Internet ce vice impuni.

Paraphraser ainsi le premier traducteur de l' Ulysse de James Joyce publié malgré tous les efforts des ligues de vertu américaines pour faire taire cette voix intérieure, ligne de récit du monologue de Léopold Bloom, peut sembler singulier, n'était l'acception créole du «  porno rigolo » qui prouve qu 'en cette matière aussi la morale, c'est-à-dire le classement sur l'échelle des valeurs a toute sa place.

Les tribulations de la représentation de l » origine du monde » telles qu'elles sont relatées par ceux qui fréquentèrent la secte Lacannienne révèlent, à une époque moins riche en représentations une sorte de théâtre, dont, une fois la sidération passée, le regard moqueur de Tobie Nathan, ce réprouvé des rigidités psychanalytiques qui a l'audace de préférer l' attendu clinique et ses résultats à la théorie d'un temps, embrassant plusieurs dieux et la représentation historique qu'ils contiennent, est infiniment moderne, c'est à dire parfaitement scandaleux selon l'opinion dominante.

Je ne résisterai pas au plaisir de citer Henry Miller, espérant que la longueur se la citation sera compensée par le goût du fruit que chacun est à même d'en tirer :
«  Quelqu'un a dit que » l'artiste littéraire, ayant atteint un certain niveau de compréhension, communique cette compréhension à ses lecteurs. Cette compréhension, que ce soit dans le domaine sexuel ou autre, entre forcément en conflit avec les croyances populaires, les craintes et les tabous, parce que ceux-ci sont, pour la plupart, fondés sur l'erreur ». Quelles que soient les circonstances atténuantes invoquées pour excuser les opinions erronées de la masse , tel le manque d'éducation ou le manque de familiarité avec les arts, etc., le fait est qu'il y aura toujours un abime entre l'artiste créateur et le public parce que ce dernier est étranger au mystère inhérent à la création comme à ce qui l'enveloppe. La lutte consciente ou inconsciente , que l'artiste mène avec le public , est centrée presque exclusivement sur le problème d'un choix nécessaire. En mettant de coté toutes les questions de personnalité et de tempérament et en envisageant de la manière la plus large le processus de création, qui fait de l'artiste un simple instrument, nous sommes néanmoins contraints de conclure que l'esprit d'une époque est le creuset où, par tel ou tel moyen, certaines forces vitales et mystérieuses cherchent à s'exprimer.(....)Comparez en l’occurrence les réactions du public intelligent aux réactions provoquées par Joyce quand parut son Ulysse . Comparez-les à nouveau aux réactions qu'inspira la récente musique de Schoenberg. Dans les trois cas, la levée de boucliers que leur œuvre provoqua fut également fut vive, mais dans le cas de Joyce, le public fut plus positif, plus volubile, plus arrogant dans sa pseudo-certitude . En présence des livres, même le boucher et le plombier semblent estimer qu'ils ont droit à une opinion , surtout si le livre se trouve être ce qu'on appelle sale ou dégoûtant « .
Cédant moi aussi à l’exhibitionnisme, ou au « people », selon les catégories incriminantes où la loi de l'apparence se rangera, j'avouerai avoir parcouru, le cartable sur le dos mais en route vers l'école républicaine, cette rue de Verneuil , Terrain Vague au quatorze duquel Eric Losfeld publia « L'obscénité et la loi de la réflexion » morceau choisi des «  Souvenirs » de Miller,en 1971, soit deux ans, sauf erreur, avant celle de «  Melody Nelson ».Dans tout ce qui fondait la publication fut-elle sous le manteau,, antérieurement à cette « indéniable ouverture sociétale », comme disent les tristes pédagogues lorsqu'ils atteignent leurs limites, rien n'unissait mieux le lecteur à sa propre curiosité que de découvrir «  ce qui ne disait pas son nom » et les moyens extraordinaires de la censure dont le temps fait toujours litière.