là où le manque de culture générale est vu comme une faute grave, le manque de culture scientifique, d'enthousiasme et d'intérêt pour les sciences est potachement revendiqué.


Et là où c'est encore plus grave, c'est qu'on distingue "culture générale" et "culture scientifique", comme si la seconde ne s'incluait pas dans la première. Mais après tout, on vit dans un monde où toute étude scientifique peut être écarté d'un revers de main pour des motifs idéologiques, ou distordus et surexploités pour les mêmes motifs.

[quote=Mathieu Quatrevalet] Au-delà de la tristesse que cela peut inspirer...

Longtemps j'ai été triste pour eux, moi aussi.
Désormais, j'économise ma compassion en songeant que le Royaume des Cieux leur appartient.

Cette division remonte a la fin de l'adolescence, au Lycee : une partie des scientifiques sur le point de s'embarquer vers "la voie royale" d'une prepa pour prendre les rennes du pouvoir politico-economico-technocratique et une partie des litteraires s'apprettant a prendre les rennes du pouvoir mediatique.

Les seconds sont devenus les griots des premiers. Ce sont eux qui on le pouvoir de la plume et du micro. Ils ressassent leurs vieux complexes de classe de premiere, ou c'etait hype de dire qu'on etait une brelle en math en tirant sur son petard. Pendant ce temps la, les schtroumpfs a lunettes matheux technologisent, technocratisent, there-is-no-alternativisent.... Nous offrant soit Rosetta, soit l'internet, soit la crise des subprimes pour ceux qui ont seche les cours d'histoire au profit des cours d'eco....

D'ou l'explication de l'apparent paradoxe.

C'est une autre constante, dans cette société pervertie par un flux de vérités et contre-vérités hyper médiatisées, où se jouent les pires pantalonnades et autres grotesques satyres dont tant de gens de qualité se régalent, de prendre à la rigolade ou par le mépris ce qui nous arrange, mais de s'offusquer violemment tout à coup parce qu'un faquin s'est permis de toucher à ce que nous plaçons au-dessus de tout. Les sujets inviolables sont vastes, allant de la bien-facture du compost en passant par le mariage pour tous pour s'achever par la liberté d'expression radicale et son interdiction. Et l'exaspération est évidemment réputée comme étant à la mesure de l'attaque consommée.

Que dire ? Personnellement, je me sens comme interdit devant telle fatwa contre une ironie bien légère ici, m'avait-il semblé, absolument vitale pour conserver un peu de sang-froid en cette époque. D'ailleurs, cette manifestation de colère des défenseurs de la science et de la culture réunies que des "intellectuels" fort heureusement pour cette fois non qualifiées de germanopratins ou parisiano-bobos oseraient railler, m'interpelle sur les motivations de ces outragés ; qui sont-ils au fait, si ce ne sont des intellectuels parmi d'autres... Flétrir les "intellectuels" est une posture toujours étrange et une manière de se constituer en sa propre élite.

Perplexe aussi face aux défis extraordinaires et en quelque sorte invraisemblables que l'homme relève pour savoir, comprendre, maîtriser, dépasser, convertir et conquérir à l'infini. Me demandant en ces circonstances si nous serions ramenés à l'âge du fer si nous avions retardé de quelques siècles l’atterrissage de Philae pour nous occuper de paix sur terre, de justice, de partage, de fraternité, du jour qui vient autant que d'éternité, toutes choses qui peuvent se concevoir certainement conjointement à la conquête spatiale mais dont, contrairement à celle-ci, les succès semblent remis à jamais. Je sais que ce genre de considération relativiste suscite souvent les imprécations des amis de la science et de la culture. Car comment peut-on prétendre comprendre le progrès de l'Humanité sans sonder l'infini... je n'ose poser la question, qui n'a pour certains d'entre nous qu'une réponse unique.

Pour ma défense, que je crains vaine, je dirai que je viens de regarder le beau film "Au nom de la Terre" dont Pierre Rabhi est la source vivante Au nom de la Terre. Et, autant le dire, étant donné mon point de vue, je n'ai pas envie de me faire ensevelir sous des pages d'arguments raisonnés qui devraient me faire entendre raison. Certes, je comprends que c'est en cette confrontation que le progrès de la pensée se conçoit. Je m'abstiendrai absolument de demander narquoisement "à quoi ça sert", tant je pressens à quel point une telle interrogation est susceptible de me faire bannir à jamais de la communauté humaine pensante, mais serait-il possible, dans le même temps, de résoudre quelques questions très prosaïques à même cette terre, qui pourrait se débarrasser de nous sans plus attendre si nous ne relevons pas quelques défis vulgaires et d'une urgence extrême ?