Payant/Gratuit : la presse papier tâtonne sur le web
Comment faire payer les internautes tout en maintenant un trafic suffisant pour faire rentrer des recettes publicitaires ? Cette délicate équation donne un mal de crâne à tous les responsables de journaux qui ont en tête de trouver le graal : un modèle économique viable pour leur site web. C'est peu dire que la presse papier tâtonne sur ce sujet. Avec une question : quelle doit être la différence entre un article gratuit et un article payant ? Depuis septembre, Lefigaro.fr a décidé de mettre sur sa page d'accueil davantage d'articles payants. Liberation.fr prépare une nouvelle version payante en juin. Quant au Monde.fr, le tâtonnement frise l'irrationalité : les articles payants sont gratuits en passant par Google. De quoi ravir les abonnés quand ils l'apprendront...
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Derniers commentaires
[quote=S. Rochat]En France, Les Echos ont mis en place ce paywall en novembre 2012. L'internaute peut lire quinze articles gratuits par mois. Au-delà, il doit s'inscrire gratuitement sur le site pour avoir accès à cinq articles supplémentaires. Et pour lire plus de 20 articles, il faut s'abonner : 20 euros par mois pour l'offre web.
L'internaute peut lire 15 articles sans même avoir de compte ? Comment le journal sait qu'on en est à 15 articles ? Si c'est grâce à un cookie, il suffit de le supprimer; si c'est grâce à notre adresse IP… de toute façon la mienne est dynamique. Cela voudrait dire qu'un internaute un tout petit peu geek (ou juste informé) pourrait lire l'intégralité des articles des Échos en toute légalité ?
joli trouvaille que la faille du Monde, c'est parce qu'illes sont en train de tout reconfigurer qu'illes ne peuvent pas répondre à @si ?
moi qui ne passe jamais par les pages d'accueil mais par les fils rss, je suis étonnée de voir qu'il y a finalement un tout petit nombre d'articles payants signalés dans ces fils. Ça me semble pourtant un bon moyen d'attirer d'éventuel.les abonné.es (saud à passer par un google gratuit bien-sûr)
A un moment on pouvait aussi avoir accès au téléchargement complet du libé du jour en changeant juste un truc sur la barre d'adresse, mais Libé a fini par s'en apercevoir.
Je ne sais quelle stratégie Libération entend adopter dans les mois qui viennent, mais je reste perplexe devant celle employée depuis quelque temps: si l'on veut lire un article (ex: la chronique de lundi de DS), il suffit d'attendre quelques jours (je n'ai pas chronométré) pour qu'il soit disponible gratuitement. Pourquoi payer immédiatement, alors, quand il suffit d'attendre?
Mais, pour dépasser la question payant/gratuit, je pense que le véritable problème de la presse écrite reste celui du contenu:
1: trop de sujet sont dictés par l'agenda des autres journaux (plus AFP): ainsi l'énième pseudo-auto-biographie de Johnny a été mentionnée partout en même temps (est-ce une information, ou de la publicité?). Pour trouver de nouveaux sujets, les journalistes piochent dans la presse, qui, pour trouver de nouveaux sujets, pioche dans la presse. Ad libitum. Personne pour donner les moyens conséquents à une longue enquête sur un sujet original. Autant regarder la télé, ou le ouaibe, plutôt que d'acheter ce qu'on trouve gratos.
2. Absence de recul: pour prendre un exemple ultra-récent: la lettre-choc du PDG de Titan a nourri les sites (et leurs trolls) en large, en long et en travers, mais je n'ai pas lu d'analyse sérieuse sur le marché du pneu (très complexe), sur la situation financière de Titan International, sur les subventions étatiques chinoises au secteur, etc. Tout est pour le buzz d'un patron d'extrême droite dément et psychopathe. Qu'en sus on glorifie, simplement parce qu'il tape sur la CGT d'Amiens (salauds de pauvres!).
Et pour conclure sur une question de forme, j'ajoute que je suis frappé qu'aujourd'hui le mot "presse écrite" ne semble définir qu'un processus industriel, sans que jamais la question de l'écriture en tant que processus créatif ne soit questionné: de fait, rares aujourd'hui sont les "plumes" journalistiques, le auteurs dont on retient le style; le formatage est la règle. Un article repond à un format prédéfini (ex: commencer un sujet sur une situation générale en décrivant un cas particulier) et à un style "neutre", rébarbatif à la longue. Sans compter la reprise éternelle de "formules" insupportables (caracole en tête, cerise sur le gâteau, trublion du PAF, etc.). Certes, je généralise: mais à part quelques exceptions, souvent des chroniqueurs, je trouve qu'il y a globalement un appauvrissement de l'écriture, un applatissement linguistique et stylistique qui ne peut que détruire l'attirance pour une presse déjà attaquée et par la gratuité du ouaibe, et par une prédominance de l'audio-visuel...
Cela dit, quand le figaro, libé ou le monde fermeront leurs portes, je sauterai de joie. Et c'est un ex-lecteur assidu de Libé (jusqu'à il y a un an) qui le dit. Un journal qui meurt, un peu de liberté en plus...
Sans parler des vite-dit…
Les abonnés ont bon dos !
J'ai mieux et plus simple pour ceusses qui veulent encore lire d'un derrière distrait Le Monde ou Libé. Taper dans google "ebook *nom du journal* *date de parution*" et vous trouverez votre réceptacle à épluchures de patates en intégralité et gratuitement au format .pdf
Quant à Libé, j'ai remarqué (pour le suivre souvent) que leur seul journaliste de gauche, Pierre Marcelle, voyait ses papiers proposés à la lecture en toute fin de journée sur une journée et demie en moyenne en mode payant avant de devenir gratuit contre une journée pour les autres.
D'ailleurs il suffit de lire le peu de réactions que suscitent ses articles en commentaires pour comprendre que ceux-ci partent assez vite en archives et qu'il faut être motivé pour les retrouver.