l’Europe, à la culture occidentale en général, que la France n’est pas un peuple, mais a été un conglomérat de peuples. Historiquement, ça n’a aucun sens. "
"Par exemple, prenons les incidents lors du match de foot qui a eu lieu entre la France et l'Algérie il y a quelques années (...) En fait, l'équipe de France est aujourd'hui black-black-black, ce qui provoque des ricanements dans toute l'Europe. "
"À présent, on enseigne l'histoire coloniale comme une histoire exclusivement négative. Nous n'enseignons plus que le projet colonial cherchait aussi à éduquer, à apporter la civilisation aux sauvages. On n'en parle plus que comme une tentative d'exploitation, de domination et de pillage. "
Je ne sais pas si ses livres sont d'une "qualité rare", mais depuis un moment, nombre de ses propos sont d'une qualité franchement merdique.
Quand j'étais moins vieux, c'était dans les années 70, je me régalais à l'écoute de Finkie, qui à l'époque n'était que Daniel Finkelkraut.
Je ne me souviens plus de l’émission. C’était en milieu de journée sur France Culture.
Bon, j’ai vieilli et Finkie aussi. Sans vouloir me vanter, je pense que j’ai mieux vieilli que lui.
A telle enseigne que dès que je reconnais sa voix dans le poste, je change de chaîne.
Un jour, c’était chez Marie Richeux à France Culture, j’ai entendu un invité parler de Finkie : et il en a dit ceci : « Alain Finkelkraut, c’est quelqu’un qui sera toujours désolé que sa mère ne soit pas restée celle qu’elle était le jour de sa naissance ».
I could not find better.
Et pourtant, quel progrès ! Quand je pense qu'il y a trente ans il me fallait attendre plusieurs semaines une réponse par courrier d'un collègue africain, universitaire comme moi. Dix ans plus tard il y avait des numéros de téléphone et de fax variés (des voisins, le lieu de travail d'une soeur, ou d'une cousine) où l'on pouvait tenter sa chance. Il suffit aujourd'hui, habituellement, de se dire que la connexion sera meilleure dans quelques heures, voire une demi-journée, et on peut toujours téléphoner sur le portable si on est pressé.
Sommes nous si changés, effectivement ? Dans une salle d'attente je travaille comme autrefois. Probalement ma façon à moi de lutter contre l'ennui et l'anxiété. Je reconnais le faire parfois maintenant avec mon smartphone bien que j'ai toujours un papier et un crayon à cet effet. Mais ce n'est pas très différent. Chacun réagit comme il peut. En tous cas j'ai bien aimé m'instruire sur Heidegger et l'égalité d'âme.
http://www.youtube.com/watch?v=djhD40912m8
C'est rather tango.
https://vimeo.com/64412828
Ou sphinge
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Et Judith d'illustrer le souvenir, à peine évoqué, par l'image d'un Mac Plus ! Ah les premiers ordinateurs Macintosh !!! 1 Mo de RAM vous rendez-vous compte ?
C'était en 1985, je crois ; à l'époque je ne détestais pas, pas encore, les lamentations aussi victimaires que péremptoires du médiatique et pathétique Finkie sur les pédagogos, les barbares de banlieues et les illettrés de l'internet. J'avais entrevu, sans doute trop rapidement, quelques-unes des pistes pédagogiques que pouvait offrir ce nouvel auxiliaire à l'enseignement qu'était l'ordinateur, surtout s'il était mis en réseau avec ses congénères, mais il fallait apprendre aussi de nouvelles langues étrangères : le DOS, le PASCAL, le FORTRAN, le BASIC et pouvoir s'organiser à l'échelle d'un établissement pour avoir accès à la salle informatique. Alors on n'était pas arrivé, malgré les plans "Informatique pour tous" car si l'on était une petite école, on n'était pas assez riche pour espérer se doter correctement et rapidement en matériel, et si on était une grosse école au contraire, c'était les nouveaux modes d'organisation qui posaient de redoutables problèmes tellement insurmontables parfois qu'ils désespéraient les plus volontaires.
Et puis, un jour, je fus invité par un couple d'amis enseignants dans le collège dont lui était le Principal. Il me fit visiter un dimanche la salle informatique du GRETA rattaché à son établissement. Il y avait là plusieurs dizaines de "grosses machines", des PC de différentes marques qui tournaient toutes sous windows 3 ! et puis, sur une table un peu à l'écart, il y avait un Macintosh... "Ça, tu vois, me dit M. le Principal, c'est l'avenir ! l'informatique de demain !"
Après quelques parties de Tétris et une "Aventure du chat Inigo" je trouvais effectivement que mon échange avec cette machine, plus semblable à un minitel qu'autre chose, était beaucoup plus sympathique que ce que j'avais pu ressentir jusqu'ici sous windows 3. Et puis, ces liens "hypertextes" qui faisaient apparaître une image ou sonner une phrase musicale, avaient quelque chose d'à la fois ludique et magique. Quelques temps plus tôt, j'avais entendu à la télévision, dans l'émission "L'avenir du futur", Seymour Papert, auteur de "Jaillissement de l'esprit", répondre par l'affirmative à la question : "Est-il possible de tomber amoureux d'un ordinateur ?" Du coup, je m'étais précipité sur le bouquin bien sûr !
Quelques années plus tard, l'école maternelle où j'enseignais alors, possédait une demi-douzaine de Mac, puis une douzaine, puis une vingtaine, des Mac partout : dans chaque classe, à la bibliothèque, dans une salle informatique, dans le bureau du directeur... dans le salon de la majorité des collègues de l'école.
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Aujourd'hui, je ne sais pas si je suis "amoureux" de mon ordinateur, ou de mon smartphone (je n'ai pas encore de tablette ou de liseuse mais ça pourrait arriver...), je sais juste que je regrette le temps déjà lointain où j'avais des amoureuses... mais ni ordi, ni smartphone... que du papier à lettres et un stylo-bille.
Et si la sagesse était d'apprendre à ne plus attendre ?
“Standing on a street corner waiting for no one is power.”
Gregory Corso
Suis-je normal, docteur ?
http://www.bouletcorp.com/blog/2013/11/09/amour-numerique/
Ce n'est pas vraiment une surprise car je l'espérais et quasi le pressentais, Judith Bernard vient de retrouver de la plus personnelle manière le verbe - attendre: warten - en lequel Martin Heidegger a condensé* son enseignement touchant l'attitude à adopter face à "la révolution de la** technique" en laquelle nous sommes entrés depuis Descartes. Il en a présenté populairement la pensée dans Sérénité (: Gelassenheit) après l'avoir développée plusieurs années auparavant dans un "dialogue" dont il a annexé une partie à Sérénité ainsi qu'on peut la trouver publiée en français chez Gallimard dans Questions III.
Qu'il me soit permis de saisir l'occasion d'en conseiller la lecture à Daniel Schneidermann: elle lui permettrait de revenir sur sa techno-fuite en avant continuée telle qu'elle est programmée au(x) terme(s) de sa Terra Incognita. net.
* du verbe verdeutlichen de même racine que Dichtung: poésie en ce sens essentiel que le mot n'a hélas plus (guère) en français.
** Je souligne le génitif car il ne s'agit pas d'une simple "révolution technique" comme il est malheureusement traduit en français.